samedi 16 juillet 2011

Souvenirs d'Artsakh

DADIK
(Pastel et feutres - Dzovinar)


Lorsque Dadik* à mon entrée posa sur moi ses yeux,
son regard intense, scrutateur,
 (- quel est ton coeur ?-)
je me sentis soudain toute petite,
 timide comme une enfant,
inquiète de son verdict
 (- mérites-tu d'être ici ?)
- Comment t'appelles-tu ? 
dit-elle brusquement 
- Dzovinar
Alors ses yeux s'éclairèrent, elle appela : Natacha, Krikor !
Elle s'appelle Dzovinar ! c'est un prénom d'ici,
elle est vraiment des nôtres ! Tout va bien !
Elle me serra sur son coeur puis me prenant le bras
m'entraîna dehors : viens, je vais te montrer le jardin.
Elle avait une canne pour la marche, mais comme
elle était leste ! Nous nous donnions la main sans savoir
qui menait l'autre. La pente était douce jusqu'à la rivière.
Elle me dit, attristée à la vue des fleurs et des plantes assoiffées :
nous n'avons pas d'eau ; il n'a pas plu.

Dadik, je t'ai aimée à l'instant même où je t'ai vue 
au moment où je t'ai dit : ne bouge pas, je te photographie,
tu as lissé tes cheveux et t'es prêtée avec un plaisir touchant au jeu de la coquetterie. 
J' emporte ta précieuse image et celle de tes enfants.

* Dadik : grand-mère

Dzovinar

********
Le soleil matinal d'Artsakh baignait dans sa lumière
les rochers, les buissons, les arbres de la rivière,
Trouant de disques d'or les ombres de ses rives.
Seule dans ce lieu habité par l'esprit des anciens
je m'enivrai en me glissant dans les remous de l'onde
qui généreuse m'accueillit dans sa fraicheur sombre
et je me sentis pure, innocente, lavée de tout,
humaine vivante comme au premier matin du monde
nue, enveloppée toute, dans ses bras fluides et doux.

Dzovinar

1 commentaire:

  1. de biens émouvants feuillets de ton carnet de voyage aux sources de toi-même.

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