dimanche 24 mars 2013

"O del mio dolce ardor" - OPERA "PARIDE ED ELENA " - Chrisoph Willibald von Gluck

Jugement de Pâris (1904) Enrique Simonet 
 Mis en demeure d'offrir "la pomme de discorde"  à la plus belle, Pâris doit choisir entre Aphrodite, Athéna et Héra. Il accorde finalement le prix à Aphrodite, qui lui a promis l'amour d'Hélène.

"Toisième des opéras dits «réformés » nés de la collaboration entre le compositeur Christoph Willibald Gluck (1714-1787) et le librettiste Ranieri de’ Calzabigi (1714-1795), Paride ed Elena (Pâris et Hélène) a été créé au Burgtheater de Vienne le 3 novembre 1770. Ce billet n’est pas le lieu pour analyser en détail les principes et les conséquences des bouleversements provoqués par les deux compères dans le monde alors très codifié et passablement vieillissant de l’opera seria, sujet sur lequel je m’autorise à revenir un jour ...

... sur un texte d’une simplicité que d’aucuns jugeront sans doute d’une affligeante banalité :

« Oh, objet désiré de ma douce flamme !
Je respire enfin l’air que tu respires.
Où que je tourne mon regard,
ce sont tes traits charmants
que l’amour peint en moi,
et mes pensées forment
les plus belles espérances.
Dans le désir qui emplit mon cœur,
je te cherche, je t’appelle, j’espère et soupire ! »

Des lieux communs, je vous l’accorde, que l’on retrouve dans nombre d’opéras depuis que le genre existe. Ce qui est moins convenu, en revanche, c’est la musique dont Gluck va les parer. De quoi parle-t-on ici ? D’attente et de désir. Il faut donc que les notes rendent compte avec le plus de justesse possible de tout ce qui peut agiter l’âme quand ces passions s’en emparent. Les cordes vont donc se faire pressantes, presque haletantes, leur ostinato, qui donne son avancée à cet air, ne se transformant en tenues que pour mettre en valeur certains mots comme « alfin » (enfin) « spero » (j’espère) ou la phrase « e nel desio che così m’empie il petto » (dans le désir qui emplit mon cœur)....

....Gluck, fidèle aux principes qui guident sa réforme, parvient, en combinant des moyens finalement très simples, à apporter une véritable épaisseur psychologique à un personnage et à une situation qui pourraient, sans ce secours, ne demeurer que de pure convention. Il s’éloigne ainsi un peu plus, tout en en conservant certaines tournures, de l’esprit baroque et s’approche, sans doute sans en être clairement conscient, d’un ailleurs que l’on appellera romantisme..."

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Cet opéra du XVIIIème siècle créé par Christophe Willibald Von Gluck est un hymne à l'amour (chanté par une femme.)


Acte I
Prêt à accoster à Sparte, le prince troyen Pâris et sa suite rendent grâce à Vénus. Ils prient la déesse d’aider Pâris à conquérir Hélène. Un Troyen apprend à Pâris qu’un messager de Sparte vient à leur rencontre. Eraste, en réalité Amour déguisé, est envoyé par Hélène pour connaître l’identité et les intentions des marins. Pâris explique qu’il a été désigné parmi les humains pour arbitrer un concours de beauté entre trois déesses : Vénus, Junon et Pallas. Pâris choisit Vénus mais a entendu dire qu’Hélène était encore plus belle. Aucun projet de guerre ne motive donc sa venue. Eraste sait que Pâris cherche plus que cela. Pâris le supplie alors de ne pas révéler à Hélène son véritable projet. Seul, Eraste dévoile qu’il est là pour aider Pâris à obtenir la reine. L’accueil des Spartiates envers les Troyens est chaleureux et s’accompagne de chants et de danses.

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Au 1er acte : déclaration d'amour  de Pâris, (rôle tenu par une mezzo-soprano) O del mio dolce ardor   (Ô objet désiré de ma douce ardeur)

Ô del mio dolce ardor
Oh cher objet de ma douce ardeur,
L'aura che tu respiri, alfin respiro.
L'air que tu respires enfin je respire.
Ovunque il guardo io giro
Où que je tourne mon regard
Le tue vaghe sembianze
Tes traits gracieux
Amore in me dipinge :
En moi peignent l'amour :
Il mio pensier si finge
Ma pensée imagine
Le più liete speranze;
Les plus belles espérances;
E nel desio che così m'empie il petto
Et dans le désir qui ainsi m'emplit la poitrine
Cerco te... chiamo te... spero e sospiro.
Je te cherche... je t'appelle... j'espère et soupire.


Lien pour écouter des extraits de l'Opéra 


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