lundi 3 mars 2014

Poèmes Dzovinar (2007)

La photo

Une image a traversé le temps.
J'en connaissais l'existence
sans l'avoir jamais vue.
L'enveloppe est arrivée.
Hier. Quand je l'ai ouverte,
gorge nouée ... ô mes innocents !
La vision a transpercé mon coeur
mieux que ne l'aurait fait une lame acérée.
Toi mon père au visage si fin, si doux,
pourquoi ce regard baigné d'inquiétude ?
Pressentais-tu déjà les tourments
qui, si vite, viendraient flétrir
ces moments de grâce de ton mariage ?
Toi, ma mère, à peine sortie de l'enfance,
ignorante de ta beauté qui rayonne,
radieuse et confiante appuyée contre lui,
à qui, sans crainte, tu as confié ta vie,
que pouvais-tu savoir des hasards
qui rôdent obscurs et malfaisants ;
que pouviez-vous savoir de l'aveugle destin
qui sépare des êtres si bien faits l'un pour l'autre.
Je vous regarde et je pleure
sur tout ce que vous n'avez jamais eu ;
voir ensemble grandir vos enfants,
partager l'harmonie d'un paisible foyer.
Tu étais si bon mon père et toi maman si gaie.
Je vous regarde et je pleure
maintenant que vous n'êtes plus
sur tout ce qui aurait pu être
 que nous n'avons pas eu.

***** 
42 rue des Pâquerettes à Alfortville...

Les lieux qui gardent à jamais
nos coeurs prisonniers
sont ceux de notre enfance.
En les quittant un jour
nous ignorons encore
que les liens invisibles
que nous croyons briser
nous attachent à eux pour toujours.
Nous pouvons partir,
vers d'autres cieux
où nous nous arrêtons
...dix ans ...vingt ans ...
pour les quitter à leur tour.
Les traces que nous en gardons
ne sont pas si profondes :
Quoi, je n'ai pas de regret ?
Sans qu'il m'en coûte je m'en vais ?
Ces arbres dans le jardin
que nous avons plantés ?
Effacés, oubliés.
Sans nous retourner, nous les quittons.
Et les murs de la maison,
et les feuillages, et les rosiers ?
Vraiment rien ? Pas une larme ? Non.
Nous n'étions que de passage.
Ici ou ailleurs nous construisons,
même provisoires, d'autres nids.

Mais sur les lieux de notre enfance
où parfois nous retournons 
notre coeur ne s'y trompe pas !
Il frémit, bat plus fort
aux souvenirs qui l'assaillent.
Il reconnaît le seul, l'unique abri
qui ait jamais compté pour lui.
Et cette fois, vraiment,
s'abandonne et pleure
sur les bonheurs perdus d'antan. 

*****

2 commentaires:

  1. Je ne peux que ressentir sans l'avoir connu la détresse de ton premier et magnifique poème. C'est très émouvant.
    Pour le deuxième , je l'ai vécu comme toi et chaque fois ( car j'ai la chance d'en être peu éloignée et de pouvoir y retourner souvent) que mes pas me ramènent sur les lieux de mon enfance j'ai le même sentiment que tu exprimes si bien.
    Merci pour ces très jolis mots.
    Gros bisous Dzovinar.
    Belle journée

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  2. Je te serre sur mon coeur Mireille.

    Avec mon affection, Dzovinar

    RépondreSupprimer

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