mercredi 16 septembre 2015

Le conte de la Joie - N. Lygeros


Le conte de la Joie

N. Lygeros
Traduit du Grec par l'auteur

Une rose magnifique et un monstre difforme sous l'arbre du soleil.

Rose
Peux-tu écrire quelque chose pour moi ?
Monstre
Ce que tu désires, ma rose...
Rose
Je voudrais quelque chose de gai.
Monstre
Mais je ne sais pas si...
Rose
Toi ? Mais tu écris de manière si belle !
Monstre
Je ne sais pas écrire autrement... Je ne fais aucun effort... Je transcris simplement mes pensées...
Rose
De si belles pensées dans un corps...
Monstre
Si laid...
Rose
Ne dis pas cela... Puisque tu sais combien...
Monstre
Oui, je sais... Seulement c'est la vérité...
Rose
Ne crois pas la vérité... Un temps. Regarde seulement la beauté.
Monstre, en la regardant.
Je ne regarde qu'elle...
Rose
Alors ?
Monstre
Tu désires un sujet particulier ?
Rose
Le sujet ne m'intéresse pas, l'important c'est qu'il soit gai.
Monstre
Bien...
Rose
Tu as déjà pensé à quelque chose ?
Monstre
Je crois que oui...
Rose, impatiente.
Dis moi, dis moi...
Monstre
J'ai honte...
Rose
Mais pourquoi ?
Monstre
Car dans cette histoire je suis beau...
Rose
Elle doit certainement être gaie puisque le début est drôle !
Monstre
Alors écoute mon histoire... J'étais assis sous un arbre...
Rose, en montrant l'arbre.
Comme celui-ci ?
Monstre
Oui, exactement le même ! Il s'asseoit sous l'arbre. J'étais assis ainsi... J'étais silencieux comme la roche et soudain j'ai entendu des enfants crier. Ils jouaient ensemble et ils étaient joyeux jusqu'à ce qu'ils me voient...
Rose
Que s'est-il passé à cet instant ?
Monstre
Ma beauté les a provoqués...
Rose
Cela est vraiment incroyable !
Monstre
Et pourtant ils étaient jaloux de mes habits et ils ont commencé à les déchirer. Un temps. Je les voyais qui riaient et mon âme se réjouissait. Silence. A la fin j'étais nu comme le soleil...
Rose
Quel dommage que je n'aie pas vu la scène ! Et que s'est-il passé ensuite ?
Monstre
Mon corps attira leur attention... Ils ne supportaient pas autant de beauté.
Rose
Cela ne m'est jamais arrivé... Un temps. Et qu'ont-ils fait ?
Monstre
Ils ont commencé à me jeter des pierres...
Rose
Les enfants ?
Monstre
Les enfants ne savent pas...
Rose
C'est exact ! Un temps. Mais toi tu ne parlais pas ?
Monstre
Non, je voulais qu'ils soient heureux... Ils ont donc d'abord ensanglanté le soleil cependant même blessé il était beau. Ils n'arrêtèrent de jeter des pierres que lorsqu'il devint bleu et tomba.
Rose
Tu n'as pas eu mal ?
Monstre
Les héros des contes n'ont jamais mal !
Rose, en riant.
Pendant un instant j'ai oublié que c'était un conte...
Monstre
Avec les paroles tu as oublié ma laideur...
Rose
Tu as raison, je suis idiote... Continue ton conte...
Monstre
Les enfants sont repartis joyeux... Ils avaient laissé derrière eux le soleil bleu, la beauté brisée sous l'arbre qui s'était penché sur moi.
Rose
Je ne savais pas combien coûtait la joie...
Monstre
Personne ne le connaît, c'est pour cela que nous la recherchons !
Rose
Moi je t'ai demandé de la joie et tu m'as donné de l'humanité.
Monstre
Les hommes n'ont rien laissé d'autre aux monstres... Pardon, ma rose !


1 commentaire:

  1. La joie n'est qu'une souffrance en devenir
    Nous vivons l'une avec insouciance
    avant de connaître l'autre, fatale
    et seule vérité humaine

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