Idéal,
Mon rêve
Arbore ton visage ;
Gestuel qu'ignore l'innocence,
Instinct animal d'un désir cru
Nommé d'un si doux nom :
Amour, sublime amour,
Inspire nos corps noués
Resplendissant dans le spasme ultime, d'une
Etrange et troublante beauté.
Ta voix murmure à mon oreille
des mots que je devine
leur musique captive mes sens
les éveille
alors déferlent en moi
d'inattendues ivresses,
senteurs d'humides sous-bois
parfums de jardins d'été
vagues mourant sur la grève
scintillement de ciels étoilés ...
je veux connaître les mystères
de tes désirs impérieux
J'ai vu tes yeux ...
L'ombre est fraîche derrière les persiennes closes.
Dehors, sous la morsure d'ardents rayons, tout s'étiole.
La nature entière sombre dans une douce torpeur.
Pas un souffle, pas un murmure, pas un pépiement...
Harmonie, quiétude de l'instant...
Seules, échappées d'une fenêtre,
Les notes claires d'un piano volubile
s'épanouissent, répandent leurs arpèges...
A l'ombre des persiennes closes
une mélodie berce, caressante,
les tourments d'une âme en peine.
Dzaroukian reprend des épisodes de son enfance durant laquelle la misère, l’hostilité, la violence, la haine et la soif de vengeance l’emportent sur ces émotions plus amènes et joyeuses que nous associons normalement à nos jeunes années. Des orphelinats aux règlements sévères et au confort rudimentaire, qui ensevelissent toute innocence et toute joie. Agés de 6 à 8 ans, les garçons qui les habitent ont déjà appris à vivre en tant qu’adultes, des adultes primitifs. A 6 ans, ils sont froids et durs, égoïstes, cupides et intéressés..."
Voler votre enfance
et faire de vous
- abjurant votre innocence -
adultes avant l'âge,
de pauvres êtres sans espoir
sans autre choix
qu'une survie animale
dans la jungle d'un monde sans âme...
c'est aussi cela un génocide !
Jeunesse impatiente
qui ne connaissez
des mots, que la phonétique
pour courir plus vite
de vos sms
vers celui ou celle
que vos voeux appellent.
Que saurez-vous
des tourments,
des supplices et
des joies indicibles
où nous plongeaient
autrefois, fébriles,
l'attente, l'espoir
d'une missive ?
S'il existe un lieu
où rien ne se perd
où subsistent toujours
aussi vives, nos émotions
ce sont les souvenirs
où l'on peut à l'envi renaître
aux doux plaisirs d'antan,
cet heureux temps
où les lettres
étaient, de la vie,
les plus précieux présents.
On en gardait les feuillets
dans une boîte, au secret,
en y glissant avec des larmes
un brin odorant de muguet...
Quand, enfermés que nous sommes
dans nos souffrances humaines,
quand trop de douleur déchire nos coeurs
quand impuissants nous assistons
aux épreuves de ceux qu'on aime
quand notre amour ne peut les sauver
que tout perd son sens,
devient inutile et vain,
Tu es là, toujours,
ô musique
ultime recours,
plus riche que les mots du livre
quand, berçant nos âmes,
tu es le seul don
d'un monde
où rien ne vaut.
Ecrivain, plasticien, il s'attache à sonder pour nous les facettes multiples de notre Arménie et de son peuple qu'il décrit avec beaucoup de poèsie, d'humour ou de causticité, c'est selon. Capable d'émouvoir profondément par la justesse de sa perception, lorsqu'il aborde leur quotidien problématique, comme de laisser éclater la plus franche gaieté lorsqu'il brosse le caractère arménien, dans ses oeuvres où transparait néanmoins une vraie tendresse pour ce peuple que nous regardons vivre de loin ...De plus, ce qui ne gâte rien, Denis est un ami que j'estime infiniment pour son évidente honnêteté intellectuelle, qui se constate et dans son oeuvre et dans sa façon d'être.
La honte ! La honte ! Les Arméniens rasent les murs, ferment leur chapka et remontent le col de leur veste. Ils ne veulent pas être reconnus. Vous vous rendez compte, un peu ! Les Tunisiens ont renversé en quelques jours leur Ben Ali. Mais les Arméniens braillent depuis des années sans faire bouger Sarkissian d’un poil. Un type se transforme en chachlik et voilà toute la Tunisie qui s’embrase. Pourtant, le chachlik, les Arméniens ils connaissent. Ils ne font même que ça. Eh bien, rien à faire. Ça ne les fait pas descendre dans la rue et ça n’ébranle pas le président. Un jour, à un jeune qui sirotait son café glacé sur une terrasse, je lui ai dit, mais brûle-toi, tu sauveras ta patrie ! Me brûler ? il a répondu. Mais pour quoi faire ? J’ai des cousins en Amérique. Qui paierait mon café glacé sinon ? Et pour me narguer, il s’est allumé une cigarette. En Arménie, les briquets servent à ça, pas à se donner le feu. Les corps s’enfument, et ça fait marcher le bizeness. C’est qu’un Arménien, c’est pragmatique. Un briquet, ça sert à mettre le feu au bois pour le chachlik et ensuite à s’allumer une cigarette. Chaque Arménien mâle préfère mourir à petit feu dans une pseudo-démocratie plutôt que de se transformer en torche simplement pour refuser cette même pseudo-démocratie. Reprends tes esprits, khyiâr (comprendre cornichon) ! D’ailleurs les militants LTP ont horreur de la violence. Ils ont appris ça chez Gandhi. Mais si Gandhi a réussi à chasser les Anglais, LTP qui avait été chassé par la rue comme président n’est toujours pas arrivé à chasser le président Sarkissian ...
VOUS EN SAUREZ DAVANTAGE SUR LE REPORTAGE EN CLIQUANT ICI :
Un très éminent virtuose et ami.
Beaucoup d'entre nous ont fait des "rencontres" de personnalités étonnantes gâce à des sites tels que Facebook, ou des forums, et que nous n'aurions certes pas eu l'occasion de connaître autrement.
Interprète, mais aussi compositeur, Setrak Setrakian a professé au conservatoire de Beyrout ; il a poursuivi l'exercice de son art dans cette période difficile qu'a connu le Lyban, conflit au cours duquel Beyrout fut ravagé par les bombes et les incendies. C'est dans un de ces tristes épisodes que Setrak et sa famille, ont vu leur appartement en proie aux flammes et, se réduire en cendres, tout ce qu'il contenait, dont un magnifique piano de concert ...
Lors d'un examen au conservatoire de Perpignan (juin 2001) -
Lorsque j'étais enfant, mes parents étaient allés écouter Mado Robin, une étonnante cantatrice de l'époque, soprano coloratur (se dit des voix vocalisant avec agilité, dans le grave ou l'aigu et suraigu), qui interprétait avec brio cet air, et dont le souvenir m'avait donné l'envie de m'y essayer ...
Cette vidéo a une histoire particulière. A bien des égards.
Le peuple arménien, dont je suis issue, a connu des vicissitudes qui ont modifié le destin des leurs sur plusieurs générations. Mis en demeure de fuir la barbarie exterminatrice dont les arméniens, en même temps que les peuples grec et Assyro-Chaldéen, furent la cible, soumis à la domination de l'empire ottoman durant les terribles années où cette barbarie s'exerça (avant 1915 et après), ils durent s'exiler vers tous les pays du monde.
Mes grands-parents, ainsi que mon père encore enfant, choisirent de construire une nouvelle vie en France. Comme beaucoup de ces familles déracinées, elle connut la précarité. Longtemps. C'est en France que nous sommes nés mon frère et moi, que nous avons grandi en suivant une scolarité par ailleurs satisfaisante.
Si nous mangions à notre faim, nos parents n'avaient aucun moyen de se préoccuper de nos facilités scolaires, de nos dons pour la musique, de sorte que, malgré ces aptitudes, nous ne pûmes jamais les développer totalement. Mais ... un jour pourtant ...
Bien longtemps après que la vie soit passée avec sa somme d'expériences en tous genres, je pris, comme on fait un pari, la décision de travailler ma voix et accéder ainsi au bonheur d'entrer (par la petite porte) dans l'univers d'un conservatoire, forte que j'étais d'avoir un bagage musical que des parents mélomanes m'avaient transmis, ainsi qu'une voix dite " naturelle". Les oeuvres des grands compositeurs n'avaient pas de secret pour moi - ou presque, et je chantais, en les écoutant, symphonies, concertos, sonates, opéras dans ma cuisine !
A l'age où bien des chanteurs lyriques ayant fait carrière, décident de se consacrer à l'enseignement de leur art, moi je commençais mon apprentissage. Qui alla très vite, car à l'évidence, j'avais toutes les facultés nécessaires.
C'est ainsi qu'après quelques années de travail vocal, mon professeur de chant me suggéra de me présenter au concours national "Léopold Bellan" à Paris, concours ouvert à toutes les disciplines musicales, sans limite d'âge, ce qui est un point important et sans lequel je n'aurais pu concourir.
Ma fille, ma complice de chaque instant, m'avait accompagné et avait filmé - faisant ses premières armes de reporter-cameraman, qu'elle est devenue aujourd'hui - d'où ce souvenir que je partage avec vous dans l'espoir qu'il vous apportera un moment de plaisir.
Et surtout la preuve que tout est toujours possible.
En obtenant un second prix de chant, bonheur réel que donne un "challenge" réussi, même sans autre perspective d'avenir, car j'avais passé l'âge, j'ai eu le sentiment d'avoir vaincu les forces destructrices qui s'étaient déchaînées sur notre peuple avec l'impitoyable volonté de l'anéantir. Même si la Turquie se refuse toujours à regarder son histoire en face afin de ne pas en assumer les conséquences et refuse encore et toujours de reconnaître le génocide dont elle s'est rendue coupable envers arméniens, grecs, assyro-chaldéens, je sais que notre avenir réside dans notre capacité de résistance et de volonté d'exister malgré tout.
1 - Donizetti : La Zingara - 2 Stanislaw Moniuszko : Extrait de l'Opéra "Paria" - Paria! On Paria!
24 avril 1915 Père de mon père, je ne sais rien de toi, ni de ton visage, ni de ton coeur, ni de ta voix. Tu es mort là-bas, sur cette terre qui t'a vu naître et ne saurai jamais, ni pourquoi, ni comment, seulement que ce fut une tragédie, comme pour tous ceux dont on ne sait rien, dont la place reste vide, sans un portrait, sans un objet, sans même une ligne écrite ... Mais je sais aussi, ayant vu vivre et mourir mon père, que les graines de l'avenir que tu as semées ont produit des fruits dont tu serais fier. C'est toujours un peu de toi qui survit dans le regard, la voix, le coeur de mes enfants. Et moi, je suis là aujourd'hui pour te dire avec un poème que j'honore ta mémoire et surtout que je t'aime. Dzovinar
Երբոր բացուին դռներն յուսոյ
եւ մեր երկրէն փախ տայ ձմեռ
Չքնաղ երկիրն մեր Արմենիոյ
երբ փայլի իւր քաղցրիկ օրեր
Երբոր ծիծառն իւր բոյն դառնայ
երբոր ծառերն հագնին տերեւ՝
ցանկամ տեսնել զիմ Կիլիկիա
Աշխարհ՝ որ ինձ ետուր արեւ
Տեսի դաշտերն Սուրիոյ
Լեառն Լիբանան եւ իւր մայրեր
տեսի զերկիրն Իտալիոյ
Վենետիկ եւ իւր կոնտոլներ
կղզի նման չիք մեր Կիպրեայ
եւ ոչ մէկ վայր է արդարեւ
գեղեցիկ քան զիմ Կիլիկիա
Աշխարհ՝ որ ինձ ետուր արեւ
Հասակ մը կայ մեր կենաց մէջ
ուր ամենայն իղձ կ’աւարտի
Հասակ մը ուր հոգին ի տենչ՝
յիշատակաց իւր կարօտի
Յորժամ քնարն իմ ցրտանայ
սիրոյն տալով վերջին բարեւ՝
երթամ ննջել յիմ Կիլիկիա
Աշխարհ՝ որ ինձ ետուր արեւ
Mon ami Nikos Lygeros et moi lors d'une précédente exposition en Grèce
ici, à Alexandroupolis (2009)
une parmi de très nombreuses réalisées dans ce pays dont il est originaire
Sur le thème "Vincent van Gogh"
Sur le plan mathématique, il est clair qu’avant la révolution de Georg Cantor, la notion d’infini n’était pas clairement définie. C’est entre autres ce problème qui explique les critiques subies de la part de Richard Dedekind. Dans le domaine philosophique, les choses sont encore moins claires car l’infini représentait avant tout une limite potentielle et non réalisée…
Adieu mon frère Tout ne fut que musique
dans ce lieu de prières.
Tiède en rien passionné souvent toujours en toi
grondaient les extrêmes
amour, colère, haine ;
digne dans la peine
courageux dans les épreuves
en lutte contre la bêtise humaine
tel on t'aimât pourtant.
Et ta fille, comme elle te ressemble,
enfermée, pareille à toi, dans sa douleur muette,
a choisi pour accompagner
l'envol de ton âme
les plus sublimes
les plus profonds messages,
empreintes musicales
offertes à l'humanité
par les plus grands.
Et nous, mon frère,
indissociables depuis toujours,
le resterons à jamais.
"Chef-d’œuvre d’une tendresse musicale hors normes et d’une sensibilité extrême, Eugène Onéguine fait partie de ces quelques opéras «à part". Alors que ses contemporains composent des opéras toujours plus héroïques, épiques et grandiloquents, Tchaïkovski adapte en musique un roman intimiste de Pouchkine, bijou de finesse, d’amour et de haine, de bonheur et de désespoir. La musique du compositeur est ici à son apogée : quelques références aux traditions russes, une valse envoûtante, un duel saisissant, mais aussi une atmosphère intimiste où musique et texte s’épousent sans séparation de biens. À peine Tatiana croise-t-elle le regard d’Eugène qu’elle en tombe amoureuse illico, mais ce dernier provoque en duel son ami Lenski pour un conflit stupide et doit s’exiler. À son retour, il tombe amoureux de Tatiana, mais il est trop tard…Tragique et folle histoire de jeunes gens envoûtés par la vie naissante. Premières amours, premiers pas…Tchaïkovski et Pouchkine ont non seulement connu les affres de l’amour naissant, mais les ont merveilleusement décrites…"
Le Matenadaran (Institut des Manuscrits anciens) fut construit en 1957. Il renferme, entreposés dans une chambre forte à l'abri des dégradations du temps, quelque 16 OOO documents, dont des copies sont exposées dans les vitrines. Ces pièces rares ont pour thème philosophie, mathématiques, histoire, médecine, astronomie, sciences, politique ...
A l'entrée du Musée, Mesrop Machtots créateur de l'alphabet arménien élaboré en l'an 405 et son élève accueillent les visiteurs qui découvriront avec étonnement la richesse des innombrables livres et manuscrits que contient le musée.
Veillent aussi les statues de grands penseurs, savants, philosophes et théologiens arméniens ; ce sont Anania de Chirak (VIIe s.), Grégoire de Tatev (XVe s.), Moïse de Khorène (Ve s.), qui ont contribué
à l'approfondissement de la culture arménienne en s'ouvrant aux grands classiques grecs, dont les manuscrits ont été traduits dés la création de l'alphabet national. Les salles du musée renferment assez de trésors pour étonner, éblouir le visiteur découvrant un patrimoine dont l'importance désigne l'Arménie comme l'un des pays du monde médiéval les plus riches en manuscrits enluminés.
Les enfants des écoles (99 % d'alphabétisation en 2006) visitent régulièrement ces lieux, sous la conduite de leurs instituteurs, en manifestant un intérêt évident : j'ai vu leurs visages penchés et leurs yeux scruter longuement ce qu'ils découvraient. C'était un bonheur de voir avec quelle curiosité ils allaient d'une vitrine à l'autre en posant mille questions et s'émerveillant de tout !
Apercevant notre groupe, l'un d'entre eux m'aborda pour savoir de quel pays nous venions : "de France" lui ai-je dit, ce à quoi il répondit en débitant sans respirer "bonjour madame merci beaucoup et vous je vais bien !" J'avais envie de le serrer dans mes bras et tous les autres aussi ! Ils étaient âgés de dix à douze ans ...
Le premier livre arménien
Grigor Tatevatsi (1346 -1409) et ses élèves (1449)
Livre d'arithmétique (1283). Avant d'utiliser les chiffres pour leurs calculs,
les Arméniens se servaient des lettres de l'alphabet, dont chacune
avait une valeur (unité, dizaine, etc...)
Herbier (XVIIIe s.)
Evangiles - 887
Manuscrit palimpseste - 986
Art de l'enluminure
Colorant naturel - ici cochenille
Astronomie
Le plus petit manuscrit (3x4 cm - 12 gr.)
et le plus grand du monde (34 kg), qui aurait nécessité pour sa confection
pas moins de sept cents veaux.
Couverture d'ivoire sculpté pour ce magnifique ouvrage du VIe s.
Mesrop Machtots pensait à juste titre qu'une nation ne pouvait perdurer qu'à travers sa culture. Tous ces manuscrits richement enluminés témoignent de l'importance accordée au livre, considéré comme un objet sacré qu'il faut protéger, même au prix de sa vie.
Devant l'Opéra de Erevan, le bateau Guiliguia revenu de son périple qui l'avait conduit jusqu'à Marseille, est exposé à la curiosité de la population
Pastel de Dzovinar
Pastel de Dzovinar
Fruit de vingt ans de recherche et de onze années de construction, le voilier a été élaboré à partir de documents datant du XIIIe s., la plupart se trouvant au Matenadaran (Musée des Manuscrits Anciens) à Yerevan. Les bas-reliefs que l'on remarque dans certaines églises, comme celle d'Akhtamar sur le lac de Van, par exemple, constituèrent également des sources d'inspiration.
Le bâtiment mesure 20 m de long sur 5 m de large, avec un tirant d'eau d'une capacité de cinquante tonnes.
Le Guiliguia a une voile latine ; il est construit de bois de chêne et de pin. La poutre centrale longue de 14 m est taillée d'un seul tenant. Il a en outre deux gouvernails, ce qui complique la tâche, mais nos ancêtres étaient patients et forts ! L'usage des deux gouvernails fut un des objectifs scientifiques de l'expédition. (Documentation France-Arménie - 2005).