mardi 31 décembre 2013

GENOCIDE ARMENIEN ET AUTRES CRIMES CONTRE L'HUMANITE - Me Philippe KRIKORIAN

POUR INFORMATION
 (SANS LE PDF) 


GENOCIDE ARMENIEN ET AUTRES CRIMES CONTRE L'HUMANITE - DEMANDE CONTENTIEUSE DE TRANSPOSITION DE LA DECISION-CADRE DU 28.11.2008 - VOIE DE FAIT IMPUTABLE A L'ETAT - AUDIENCE DE LA COUR D'APPEL D'AIX-EN-PROVENCE DU 17.12.2013, 08h15 - DELIBERE AU 30.01.2014 - DEMANDE DE RENVOI DE L'AFFAIRE PERINCEK A LA GRANDE CHAMBRE DE LA COUR EUROPEENNE DES DROITS DE L'HOMME

Date : lun. 30/12/13 21:38

Chers Amis,

Je vous communique ci-joint, copie de la lettre que j'ai adressée, aujourd'hui, à l'Ambassadeur de Suisse à Paris aux fins de demande de renvoi de l'affaire PERINCEK ( arrêt de chambre du 17 Décembre 2013 ) à la Grande Chambre de la Cour européenne des droits de l'homme.

La Suisse se doit, au regard de l'intérêt supérieur de civilisation qui préside à cette problématique, de ne pas laisser s'installer de fausses idées, au sein du Conseil de l'Europe, qui font le lit du racisme et de la xénophobie, sur un Génocide dont la Turquie ne peut s'exonérer à si bon compte.

Faire connaître les moyens et arguments qui militent dans le sens de la saisine de la Grande Chambre permet d'ores et déjà de neutraliser le négationnisme qui a guidé la majorité des cinq juges, le 17 Décembre 2013 dernier.

En tout état de cause, cette jurisprudence met en évidence l'impérieuse nécessité, au regard du principe de légalité des délits et des peines, d'inscrire dans la loi de reconnaissance ou dans la loi de répression - comme nous le demandons - le ou les crimes contre l'humanité dont la négation est interdite, dès lors qu'elle s'accompagne très souvent d'un risque d'incitation à la haine ou à la violence.

La transposition de la décision-cadre du 28 Novembre 2008 est d'autant plus urgente.

Je vous souhaite à tous de très bonnes fêtes de fin d'Année,

Et reste à l'écoute de toute demande de renseignement complémentaire de votre part.

A bientôt,

Très amicalement,

Philippe KRIKORIAN,
Avocat au Barreau de Marseille
Tél. (33) 04 91 55 67 77 - Fax (33) 04 91 33 46 76
Courriel Philippe.KRIKORIAN@wanadoo.fr
Site Internet www.philippekrikorian-avocat.fr
BP 70212
13178 MARSEILLE CEDEX 20 ( FRANCE )

samedi 28 décembre 2013

Les "Traders" des valeurs humaines par VAROUJAN SIRAPIAN


Varoujan Sirapian
 
 
AVEC L'AIMABLE AUTORISATION DE VAROUJAN SIRAPIAN
Les « Traders » des valeurs humaines

Varoujan SIRAPIAN
Éditorial - revue « Europe&Orient » N°17
Décembre 2013
http://europeetorient.blogspot.fr/



Dans un monde de plus en plus matérialiste, certaines causes, même les plus sacrées, peuvent servir de monnaie d’échange à des joueurs de poker menteur dépourvus de toute véritable morale.
L’un des exemples qui, au-delà de son importance pour la mémoire collective d’une nation, est devenu un marqueur universel pour apprécier la valeur éthique des individus, est certainement celui du Génocide arménien.
Déjà à l’époque, au début du XXe siècle, quand ces massacres planifiés ont été commis par les Jeunes-turcs, Churchill avait stigmatisé le silence complice des Occidentaux avec cette formule lapidaire : « Le pétrole du Mossoul a pesé plus lourd que le sang des Arméniens ! »
Aujourd’hui les choses ont-elles changé ? Pas tellement si on prend les exemples, presque quotidiens, mettant en lumière le nationalisme toujours exacerbé et paranoïaque des dirigeants turcs, qui, même quatre-vingt-dix-huit ans après les massacres, non seulement nient les faits, mais se livrent à un véritable lavage de cerveau au détriment des jeunes générations, cela dès l’école primaire, afin de perpétuer la haine de l’Autre, principalement celle des Arméniens et des Grecs. En Turquie la négation du génocide arménien est institutionnelle et le chantage économique exercé vis-à-vis des pays reconnaissants le génocide arménien, de plus en plus fréquent à travers le monde. Un fait bien connu des analystes politiques qui suivent ce dossier.
Que l’État turc, pour qui le négationnisme du génocide arménien fait partie de sa panoplie politique, l’utilise aussi bien à usage interne que vis-à-vis de l’extérieur, n’étonne hélas pas les défenseurs des Droits de l’Homme. Depuis le Sultan Abdul-Hamid dit le Rouge, jusqu’à nos jours sous le régime islamiste de l’AKP du Premier ministre Erdogan, en passant par les Jeunes-turcs et les kémalistes d’hier, la Question arménienne, puis ensuite le génocide, sa reconnaissance internationale et sa négation, ont servi de levier de chantage face à des occidentaux, tantôt naïfs tantôt complices.
En revanche, comment expliquer qu’un autre État, Israël, qui a vu le jour après l’Holocauste, une épreuve terrible pour le peuple juif qui a perdu d’innombrables âmes lors de ce deuxième génocide du XXe siècle, puisse aussi cyniquement utiliser le Génocide des Arméniens comme une sinistre monnaie d’échange vis-à-vis du gouvernement turc ? Bien que de nombreux intellectuels juifs, en Israël et dans le monde, réclament la reconnaissance du Génocide arménien par l’État hébreu, non seulement ce dernier reste sourd à ces demandes, mais pire use de toute son influence, notamment par le truchement de ses groupes de pression aux États-Unis tels l’AIPAC ou l’ADL, pour empêcher le Congrès de voter une résolution reconnaissant le Génocide arménien. Ce jeu malsain, que nous avons dénoncé à de nombreuses reprises, dure malheureusement depuis des années.
Deux exemples récents ont démontré, encore une fois, le comportement du « deux poids, deux mesures » quand il s’agit du Génocide arménien, aussi bien de la part d’Israël que de la France.
Dans le cas d’Israël, il s’agit de Madame Zali De Toledo, présidente de l’Association des Juifs turcs d’Israël. Le président Shimon Peres, lui-même négationniste avéré, l’avait nommé comme attachée culturelle en Turquie de 1993 à 2003 pour « améliorer les relations entre les deux pays ». Or Madame De Toledo a déclaré récemment au journal turc « Today’s Zaman » :
« 2015 approchant, la Turquie devrait prendre en compte ses intérêts et normaliser ses relations avec Israël en nommant un ambassadeur le plus tôt possible. Si les liens entre ces deux pays n’étaient pas réparés, les groupes de pression juifs resteraient probablement neutres lorsque 2015 arrivera ».
Décryptage pour ceux qui n’auraient pas vu le dossier d’assez près : « Si vous [Turcs] ne normalisez pas vos relations avec Israël, les lobbies juifs de Washington pourraient rester neutres dans le cas où une résolution de reconnaissance du génocide arménien reviendrait à l’ordre du jour du Congrès. Les élus par le peuple américain n’étant pas l’objet de pression [amicales] de la part des lobbies juifs seraient alors libres d’adopter la résolution. Mais si vous normalisez vos relations, avec nous, nous demanderons à nos amis influents de tout faire (comme ils l’ont fait jusqu’ici) pour empêcher un vote favorable ».
On ne pourrait être pas être plus cynique et arrogant ! Non seulement Madame De Toledo, qui parle évidemment au nom du gouvernement israélien (pourrait-il en être autrement ?), utilise l’éventualité de l’adoption - ou son rejet ! - d’une résolution reconnaissant le Génocide arménien comme moyen de chantage, mais, dans le même temps, admet implicitement qu’Israël intervient dans les affaires internes d’un pays souverain pour interdire à ses élus de voter en leur âme et conscience, ceci afin de rendre justice au peuple arménien, lequel attend ce moment depuis 98 ans. Madame De Toledo est bien à ce titre une « Trader » des valeurs humaines.
Dans le cas de la France, Laurent Fabius, Ministre des Affaires étrangères et Arnaud de Montebourg ont donné à quelques jours près, deux autres exemples similaires de la façon de piétiner les valeurs et principes universels.
Commençons par Fabius qui le 17 juillet 2012, répondant aux questions de la Commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale, mettait entre guillemets, avec gestes à l’appui, le Génocide arménien. Exactement comme le font les négationnistes Turcs lorsqu’ils mettent des « guillemets » au mot génocide ou quand ils utilisent le terme dépréciatif de « soi-disant génocide ».
Quelques mois après ce 17 juillet, recevant au Quai d’Orsay « son ami Ahmet », son homologue turc Ahmet Davutoglu, M. Fabius se prononçait, à l’occasion de la conférence de presse qui suivit cette rencontre, contre une loi punissant la négation du génocide arménien. Cela ne manquait pas de sel puisque c’est ce même Laurent Fabius qui a été naguère l’instigateur de la loi Gayssot pénalisant le déni de l’holocauste juif. La raison de cette capitulation de la part de M. Fabius sur les valeurs fondamentales du genre humain était de prétendument « raccommoder » les relations franco-turques, malmenées selon lui, sous la présidence de M. Sarkozy.
« Raccommoder » était aussi le mot qu’avait en tête Arnaud de Montebourg (ministre de moindre importance dont le poste a été créé comme lot de consolation pour sa troisième position aux primaires socialistes), quand il s’est rendu en Turquie afin d’y promouvoir l’industrie nucléaire française. La France a besoin de fonds, coûte que coûte, et au diable les principes et les valeurs. Même si cela implique de fermer les yeux sur des Crimes contre l’humanité ou des génocides, aussi terribles soient-ils.
Dans la foulée, Arnaud de Montebourg n’a pas hésité à déclarer que la France souhaitait inaugurer avec la Turquie « de nouvelles relations après les turbulences inutiles qui ont empoisonné leurs rapports ». Les « turbulences inutiles » étant les tensions qui s’étaient manifestées entre les deux pays lors des discussions portant sur la loi Boyer en 2011/2012, texte qui devait sanctionner la négation du génocide arménien. Autrement dit, protéger les descendants des rescapés du premier génocide du XXe siècle de la haine nationaliste turque exportée aujourd’hui encore sur le sol français. Ainsi protéger la paix sociale ne serait aux yeux de ce ministre que des « turbulences inutiles » !
Il faut noter que les efforts d’Arnaud de Montebourg pour obtenir les marchés convoités en Turquie, ont été contrecarrés par les positions adoptées, le 10 novembre 2013, par M. Fabius à Genève lors d’un premier tour de discussions du Groupe 5+1 relatives au dossier nucléaire iranien. Négociation au cours de laquelle le ministre des Affaires Étrangères, au lieu d’agir au mieux des intérêts français, a fait capoter les négociations dans le but évident de complaire au Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou. En réponse (ou en mesure de rétorsion ?) Peugeot, entreprise française de premier plan, qui a perdu l’an passé d’importants débouchés en Iran, est désormais assuré de ne jamais retrouver les part de marché perdues.
En résumé, Zali De Toledo, Laurent Fabius et Arnaud Montebourg ne sont que de cyniques « Traders » des valeurs humaines. Ils ne sont d’ailleurs pas les seuls, mais l’Histoire les jugera !

REVUE E & O - " RUSSIE : LE RETOUR ?" - EDITIONS SIGEST : http://editions.sigest.net

dimanche 22 décembre 2013

Valérie Boyer députée des Bouches-du-Rhône s'exprime



Communiqué de Madame la députée des Bouches-du-Rhône Valérie Boyer suite à l'arrêt de la Cour européenne des droits de l’Homme dans l’affaire opposant Dogu PERINCEK, Président du parti des travailleurs turcs, ayant qualifié le génocide arménien de « mensonge arménien » :

 Triste date pour les victimes du génocide arménien : Presque 100 ans après les faits, la CEDH vient de consacrer le négationnisme au nom de la liberté d’expression La Cour européenne des droits de l’Homme vient de rendre son arrêt dans l’affaire opposant depuis 2005, Monsieur Dogu PERINCEK, Président du parti des travailleurs turcs, ayant qualifié le génocide arménien de « mensonge arménien », à la Suisse, qui l’avait condamné en 2007 pour discrimination raciale. La CEDH, saisie par Monsieur Dogu PERINCEK suite à sa condamnation, vient de donner raison à l’auteur des propos et a condamné la Suisse pour violation du principe de la liberté d’expression. Je suis stupéfaite de voir qu’au nom de la liberté d’expression que protège à juste titre la CEDH, puisse être tolérée voire consacrée la négation d’un génocide dont la spécificité est d’être, à la fois, l’objet d’un déni de justice historique et d’un déni politique actuel. Je souhaite alerter l’opinion publique quant aux dérives d’interprétation et d’instrumentalisation, l’arrêt de la CEDH intervenant au demeurant dans un contexte très précis. En effet, la Cour a estimé que les autorités suisses n’ont pas démontré que la condamnation du requérant répondait à un « besoin social impérieux » ni qu’elle était « nécessaire pour la protection de l’honneur et les sentiments des descendants des victimes des atrocités qui remontent aux années 1915 ». Sans doute, cet arrêt s’interrogeait, avant tout, sur les rapports limités de la société suisse au problème de la négation du génocide arménien, mais sa portée et sa symbolique risquent fort d’être instrumentalisées prochainement à l’échelle européenne et notamment en France. D’autant plus que le juge de Strasbourg semble loin de la réalité et du vécu quotidien des centaines de milliers d’européens d’origine arménienne. Ainsi, la Cour estime que les propos du requérant « n’étaient pas susceptibles d’inciter à la haine ou à la violence » (p.48). Cette formule est proprement choquante. Elle reprend l’un des arguments des opposants à la proposition de loi réprimant la négation du génocide arménien, presque deux ans jour pour jour après son vote au Parlement, qui ont saisi le Conseil constitutionnel en arguant : « A ceux qui pourraient s’offusquer des conséquences de ce constat, qui pourraient s’étonner de ce qu’il faille attendre la survenue éventuelle de troubles graves pour y remédier, au risque, ce faisant, de les encourager, on répondra que c’est effectivement le prix normal de la liberté : celle-ci ne saurait être limitée pour faire face à des dangers qui ne seraient que virtuels ».

 Mais qu’attendons-nous au juste ? Que soient multipliées les provocations ? Que continuent les exactions et les profanations ? Que l’on compte les morts ? Quand aurons-nous atteint la limite de l’horreur qui pourra permettre de qualifier la négation du génocide d’incitation à la haine et à la violence ? Comment expliquer que sous couvert de liberté d’expression et de recherche de la vérité historique, les négationnistes aient réagi à ma proposition de loi en piratant mes accès internet, en tentant des actes terroristes contre mes collaborateurs, en m’adressant des menaces de mort ayant conduit à mon placement sous protection policière ?

 La décision est d’autant plus inquiétante que la Cour « partage l’avis du gouvernement turc selon lequel la négation de l’holocauste est aujourd’hui le moteur principal de l’antisémitisme (…) On ne saurait affirmer que le rejet de la qualification juridique de ‘‘génocide’’ pour les événements tragiques intervenus en 1915 et dans les années suivantes puissent avoir les mêmes répercussions » (p.48). Tous les génocides ne seraient donc pas égaux selon la CEDH. En introduisant cette notion de « besoin social impérieux », en tombant dans le piège du comparatisme dénigrant entre le génocide arménien et la Shoah, entre le déni de justice de l’un et l’autorité du jugement de l’autre, c’est une invitation à la haine, à la violence et au libre déferlement du déni qui s’ouvre.

 Cette affirmation est très grave et relève de la concurrence des mémoires, comparatisme qui est profondément malsain et intolérable. Je tiens à faire savoir que je ne suis pas dupe de la volonté politique délibérée sous-jacente de consacrer le négationnisme. Je tiens à exprimer également ma profonde affliction face au constat bien triste pour l’Europe qu’une manœuvre politique aussi grossière permette de consacrer le négationnisme et de porter préjudice à cette cause universelle qu’est la reconnaissance du génocide arménien.

 Les autorités helvétiques ont maintenant trois mois pour interjeter appel ; j’espère vivement qu’elles agiront rapidement. En France, à l’heure où François Hollande annonce avoir rencontré hier les responsables du Conseil de coordination des associations arméniennes de France (CCAF), le communiqué de presse de l’Elysée ne dit pas un mot sur la loi de pénalisation que les Français attendent depuis son élection et qu’il a promis le 24 avril 2012 au pied de la statue de Komitas. Bien au contraire, François Hollande se rendra en Turquie dans un mois.

 Au 1er décembre 2014, si la France n’a toujours pas transposé la décision-cadre du Conseil de l’Union de 2008 portant sur son obligation de légiférer, notamment sur le négationnisme, elle risquera une amende de cinquante millions d’euros.

 L’arrêt de la CEDH : http://hudoc.echr.coe.int/sites/fra/pages/search.aspx#{"sort""kpdate Descending"],"documentcollectionid2""GRANDCHAMBER","CHAMBER","COMMITTEE"],"itemid""001-139276"]} Le communiqué de l’Elysée du 17 décembre : http://www.elysee.fr/communiques-de-presse/article/entretien-avec-les-representants-du-conseil-de-coordination-des-organisations-armeniennes-de-france

Erwan Kerivel - De quoi Doğu Perinçek est-il le nom ?

"Dragon arménien" - Dzovinar
De quoi Doğu Perinçek est-il le nom ?

La Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) a jugé que la Suisse a violé le droit à la liberté d’expression du nationaliste et négationniste turc Doğu Perinçek en le condamnant pour discrimination raciale. En mai, juillet et septembre 2005 à diverses conférences en Suisse il avait nié publiquement l’existence de tout génocide perpétré par l’Empire ottoman contre le peuple arménien en 1915 et dans les années suivantes, en le qualifiant de « mensonge international ». Le 9 mars 2007, le Tribunal de police de Lausanne avait reconnu M. Perinçek coupable de discrimination raciale au sens de l’article 261bis, alinéa 4 du code pénal suisse, concluant que les mobiles poursuivis par le requérant s’apparentaient à des mobiles racistes et ne relevaient pas du débat historique.
La CEDH a donc cassé la décision suisse en affirmant « important de souligner que M. Perinçek n’a jamais contesté les massacres et les déportations pendant les années en cause, mais qu’il nie la qualification de « génocide » donnée à ces événements » et que « le rejet de la qualification juridique de « génocide » pour les événements de 1915 n’est pas de nature à inciter à la haine contre le peuple arménien ».
Immédiatement après le rendu public de la décision, la presse nationaliste turque s'est félicitée de la décision : « Dans le procès Perinçek, c'est toute la Turquie qui sort vainqueur » « Le Monde entier va parler de notre victoire de Lausanne » ou encore « Après la décision de la CEDH, le monde entier va pouvoir débattre des allégations sur le « génocide arménien » ». La presse azérie s'est également félicitée en titrant « Le coup historique donné aux Arméniens par Perinçek ». Le Ministre des Affaires Étrangères turc, Ahmet Davutoğlu, qui quelques jours auparavant disait regretter les souffrances des Arméniens durant les déportations, s'est exclamé : « ce jugement rendu par la plus haute autorité judiciaire sur les droits de l'homme en Europe offre également la réponse nécessaire aux initiatives législatives sur le « déni », en particulier en Europe qui visent à déformer l'histoire turque et d'empêcher les initiatives que les allégations arméniennes soient présentées comme « la vérité ». Nous espérons que désormais ces initiatives qui sont contre les droits humains et la primauté du droit prendront fin (sic!) ».

Une victoire pour les négationnistes turcs qui vont ainsi pouvoir continuer à cracher sur la mémoire des victimes du génocide arménien, au nom de la liberté d'expression, que l'on sait « si bien défendue » en Turquie !

Connaitre la nébuleuse Perinçek
Car Perinçek incarne parfaitement la matrice idéologique de l’État Profond (Derin Devleti), cet agglomérat nauséabond de kémalistes et de fascistes notoires, qui lui a d'ailleurs valu condamnation dans le procès Ergenekon.
Ancien dirigeant du Parti Révolutionnaire des Ouvriers et des Paysans de Turquie (TIIKP) dans les années 70, il est resté dirigeant du même parti sous des noms différents Parti Socialiste (SP) et Parti des Travailleurs (IP), son appellation actuelle. On pourrait penser à un parti d'extrême-gauche, mais la véritable idéologie du parti est ce qu'on appelle le « Kémalisme Eurasiatique », version moderne du Pan-Touranisme ou du Pan-Turquisme devant s'étendre du Bosphore à la Chine.
Déjà, lorsque de jeunes militants du TIIKP, rejetèrent le Kémalisme comme une « forme de fascisme », firent scission pour créer le Parti Communiste de Turquie-Marxiste-Léniniste (TKP/ML), il n'hésita pas une seconde à essayer de les détruire physiquement. Une tentative d'assassinat fût même programmée contre la personne d'Ibrahim Kaypakkaya, le jeune dirigeant maoïste du TKP/ML. Il faut dire que parmi ces jeunes maoïstes figuraient également de jeunes arméniens comme Armenak Bakirciyan (Orhan Bakir), Immanuel Demirciyan (Manuel Demir) et celui qui restera pour la postérité une référence Hrant Dink. Autre élément à noter, ce jeune parti fût fondé un 24 Avril et fût le premier parti politique en Turquie à reconnaître le génocide arménien.
Aujourd'hui, Perinçek est à la tête d'une nébuleuse qu'il est nécessaire de connaître :
Le Parti des Travailleurs (IP) : la défense de l'Armée turque car la préservation du Kémalisme, de la laïcité et de l'intégrité territoriale turque est la cause la plus sacrée, la propagande acharnée contre Chypre, la Grèce et l'Arménie qui sont des menaces contre la Turquie, les Six principes d’Atatürk synthèse entre les principes de la Révolution française, Nationalisme, République et Laïcité et ceux de la Révolution d’octobre, Populisme et Étatisme, la Turquie asiatique et l'opposition à l’Union européenne qui signifie pour la Turquie la fin de la laïcité et la division du peuple en sectes, en races, en confréries, en communautés sont le fond de commerce de la structure. Le Parti possède une chaîne de télévision Ulusal Kanal (Canal National), un hebdomadaire Aydinlik (Clarté), deux mensuels Teori (Théorie) et Bilim ve Ütopya (Science et Utopie).
Les Editions Source (Kaynak Yayınları), sous la coupe de son fils Mehmet Perinçek, universitaire, qui a fait sa spécialité la diffusion de collections niant le génocide arménien. Le mode opératoire est le suivant : la traduction de textes soviétiques des archives du Kremlin « prouvant l'inexistence du soi-disant génocide ». Il est aidé dans sa tâche par l'ancien député azéri Elövset Agalarov, directeur de la Maison d'Edition d’État de l'Azerbaïdjan. Parmi les best-sellers des Editions, le set de plusieurs ouvrages intitulé « Les mensonges du génocide arménien vu par les sources arméniennes » et « Défense et Mémoire de Talaat Pacha ».
Le Comité Talaat Pacha et l'Association pour la Pensée d'Atatürk, deux associations à caractère de masse, présentes en Turquie et en Europe dans l'immigration et organisatrices notamment en France des manifestions contre le projet de loi de pénalisation de la négation du génocide arménien. « Nous n'avons pas commis de génocide, nous avons défendu la Patrie » était leur mot d'ordre central lors de ces manifestations.
Cette nébuleuse dirigée par Perinçek, insignifiante en termes électoraux est dotée de fonds de fonctionnement impressionnants qui nous permettent de croire qu'elle bénéficie des financements d'une partie de l'appareil d’État turc ainsi que de l'aide du pouvoir azéri.

Le signe donné par la CEDH
En rendant son jugement, la CEDH donne explicitement un encouragement à la diffusion des idées négationnistes turques les plus outrancières à travers la nébuleuse Perinçek. Elle a également accepté d'être sous influence des autorités turques actuelles en lui permettant d' « éclairer les débats » ou comme l'a déclaré le Ministre des Affaires Étrangères turc Ahmet Davutoğlu : « La Turquie est devenue une intervenante dans l’ affaire, qui concerne de près notre pays dans tous les domaines et nous avons soumis nos observations à la CEDH dans ce contexte ».
Au nom de la liberté d'expression, elle a donné un blanc-seing aux partisans du Hitler turc, Talaat Pacha.
Mais bien plus grave encore, elle a asséné un coup de couteau dans le dos à tous les démocrates en Turquie qui tentent depuis des années, courageusement, de lever le voile du négationnisme d’État. Car si elle l'ignore encore, la liberté d'expression sur le génocide arménien en Turquie reste dans la plupart des cas synonyme de procès et de prison.
Enfin, la décision de la CEDH donne également un signe fort aux parlements des différents pays européens à ne pas approuver de lois de pénalisation de la négation du génocide arménien. Car quand bien même une telle loi existerait, elle trouverait la CEDH sur son chemin pour la contrer.
On le voit clairement, la nécessaire lutte contre le négationnisme pratiqué par la Turquie à quelques mois du Centenaire du Génocide de 1915, ne peut se limiter au bon vouloir des institutions étatiques et judiciaires qui travaillent par principe pour la Raison d’État. La Raison du plus fort l'emportant toujours.
Ce combat doit être militant et populaire, impliquer de larges secteurs des opinions publiques dans le monde mais surtout en Turquie, sonner le réveil des descendants des victimes du génocide pour qu'en 2015 nous soyons des millions à dire « plus jamais çà ».

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Message adressé à la Cour Européenne des Droits de l'Homme (CEDH)


Veuillez trouver ci-dessous une copie de votre message envoyé à la Cour européenne des droits de l'homme. Cet email a été généré automatiquement, merci de ne pas y répondre.
Veuillez noter que si votre demande concerne une requête que vous avez soumise à la Cour ou que vous entendez soumettre à la Cour, elle ne sera pas traitée.

Si vous souhaitez prendre contact avec le greffe en rapport avec pareille requête, vous devez le faire par fax ou par courrier.(cliquer sur ce lien pour plus de détails)

Nom : Melkonian
Prénom : Dzovinar
Vous êtes :  Autre
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Message : Le jugement rendu par la CEDH va à l'encontre de sa raison d'exister ; de plus prétendre que le génocide des arméniens n'est pas clairement établi, une véritable injure à la mémoire des victimes qui l'ont subi et payé de leur vie ainsi qu'au respect de la souffrance des survivants. C'est totalement indigne et incompréhensible. Les archives des états sont pleines de preuves irréfutables, les témoignages sans nombre ... Oser mettre en balance les génocides juif et arménien: une aberration honteuse. Ceux des juges qui ont fait pencher la balance de la justice dans l'ignominie auront à assumer le discrédit qu'ils ont ainsi jeté sur une institution qui devrait être irréprochable et qui vient ainsi de rejoindre la horde négationniste !

VOUS POUVEZ ENVOYER VOS MESSAGES DE PROTESTATION ICI :

vendredi 20 décembre 2013

Sur un jugement rendu par la CEDH

 European Armenian Federation for Justice and Democracy 

COMMUNIQUE FAISANT SUITE AU JUGEMENT RENDU PAR LA CEDH

Brussels, 18 December 2013.

 The European Court of Human Rights in its ruling of December 17, 2013 has confirmed that the Armenian Genocide denial does not constitute a delinquent act. According to it, the decision adopted by the Court of Lausanne in 2007 condemning Dogu Perincek, the president of Worker’s Party of Turkey for his negationist statements violates the principles of freedom of expression.

The European Armenian Federation for Justice and Democracy condemns this statement to its very dangerous extent that preaches impunity in Europe and clears the way for the denial orchestrated by Ankara and Baku. Once again, referring to the principles of freedom of expression, the European Court, by its statement, has made void the rights for honor and dignity, the protection of Genocide victims and their descendants.

In the result of such a decision, if it is finalized, Armenians, trampled and impinged upon their rights will not find a protection and legal defense in Europe any more. Without an effective justice no one can confirm what kind of steps will be undertaken by the European citizens of Armenian origin in search of legal protection. This statement will enforce Turkish extremism that sees itself encouraged by this act – and silence the voices of truth being raised in Turkey.

Moreover, the European Court of Human Rights stating that “the term genocide does not constitute a consensus”, it equates to Pernicek’s denialist statement of “Armenian Genocide is an international lie”. Furthermore, how the ECHR can state that “this issue shall be distinguished clearly from that of Holocaust denial”? How is it possible to accept such a differentiation from the highest European court on Human Rights? The court obviously has misinterpreted its role, commenting historically and politically proven facts, on unfounded and extremely oversimplified arguments, without even consulting the International Genocide Scholars Association, which unanimously accepted the Armenian Genocide as such.

The European Armenian Federation for Justice and Democracy, in collaboration with the French Office of the Armenian Cause and the Armenian National Committees all over Europe, will enact by all means to object to this ruling. At present, Switzerland has a period of three months to appeal against this ruling and ask for an appeal on this. Our efforts now shall be directed to following the execution of such appeal by Swiss authorities. For this purpose, the French Office of the Armenian Cause, has asked for a meeting with the Ambassador of Switzerland in France. Similar actions will be organized by different Committees of the Armenian Cause all over the world, in an agreed manner.

Ma question 

Comment peut-on s'en remettre à la seule caution que représente le jugement d'un tribunal sur des faits aussi incontestables qu'un génocide avéré ?
 En son temps, un tribunal turc avait condamné les instigateurs de ces tueries de masse qui se sont déroulées à une époque où le terme "génocide"  n'avait pas cours ; ce jugement ne représente donc rien ? Ne peut-il prouver l'existence du crime ?  
Par ailleurs, les preuves existent, bel et bien, dans les archives de nombreux états, dans des documents incontestables, des témoignages sans nombre ...
Alors, occulter ces informations pour décréter que les crimes d'une barbarie sans nom, qui ont été commis dans le but d'annihiler un peuple, le peuple arménien,  ne peuvent bénéficier d'une protection juridique, prétendre même que leur négation serait de l'ordre de "la liberté d'expression" est d'une énormité qui dépasse l'entendement ! Lâcheté méprisable, indigne d'une Cour à portée universelle ou qui se veut comme telle !
Les membres de cette Cour, dont on peut se demander si ils étaient réellement au fait du problème arménien, laissent désormais planer un véritable doute sur leur compétence d'une part et leur impartialité d'autre part.

******* 



jeudi 19 décembre 2013

Poèmes de Nikos Lygeros


Arbre de vie - céramique Balian
Jérusalem - XIXe


L’homme de l’indicible
N. Lygeros
A l’architecte du mémorial

Petit-fils des survivants du génocide, 
l’homme de l’indicible décida de parler. 
Pour cela, il resta muet pendant des années 
afin de réaliser l’ampleur de l’homicide. 
Seulement la blessure était insupportable 
et il fallut soulever le ciel de l’obscurité 
pour enfin montrer le poids de l’éternité 
dans un monde qui tenait sur une table.

http://www.lygeros.org/articles?n=2529&l=fr



Tout n’est pas permis
N. Lygeros

Avant nous aimions la liberté plus que tout
seulement nous sommes morts. 
Ensuite nous aimions la vie plus que tout 
seulement nous sommes prisonniers. 
Enfin nous aimions la mémoire plus que tout 
seulement nous sommes oubliés. 
Désormais nous savons que tout n’est pas permis 
même si dieu n’existe pas.



mercredi 18 décembre 2013

De Maître Krikorian (Audience du 17/12/2013 et problème CEDH)




Gilbert Béguian et Me Philippe Krikorian

Chers Amis,

Que d'émotions en une seule journée!

Le contraste est, en effet, saisissant.

Entre l'éloge exceptionnel fait par la Cour d'Appel d'Aix-en-Provence, en début d'audience publique, devant le mandataire de l'Etat, quant à la motivation légitime des quinze appelants, ainsi qu'au travail de leur Avocat, d'une part et l'appréciation injuste par la Cour européenne des droits de l'Homme ( CEDH ) du Génocide Arménien, dans l'affaire qu'elle a jugée le même jour ( PERINCEK c. Suisse ), il existe un gouffre béant dans lequel se précipitent les passions humaines.

La CEDH, après avoir reconnu que la condamnation de Dogu PERINCEK procédait d'une ingérence "prévue par la loi" ( § 72 ) et "susceptible de viser la protection des droits d'autrui, à savoir l'honneur des familles et proches des victimes des atrocités commises par l'Empire ottoman contre le peuple arménien à partir de 1915" ( § 75 ), rappelé qu'"il ne lui revient pas d'arbitrer des questions historiques qui relèvent d'un débat toujours en cours entre historiens" ( § 99 ), précisé "d'emblée qu'elle n'est amenée à se prononcer ni sur lamatérialité des massacres et déportations subies par le peuple arménien aux mains de l'Empire ottoman à partir de 1915, ni sur l'opportunité de qualifier juridiquement ces faits de 'génocide', au sens de l'art. 261bis, alinéa 4, du code pénal ( suisse )" ( § 111 ), a mis en doute ( § 117 ) le consensus général, notamment scientifique, quant à la qualification de génocide des crimes de 1915 commis par l'Etat turc à l'encontre des populations civiles arméniennes, tel qu'il avait été constaté par le Tribunal fédéral suisse dans son arrêt historique du 12 Décembre 2007.

La CEDH prétend se référer, également, à la décision du Conseil constitutionnel français du28 Février 2012, en relevant que "Les Etats qui ont reconnu le génocide arménien - pour la grande majorité d'entre eux par le biais de leurs parlements - n'ont par ailleurs pas jugé nécessaire d'adopter des lois prévoyant une répression pénale, conscients que l'un des buts principaux de la liberté d'expression est de protéger les points de vue minoritaires, susceptibles d'animer le débat sur des questions d'intérêt général qui ne sont pas entièrement établies." ( § 123 ). Pour la CEDH, il est douteux que "la condamnation du requérant ait été commandée par 'un besoin social impérieux" ( § 126 ).

En conclusion, la CEDH considère "que les motifs avancés par les autorités nationales pour justifier la condamnation du requérant ne sont pas tous pertinents et, considérés dans leur ensemble, s'avèrent insuffisants. Les instances internes n'ont pas démontré en particulier que la condamnation du requérant répondait à un "besoin social impérieux" ni qu'elle était nécessaire, dans une société démocratique, pour la protection de l'honneur et les sentiments des descendants des victimes des atrocités qui remontent aux années 1915 et suivantes. Les instances internes ont donc dépassé la marge d'appréciation réduite dont elles jouissaient dans le cas d'espèce, qui s'inscrit dans un débat revêtant un intérêt public certain ( § 129 )" et ne craint pas de conclure à la "violation de l'article 10 de la Convention." ( § 130 ).

Cette décision, hautement critiquable, au regard notamment du droit au respect de la dignité humaine - qui est absolu - et de la vérité historique, heurte, choque et inquiète. Elle devra, en conséquence, être déférée à la Grande Chambre de la Cour, sur la demande de l'Etat suisse. L'Association Suisse Arménie ( ASA ), dont je salue, ici, à nouveau, l'engagement, doit être encouragée à continuer son juste combat. Souvenons-nous, à ce propos, que dans l'affaire KONONOV, la Grande Chambre ( 17 Mai 2010 ) a totalement infirmé l'appréciation de la Chambre qui avait statué en première instance. C'est d'ailleurs la saisine de la Grande Chambre que préconisent justement les juges VUCINIC et PINTO DE ALBUQUERQUE, dans leur "opinion en partie dissidente" ( page 62, § 1 ) et dont la conclusion ( § 29, pages 79-80 ) qui rappelle que l'origine du mot "génocide" créé parRaphaël LEMKIN, est consubstantielle au crime internationalement illicite de 1915 et indissociable de l'identité arménienne, permet d'évacuer tout doute quant à la qualification de génocide concernant ce crime de lèse-humanité incontestable:

"29. Dans une interview accordée à CBS en 1949 et disponible sur internet, Raphael Lemkin, qui est l’inventeur du terme « génocide » et l’inspirateur de la Convention sur le génocide, a dit ceci : « J’ai commencé à m’intéresser au génocide parce qu’il était arrivé aux Arméniens et que leur sort a été totalement ignoré à la Conférence de Versailles : leurs bourreaux étaient coupables de génocide, et ils n’ont pas été punis. » Depuis plusieurs décennies, les meurtres massifs planifiés, la torture systématique et la déportation organisée du peuple arménien et l’éradication préméditée de la chrétienté en Turquie qui ont eu lieu au début du XXe siècle sont considérés comme un « génocide oublié ». Mais les auteurs de la présente opinion ne l’oublient pas. Nous estimons donc que l’incrimination de la négation du génocide et la sanction infligée au requérant, en pleine conformité avec le droit en vigueur dans l’État défendeur, pour avoir nié l’existence du génocide des Arméniens, n’ont pas emporté violation de l’article 10 de la Convention. "
On en vient, ainsi, rapidement à comprendre que nier le Génocide Arménien revient à nier l'existence même du peuple arménien. C'est en ces termes que s'exprimait PERINCEK qui prétendait - dans un parfait diallèle - qu'il n'avait pas nié le Génocide puisqu'il n'y avait pas génocide.


En un seul arrêt, la CEDH a perdu tout crédit. Il est, en effet, du devoir des citoyens de dénoncer publiquement tout dysfonctionnement manifeste de l'institution juridictionnelle, nationale ou, comme en l'espèce, internationale. C'est ce qu'a jugé, en France, la Cour de cassation pour les Avocats, au nom de la liberté d'expression ( Crim. 04 Mai 2012, aff. SPZINER, BILGER ).

En effet, il est remarquable, qu'au titre du rappel du droit et de la pratique internationaux ( § 18 et s. ) ne figure pas la décision-cadre du 28 Novembre 2008 qui oblige les vingt-huit Etats membres de l'UE à traiter le négationnisme par le droit pénal. Je rappelle, à cet égard, que la loi BOYER-KRIKORIAN votée définitivement par le Parlement le 23 Janvier 2012tendait précisément à la transposition de la décision-cadre, à l'instar de la procédure actuellement pendante devant la Cour d'Appel d'Aix-en-Provence qui rendra son arrêt le30 Janvier 2014 prochain.

Seule la Cour de justice de l'Union européenne ( CJUE ) - et non pas la CEDH -  a la compétence et le pouvoir d'apprécier la validité des actes de droit dérivé de l'UE et d'interpréter le droit primaire et dérivé de l'UE. Or, la question du Génocide Arménien fait partie, depuis la résolution du Parlement européen du 18 Juin 1987, du domaine d'activités de l'UE et se trouvent donc, justiciable du droit de l'UE. Cette réalité est incontestable.

Dans cet ordre d'idées, les questions préjudicielles que je demande à la Cour d'Appel d'Aix-en-Provence de poser à la CJUE visent à:

faire invalider le paragraphe 4 de l'article 1er de la décision-cadre en ce qu'il empêche la transposition adéquate de la norme de l'UE en droit français, compte tenu de la déclaration de la France ( ALLIOT-MARIE ) qui y a été annexée et dont nous demandons le retrait;

- faire préciser par la CJUE qu'aucune disposition de la décision-cadre ni aucune autre norme du droit de l'UE n'écarte le Génocide Arménien - reconnu notamment par le Parlement européen le 18 Juin 1987 - du champ d'application de ladite décision-cadre et qu'en conséquence les Etats membres ne peuvent exclure ce génocide du dispositif pénal de transposition.

En outre, pour ceux qui en douteraient, encore, l'art. 1er, § 4 et la déclaration de la France prouvent que les génocides, crimes contre l'humanité et crimes de guerre visés à l'article 1er, § 1, c) par référence aux art. 6, 7 et 8 du Statut de la Cour pénale internationale ( CPI ) et dont l'apologie, la négation ou la banalisation grossière publique doivent être rendues punissables par les Etat membres de l'UE, ne sont pas enfermés dans une période déterminée. Il s'agit indifféremment de crimes commis avant ou après l'entrée en vigueur du Statut de Rome ( CPI ) le 1er Juillet 2002. 

On ne voit pas pourquoi, à ce titre, l'article 1er, § 1, d) viserait les crimes nazis commis pendant la seconde guerre mondiale - donc, antérieurs au 1er Juillet 2002 - et pourquoi l'article 1er, § 1, c) qui le précède - ne pourrait pas concerner les crimes de génocide, crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis pendant la première guerre mondiale contre les populations civiles arméniennes, s'agissant, dans tous les cas d'espèce, de crimes par nature imprescriptibles?

La CEDH, dont la mission est limitée à l'interprétation de la Convention européenne des droits de l'homme et au contrôle de son application par les Etats membres du Conseil de l'Europe - distinct de l'UE -, était, partant, incompétente pour mettre en doute l'existence d'un consensus général, notamment scientifique dont le Tribunal fédéral suisse avait fait le constat le 12 Décembre 2007. Rien dans la Convention européenne des droits de l'homme ne pouvait permettre à la CEDH de nier la réalité du Génocide Arménien. De surcroît, il est très surprenant, en considération du dialogue des juges  que la CEDH n'ait pas fait preuve de plus de retenue à l'égard d'une question qui relève du droit de l'UE et, partant, de la CJUE.

L'arrêt qui vient d'être rendu contre la Suisse n'est susceptible, en tout état de cause, d'exercer aucun effet de droit sur les procédures en cours qui, elles, s'appuient essentiellement sur le droit de l'UE. ll permet, à l'inverse, de mettre encore plus nettement en exergue l'impérieuse nécessité de poursuivre nos actions devant les juridictions nationales et internationales aux fins d'obtenir la transposition adéquate de la décision-cadre du 28 Novembre 2008.

Je tiens, derechef, à remercier toutes les personnes présentes le 17 Décembre 2013 dernier à la Cour d'Appel d'Aix-en-Provence.

Je ne manquerai pas, en outre, de revenir vers vous aux fins de vous communiquer le mandat à signer correspondant à la procédure de plein contentieux ( indemnitaire ) que je vais prochainement diligenter contre l'Etat français pour défaut de transposition de la décision-cadre du 28 Novembre 2008.

Bonne journée à tous,

A bientôt,

Très amicalement,

Philippe KRIKORIAN,
Avocat au Barreau de Marseille
Tél. 04 91 55 67 77 - Fax 04 91 33 46 76
BP 70212
13178 MARSEILLE CEDEX 20 

Audience du 17 décembre 2013 à Aix en Provence

Gilbert Béguian et Me Philippe Krikorian

Le 17/12/2013 s'est tenue au Tribunal d'Aix-en-Provence l'audience publique où Me Philippe Krikorian a plaidé très brillamment un dossier difficile !
A tel point, que contrairement à tous usages, avant de laisser la parole à Me Krikorian pour son exposé, le Président de la séance Me Serge Kerraudran a souhaité rendre un hommage appuyé - tant en son nom qu'aux noms des membres de la cour - au considérable travail technique, de haute volée, réalisé au cours des différentes audiences passées - et dont il a rappelé la teneur, quasiment point par point ! Montrant ainsi tout l'intérêt qu' avaient suscité les arguments fondés sur le Droit qu'avait développé Me Krikorian !
Où était le CCAF qui se targue d'être la voix des Arméniens ? Pourtant, comme chaque fois, Me Krikorian leur avait adressé une invitation - son désir n'étant pas de faire "cavalier seul" ! 
Et pour une action si importante pour notre communauté qu'est le devenir de la loi de pénalisation de la négation du génocide des Arméniens - entre autres - aucun membre ni même représentant du CCAF n'a jugé digne de la soutenir par sa présence !

Je me suis laissé dire que le CCAF* commençait à penser que, peut-être, la filière du simple Droit était à creuser ... 
et tente déjà de se l'attribuer !**

Mais nous serons là, les quelques fidèles - comme nous le sommes déjà - pour crier haut et fort la totale incompétence du CCAF qui depuis tant d'années "espère", en se laissant régulièrement endormir par les gouvernants successifs, que le succès de l'entreprise viendra,
 un jour,
 d'en-Haut ! 

*******

* J'ai souvenir d'ailleurs, que pour la première audience, le CCAF avait  - quelle honte - donné le mot d'ordre à ses adhérents de ne pas aller y soutenir Me Krikorian !

** Comme il a tenté d'occulter la plus que large participation de Me Krikorian à la proposition de loi "Boyer-Krikorian", au cours d'une réunion à laquelle assistait Valérie Krikorian, l'épouse de Me Krikorian, qui est intervenue pour demander que le nom de son époux soit cité - tout de même !
Et pour cause : l'idée même de cette voie juridique émane de Me Krikorian - dont c'est le credo depuis de nombreuses années -  qui l'a soumise à Valérie Boyer - eh oui !   Et que Valérie Boyer a pu soumettre à son tour au Sénat (en dernier lieu). 



Vidéo "Guiliguia" (Yegmalian)


"Guiliguia"
Compositeur Yegmalian
chant Dzovinar
piano Thérèse Sinote

mardi 17 décembre 2013

Dites-moi

"Dragon arménien" - pastel

Dites-moi
Quel est le prix de la justice ?
Le sang des nôtres n'y suffit-il pas.

Des Justes se battent
consacrent leur vie, la sacrifie,
afin que  vivent et grandissent
les vérités trop longtemps bafouées

Tandis que d'autres hommes
sans humanité
s'acharnent à détruire,
 travestir,  nier
ces vérités qu'ils échangent
contre d'obscurs arrangements
sans que quiconque ne les arrête
impuissants que nous sommes
à dominer le mal que secrète
ce monde où nous vivons ...

Et les victimes
sans sépulture
que nous portons
en nous
fardeaux si légers que sont leurs âmes
mais qui pèsent si lourds quand les hommes
de pouvoir coupables du crime d'ignorance
 s'arrogent le droit
au mépris de toute justice
 d'effacer
 d'un revers de mains
notre douleur centenaire.

Dzovinar

dimanche 15 décembre 2013

Poèmes - Nikos Lygeros





Innocence interdite

N. Lygeros

Lorsque tu cherchais les pierres de ton enfance, 
tu ne trouvais que des morceaux de tombes. 
Lorsque tu lisais tes premières pages d’écriture, 
tu ne recherchais que les épitaphes oubliées. 
Tandis que les gens ne voulaient voir que la joie, 
tu ne regardais que la douleur des hommes. 
Tandis que les gens n’entendaient que la foi, 
tu ne pensais qu’à l’avenir de l’humanité.

http://www.lygeros.org/articles?n=2464&l=fr

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Les enfants du génocide

N. Lygeros

Les enfants des survivants ne peuvent être innocents.
Ils n’en ont pas le droit. 
Les enfants des bourreaux ne peuvent être coupables. 
Ils n’en ont pas la possibilité. 
Quant aux enfants des victimes, ils ne peuvent être vivants. 
Ils n’ont pas eu le temps.

http://www.lygeros.org/articles?n=2465&l=fr

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La déchirure de la lumière

N. Lygeros

La Lune pesait sur nos couleurs 
comme une hache sur un cou. 
La terre portait tous nos malheurs 
comme une mère sans un sou. 
Nous n’avions que notre histoire, 
nous n’avions que notre mémoire. 
Mais à présent où tout est sombre, 
à présent où la pénombre 
recouvre les croix de notre passé, 
nous voyons désormais la lumière déchirée. 

http://www.lygeros.org/articles?n=2484&l=fr

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