samedi 30 avril 2011

POUR L'AMI GREC

(Pastel - Dzovinar)

Sur la route, à l'infini,
s'alignent les oliviers
qui se déploient,
ombres argentines
sous le soleil ébouriffé
d'un timide printemps 
 qui se montre à peine.
Traversant la douce plaine de l'Argolide
où se plaisent les orangers
me sont venues de souriantes pensées
pour l'ami
enfant si particulier
d'un pays radieux
où se nouent, spontanées, naturelles,
les amitiés .
Et je songe à l'olivier
quand pousse un nouveau rameau
à la branche qui l'accueille 
aussitôt
lui offrant alors sans compter
pour lui permettre de croître, d'exister,
toute sa force et sa beauté.
°
°°
Heureux anniversaire, ami  cher à mon coeur
Dzovinar


vendredi 29 avril 2011

ISTANBUL

Sous un ciel sombre
pour la première fois
Je te vois, Istanbul ;
mais tu n'es pour moi
qu'une ville d'un pays
entre parenthèses.
Les nôtres autrefois
avant ta folie
y ont vécu, y ont brillé.
Aussi, ne t'ai-je pas effacé
de ma mémoire
- comment effacer toutes
ces vies qui ont existé
avant que le crime,
sanglant génocide, brutalement
n'en ait interrompu le cours ?
On me disait :
"c'est une belle ville, il faut la voir ..."
Belle ? Que vaut la beauté
de qui a perdu son âme ?
Ce pays tout entier a sombré
dans la barbarie :
sans âme, il est sans âme !
chaque jour qui passe
creuse le fossé où s'afflige
la mienne face à la monstruosité
d'un état assassin dont le crime
reste encore impuni!
Allez-y vous-même
qu'aucun remords n'habite
puisqu'aussi bien vous
encensez encore
cet état assassin !

C'est un jour sombre
comme si le ciel, lui,
portait toujours le deuil.

mercredi 27 avril 2011

ETNA



Nul jaillissement incandescent
mais une épaisse fumée
qui s'étend, enveloppe tout ;
les contours s'estompent,
disparaissent ;
fantasmagorie
d'un paysage onirique
où la montagne est engloutie
proie d'un géant formidable !
Nous voici errants sur la terre
noire comme l'enfer,
d'un monde dévasté,
où seuls subsistent,
les résidus grisâtres
d'anciennes éruptions :
tu m'as donné un frisson
de mort, Etna !


Mais voici qu'un lambeau de ciel,  aussi bleu
 que celui d'un beau jour d'été,
apparaît ;
et la vie aussitôt renaît ;
oubliées les tristes pensées
adieu au sinistre fantôme
là-bas dans la vallée
déjà les jardins fleurissent :
j'y cours, je veux les voir,
remplir mes yeux de leur beauté
oublier un instant
 que je suis mortelle !




lundi 25 avril 2011

LA PORTE ETROITE

Canal de Corinthe entre mers Egée et Ionienne


Dans cet étroit passage
ouvrage d'art humain
où coulent les eaux
endiguées - enfermées -
par de si hauts remparts,
comme elles s'écoulent nos vies,
bien trop à l'abri de nos peurs.
Vivre intensément effraie
pourquoi ?
Tout est permis en ce monde
qu'il nous faudra quitter :
Le travail, mais l'amour, mais la joie qui passent.
Le malheur de lui-même s'invite,  inutile de le convier !
Comme ces eaux qu'appelle l'infini
se jetant d'une mer dans l'autre
s'échappent enfin de leur carcan,
pareillement,
l'amour de la vie ouvre tous les chemins
cahotants, rocailleux et jubilatoires
si nécessaires à l'esprit curieux
que toute expérience enrichit. 

jeudi 21 avril 2011

MAIS ...

A Yalta

où l'un des plus beaux monuments de la ville est l'église arménienne Ste Hripsimé, nous n'existons pourtant pas : je demandai à notre guide : y a-t-il une communauté arménienne ici ? Elle me regarda interloquée (elle avait auparavant énuméré  les diverses communautés qui cohabitaient dans la ville sans nous nommer) elle répondit précipitamment oui, oui.

 Alors ?  

A Odessa, de la même manière, le guide - un homme jeune et cultivé, Anton,  nous précisa qu'Odessa était une ville où l'on venait pour faire du "bisness" - ainsi, il énuméra les diverses nationalités qui la constituaient : juifs, grecs, ... et toujours pas d'arméniens ! Je lui posai aussi la question : y a-t-il une communauté arménienne ? Même regard interloqué et : oui, oui ... mon voisin est arménien.

Alors ?

Au Musée des Beaux-Arts, cependant, quand nous entrâmes dans la salle "Aïvazovski" Anton s'approcha de moi pour me signaler : C'est un peintre arménien - Je souris en lui répondant : merci, je sais.  

Je compris que ce n'était pas une volonté délibérée d'ignorer notre existence ; c'était ainsi, nous n'étions pas inscrits dans leur "schéma mental" c'est tout ...   

 Anton nous communiqua toutes sortes d'explications sur différentes personnalités françaises qui apportèrent leurs contributions à la ville, mais à aucun moment il n'évoqua l' "Holodomor" ukrainien qui me paraissait être pourtant un épisode important de leur histoire ; quand je lui posai la question, il dit : oui, il y a un Musée consacré à cette tragédie, mais sa visite n'est pas au programme...

Nous étions là pour nous émerveiller de préférence, non pour pleurer sans doute ... 

UKRAINE DE MES ANCÊTRES (2)

ODESSA

***

Jetés dehors aux aurores, huit heures du matin - c'est tôt par un froid quasi sibérien (3°) - nous arpentons la promenade du bord de mer qui conduit jusqu'à l'Obélisque dédié au " Marin Inconnu"


Tout au long et de chaque côté de cette promenade située dans le grand parc central Tarass Chevtchenko (écrivain russe), des stèles couvertes de fleurs rappellent les épreuves subies par les Ukrainiens dans leur guerre contre la Turquie jusqu'à la victoire qu'ils remportèrent sur cette dernière le 10 avril 1945.



Durant les célébrations annuelles de cette victoire, les étudiants de l'Ecole de la Marine Marchande se voient chargés de nettoyer et de fleurir ces tombes jusqu'à l'obélisque également fleuri dont ils assurent la garde.





"L'escalier gigantesque Potemkine" réalisé par trois architectes différents (1841) et dont le point de vue surélevé permet d'observer à la fois les marches et les paliers.


(Pour les faits concernant le cuirassé Potemkine, voir google !)


Un des plus beaux opéras : celui d'Odessa.



Il ne devait pas avoir très chaud mon charmant joueur de Bandoura par ce matin glacial ! Et je m'étonnais qu'il puisse interpréter si joliment une oeuvre de Vivaldi (m'a-t-il dit)  - je portais des gants et cependant, mes doigts étaient  raides...




Musée des Beaux-Arts d'Odessa

Il compte quelque dix mille oeuvres (icônes, peintures, sculptures, arts plastiques ...) et figure en troisième position sur la liste des plus importants musées russes.

Nous avons découvert des tableaux de peintres russes bouleversants de vérité, de beauté, de réalisme aussi. Je n'ambitionne pas de vous faire tout connaître - évidemment non.
Mais j'ai retenu - vous ne m'en tiendrez pas rigueur je pense - pour vous en parler un peu plus, le nom de notre grand peintre arménien, au talent exceptionnel et mondialement reconnu : Ivan (Hovanès) Aïvazovsky (Aïvasian) né et mort en Crimée à Théodosie (29/07/1817 -5/05/1900).
 Une salle complète est consacrée à l'exposition de quelques-unes de ses oeuvres.
Les peintures d'Ivan Aïvazovski se distinguent par la recherche de la lumière et une approche émotionnelle remarquable. Grâce à cette atmosphère lumineuse et enchanteresse, les toiles du peintre s'emplissent de rêverie et d'émotion. Il peignait de mémoire et en retranscrivant ses sensations, sans études préalables, mais en se guidant simplement sur une esquisse brute au crayon.
Selon Chahen Khatchatourian, ancien directeur de la Galerie de peinture d'Arménie, l'originalité de l'œuvre d'Aïvazovski s'explique en partie par son attachement à la culture arménienne pour laquelle l'idée de la lumière créatrice, lumière de la connaissance, est ancrée dans la tradition ; la représentation qu'il fit des hommes luttant contre la mer en furie traduirait également la volonté de survie associée à la culture arménienne. En outre, il traita plusieurs thèmes historiques arméniens (mont Ararat, massacres arméniens,...)
Delacroix parlait de son art en termes élogieux et W. Turner le qualifia de génie. Les thèmes d'inspiration d'Ivan Aïvazovski et sa manière de les traiter l'inscrivent au cœur du courant romantique du XIXe s.. Ce romantisme s'affirmera tout au long de sa carrière en atteignant son apogée dans ses œuvres des années 1850, avec par exemple La neuvième vague (1850), Clair de lune (1849) et Tempête (1854)

Les activités publiques, les œuvres de bienfaisance et la position civique d'Aïvazovski sont inséparables de ses activités de peintre.
Sa volonté inlassable de servir sa patrie et sa renommée font de lui une légende vivante et le symbole du bienfaiteur national.
Grâce à lui, les jeunes Arméniens commencent à s'intéresser vivement à la peinture. « Avoir pour aider », cette devise révèle en Aïvazovski un fils authentique du siècle romantique et un altruisme hors du commun.

Je ne peux vous transmettre que mon émerveillement
... et quelques reproductions



La neuvième vague - 1850


Moulins à vent en bord de mer - 1837


Port d'Odessa  - 1852



La bataille dans les détroits de Chios - 1848


Paysage au clair de lune


Bien d'autres artistes retiennent l'attention, cela va sans dire.
Je pense à  Svitoslavsky (1857-1931) -"Les ruches"
peintre de la vie à la campagne

Sudkovskiy (1850-1885) "La mer et les barques"

Makovskiy (1869-1924) "Je suis fatiguée de toi"
quotidien de la vie rurale

V.M. Maksimov (1844-1911) - "Garde forestier" 
le paysan est enchaîné, tandis que des cavaliers qui ont tué son chien, s'enfuient en lui laissant la vie sauve ...

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mercredi 20 avril 2011

UKRAINE DE MES ANCÊTRES

YALTA

***

Timide,
 un peu,
 je suis venue vers toi
Ukraine des mes ancêtres
découvrir,
 un peu
ce pays dont je ne sais rien
sinon que s'y trouve aussi
une part de mes racines 


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Sous le ciel d'Ukraine, en Crimée, sur la mer noire, Yalta
     
Construite en 1909-1914 par l'architecte Ter Mikelov, selon les
plans de Vargades Surenian, célèbre peintre arménien qui gratifia
 de son art sa coupole, l'église arménienne, aujourd'hui l'un des plus
remarquables monuments dont s'enorgueillit Yalta, est une
réplique de l'église Ste Hripsimé érigée à Etchmiadzine, en
Arménie, en l'an 618. 
Il faut gravir de nombreuses marches pour y accéder, car l'édifice
s'inscrit sur la pente abrupte de la montagne de Crimée.
Comme toujours !



Pour la petite histoire :

A l'âge de 7 ans, Vargades Surenian fit, de mémoire, un dessin inspiré de la "Fontaine des larmes" du Palais des Khans, en Crimée. 
Son parent éloigné, Ayvazovsky vit son dessin et lui offrit la boîte de peinture qui déterminera le destin du jeune garçon, puisqu'il 
deviendra un peintre célèbre.

Dans la cour des fontaines, à l'intérieur du palais des Khans, se trouve la fameuse « Fontaine des pleurs» chantée par Pouchkine
 et par Mickievicz. Construite par le maître iranien Omer, en 1764 sur ordre du Khan Guirei, à Bakhtchissaraï, elle rappelle l'amour de ce dernier pour sa captive. Telles des larmes, l'eau coule d'une fleur en forme de rose et ruisselle ensuite d'une vasque à l'autre.

"L'eau murmure dans le marbre et coule goutte à goutte comme des larmes froides sans jamais se lasser» avait écrit Pouchkine en déposant deux roses fraîches dans la niche de la fontaine.



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Cathédrale construite au centre de la ville à la mémoire d’Alexandre II (1902)
empereur libérateur assassiné en 1881 (grand-père de Nicolas II qui connut
l'horreur d'avoir sous les yeux le spectacle de son corps déchiqueté).

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YALTA POLITIQUE



Le château de Livadia à 3 kilomètres de Yalta



Les jardins




Le Château de Livadia, ou Palais blanc, (style néo-renaissance)
fut le théâtre où, dans la perspective d'une coalition anti-hitlérienne,
 les présidents Staline, Roosevelt et Churchill  signèrent, en février 1945, les "accords de Yalta".



La table des signatures



Salle de conférence, en marbre blanc de Carrare

Le salon où Staline et Roosevelt ont conclu un accord secret de guerre contre le Japon



***LIVADIA INTIME ***

Les Romanov

Cette photographie de la famille Romanov sera la dernière  avant leur assassinat



Le Tsar Nicolas II avait préféré ce château pour en faire la résidence d'été de sa famille qui comptait, outre sa ravissante épouse Alexandra Fiodorovna, cinq enfants tout aussi magnifiques : Olga, Tatiana, Maria, Anastasia et Aleksei.

Elevés dans l'amour du prochain ils utilisaient leurs dons artistiques pour peindre des tableaux, fabriquer des objets, destinés à la vente,  les recettes étant distribuées aux pauvres.  

Tableaux réalisés par les enfants







Le salon de musique







La salle à manger







Olga, Tatiana, Maria, Anastasia
à quel destin songiez-vous
lorsque, dans vos regards brillants
 dansaient les riantes flammes
crépitant dans l'âtre de la cheminée.
Quels espoirs, quels tourments
habitaient alors vos coeurs innocents ?

Cruauté de l'Histoire
je te hais !


Ils seront tous assassinés le 17 juillet 1918 sur ordre de Lénine.


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Le 15 août 2000 l'église orthodoxe russe annonce la canonisation des Romanov et le 1er octobre 2008 la Cour suprême de la Fédération de Russie estime que Nicolas II et sa famille ont été victimes de la repression politique et les réhabilite...

Cette tragédie si proche de nous encore, m'a remplie d'amertume, de tristesse et tandis que je pénétrais l'intimité de cette malheureuse famille je ne pouvais m'empêcher d'éprouver un  pénible sentiment de voyeurisme indécent.

mardi 19 avril 2011

Crépuscule (Dzovinar) - Dans l'autre port (Nikos Lygeros)

***
En quête d'un univers
où toutes les portes s'ouvrent ;
obéissant à mes seuls désirs
- puisque -
je vais
sur l'océan de mes rêves
traversant l'infini 
d'horizons sans limite
au gré des caprices de mon coeur.
Esclave
de la violence d'élans fous et destructeurs
je vais
là où toutes mes passions s'embrasent
illuminant mes songes adorables
aussi longtemps que mon âme vagabonde
s'en abreuve, s'en réjouit
et pleure.


Dzovinar


 *** 




***
Dans l'autre port
N. Lygeros

Même si tu ne vois plus les marins
cela ne signifie pas que les cœurs
ne sont plus accostés sur le pont
comme des souvenirs sur le passé
à moins que tu ne puisses voir
l'invisible de la mémoire de la mer
en face de toi dans le néant
au milieu de la nuit
juste avant le jour suivant. 

***