jeudi 22 octobre 2020

Rien n'est vraiment anecdotique - Henri ROURE

 Rien n’est vraiment anecdotique

Ma mère, âgée de près de 98 ans, ancienne directrice d’école et veuve d’un officier de tirailleurs algériens et marocains - mon père - m’a téléphoné, scandalisée. Sa femme de ménage, Yamina, travaillant chez elle depuis de nombreuses années, et par ailleurs femme dévouée, lui a dit, à propos de la décapitation de Samuel Paty, que c’était là l’oeuvre des Tchétchènes et aucunement celle des « Arabes ». L’islam n’avait rien à voir dans cette affaire. Ma mère, toujours alerte intellectuellement, lui a répondu qu’en disant ça, elle se désolidarisait de l’ouma, la communauté islamique, car il s’agissait bien d’un musulman, proclamant agir au nom de l’islam, arabe ou pas. La conversation risquant de tourner en sa défaveur, Yamina en est venue à affirmer qu’à l’époque des Français, en Algérie, les musulmans mangeaient des rats et qu’il était normal qu’ils exigent une compensation. Je vous laisse imaginer la réponse cinglante de ma mère qui a passé une grande partie de sa vie d’enseignante à instruire les petits musulmans et qui, à la fin de chaque scolarité, était couverte de cadeaux de la part des parents. Autre époque… Je précise que ma mère interdit à sa femme de ménage de porter le moindre signe religieux lorsqu’elle arrive à la maison.

Ajouté à plusieurs faits de ce type, également avérés, cette inquiétante anecdote m’amène, une fois encore, à affirmer fortement la gravité de la situation. Il existe réellement une communauté nombreuse sur le sol de notre pays, vivant à côté de la nation, profitant et abusant de ses bienfaits, tout en la combattant. Elle n’a aucune vocation à s’intégrer. En revanche elle a reçu la mission collective, selon le coran, de convertir ou d’éliminer les infidèles. Grossie par l’émigration illégale et encouragée par les reculades du pouvoir, elle devient chaque jour plus dangereuse pour notre pays. J’ajoute que les petites gens, sans grande culture religieuse, aisément manipulables, sont infiniment utiles pour les responsables de cette communauté. Ces personnes doivent constituer la masse de manoeuvre de l’islam en France. Il faut les endoctriner avec les mensonges les plus éhontés. Ils feront partie de la panoplie prête pour engager l’action déterminante. Un camarade pour décrire la situation, évoquait fort justement, le jeu de go qui consiste à grignoter toutes les positions de l’adversaire en construisant des territoires; les pions encerclés devenant des « prisonniers ». Ouvrons les yeux, tout est bon pour nous subjuguer. La taquiya, c’est à dire le mensonge légal, les contre-vérités, le larmoiement, la recherche d’alliés, les exactions de tous ordres, l’entrisme avec la pénétration des administrations, la lente occupation de zones de vie et d’activité et bien sûr les trafics et les attentats.

Malheureusement cette attitude est confortée par l’état d’esprit de responsables français du plus haut niveau. On ne peut pas affirmer, en Algérie, terre romanisée convertie à l’islam par le glaive d’Okba, que la « colonisation a été un crime contre l’humanité » ou désigner un fanatique de la « cause » algérienne, pour co-écrire l’histoire de l’Algérie, sans qu’il y ait des conséquences. Les musulmans originaires d’Afrique du nord, sont ainsi légitimés à demander réparation et quand celle-ci ne vient pas, le vide appelle à une vengeance étayée par les sourates les plus anti juives et chrétiennes du coran. J’ajouterai que toutes les concessions faites aux musulmans, des rayons halals des supermarchés, à l’enseignement de l’arabe dès le primaire par des professeurs tunisiens, en passant par la tolérance de règles différentes des nôtres dans certaines banlieues et bien d’autres faiblesses, ne font que conforter l’esprit de conquête des agitateurs musulmans.  

Je crains qu’une fois l’émoi actuel retombé et les discours archivés, le malheureux Samuel Paty, à l’instar du colonel Beltrame ou du père Hamel ou des victimes de tous les attentats, ne soit plus qu’un martyr dont on se contentera de donner le nom à quelque rue ou établissement ou de le graver sur une plaque commémorative. La guerre d’Algérie a commencé avec l’assassinat dans les gorges de Thiganimine, le 1er novembre 1954 de l’instituteur Guy Monnerot dont l’épouse survivra à l’attaque. Il y aura 66 ans dans quelques jours. Aujourd’hui, il s’agit aussi d’un enseignant…

Il est désormais question de courage. La guerre qui s’ouvre, comme toutes les guerres, n’accepte pas les tièdes. Alors il est grand temps que nos dirigeants prennent la mesure des choses, admettent que les circonstances ne sont plus au ronron politique, aux tentatives de dédouanement, aux concessions, au verbiage et à la manipulation de l’opinion, mais à la lutte et au combat. Les faits sont probants. L’islam a repris sa guerre contre le monde chrétien - désolé pour les athées et les laïcards mais aux yeux des musulmans ils sont dans le lot - et le premier objectif est bien la France. 

Henri ROURE


mercredi 21 octobre 2020

Barouyr Sévak ՊԱՐՈՅՐ ՍԵՒԱԿ (1924-1971)


    Nous sommes et nous serons


Bien qu'en petit nombre on nous dit Arméniens,

Supérieurs à personne, certes nous le savons bien,

Simplement nous devons aussi le reconnaître,

Du puissant Mont Ararat nous sommes les seuls maîtres,

Ainsi que du Lac Sévan qui s'élève si haut,

Qu'exactement le ciel se mire dans ses eaux.

Simplement c'est ici que notre héros David s'est battu,

Simplement du mystique Nareg l'oeuvre ici fut conçue.

Simplement, nous savons bâtisseurs exemplaires,

Creuser de nos rochers palais et monastères,

Et finement sculpter des poissons de nos pierres,

Et modeler l'argile en images humaines,

Pour instruire, élever et dans tous les domaines,

Au beau,

Au bon,

Au sublime,

Au bien.


Bien qu'en petit nombre on nous dit arméniens,

Supérieurs à personne, certes nous le savons bien,

Simplement, nous avions un destin différent.

Simplement, tel un fleuve a coulé notre sang,

Simplement au cours de notre vie séculaire,

Quand nous étions nombreux sur notre terre,

Et à nouveau, debout et dans la liberté,

Jamais une nation par nous fut maltraitée,

Ni de nos bras frappée, ni jamais asservie,

Des siècles ont passé, des siècles ont suivi,

D'aucun peuple jamais nous ne fumes tyrans.

Et si nous capturions, ce n'est qu'en attirant,

Subjuguant librement par notre seul regard,

Et si victorieux flottèrent nos étendards,

C'est grâce à nos soldats, à nos propres armées.

Et si nous dominions, nos yeux seuls ont charmé.

Et si jamais nous fûmes d'impérieux vainqueurs,

C'est seulement par nos dons, par l'esprit, par le coeur.


Nous sommes peu, il est vrai, mais nous sommes arméniens

Et d'être en petit nombre ne nous accable en rien,

Car il faut beaucoup mieux n'être multitude

Que par la quantité réduire en servitude,

Car il faut préférer la qualité au nombre,

Qui souvent rend les peuples odieux dominateurs.

Et nous nous préférons la qualité au nombre

Et ne pas devenir bourreaux persécuteurs.


Certes, nous ne sommes supérieurs à personne.

Mais savons aussi que pour le monde entier,

Nous sommes arméniens, c'est ainsi qu'on nous nomme.

Cela ne doit-il pas nous emplir de fierté ?

Nous sommes,

Nous serons

Et plus encore,

Nous nous épanouirons.


traduction : Jacques Carpentier


dimanche 18 octobre 2020

Michel Petrossian : L'Arménie, du murmure de Dieu au tonnerre de Mars

 Michel Petrossian Compositeur


Alors que les affrontements se poursuivent entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan au Haut-Karabakh, le compositeur Michel Petrossian, d’origine arménienne, retrace le destin de cette région et fait entendre la plainte de tout un peuple.

L’Arménie n’est peut-être pas grand-chose. Ce n’est pas une puissance économique, et l’œil avide d’un commercial glisse avec indifférence sur ses courbes frêles. Ce n’est pas une puissance militaire non plus, à peine de quoi maintenir une présence nécessaire à sa survie. On peut donc la négliger, cela ira sans incident diplomatique, ou presque. Alors les ignorants adoptent parfois, sur l’Arménie, un regard d’une bienveillante condescendance. Jusqu’à ce que l'occasion leur soit donnée d’éprouver ce qu’elle contient réellement.

L’Arménie, c’est la rose mystique, celle qui est sans pourquoi.

 Ses charmes sont réservés à ceux qui ne s’arrêtent pas aux kilogrammes ni aux kilomètres, comme si, desservi par le poids et la mesure, un diamant était moins précieux qu’une tonne de charbon. L’Arménie se situe au cœur d’un murmure, celui qu’a connu Élie après qu’un vent violent, un tremblement de terre et le feu avaient préparé le passage de Dieu. L’écho des civilisations disparues depuis longtemps, recueilli dans ses recoins discrets, surgit à l’improviste dans ses sentiers perdus où il n’y a aucun promeneur.

Mais aujourd’hui, hélas, c’est la voix de Mars, dieu de la guerre, qui tonne dans le ciel régional.  Depuis le 27 septembre, l’armée de l’Azerbaïdjan voisin, soutenue par la Turquie, a déployé une véritable offensive militaire, bombardant toute la frontière du Haut-Karabakh (Artsakh, en arménien). D’une superficie d’environ 11 500 km², peuplée de 151 000 habitants, cette région historique arménienne située entre les deux pays a été évoquée par Strabon, Pline l’Ancien ou Plutarque. Au Ier siècle avant Jésus-Christ, le roi arménien Tigrane II le Grand avait bâti une ville à son nom dans la partie est de l’Artsakh, et la première école arménienne a été fondée plus au sud, dans l’enceinte du monastère d’Amaras, par Mesrop Mashtots, l’inventeur de l’alphabet arménien. Territoire disputé entre la Perse, la Turquie et la Russie, le Haut-Karabakh a néanmoins réussi à maintenir son identité, sa langue et sa culture arméniennes, et jusqu’en 1813, le diocèse d’Artsakh ne comptait pas moins de 1311 églises et monuments. La révolution bolchevique a permis d’abord que le Haut-Karabakh devienne indépendant, de 1918 à 1920.

1921 : le rattachement du Haut-Karabakh à l’Azerbaïdjan

Le Haut-Karabakh a été doté d’un Conseil national, d’un gouvernement et de forces armées, puis rattaché à la République socialiste d’Arménie par trois décisions successivement ratifiées. Le 30 novembre 1920 le comité révolutionnaire de l’Azerbaïdjan, une république créée elle-même deux ans auparavant, reconnaissait que Karabakh, avec Nakhitchevan, une autre région arménienne transfrontalière avec la Turquie, faisaient partie de l’Arménie soviétique. Cette décision a été confirmée le 12 juin 1921 par le Conseil national de la République d’Azerbaïdjan, et le 4 juillet 1921 le bureau caucasien du Parti communiste de la Russie, réuni à Tbilissi (Géorgie), entérinait définitivement.

Or, par un bouleversement soudain, dès le lendemain, Staline a annexé le Haut-Karabakh et Nakhitchevan à l’Azerbaïdjan par une intervention directe, malgré les 95 % de la population arménienne de ce territoire et toutes les dispositions mises en place. Dès lors, la contestation de cet octroi a été forte de la part des populations concernées. La question du rattachement à l’Arménie a été soulevée à plusieurs reprises, par des pétitions importantes adressées au Pouvoir central soviétique et par des manifestations populaires très massives, en 1963, 1965, 1966 et 1977. Le sort de Nakhitchevan, progressivement épuré de sa population arménienne et dont l’héritage culturel a été complètement effacé – notamment par une destruction par l’armée au moyen de bulldozers du plus grand cimetière arménien au monde, véritable musée à ciel ouvert qui abritait plus de 10 000 khatchkar, croix de pierre ornées –, servait de repoussoir aux Arméniens de Karabakh qui ne souhaitaient naturellement pas subir le même sort.

Les dirigeants soviétiques savaient que la réunion en un seul pays, l’URSS, de 15 républiques aux passés, identités et aspirations très dissemblables était d’un équilibre fragile.

Le choix de Staline était motivé par deux raisons. D’abord, la Turquie kémaliste laissait entendre qu’elle pourrait rejoindre l’Union soviétique, et les concessions territoriales de Staline ainsi qu’un soutien financier considérable étaient, du côté soviétique, des gages de bonne volonté. Les témoignages de l’entourage immédiat du grand dictateur attestent qu’en 1941 Staline a regretté ce choix. L’autre raison s’enracinait dans une certaine clairvoyance des dirigeants soviétiques. Malgré les slogans tonitruants sur l’indestructibilité de l’URSS, ils avaient conscience que la réunion en un seul pays de 15 républiques aux passés, identités et aspirations très dissemblables était d’un équilibre fragile. Les territoires de l’URSS ont été dessinés dans l’intérêt de l’Empire mais au détriment des nations, selon le principe d’un enchevêtrement aux frontières qui rendait très compliquée la séparation des territoires historiques et servait comme un obstacle à leur éventuelle constitution en États autonomes.

1991: la population du Haut-Karabakh réclame son indépendance

À la dislocation de l’URSS, usant du droit à l’autodétermination des peuples, et pour éviter que toute sa population arménienne ne soit massacrée, la population du Haut-Karabakh a réclamé son indépendance. Réparation d’une injustice historique, sens naturel de l’Histoire, réflexe élémentaire de survie, voilà les termes qui qualifient le geste de la population du Haut-Karabakh.

Le 10 décembre 1991, un référendum républicain a donc eu lieu dans le Haut-Karabakh en présence des observateurs internationaux, avec une participation de 82,2 % du nombre total d’électeurs, et 99,89 % des participants se sont prononcés pour l’indépendance de la République du Haut-Karabakh. Formellement, le Karabakh quittait l’URSS et non pas l’Azerbaïdjan, qui a, à son tour, déclaré son indépendance Mais la séparation du Haut-Karabakh a été vécue par l’Azerbaïdjan comme une perte territoriale, et il n’y a jamais eu une reconnaissance internationale du statut du Haut-Karabakh, considéré comme un territoire autoproclamé. C’est ce gouffre juridique qui avait maintenu les velléités aux frontières entre les deux pays, même si une mauvaise paix, toujours préférable à une bonne guerre, avait été maintenue durant 30 ans, parsemée de quelques échauffourées aux frontières. Selon le mot de l’académicien Andreï Sakharov, Prix Nobel de la paix 1975, « pour l’Azerbaïdjan, le Karabakh c’est une affaire d’ambition. Pour l’Arménie, c’est une question de vie ou de mort ».

Aujourd’hui : les vraies raisons de la guerre

Mais pourquoi, aujourd’hui, un tel déploiement belliqueux ? La prospérité de l’Azerbaïdjan, dont le budget militaire dépasse la totalité du budget arménien, est fondée sur le pétrole. Les gisements exploités au bord de la Caspienne sont nombreux. Mais l’arrêt des transports internationaux en raison de la pandémie du Covid-19 a vu chuter fortement le prix du baril. Par conséquent, l’Azerbaïdjan s’apprête à vivre l’une des pires crises économiques et sociales de son histoire. Pour y remédier, le gouvernement actuel a préféré porter sa rhétorique anti-arménienne jusqu’au paroxysme, procédé classique de diversion en temps de crise.

Par ailleurs, l’Azerbaïdjan est dirigé depuis 30 ans, de père en fils, par la dictature oligarchique du clan Aliev, a tandis que l’Arménie a vécu, il y a deux ans, une Révolution de velours, événement quasi miraculeux en ce qu’il n’a produit aucun mort, aboutissant à l’instauration d’un régime véritablement démocratique, conduit par le Premier ministre Nikol Pachinian. La peur de la contamination est grande en Azerbaïdjan, et ce serait une véritable catastrophe si le vent de liberté, qui pourrait balayer le régime actuel de Bakou, provenait de surcroît d’un camp ennemi.

Mais le conflit entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie est une véritable poudrière, capable d’exploser en Troisième Guerre mondiale. Car les intérêts des grandes puissances entrent ici en jeu, à commencer par la Turquie, à qui il faut bien reconnaître non seulement une forme de cohérence dans la démarche, mais aussi le courage d’avancer à visage découvert. Et il serait erroné de croire qu’il s’agit seulement d’un spectre du passé. La Turquie innove.

Le projet turc : reconquête et alliances multiples

Aujourd’hui le dessein de la Turquie à moyen et long terme n’est pas seulement la reconquête de l’Empire ottoman. Le projet turc va beaucoup plus loin, y compris géographiquement : unir sous son égide toutes les populations turcophones orientales. Et elles sont légion, à commencer par toute l’Asie centrale, à l’exception du Tadjikistan, c’est-à-dire le Kazakhstan, le Turkménistan, l’Ouzbékistan et le Kirghizstan. Ce n’est pas une vue de l’esprit : depuis quelques années les officiers de ces pays sont directement instruits par les militaires turcs, de même qu’une active vivification de l’islam politique est mise en place sous la houlette des imams turcs. Académies militaires et écoles coraniques fleurissent partout dans ces contrées, financées par le gouvernement d’Erdogan. Une rencontre entre la Turquie et les pays de l’Asie centrale est prévue pour le 29 octobre, date symbolique qui commémore la création de la République turque.

Si un empire pan-turc s’installait aux frontières de la Chine, cela constituerait aux yeux de celle-ci une réelle menace territoriale.

Mais il n’y a pas que ces États qui seraient concernés. La Russie comprend de vastes territoires peuplés de groupes turcophones, notamment dans l’Altaï, et la région autonome de Xinjiang, en Chine, compte entre 13 et 15 millions d’Ouïghours, turcophones musulmans sévèrement réprimés par le régime chinois. Si un empire pan-turc s’installait aux frontières de la Chine, cela constituerait aux yeux de celle-ci une réelle menace territoriale, accentuée par des « ennemis de l’intérieur » ouïghours qui ne manqueraient pas de se révolter, n’ayant rien à perdre. Ce serait une situation inédite et un vrai danger pour la Chine, ce qui ne serait pas pour déplaire aux États-Unis.

Israël vend des armes à l’Azerbaïdjan, trouvant en ce pays un fournisseur d’énergies fossiles et surtout une base militaire possible dans la perspective d’un conflit avec l’Iran, malgré l’indignation d’une partie de l’opinion publique et du monde politique israélien, ainsi que les prises de position d’une partie sensible de la communauté juive. Cette dernière perçoit comme un scandale éthique la possibilité de favoriser un nouveau génocide.

Si la Turquie refondait un empire de 200 à 250 millions d’habitants, cela déséquilibrerait la situation avec l’Iran et conduirait à un vrai conflit avec le monde arabe.

L’Arménie est l’unique verrou qui empêche une parfaite continuité territoriale d’un vaste empire de 200 à 250 millions d’habitants, dont la Turquie serait le cœur et le cerveau, et dont les fondements sont déjà travaillés en profondeur. Mais une telle configuration déséquilibrerait la situation avec l’Iran en lui ravissant la palme de la primauté pour l’influence islamique dans la région. Cela conduirait aussi à un vrai conflit avec le monde arabe, comme les relations exécrables entre les pays du Golfe et l’Égypte d’une part, et la Turquie de l’autre, semblent déjà le préfigurer.

Le conflit dans l’Artsakh fait résonner le bruit des combats jusqu’en Inde, qui se réveille et s’engage en faveur de l’Arménie parce que le Pakistan est activement soutenu par l’Azerbaïdjan, et parce que des djihadistes pakistanais sont engagés par la Turquie sur le front arménien. Et ce sont surtout la Chine et la Russie qui mesurent l’ampleur de ce qui les attend.

La Russie en particulier, qui a déjà effleuré une 14e guerre russo-turque en Syrie, ne peut pas se permettre de nouveaux foyers de conflit dans le Caucase, qui pourraient lui faire perdre, dans le pire des scénarios, un tiers de ses territoires, jusqu’en Sibérie. L’incursion récente des djihadistes qui ont pénétré en Tchétchénie et ont été « neutralisés » montre qu’il s’agit d’une réalité du terrain et non pas d’un danger hypothétique.

Des Arméniens au front, prêts à mourir

Il y a peu de suicidaires chez les Arméniens, pas de kamikazes. Les Arméniens aiment la vie, adorent la vie. Ils partent pourtant au front, nombreux, volontaires, et la gravité d’un choix mûrement réfléchi est marquée sur leurs visages. Ils sont prêts à mourir. Des pères de famille prospères, installés dans des pays divers, quittent leur situation et leur maison, rejoignent la ligne de front. Leur motivation ? « On ne veut pas laisser seuls toutes ces jeunes recrues. Ils ont une vie à vivre, des familles à fonder. Nous avons déjà vécu. » Ce sont des hommes de 30 ou 40 ans qui disent cela. Ou bien des quinquagénaires, ou même des retraités, qui abandonnent tout, et qui viennent. Ils payent leur billet d’avion – un aller simple – de leur poche. Car il y a urgence. D’autres rassemblent tout ce qu’ils peuvent, font des dons au Fonds arménien. Un homme a offert 20 ans d’économies destinées à l’achat de sa maison. Tel musicien célèbre vend tous ses instruments : « Il n’y aura plus de musique tant que la guerre durera. »

Quel chef d’orchestre pourrait imposer le silence à cette musique infernale ?

Je regarde une vidéo sur Internet. De jeunes soldats qui chantent, s’encouragent. Dédient leur chant – pas très ordonné – à leurs fiancées, à leurs mères, grands-mères, à leurs sœurs. « Pas aux hommes – si vous pouvez vous battre et n’êtes pas là, ce n’est pas à vous que nous dédions ce chant. » Il y a dans leur regard, malgré la bonhomie enjouée que la camaraderie impose, une intensité infiniment mélancolique qui laisse un sentiment étrange. Je pense à Hérode dans Salomé, de Richard Strauss, qui entend un bruissement d’ailes et sent un courant d’air glacial, évoqué par l’orchestre.

Ces hommes sont embellis, comme sanctifiés, par la proximité de la mort.  Ils le savent eux-mêmes. Elle nous regarde à travers l’écran en même temps qu’ils nous regardent. La mort est un risque inhérent à la vie, mais la leur défile trop vite, et les ailes de l’ange s’agitent avant que leur chanson ne se termine. Quel chef d’orchestre pourrait imposer le silence à cette musique infernale ? Car des mères pleurent des deux côtés de la frontière, mais ce ne sont pas leurs larmes qui pourraient arrêter une visée hégémonique folle, ni calmer un orgueil contrarié, prêt à sacrifier ses propres enfants pour un cadeau stalinien empoisonné.

Michel Petrossian, compositeur, Grand Prix Reine Élisabeth

jeudi 15 octobre 2020

FRANCE, NOUS AVONS ETE LA POUR TOI. ET TOI, OU ES-TU POUR NOUS ?


 

Je me nomme Dzovinar Melkonian,  petite-enfant de grands-parents arméniens arrivés en France pour fuir le génocide qui se déroula dans l'empire ottoman de 1876 à 1915 et plus.

Mon père avait alors 11 ans. Il fit sa scolarité et construisit sa vie dans ce pays d'accueil que tu as été pour nous France. Mais Tu avais alors besoin de bras et nous avons été là sans qu'il t'en coûta très cher. Nous ne demandions rien qu'un lieu pour survivre. Nous avons trouvé à nous loger, le plus souvent, dans de petits appartements vétustes - que nous avions l'art de transformer, avec presque rien, en lieu acceptable, une fois la chasse aux punaises terminée. Le travail ne manquait pas et très vite, munis d'un passeport Nansen, mes grands-parents trouvèrent les moyens qui, en s'épuisant à la tâche,  leur permirent  d'élever leur petite famille - sans autre subside. A cette époque, les migrants devaient se débrouiller par eux-mêmes - Il n'y avait pas d'aide financière de l'état. 

A 24 ans, mon père épousa  une belle et jeune arménienne qui devint mère deux enfants - mon frère et moi. 

J'avais à peine un an et mon frère deux, quand la guerre 39-45 éclata. Mon père fut appelé sous les drapeaux - Il fut retenu en captivité durant cinq ans en Allemagne - Nous ne le connûmes qu'au bout de ce temps, lorsqu'il fut libéré.

 Dans le même temps, le frère aîné de ma mère, Edouard âgé de 18 ans s'engagea comme volontaire et perdit la vie. 

Oui, nous avons été là pour toi France, pendant cette époque difficile de la guerre. Ils ont été là et ont donné leur vie les résistants courageux de "l'Affiche rouge" du groupe Missak Manouchian et tant et tant d'autres arméniens dont les actions sont restées inconnues des français ! Nous l'avons chèrement gagné le droit de vivre sur ton sol France !

Aujourd'hui, l'Arménie, l'Artsakh ont besoin de ton aide :
 OU ES-TU  ?

Tu te prétends "pays des droits de l'homme" - mais où sont ces notions nobles lorsque tu te réfugies derrière la "neutralité" pour ne pas avouer ton allégeance au seul dieu qui te mène  : LE PROFIT ! 

  Dzovinar

mardi 13 octobre 2020

COMME UN SEUL HOMME…POUR TOI ARMÉNIE - Denis Donikian


Charles Aznavour - Pour toi Arménie

COMME UN SEUL HOMME…POUR TOI ARMÉNIE

Cette épée de Damoclès suspendue dans le ciel arménien a fini par tomber en orage de feu. Situation anormale qui n’empêchait pas de vivre normalement. Même si l’angoisse a semblé se rétracter avec les années, alors que des soldats tombaient au front, il fallait s’y attendre. Attendre en s’y préparant… 

Depuis dix jours, dix jours de guerre, dix jours de morts, dix jours d’incertitudes, dix jours de rages, dix jours d’impuissances, dix jours, depuis dix jours, c’est la sidération. C’est à peine si aujourd’hui, cette quête compulsive de nouvelles sur le front se réveille de son cauchemar. Dix jours durant, l’écriture était à l’arrêt, étouffée par les serres d’une intranquillité venue du fond de l’inconscient, jusqu’à aujourd’hui où des mots ont commencé à frétiller vers une issue à cette sidération. 

Or, passé ces dix jours, les représentants des différentes communautés arméniennes dans le monde ont commencé à se libérer par la parole. Parole forte, parole drue, parole d’engagement soucieux de reconnaissance, de justice et de paix. Mais s’ils sont pacifistes, les Arméniens ne sont pas passifs. Partout dans le monde, absolument partout, ils se sont réveillés comme un seul homme. Des fleuves d’Arméniens en colère ont déferlé dans les rues des capitales comme on ne les y attendait pas. Et jamais l’impuissance géographique des Arméniens de la diaspora n’aura généré conscience économique et conscience réquisitoriale plus fortes en symbiose avec la conscience combative des Arméniens d’Arménie et de l’Artsakh. Dans cette guerre qui se réveille aujourd’hui plus terrible qu’hier, les Arméniens auront déjà gagné la chose la plus précieuse à leurs yeux, leur unité, pour défendre la chose la plus précieuse à leur cœur, leurs terres. 

Incapable de retenir ses pulsions d’ogre expansionniste, Erdogan aura au moins permis aux Arméniens ce qu’il n’avait pas prévu, qu’au-delà de leurs divisions, ils se serrent comme les cinq doigts des continents où les ont jetés les Jeunes-Turcs, pour devenir un seul poing. Grâce à Erdogan, les Arméniens de la diaspora et les Arméniens d’Arménie viennent de se reconnaître dans une même conscience nationale, une conscience armée, capable de rendre coup pour coup. Erdogan qui s’appuie sur le passé ottoman de la Turquie pour se faire plus grand qu’il n’est, ne pourra pas se débarrasser des Arméniens comme l’ont fait ses pères experts en ingénieries génocidaires pratiquées sur des femmes, des vieillards et des enfants sans défense. Car il a devant lui des Arméniens armés de l’expérience tragique qui marque toujours leur mémoire et qui innerve leur combativité, l’expérience du mensonge et de la ruse qui utilise le langage des promesses pour camoufler les noires intentions d’un grand crime. Aujourd’hui, les Arméniens montrent au monde entier que la duplicité turque s’est jouée des Occidentaux et que la bouche d’Erdogan dribble avec les mots comme avec un ballon de football. Aujourd’hui le monde est suspendu aux lubies d’un homme d’État qui aime à ce point son peuple qu’il préfère mettre le feu chez ses voisins plutôt que d’œuvrer pour son bonheur. 

Lui qui considère ses démocrates comme des terroristes en raison de leur proximité avec les légitimes revendications des Kurdes, forcément terroristes eux aussi, ne voit aucune contradiction à avoir soutenu Daesh et à envoyer aujourd’hui des djihadistes et des supplétifs syriens en Azerbaïdjan. Or, le voilà qui rejoue 1915 en utilisant des esprits ensauvagés, tchete d’un nouveau genre, contre les Arméniens en vue d’accomplir l’idéal génocidaire des Turcs erdoganisés sans avoir à se salir les mains. 

Malheureusement pour les négationnistes de tout poil, les médias n’auront jamais autant parlé du génocide. En pointant du doigt l’implication de la Turquie dans le contentieux de son complice avec le Karabakh, les Arméniens jette à la face de l’Occident la preuve que l’impunité du crime de 1915 encourage la nation criminelle, plus de cent ans après, à parachever leur extermination. Le 4 octobre 2020, Devlet Bahceli, leader de la deuxième force politique en Turquie et membre la coalition pro-Erdogan,  déclare : « L’Arménie est cruelle, meurtrière et devrait être noyée dans le sang qu’elle a versé ». Ces propos qui défigurent les faits historiques reflètent l’esprit tordu du croyant Erdogan qui invoque Allah aussi bien dans ses discours politiques que dans une Sainte Sophie maquillée en mosquée et ne laisse aucun doute sur le peu de considération qu’il accorde aux créatures du Créateur, dès lors qu’elles ne sont pas turques. D’ailleurs, son petit frère en matière d’éradication, Ilham Aliyev, n’est pas en reste qui voudrait un Karabakh sans Karabakhtsi, à savoir sans Arméniens. Ce fameux Aliyev, dont un journaliste de la télévision turque Halk TV, Levant Gyultekin osera affirmer, à son corps défendant : « L’Azerbaïdjan est-il un pays ? Non, ce n’est pas un pays, ce n’est pas un pays, c’est un groupe tribal. En Azerbaïdjan, il n’y a pas de loi, pas de démocratie, pas de choix. Il y a un gouvernement autoritaire qui nage dans l’argent. Jusqu’à présent, il n’y avait pas de pays humain ». C’est dire qu’un président aussi corrompu, usurpateur, qui n’a aucun scrupule à offrir à la cause de la guerre de l’argent volé aux hommes et aux femmes de son pays, fait référence au droit international pour ramener dans son giron une terre dont il méprise les habitants légitimes. Quel homme ne voudrait pas se battre pour s’épargner de vivre sous la coupe d’un persécuteur et d’un voyou ? A fortiori, un Arménien qui n’a de commun avec un Azéri, ni la religion, ni la culture, ni l’histoire ? C’est que l’esprit démocratique dont ont fait preuve les Arméniens de l’Artsakh, sur des terres où leurs églises datent de plusieurs siècles, n’est pas soluble dans l’inhumaine pétrocratie de l’actuelle Azerbaïdjan. En ce cens, en toute objectivité, en toute humanité, les Arméniens sont en droit de répondre par des actes d’autodéfense élémentaires en décidant, fût-ce par les armes, de s’en détacher. Et de gérer eux-mêmes leur propre vie collective sur des terres où ils ont toujours vécu. 

Par ailleurs, les fourberies de l’insultant Erdogan qui ne donne aucune limite à son arrogance, qui passe outre les lignes rouges du langage diplomatique en méprisant ceux qui ont fait droit à la reconnaissance du génocide, sont devenues à ce point manifestes que l’exaspération contre la Turquie est devenue générale tant dans les médias que dans le monde. En ce sens, la Turquie aura gravement perdu en crédibilité auprès des instances internationales, de sorte que les répercussions joueront en faveur de son isolement et contre ses intérêts. 

Les Européens n’ont pas encore compris que le cas du Karabakh, c’est Charlie-Hebdo à l’échelle de deux nations, puisque un despote impulsif épaulé par des fanatiques de la pureté s’en prend à un petit pays du bout du monde habité par l’esprit du monde libre. Ce qui se passe aux frontières du Karabakh est un problème civilisationnel, comme le soulignait à juste titre Sahag Sukiasyan dans un récent article. Cette frontière où s’affrontent avec acharnement deux éthiques, deux philosophies absolues du monde et de son expression, deux humanités où l’une ne peut ni ne veut se dissoudre dans l’autre, sans manifester, comme on le prétend, les relents d’une guerre de religion, n’en demeure pas moins une limite où se disputent deux manières d’être au monde, pour ne pas dire deux perceptions de la gestion politique d’un pays. Une limite entre une démocratie pleinement établie et respectée, et une non-démocratie qui étouffe, qui écrase, qui ment et qui tue.

 

Denis Donikian 

mercredi 7 octobre 2020

Une page héroïque - Ara Toranian - © armenews.com 2020


Une page héroïque

En résistant comme il le fait à la tentative d’invasion turco-azerbaïdjanaise lancée le 27 septembre, le peuple arménien n’est-il pas en ce moment même en train d’écrire l’une des pages les plus héroïques de son histoire trimillénaire ? En tout cas, les moyens pharaoniques mis en œuvre par le tandem Erdogan-Aliev pour l’anéantir n’ont pas réussi jusqu’à présent à l’intimider ni à le faire reculer, même si les pertes sont considérables à l’échelle de sa démographie. Au contraire, dans un élan assez extraordinaire, l’ensemble des forces arméniennes est en train de converger sur la ligne de front. Et d’infliger à l’axe Ankara-Bakou des pertes encore plus lourdes.


L’ennemi croyait pouvoir mener une guerre éclair, à peu de frais humains en ce qui le concerne. Il commence à s’embourber dans un conflit qui promet d’être long et sanglant si la diplomatie ne parvient pas à prendre le relais. En prétendant à la domination du ciel avec les F16 américains, les drones tueurs turcs bayraktar tb2 et autres ovnis kamikazes israéliens, il s’imaginait être en mesure de paralyser au sol les armées arméniennes pour mieux les offrir en pâture aux milliers de djihadistes syriens payés par la manne pétrolière azerbaïdjanaise. Ceux-là mêmes qui avaient tenté d’instaurer un Etat Islamique, en combattant notamment les Kurdes du YPG, avant-garde de la résistance à Daesh dans le Rojava.


Mais une guerre ne se gagne pas qu’avec de l’argent, des mercenaires et des rêves d’hégémonie. C’est ce que la partie arménienne est en train de faire comprendre à l’agresseur, en lui opposant une résistance à la fois ingénieuse et farouche qui s’inscrit dans le long terme.


Dans une interview accordée à NAM, le haut commissaire à la diaspora l’a déclaré sans ambages : « Les Arméniens sont aujourd’hui confrontés à cette grande guerre dont ils savaient qu’elle ne manquerait pas d’arriver un jour ou l’autre ». Dans ce moment charnière de notre histoire, il appartenait à la République du Haut-Karabakh de relever le défi. Ce qu’elle fait avec panache. Mais avait-elle le choix ? Conscients que la moindre parcelle de terrain perdu pourrait avoir un « effet domino » dévastateur pour l’existence et la liberté de l’Arménie, les Arméniens sont le dos au mur.


Avec cette offensive, dont chaque jour montre le niveau d’implication d’Erdogan, le nationalisme turc entend porter « l’estocade finale » à l’Arménie indépendante. Ne se donnant même pas la peine de sauver les apparences, ne fut-ce que par égard pour son petit frère azerbaïdjanais, le postulant calife parade sur la scène internationale en se présentant ouvertement comme le patron, celui qui tire les ficelles, agit et dicte ses conditions. Que ce soit sur le terrain, en prenant la direction des opérations aériennes ou en se portant aux avant-postes des combats, via ses mercenaires. Ou encore sur le plan diplomatique, en déclarant en lieu et place du pouvoir azerbaïdjanais qu’un « cessez-le-feu pérenne est tributaire d’un retrait arménien de tout le territoire azerbaïdjanais » selon ses propres termes devant le Parlement d’Ankara le 1er octobre. Ce qui signifie en clair « pas de Haut-Karabakh avec les Arméniens ». Dans la grande tradition génocidaire. Le message est public. Officiel. Urbi et orbi.


Face à ce type d’arrogance criminelle, il revenait aux forces arméniennes de rappeler au principal intéressé, et accessoirement au monde, qu’on n’est pas en 1915. C’est ce qu’elles sont en train de faire, avec un courage et une détermination qui force l’admiration. En témoigne la fierté qu’elles suscitent partout dans les rangs arméniens et la solidarité sans faille qui est en train de s’organiser aux 4 coins de la diaspora pour sauver l’Artsakh. Une terre libre qui ne retournera jamais sous aucun joug. Une terre de résistance qui fait figure aujourd’hui non seulement de bastion pour le droit à l’existence de l’Arménie face la menace panturque et djihadiste, mais aussi d’avant-poste de tous les combats pour la liberté la démocratie et la justice.

Ara Toranian

par Ara Toranian le samedi 3 octobre 2020

© armenews.com 2020


«Si l’offensive militaire azérie réussit, les Arméniens du Haut-Karabakh seront contraints à l’exode» - Gérard Guerguerian - FIGAROVOX/TRIBUNE

 «Si l’offensive militaire azérie réussit, les Arméniens du Haut-Karabakh seront contraints à l’exode»

FIGAROVOX/TRIBUNE - Depuis le 27 septembre, l’Azerbaïdjan a attaqué l’enclave arménienne du Haut-Karabakh et le conflit armé s’étend. Gérard Guerguerian analyse avec précision les différents aspects de ce conflit très préoccupant, dû notamment au bellicisme d’Erdogan qui soutient Bakou.

Par Gérard Guerguerian

Publié hier (6/10/2020)

Un homme devant des bâtiments détruits dans la principale ville du Haut-Karabakh, Stepanakert, le 6 octobre 2020, par l’offensive de l’Azerbaïdjan contre cette enclave arménienne.

Un homme devant des bâtiments détruits dans la principale ville du Haut-Karabakh, Stepanakert, le 6 octobre 2020, par l’offensive de l’Azerbaïdjan contre cette enclave arménienne. ARIS MESSINIS/AFP

Gérard Guerguerian est conseiller du Défenseur des Droits de la République d’Artsakh, directeur de la Fondation Paul Eluard pour la Francophonie à Stepanakert, auteur de Nagorny-Karabakh, entre sécession et autodétermination (éd. Sigest, Paris, 2017).

L’offensive azérie piétine. Le rapport de forces sur le terrain ne s’est pas inversé depuis 10 jours. Préparée depuis plusieurs mois, précédée de manœuvres militaires turco-azéris, l’offensive menée à grande échelle ne semble pas, pour le moment, démontrer sa capacité à percer les défenses arméniennes.

La chronologie des évènements nous apprend beaucoup sur les intentions de part et d’autre.

Bakou a pris le soin de préparer soigneusement son offensive. Des manœuvres militaires au Nakhitchavan se sont déroulées il y a quelques mois, suivies par le limogeage du ministre des Affaires étrangères de l’Azerbaïdjan (Elmar Mamedyarov), réputé proche de Moscou, en passant par l’offensive menée contre l’Arménie en juillet dernier, aux manœuvres militaires turco-azéries qui se sont déroulées cette fois sur le territoire de l’Azerbaïdjan il y a à peine quelques semaines, tout semblait démontrer une montée en puissance de la tension militaire.

En coupant le lien avec Moscou, et en testant la bonne coordination entre les instructeurs turcs et les forces azéries lors des manœuvres, Bakou a mis toutes les cartes de son côté pour mener une offensive significative, avec des moyens aériens (drones, F16) mis à sa disposition par Ankara. Au passage, ce dernier a «oublié» de rapatrier ses instructeurs, et ses avions. À l’instar du président Macron qui a dénoncé une collusion, il n’est pas permis de mettre en doute la présence d’Ankara dans ce nouveau conflit. Ni des supplétifs syriens apparemment identifiés par les trois membres en charge du Groupe de Minsk.

Les troupes azéries bombardent les civils et les villes du Haut-Karabakh où il n’existe aucune caserne ni présence militaire camouflée.

C’était croire qu’il suffisait de créer la surprise pour emporter la mise, lancer des drones pour créer la panique. Or, force est de constater que les forces locales se battent avec détermination. Et la ligne dite de contact tient. C’était sans compter sur l’acharnement des Artsakhiotes à défendre un territoire ancestral.

Pour avoir vécu de façon permanente sur place à plusieurs reprises depuis quelques années, je peux témoigner d’un attachement viscéral de la population à sa terre. Loin de paraître un paradis, tout au plus note-t-on, une forte ressemblance avec le Morvan, le territoire du Haut-Karabakh, grand comme le Liban, ressemble beaucoup plus à une enclave montagneuse aux confins de l’Europe, peu exploitée, économiquement dépendant. Et pourtant, sa population exprime un attachement à cette terre qu’il est difficile de comprendre. Souvent dominés (Arabes, Perses, pouvoir soviétique), la région n’a pas connu d’invasions significatives et est restée telle quelle dans son authenticité. On pourrait presque parler d’un esprit insulaire, si l’on voyait la mer autour. C’est tout comme - on ne voit que des montagnes à perte de vue.

Mais le blocage de l’offensive a un corollaire. Désormais, les troupes azéries bombardent les civils et les villes où il n’existe aucune caserne ni présence militaire camouflée. Stepanakert n’a pas de caserne militaire, la première caserne est en dehors de la ville, à plusieurs kilomètres au nord. Il n’y a pas non plus de tanks à Shushi, deuxième ville. De tels bombardements aveugles dénotent une absence totale de respect des règles de la guerre et des conventions de Genève sur le droit de la guerre. Les dirigeants azéris devront rendre des comptes le moment venu.

Au lendemain de la première guerre mondiale, l’effondrement des empires russe et ottoman a laissé là de vastes territoires habités sans suzerain.

On voit par ci, par là, parler de «séparatistes». Pour se séparer, encore faut-il être attaché. Le Haut-Karabakh n’est pas une terre azérie. Autrement, on ne comprendrait pas pourquoi le conflit est internationalisé. Il s’agirait d’une guerre civile. Or, il s’agit bel et bien d’un conflit international, les Nations Unies ont adoptés quatre résolutions et confié le règlement du conflit à une instance régionale, l’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE), chargée de trouver une issue pacifique à un conflit qui n’a rien d’un séparatisme.

Pour bien comprendre la genèse du conflit, il faut remonter à 1921, lors de l’effondrement des empires russe et ottoman, laissant de vastes territoires habités sans suzerains. Le territoire du Haut-Karabakh est une région montagneuse dans la partie orientale de ce qui constitue l’Arménie aujourd’hui. La tentative des puissances alliées de configurer un foyer national arménien (traité de Sèvres, signé mais non ratifié), a été contrecarrée par la conjonction des intérêts convergents turco-russes. Les Bolcheviks d’un côté, Kemal Ataturk de l’autre, avaient tous les deux besoin de stabiliser leurs frontières communes et déjouer les visées occidentales. Pour bloquer les velléités des puissances alliées, vainqueurs de la première guerre mondiale, ils vont signer ensemble un traité d’amitié, dit de Moscou (mars 1921), avant même de signer un traité pour l’arrêt des hostilités (traité de Kars d’octobre 1921) avec les Arméniens qui se battaient sur le front turc. Le traité de Moscou a pour particularité d’interdire à l’un et à l’autre des signataires (Turquie et Russie soviétique) d’entreprendre des actions hostiles ou subversives à l’encontre de l’autre, mais surtout comporte une disposition en son article 3 qui donne le territoire du Nakhitchevan à un État -en voie de création (Azerbaïdjan)- avec l’assurance pour la Turquie que si le suzerain sur ce territoire était amené à changer, elle pourrait intervenir.

La clause de levier est très similaire à celle négociée pour Chypre avec la puissance britannique et a permis «légalement» à la Turquie d’intervenir en 1974, sans être condamnée. Ce détachement, négocié avant le traité de Kars du mois d’octobre 1921, avait pour objectif de réduire la surface de la frontière méridionale de l’Arménie. Pour parachever le contrôle de l’Arménie, Staline décide lors de la réunion du bureau caucasien du parti communiste en juillet 1921 la création d’un Oblast du Haut-Karabakh (équivalent à une région autonome) et autorise son annexion par le régime naissant en Azerbaïdjan. Par conséquent, ladite appartenance du Haut-Karabakh est le fruit d’une annexion par le pouvoir azéri et en aucun cas par une appartenance historique ou légale.

Ainsi était parachevé l’endiguement territorial de l’Arménie. Pour bien saisir la portée de ces découpages territoriaux, il faut se replacer dans l’état d’esprit de l’époque afin de comprendre les intentions de part et d’autre. La Turquie de Kemal Ataturk, tournée à la consolidation de son État, avait la hantise de voir sur sa partie orientale la naissance d’une grande Arménie telle que les puissances alliées voulaient l’imaginer, amputant la Turquie de près d’un tiers de son territoire actuel. Staline de son côté avait surtout besoin de stabiliser sa frontière caucasienne et s’occuper à consolider son nouvel empire. C’est cette convergence d’intérêt - concrétisée par une annexion - qui est le fondement de l’antagonisme persistant. Couper une nation en deux ne peut produire d’autres effets.


Il faut donc sortir d’une explication simpliste. On est loin d’une guerre de religion entre chrétiens et musulmans. On est certainement très loin d’une guerre ancestrale. La population de l’Artsakh est tout simplement confrontée à une annexion arbitraire du pouvoir soviétique qui assurait à la Turquie naissante la non reconstitution d’une Arménie étendue, et donnait le gage de sa prise en tenaille à l’est et à l’ouest par une suzeraineté azérie. L’Arménie restait de la sorte sous contrôle du frère de la Turquie (deux États, mais une même Nation).

De même, la grille de lecture qui consiste à faire croire que l’Azerbaïdjan est obligée de se livrer à une fuite en avant ne suffit pas non plus à clarifier le débat. Car si la situation économique en Azerbaïdjan donne une clé de lecture pour son offensive, elle ne donne pas d’explication sur les objectifs d’Erdogan capable de supporter pour un temps une guerre de longue haleine par troupes interposées. En tout cas, elle ne peut expliquer l’attitude jusqu’au-boutiste adoptée par les deux frères (Alyev et Erdogan): ne trouver une issue au conflit que par le retrait des Arméniens. Leur objectif premier est de ne pas permettre la constitution d’une entité territoriale dans le canal de jonction du monde turco-musulman qu’empêche justement l’ensemble arménien.

Le traité de Lausanne est un carcan pour la Turquie en Méditerranée orientale, car il délimite les îles grecques, et donc les zones économiques exclusives, pour ne pas citer la mer territoriale pratiquement aux limites terrestres de la Turquie.

On en vient aux perspectives politiques. Car rien ne semble indiquer, à ce stade, de renversement de tendance, tant les forces en présences sont équilibrées.


La perspective d’une guerre d’usure se profile à l’horizon en l’absence de gains territoriaux significatifs. Par ailleurs, la région du conflit est un pré-carré russe depuis le début du XIXe siècle (traité de Turkmantchaï), lorsque les Russes se sont installés dans la partie méridionale du Caucase. Depuis, cette frontière avec l’Iran est stabilisée, ni la Russie, ni l’Iran n’exprimant des revendications territoriales. La sphère occidentale est également stabilisée.

Quel est alors le but poursuivi par Erdogan qui semble particulièrement actif depuis quelques années sur plusieurs fronts ; Syrie, Libye, Méditerranée orientale, pour ne citer que ceux-là?

À notre avis, les différents fronts ouverts par Erdogan, ont une logique intrinsèque qu’il faut décrypter à l’aune de ses guerres et de ses ennemis, mais surtout des traités dont il hérite.

Il faut savoir que si Kemal Ataturk a pu sauver la Turquie d’un dépeçage en bonne et due forme, en contrepartie de l’installation d’un régime et d’un mode de vie occidentalisé et de son insertion dans l’orbite de sécurité occidentale, la Turquie est emmaillotée par un traité qui bloque la Turquie dans son expression expansionniste. Le traité de Lausanne, dont le centième anniversaire sera célébré en 2023, a été rappelé par Erdogan comme un objectif à abattre. Ce traité est un carcan pour la Turquie en Méditerranée orientale, car il délimite les îles grecques, et donc les zones économiques exclusives, pour ne pas citer la mer territoriale pratiquement aux limites terrestres de la Turquie. C’est ce même traité qui délimite sa frontière avec la Syrie et qui l’empêche d’en découdre avec son ennemi principal, le Kurdistan syro-turc. C’est donc un traité à renégocier, et profitant de la faiblesse relative de l’axe occidental avec le retrait américain des sphères traditionnelles, voire de l’absence tactique américain occupé par une élection à l’issue bien incertaine, rien ne pouvait l’empêcher de se lancer sur plusieurs théâtres internationaux. Avec pour objectif de revoir ses frontières méridionales et occidentales. Le gaz aiguise certes les appétits, mais encore faut-il pulvériser le carcan territorial imposé par le traité de Lausanne.


Sur le front arménien, celui qui nous intéresse, l’objectif est d’enterrer le Groupe de Minsk, et ramener le dialogue de paix dans une configuration turco-russe comme au temps de Staline, c’est à dire par dessus la tête des intéressés. D’ailleurs, les ministres turcs ne se sont pas retenus pour dénoncer l’inutilité des «palabres» du Groupe de Minsk, déclarant: «À quoi cela a servi de négocier depuis 30 ans? On n’a vu aucun résultat!»

Or, le Groupe de Minsk qui poursuit à la demande de l’ONU une mission de règlement pacifique n’a pas échoué et ne peut échouer. Un accord amiable suppose un compromis, et on voit bien que l’Azerbaïdjan, dans sa volonté d’en découdre par les armes, n’est pas prête au compromis, ni aux concessions. On ne peut reprocher à la négociation de ne pas aboutir si l’une des parties ne veut pas du compromis.

Par ailleurs, «casser» la logique du groupe de Minsk consisterait à replacer la Turquie dans un axe turco-azéri, au cœur du pré-carré exclusif russe, c’est à dire le sud Caucase. Cela peut difficilement plaire à Poutine, sans parler de l’Iran qui verrait d’un mauvais œil un axe solide à sa frontière septentrionale. La Turquie aura du mal à ouvrir un champ pro-turc au sein d’une région déterminante pour la Russie, car la région détermine sa frontière d’influence méridionale avec l’Iran depuis bientôt deux siècles de stabilité. Raisonner autrement c’est donner de la voix à un expansionnisme turc, au détriment du monde chiite de l’Iran et de la Russie.

Bref, le coup était habile, mais il n’a pas marché. Le Conseil de sécurité a de nouveau déclaré, à l’unanimité, sa détermination à voir le Groupe de Minsk trouver une issue pacifique au conflit, en consolidant son rôle et en maintenant l’internationalisation du conflit par la voie d’un règlement pacifique sous l’égide des trois puissances en charge, à savoir, les États-Unis, la France et la Russie.

Le président Poutine a exprimé sa « préoccupation », tout comme le président français, mais est-ce suffisant pour imposer un cessez le feu immédiat ?

Quand au silence assourdissant de la Russie, seul arbitre à même de siffler l’arrêt du jeu, sa position reste ambiguë, malgré des appels formels à un cessez le feu, et apparemment l’envoi d’une délégation à Erevan ; certes, ce n’est pas l’accord de sécurité qui la lie avec l’Arménie qui pourrait bloquer un processus. Je rappelle que ledit accord de sécurité lie la Russie et l’Arménie, et ne porte pas sur les territoires en dehors du périmètre étatique. De plus, l’Arménie n’est pas victime d’une agression et d’une mise en danger de son existence, le conflit se déroule sur la ligne de contact du Haut-Karabakh. Il est vrai que le président Poutine a exprimé sa «préoccupation», tout comme le président français, mais est-ce suffisant pour imposer un cessez le feu immédiat? Or, si le cessez le feu n’intervient pas et que la guerre se perpétue, sans vainqueur, ni vaincu, en tout cas sans percée significative, quel serait alors l’objectif du joueur d’échec, si ce n’est l’affaiblissement des deux belligérants.

L’hypothèse selon laquelle la Russie chercherait à affaiblir les deux belligérants est la seule plausible à ce stade, car elle empêcherait l’axe turco-azéri de réussir, voire de se renforcer, il affaiblirait les dirigeants actuels arméniens qui ne sont pas beaucoup en phase avec le grand frère russe depuis la révolution de velours (absence de complicité stratégique), il affaiblirait certainement le régime d’Alyev qui ne joue pas toujours un jeu loyal avec la Russie, cherchant tantôt des armes en Israël, tantôt en Turquie, et de temps en temps en Russie.

Pour une fois dans l’histoire des Arméniens, le temps joue en leur faveur. Tenir la ligne de contact est leur seule ressource pour montrer leur détermination, mais surtout pour démontrer l’impossibilité d’une solution militaire, car si cette dernière réussissait, elle serait la voie à un exode, voire à un effacement comme on a pu le constater dans l’histoire tragique qu’ils ont connue. Il faut le dire et le redire: la population de l’Artsakh a dit et exprimé par des voies démocratiques sa détermination de ne pas être gouverné sous le joug de l’Azerbaïdjan. Comment peut-on vouloir ou supposer possible le retour au statu quo ante, si ce n’est avec la certitude qu’à terme, les habitants partiront? La solution passe donc par un règlement nécessairement pacifique et la seule instance capable d’y parvenir est bien le Groupe de Minsk.


» À VOIR AUSSI - Haut-Karabakh: la guerre n’aurait pas commencé «sans l’engagement actif de la Turquie», affirme le Premier ministre arménien Nikol Pachinian.


mardi 6 octobre 2020

A propos de la guerre entre les arméniens et les azéris (Artsakh- Azerbaidjan)

 


🇦🇲🇦🇲🇦🇲
À TOUS MES AMIS ET AMIES DE PAR LE MONDE.
🇦🇲🇦🇲🇦🇲
J’ai envie de vous transmettre un commentaire d’une très chère amie et compatriote vivant en Arménie.
❤️💙🍑
« NOUS NE SAVIONS PAS À QUEL POINT NOUS ÉTIONS HEUREUX IL Y A HUIT JOURS ».
❤️💙🍑
Lorsque j’ai lu ce commentaire, les larmes me sont montées aux yeux pour ne pas dire plus.
Pourtant, comme partout dans le monde, l’Arménie était et est toujours frappée par la Covid-19 .
Alors quelques mots sur le passé de mon peuple dont je suis une fière descendante et sur ce que nous vivons actuellement.
L’Arménie est une des plus anciennes nations dans le monde. Selon les sources, entre 3 000 et 5 000 ans, peut-être plus. La plupart des plus anciens objets dans le monde ont été trouvés en Arménie.
L’Arménie est le premier pays dans le monde à avoir adopté le christianisme comme religion d’état en l’an 301 ap.J.C. L’intelligence et la culture du peuple arménien sont saluées partout dans le monde.
La génération de mes ancêtres a vécu un génocide aux mains du gouvernement des jeunes turcs. La majorité de mes aïeux y ont péri. Je vous épargne les détails monstrueux.
Le Québec et le Canada, où je vis, font partie des pays ayant reconnu le génocide des arméniens. Au Québec le 24 avril a été déclaré, « La journée du Génocide des Arméniens ». En ce jour, chaque année une motion commémorant le Génocide des Arméniens doit être lue et adoptée à l’Assemblée Nationale du Québec.
Au sujet de ce premier génocide du vingtième siècle, je mentionnerais juste que mon grand-père maternel a survécu alors que déguisé en bédouin, il a combattu avec un régiment de cinquante-deux personnes entre autres pour libérer les femmes et les enfants enlevés par les turcs. Seulement trois personnes de ce régiment, dont mon grand-père, ont survécu.
Aujourd’hui l’histoire se répète ! La Turquie et l’Azerbaïjan tentent de perpétrer à nouveau un génocide, clairement planifié par leurs chefs d’état, Erdogan et Aliyev.
L’Azerbaïjan a été créé en 1928. Ce pays n’existait pas avant.
Les groupes terroristes que Erdogan a utilisés en Syrie et au nord de l’Irak puis déplacés en Libye ont été amenés sur la frontière entre l’Arménie, l’Artsakh (quelquefois appelé Haut-Karabagh) et l’Azerbaïjan.
Les azéris prétendent que l’Artsakh et l’Arménie leur appartiennent.
L’Artsakh est aussi une terre traditionnellement arménienne. Durant l’ère soviétique, où les arméniens n'avaient pas voix au chapitre, Staline a offert l’Artsakh en cadeau aux azéris en même temps que le Nakhichevan, un autre territoire arménien millénaire, pour les inciter à joindre les rangs de l’Union Soviétique.
Lors de la chute de l’Union Soviétique, les azéris s’en sont pris aux arméniens en organisant des pogroms les tuant ainsi par milliers...
Cela a amené les arméniens de l’Artsakh à voter leur autodétermination. Ce qui a provoqué une guerre sanglante que l’Arménie a gagnée.
Depuis, malgré les accords de cessez-le-feu, les azéris attaquent continuellement la frontière. Jusqu’ici, l’Arménie a toujours réussi à remporter la victoire.
La guerre actuelle est d’une envergure beaucoup plus vaste. Plusieurs pays occidentaux fournissent des armes aux azéris. Jusqu’à maintenant l’Arménie, malgré les pertes qu’elle a eues, réussit à tenir le coup.
Le silence et la non-assistance des dirigeants de la communauté internationale est à mes yeux une complicité honteuse de crimes de guerre envers l’Arménie.
C’est la raison pour laquelle, je vous demande d’intervenir auprès de vos gouvernements respectifs où que vous soyez dans le monde.