lundi 29 novembre 2021

ESPOIR - texte et chant Dzovinar sur la musique de Jean-Claude Petit pour le film Mayrig de Henri Verneuil (1991)

VIDEO "ESPOIR " 

Cliquer sur le  lien -https://youtu.be/nIpiM2dWklw 


Le film "Mayrig", sorti en salle en 1991 m'avait profondément bouleversée en même temps qu’il m’apprenait une réalité que je ne connaissais pas vraiment, et la musique si émouvante de Jean-Claude Petit qui s’adaptait si parfaitement au film,  m’avaient donné l’envie d‘écrire un texte qui traduirait mes émotions et  me permettrait de les exprimer .

L'enregistrement du chant date d'une trentaine d'années - ma fille Isabelle-Achkhène vient d'en faire le montage vidéo - au grand dam de ses deux adorables chiens qui n'ont pas eu droit à leur promenade, à leurs ébats quotidiens durant toute une journée !

L'Arménie aujourd'hui vit une période dramatique et je voudrais que ce chant soit quand même un message d'espoir pour des lendemains meilleurs. Protégeons l'arménité envers et contre tout - 

"Je voudrais savoir quelle force au monde peut détruire cette race, cette petite tribu de gens sans importance dont l'histoire est terminée, dont les guerres ont été perdues, dont les structures se sont écroulées, dont la littérature n'est plus lue, la musique n'est pas écoutée, et dont les prières ne sont pas exaucées. 

Allez-y, détruisez l'Arménie ! Voyez si vous pouvez le faire. Envoyez-les dans le désert. Laissez-les sans pain ni eau. Brûlez leurs maisons et leurs églises. Voyez alors s'ils ne riront pas de nouveau, voyez s'ils ne chanteront ni ne prieront de nouveau. Car il suffirait que deux d'entre eux se rencontrent, n'importe où dans le monde pour qu'ils créent une nouvelle Arménie." - William Saroyan


dimanche 7 novembre 2021

Pour l'album "Mère à l'enfant" Anne-Karine Krijitsky

Pour l'album "Mère à l'enfant"
Anne-Karine Krijitsky


"Savez-vous ce que c'est que d'avoir une mère ? non, on ne sait pas encore que c'est une femme, un ange qui est là, qui vous regarde, qui vous apprend à parler, qui vous apprend à rire, qui vous apprend à aimer ! qui réchauffe vos doigts dans ses mains, votre corps dans ses genoux, votre âme dans son cœur ! qui vous donne son lait quand vous êtes petit, son pain quand vous êtes grand, sa vie toujours ! à qui vous dites, ma mère ! et qui vous dit, mon enfant ! d'une manière si douce que ces deux mots-là réjouissent Dieu !"

 Victor Hugo."

 

dimanche 31 octobre 2021

Tsavet danem - Dzovinar

  

Tsavet danem

Nous sommes les survivants d'un pays

dont le ciel ne nous a pas vu naître.

Dans notre âme pourtant a vécu son image

grandiose, unique, irremplaçable

et nous avons survécu loin d'elle,

dans l'attente de sa résurrection, de son appel.

Nous l'avons vue, déchirée, amoindrie, et si belle !

Les chants des poètes l'ont préservée pour nous,

Cette image est celle de nos rêve.

Ses enfants affligés, blessés, torturés

trop tôt disparus

ont laissé en nous une souffrance telle

que sa puissance ferme nos yeux, vrille

encore et toujours nos coeurs de sa lame.

Quel simple mot, quelle parole inspirée,

pourront guérir nos plaies ouvertes

donner l'élan vers l'avenir lumineux

pardonner les erreurs, l'ignorance

qui entravent la voie de notre évolution ?

J'espère tant de ce pays que nous voulons parfait ;

qu'il faut aimer aussi dans ses imperfections.

Car je crois en cette âme arménienne

qui sommeille en chacun de nous

que traduisent ces mots tendres et si doux,

sublimes comme un poème,

Tsavet danem !

Dzovinar - 

(20 avril 2008)

samedi 30 octobre 2021

Le 2 décembre 1816, Lord Byron arrive au monastère des mekhitaristes à Venise pour étudier l'arménien ...


Lord Byron
Le 2 décembre 1816, Lord Byron arriva au monastère mekhitariste de Venise pour étudier la langue arménienne. Avec l'aide des abbés du monastère de St. Lazare, le poète s'est activement familiarisé avec les manuscrits arméniens et a parlé avec une grande admiration de la culture arménienne.
Le père Harutyun lui a enseigné la langue arménienne et ensemble ils ont créé la « Grammaire des langues anglaise et arménienne ».

Byron a rassemblé ses exercices d'écriture arménienne dans le livre "Lord Byron Armenian Exercises and Poetry". En juillet 1823, Byron quitte l'Italie pour rejoindre les rebelles grecs dans la guerre d'indépendance contre l'Empire ottoman.

Voici ce que le poète a écrit sur les Arméniens et l'Arménie :

« Arrivé à Venise en 1816, comme probablement tous les autres voyageurs, j'ai été profondément impressionné par la communauté de St. Lazare, qui, semble-t-il, réunit tous les avantages d'une institution monastique, sans en posséder aucun de ses vices.

La pureté, le confort, la douceur, la piété non feinte, les talents et les vertus des frères de l'ordre peuvent inspirer à une personne laïque la conviction qu'il existe un autre monde meilleur, même dans cette vie.
Ce peuple est le clergé d'une nation asservie mais noble qui a subi l'exil et l'oppression avec les Juifs et les Grecs, mais n'en a retiré ni la colère des premiers, ni la servilité des seconds.

Cette nation a acquis la richesse sans recourir à l'usure, et tous les honneurs qu'on peut rendre à celui qui est en esclavage sans intrigue...

Il serait peut-être difficile de trouver les chroniques des peuples les moins entachées de crimes que les chroniques des Arméniens, dont les vertus étaient pacifiques et dont les vices étaient le résultat de l'oppression.

Mais quel que soit leur sort, et c'est triste, quel que soit ce qui les attend à l'avenir - leur pays doit toujours rester l'un des plus intéressants du globe ; et leur langage même, peut-être, n'a besoin que de plus d'études pour gagner de plus en plus d'attractivité...

Si l'Écriture est correctement interprétée, alors le paradis se situait précisément en Arménie, qui paya aussi cher que les descendants d'Adam en général, la participation éphémère de son sol à la félicité de celui qui fut créé de sa poussière ; là, l'eau a commencé à baisser après le déluge et une colombe s'est envolée.

Mais presque avec la disparition du paradis, les malheurs du pays commencèrent, car bien qu'il fût un royaume puissant pendant longtemps, il fut rarement indépendant ; Les satrapes persans et les pachas turcs ont également contribué à la ruine du pays où Dieu a créé l'homme à son image et à sa ressemblance.

J'ai appris la langue arménienne ... pour comprendre comment et dans quelle langue les dieux parlaient ... car la langue arménienne est la langue des dieux ... et l'Arménie est la patrie des dieux ... et les dieux viennent de la vallée de l'Ararat... Il n'y a pas d'autre pays sur le globe qui serait aussi plein de miracles comme la terre des Arméniens..."

MICHEL ONFRAY AU MÉRIDIONAL: "POURQUOI JE DÉFENDS L'ARMÉNIE"


Michel Onfray

Michel Onfray a donné hier une interview au journal "Le Méridional" (Marseille) pour parler de ce qu'il appelle "le second génocide arménien".


Le Méridional: Michel Onfray, pourquoi êtes-vous si attaché à l’Arménie et à son peuple?

Michel Onfray: Parce que c’est, comme je le dis souvent, un grand petit peuple qui a vécu un effroyable génocide et n’en a jamais fait un destin. C’est aussi parce que ce passé n’est pas seulement un passé mais également un présent: ce que l’Azerbaïdjan a récemment infligé à l’Arménie avec l’aide des Turcs est ni plus ni moins la suite à bas bruit de ce génocide qui continue… C’est enfin parce que ce qui advient dans cette région du monde annonce ce qui va se passer sur le terrain eurasien : le désir qu’a Erdogan de reconstituer l’Empire ottoman annonce clairement la venue d’un impérialisme musulman. L’Arménie est le premier temps de cette reconstruction impérialiste ottomane.

L.M : Vous avez intitulé le documentaire tiré de votre voyage là-bas «Arménie, un choc des civilisations». Le terme lui-même est-il une «expression-choc»?

M.O: Non, c’est une thèse réaliste et pragmatique que les tenants de la mondialisation libérale n’aiment pas parce qu’ils lui préfèrent la thèse idéologique et utopique de Francis Fukuyama qui affirmait qu’après l’effondrement du bloc marxiste, le libéralisme allait triompher de façon planétaire. Les tenants de cette utopie veulent transformer la planète en vaste supermarché. Ce qui suppose un effacement des pays, des peuples, des cultures et des civilisations au profit d’un monde de la chosification des êtres, des âmes, des cœurs et des corps. Le projet de reconstruire un empire ottoman, celui de Poutine qui veut reconstituer une grande Russie, celui des Chinois qui veulent redevenir l’Empire du milieu (sous-entendu du milieu du monde), celui de l’Iran chiite, témoignent que Fukuyama avait tort et Huntington raison. Nous inscrivons nos pas dans ceux de l’auteur du Choc des civilisations.

L.M: Que penser de l’indifférence des Européens face à ce qui se déroule là-bas?

M.O: Les dirigeants européens sont les acteurs de cette mondialisation libérale. Ils veulent une Europe vassalisée par les États-Unis qui aspirent à transformer le monde en vaste supermarché. La disparition de l’Arménie ne leur pose aucun problème. Au contraire car ce pays qui témoigne par définition des racines chrétiennes de l’Occident mérite selon eux de disparaître. Tout ce qui efface le judéo-christianisme est bon pour eux. Voilà pourquoi ils favorisent la montée de l’Islam qui travaille au même projet qu’eux: en finir avec l’Europe judéo-chrétienne qui dispose encore trop d’esprits critiques et libres. Les uns feront de l’Europe un supermarché dans lequel les autres consommeront des produits hallal – burkini Nike, voile Prada, boucherie Carrefour, etc. Il n’y aura plus de livres dans les supermarchés qu’auront remplacés les espaces médias dans lesquels les best-sellers et eux seuls côtoient déjà l’électroménager.

L.M: Que peut attendre l’Arménie de la France?

M.O: De la France, hélas, rien tant que le pays restera dans cette Europe pour laquelle la communauté turque, qui s’avère sécessionniste d’un point de vue civilisationnel, est bien plus menaçante que la communauté arménienne qui ne l’est pas du tout tant elle est magnifiquement intégrée. Et puis soyons cyniques: la France dit et pense de l’Arménie ce que Staline pensait et disait du Vatican : «Combien de divisions?». L’Arménie ne menace personne car elle n’en a pas les moyens: ni par son armée, ni par son sous-sol, ni par sa position qui n’est pas stratégique dans la configuration actuelle des conflits. Israël a choisi de soutenir la Turquie et l’Azerbaïdjan afin d’obtenir de ce dernier pays qu’il soit une base arrière en cas de conflit avec l’Iran. La géopolitique est une affaire cynique d’intérêts. La pauvre Arménie n’a rien à vendre sinon sa grandeur d’âme, une vertu dont tout le monde se moque désormais.

L.M: Comment allez-vous continuer de mettre en lumière le drame qui se joue en Arménie?

M.O: En faisant un deuxième film qui documentera le vandalisme turco-azéri, autrement dit néo-ottoman. Car actuellement, en Arménie, les églises sont détruites, ravagées, les stèles martelées, les cimetières dévastés, la population terrorisée et l’Histoire défigurée et réécrite…

 29 OCTOBRE 2021



jeudi 28 octobre 2021

Les revendications territoriales de l’Azerbaïdjan sur la République d’Artsakh n’ont aucun fondement historique ni juridique

Un point de vue subjectif qui mériterait un débat objectif ! (Vartan Arev  sur facebook)

*** Les revendications territoriales de l’Azerbaïdjan sur la République d’Artsakh n’ont aucun fondement historique ni juridique, selon le politologue Stepan Hasan-Jalalyan. ***

Ainsi, l’expert, répondant à la déclaration du président russe Vladimir Poutine lors des discussions au Club de Valdaï le 21 octobre, où ce dernier se référant au règlement du conflit azerbaïdjanais-Karabakh, a noté qu’il existe des cartes dans l’état-major général de Russie, qui montrent comment la frontière entre les républiques de l’Union était la période soviétique et sur la base de laquelle la frontière entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan devrait être déterminée, Jalalyan a souligné que les cartes de la période soviétique ne peuvent pas être la base de ce processus.

Le politologue a souligné que les cartes soviétiques ne peuvent pas servir de base pour déterminer les frontières pour 4 raisons :

Premièrement : un État appelé Azerbaïdjan a été créé le 28 mai 1918 par les autorités de la Turquie ottomane à la suite de l’invasion de l’armée turque en Transcaucasie. Le nom de l’État nouvellement créé, l’Azerbaïdjan, a été choisi du nom d’une province située au nord-est de l’Iran voisin.

Deuxièmement : la République démocratique d’Azerbaïdjan proclamée le 28 mai 1918 et a existé jusqu’au 28 avril 1920, n’était pas reconnue internationalement, et le 1er décembre 1920, la Société des Nations a officiellement rejeté par écrit la demande d’adhésion de l’Azerbaïdjan à la Société des Nations, se référant le fait qu’il n’avait jamais été un État auparavant et s’est approprié le nom de la province persane voisine, ce qui en fait le nom de l’État, et il est également impossible de déterminer les frontières exactes de l’Azerbaïdjan en raison de différends frontaliers avec les pays voisins.

Troisièmement : conformément à la déclaration « Sur le rétablissement de l’indépendance de l’État de la République d’Azerbaïdjan », adoptée le 30 août 1991 et à l’acte constitutionnel de la République d’Azerbaïdjan « Sur le rétablissement de l’indépendance de l’État de la République d’Azerbaïdjan », adoptée le 18 octobre 1991, l’Azerbaïdjan a renoncé à la succession de l’Azerbaïdjan soviétique, rétablissant son statut d’État sous le nom de République démocratique d’Azerbaïdjan, qui existait depuis le 28 mai 1918 jusqu’au 28 avril 1920 et n’était pas internationalement reconnue, et dont l’Artsakh n’a jamais fait partie.

Et quatrièmement : tant par la déclaration que par l’acte constitutionnel, qui a renoncé à la succession légale de l’Azerbaïdjan soviétique et s’est proclamé successeur légal de l’existant en 1918-1920, la République démocratique d’Azerbaïdjan non reconnue internationalement, la République d’Azerbaïdjan, en fait, a invalidé tous actes législatifs adoptés pendant la période soviétique concernant l’Azerbaïdjan.

"En effet, après avoir adopté les documents susmentionnés, la République d’Azerbaïdjan a annulé la décision du Bureau du Caucase du Parti communiste de Russie soviétique du 5 juillet 1921 sur l’annexion de l’Artsakh à l’Azerbaïdjan soviétique, qui, en fait, n’a été ni discutée à la réunion ni mis aux voix, mais une « décision illégale sur sa saisie » a été prise », a souligné Stepan Hasan-Jalalyan.

Dans le même temps, se référant à la période soviétique, le politologue a rappelé que le 30 novembre 1920, par décision du Comité révolutionnaire de la République socialiste soviétique d’Azerbaïdjan, le Haut-Karabakh a été déclaré partie de la République socialiste soviétique d’Arménie.

« Le 12 juin 1921, par un décret adopté par le président du Conseil des commissaires du peuple de l’Arménie soviétique, Alexandre Myasnikian, le Haut-Karabakh, soviétisé le 26 mai 1920, a été déclaré partie intégrante de l’Arménie soviétique. De plus, par la décision du comité révolutionnaire de la République socialiste soviétique d’Azerbaïdjan du 30 novembre 1920, il a été reconnu comme faisant partie de la République socialiste d’Arménie soviétique, et selon le décret adopté par le Conseil des commissaires du peuple d’Arménie soviétique le 12 juin 1921, l’Artsakh, qui fait partie intégrante de l’Arménie soviétique, par une décision illégale du 5 juillet 1921 du Bureau du Caucase du Parti communiste de Russie soviétique, qui n’avait pas le droit de décider des questions territoriales, sans discussion ni vote, c’est-à-dire, en fait, sans adoption, par une décision illégale, a été annexée à l’Azerbaïdjan soviétique, sans tenir compte de la volonté du peuple d’Artsakh », a noté l’expert.

En outre, selon Stepan Hasan-Jalalyan, les autorités de l’Azerbaïdjan soviétique, violant la décision illégale du bureau du Caucase du 5 juillet 1921, qui n’a pas été discutée et non mise aux voix, n’ont formé une région autonome que sur une partie de le territoire du Haut-Karabakh, tout en quittant délibérément la région de Shahumyan, la région de Karvachar, la région de Kashatagh, la région de Kovsakan, la région d’Akn, la région de Kashunik, la région de Jrakan, la région de Varandi, les territoires géographiquement et historiquement considérés du Haut-Karabakh, en dehors du Haut-Karabakh Région autonome.

Il a également attiré l’attention sur le fait que le gouvernement de l’Azerbaïdjan soviétique, ne tenant pas compte de l’opinion du peuple d’Artsakh, par un décret du 7 juillet 1923, a illégalement annexé de vastes territoires des parties nord, sud, est et ouest de Artsakh vers le territoire de l’Azerbaïdjan soviétique.

« Violant gravement les principes du règlement pacifique des différends et du non-recours à la force ou à la menace de la force, adoptés par l’acte final le 1er août 1975 à la Conférence d’Helsinki sur la sécurité et la coopération en Europe, le 27 septembre 2020 comme à la suite du déclenchement d’une troisième guerre d’agression, avec le soutien de la Turquie et de l’utilisation de terroristes à gages contre la République d’Artsakh, l’Azerbaïdjan a occupé environ 75 % du territoire constitutionnellement sécurisé de la République d’Artsakh. République d’Artsakh, l’Azerbaïdjan occupait environ 84% du territoire constitutionnellement sécurisé de la République d’Artsakh », a souligné l’expert.

Dans le même temps, le politologue a attiré l’attention sur le fait que l’ONU n’a discuté dans aucun format les questions de reconnaissance des frontières de la République d’Azerbaïdjan ou de son intégrité territoriale. Il a rappelé que selon la Charte des Nations Unies, les règles de procédure de l’Assemblée générale et du Conseil de sécurité de l’ONU, contrairement à la Société des Nations déjà disparue, l’ONU n’a pas le pouvoir de reconnaître les frontières ou l’intégrité territoriale de l’État. « L’étude de tous les documents adoptés par l’ONU lors de l’adhésion de l’Azerbaïdjan à l’Organisation nous permet d’affirmer que l’ONU, sous quelque forme que ce soit, n’a discuté des questions de reconnaissance des frontières de la République d’Azerbaïdjan ou de son intégrité territoriale.

Le 14 janvier 1992, le président azerbaïdjanais, qui a adressé officiellement par écrit au secrétaire général de l’ONU une demande d’adhésion de l’Azerbaïdjan à l’Organisation, a informé l’ONU du rétablissement de l’indépendance perdue en avril 1920, informant ainsi la communauté mondiale que l’Azerbaïdjan restaurer son statut d’État internationalement non reconnu, au sein duquel l’Artsakh n’a jamais été dans aucun statut. Sur la base de la déclaration du Président de l’Azerbaïdjan datée du 14 janvier 1992 adressée au Secrétaire général pour l’adhésion à l’ONU et de la résolution de l’Assemblée générale du 2 mars 1992 sur l’admission de l’Azerbaïdjan à l’adhésion à l’ONU, on peut affirmer que l’Organisation des Nations Unies a accepté l’Azerbaïdjan comme membre sans la République d’Artsakh. Sur la base de ce qui précède, je voudrais souligner une fois de plus que les revendications territoriales de l’Azerbaïdjan sur la République d’Artsakh n’ont aucune base historique ni juridique. L’Artsakh n’a jamais fait et ne fera jamais partie de l’Azerbaïdjan », a résumé Stepan Hasan-Jalalyan.

La communauté internationale serait en droit d’approfondir le sujet pour valoir ce que de droit.


Carte de la République du Haut-Karabakh (NKR) et des territoires adjacents avant le conflit. La zone, entourée de frontières rouges, correspond au territoire contrôlé de facto par le NKR de 1994 à 2020. Les zones en jaune correspondent à la région autonome du Haut-Karabakh (NKAO) de l’ère soviétique, tandis que les zones hachurées en jaune sont contrôlées par l’Azerbaïdjan mais revendiquées par la NKR. Les zones hachurées en vert correspondent aux territoires situés en dehors de l’ancienne NKAO et qui étaient de facto détenus par le NKR après la fin de la guerre au Haut-Karabakh en 1994.



mardi 19 octobre 2021

Michel Onfray adresse cette lettre ouverte à Cyril Hanouna, dont il a lu le dernier livre: Ce que m'ont dit les Français (avec Christophe Barbier, éd. Fayard)

  

"Certes, la défense de la minorité musulmane Ouïghour range immédiatement dans le camp du bien. Mais je ne sais si vous avez imaginé prendre position en faveur de l’Arménie qui a été sauvagement attaquée par l’Azerbaïdjan aidé par la Turquie, mais ce combat de civilisation qui se joue là-bas, annonçant celui qui se jouera dans le siècle suivant, aurait aussi mérité votre sollicitude géopolitique."

THÉORIE DU CON, ET DE QUELQUES AUTRES

Cher Cyril 

  Quand j’ai su que vous prépariez un livre avec Christophe Barbier, j’ai souhaité le lire car la caution politique de votre tandem laissait croire que vous vous apprêtiez à faire une proposition politique et, venant de la société civile, celle-ci m’intéressait.

  On sait que Christophe Barbier est un journaliste engagé dans le Camp du Bien, pour utiliser l’expression de Philippe Muray. L’ouvrage qu’il signe avec vous s’inscrit dans cette ligne.

   Pourquoi dès lors dire régulièrement que ça n’est pas le cas?

   Vous écrivez en effet: «Je ne roule pour aucun camp» page 242, «je n’ai pas de camp, je suis un arbitre objectif» page 257, «je n’ai pas de camp, je ne roule pour personne» page 288, «je n’ai pas de camp, mais je vais mener campagne contre un ennemi: l’abstention» page 289.

   Vous dites également: «TPMP est ouvert à tout le monde, sauf aux cons» (page 195). Pardonnez-moi, je n’ai pas vu toutes vos émissions, loin de là, mais des «cons» comme vous dites, j’ai cru comprendre qu’il y en eut plus d’un sur vos plateaux! Je ne vous le reproche pas, je pointe juste une contre-vérité. J’aurais aimé un peu plus de précisions sur ces cons-là, une petite théorie du con en quelque sorte.

   Si vous permettez, à défaut, je m’y mets:

   C’est assez facile, car votre con est portraituré en creux à toutes les pages. Il suffit de voir pour quoi et qui vous roulez, on imagine bien que ceux qui ne caracolent pas dans la même direction sont les cons. Le con c’est hélas souvent celui qui ne pense pas comme nous. Vieille comme les hommes, la notion se trouve bien vite circonscrite.

   Quelle est votre pensée ? C’est peu ou prou celle de Christophe Barbier qui s’active pour le camp du bien, c’est-à-dire pour les gentils, les anti-cons par excellence...

   Ces gentils veulent laisser une seconde chance aux prisonniers moins coupables de leurs délits que victimes de la société. Ceux qui ne se trouvent pas dans la situation d’avoir une seconde chance parce qu’une première ne leur a jamais été offerte me paraissent les oubliés de notre société. Or vous dites œuvrer pour eux. Mais vous semblez surtout aimer les victimes quand elles ont d’abord été coupables plutôt que quand elles n’ont jamais fait payer à autrui une dette qui n’est pas la leur. Vous qui dites avoir été radicalement changé par les gilets jaunes, «une révolution française» écrivez-vous page 27, vous devriez comprendre que la seconde chance peut ne pas être une priorité quand tout s’effondre y compris pour ceux qui attendent gentiment une chance qui probablement ne viendra pas si l’on continue, comme vous, à ranger dans le camp des cons ceux que vous nommez:  Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen page 142, Nicolas Dupont-Aignan et Florian Philippot page 170. Dès lors, on comprend où vous vous situez: aux côtés de Macron & Hidalgo, Bertrand, Jadot & Pécresse qui sont des clones de Mitterrand & Chirac, Sarkozy & Hollande, les responsables d’une société que vous dites pourtant vouloir changer.

   Ces gentils parlent de «violences policières» et prennent parti pour George Floyd page 117, pour la famille Traoré page 118, pour Michel Zecler page120 devenu «Michel» page 122, pour Cédric Chouviat page 115 devenu «Cédric» page 116 et pour tous ces gens dont vous dites qu’ils sont des victimes n’ayant «rien fait», page 118, ce qui laisse croire que la police interpelle pour le plaisir et tue en fonction des couleurs de peau - c’est une opinion, elle est défendue par ceux qui, à gauche, s’avèrent sensibles aux sirènes décolonialistes matinées d’islamo-gauchisme.

   Ces gentils qui savent être méchants défendent en principe le débat contradictoire et se targuent d’inviter quiconque ne pense pas comme eux. Ainsi, en contrepoint du discours de Michel Zecler, vous avez convié «un policier du syndicat minoritaire France Police», page 127, qui a démonté la version de la victime en commentant la vidéo intégrale avec arrêts sur images et sur lignages pour valider sa thèse. Il la défend, vous précisez page 127: «je le recadre sèchement, mais au moins il ne pourra pas dire qu’un tel point de vue n’a pas droit au chapitre». Autrement dit: si l’on accepte de se faire tancer, on a le droit de parler sur votre plateau.

   Ces gentils défendent le port du voile et précisent comme vous qu’il ne faut pas dire «femme voilée», mais «femme qui porte le voile», page 218. L’élément de langage est idéologique, vous ne pouvez l’ignorer, il permet, en jouant de cette préférence sémantique, de signaler sa préférence politique. Un tirage au sort ayant désigné fort opportunément et par le plus grand des hasards une gagnante «femme qui porte le voile», elle est invitée sur votre plateau qui, toujours comme par hasard, a fait le buzz notamment avec nombre de «cons».

   Ces gentils défendent le végétarisme même s’il s’agit plus d’un flexitarisme que d’un abandon total de la viande et du poisson.  On défend la cause animale, bien sûr, mais ça n’empêche pas de le faire autour d’une côte de bœuf au barbecue avec les potes! Si la bidoche est bio, écoresponsable, traçable, peu carbonée, la souffrance animale a droit elle aussi à une seconde chance.

   Ces gentils défendent la psychanalyse. Certes, on n’est pas forcément tenu s’avoir lu les œuvres complètes de Freud ou bien encore celle de Lacan, mais on construit sa vision du monde sur quelques lieux communs freudiens qui empoisonnent la pensée depuis plus d’un siècle car la gauche aime la parapsychologie pourvu qu’elle soit pratiquée au nom du chamane viennois. Vous écrivez page175: «la psychanalyse nous l’a appris: verbaliser les malaises évite le passage à l’acte. Après mes émissions, les plus agressifs des complotistes baissent d’un ton, redescendent de quatre étages». Je ne voudrais pas faire l’intellectuel, vous dites par ailleurs régulièrement ne pas les aimer, page 141 par exemple, mais Freud n’a jamais dit une chose pareille - et cette idée est par ailleurs fausse! Mais se réclamer de Freud et de la psychanalyse s’avère toujours un marqueur efficace du Camp du Bien.

   Ces gentils défendent la cause LGBTQ+, mais s’autorisent parfois des blagues homophobes - c’est la jurisprudence de la côte de bœuf végétarienne. L’une d’entre elle faite par vous mettait en scène «Jean-José, un homme de 26 ans bien monté», page 178, qui publiait une annonce sur un site de rencontre homo. Cette blague a, écrivez-vous page 180, et sur ordre du CSA, coûté «une amende de trois millions d’euros à l’encontre de la chaîne, qui viennent s’ajouter aux pertes de recettes liées au retrait de certains annonceurs, soit 12 millions d’euros d’après les calculs de C8».

   Cessons-là, sur le racisme, le féminisme, l’écologie, etc., votre idéologie est celle du pouvoir en place depuis des décennies.

   Le plus grave est que vous puissiez prétendre page 176 que le débat doit permettre à des complotistes et à vos chroniqueurs de pouvoir de se retrouver «à égalité de chances»! Pardonnez-moi, mais ne crois pas que l’avis d’un quidam équivale celui d’un expert sur son sujet d’expertise! Je préfère traverser l’Atlantique en avion avec un pilote validé par la compagnie que par un pilote d’ULM qui ne s’autoriserait que de lui-même. Ou me faire opérer par un chirurgien dûment estampillé que par le titulaire d’un CAP de boucher-charcutier qui revendiquerait, au nom de «l’égalité des chances», le droit à effectuer une opération à cœur ouvert!

   Vous écrivez par exemple page 206 que «Karim Zéribi rappelle que la burqa n’est pas dans le Coran, que ce sont les Taliban qui l’imposent et non le Prophète». J’ai pour ma part lu le Coran je retrouve dans mes notes les références du verset 67 de la sourate 33 qui dit, c’est Dieu qui parle: «O Prophète! Dis à tes épouses, à tes filles et aux femmes de croyants de se couvrir de leurs voiles: c’est pour elles le meilleur moyen de se faire connaître et de ne pas être offensées». Une autre traduction donne: «abaisser un voile sur leur visage». Si l’on veut même être précis, le mot incriminé «jalābīb» est d’origine éthiopienne et désigne un manteau. Se couvrir le visage avec son manteau: voilà qui n’aurait rien à voir du tout avec la burqa?

   Le problème n’est pas que vous vous trompiez, on ne peut tout savoir sur tout, mais que vous accabliez qui sait en disant de lui qu’il ignore...

   J’ai pour ma part fait les frais de cette méthode qui vous a fait dire de moi dans votre émission du 12 janvier 2016 que vous ne vouliez pas me parler, j’étais donc l’un des cons que vous fustigez, en ajoutant: «C’est un islamophobe notoire qui dit d’énormes conneries. Il peut continuer à écrire sur moi1. Je ne veux même pas avoir de discussions avec lui (…) c'est quand même un gars qui a inventé (sic) les (sic) versets (sic) du Coran, c’est un manipulateur (sic).» L’année suivante vous remettez le couvert en disant, le 19 novembre: «Moi j’aime beaucoup Thierry Ardisson, mais le seul mec avec qui il est trop complaisant, car il a des propos qui sont vraiment inadmissibles sur l’islam, c’est Michel Onfray. Il l’invite à chaque fois, et il le considère comme si c’était le président (…) Michel Onfray, pour moi, on ne devrait pas le voir sur des plateaux.» De fait, si j’étais islamophobe, si j’inventais des sourates entières, mais également des versets, vous auriez eu raison: mais qui invente des sourates ou dit que les sourates qui existent n’existent pas? Je tiens par ailleurs à votre disposition mon cahier de lecture du Coran et une liste des versets (que vous confondez avec des sourates…) que j’aurais prétendument inventés! Et vous, l’avez-vous lu, vraiment? Si oui, vous avez mauvaise mémoire, si non, vous manquez d’honnêteté intellectuelle.

   Permettez-moi une incise: j’ai par ailleurs particulièrement apprécié le passage où vous dites pages 233 et 234: «Je ne supporte pas qu’on blesse des gens au nom d’un combat idéologique».

   Vous dites ne vouloir que la rigolade, le divertissement, l’humour. Mais si tel était le cas, vous n’auriez aucune raison de vous aventurer sur tous les sujets avec vos chroniqueurs qui ont un avis sur tout, tout le temps, et qui s’autorisent, du simple fait qu’ils sont chroniqueurs, de le donner sans avoir travaillé les sujets dont ils parlent et qui sont pourtant infinis…

   Vous dites par exemple page 259: «Je dois bien l’avouer: l’actualité internationale n’est pas mon pain quotidien». Je ne vous en voudrais pas de poser des limites à vos domaines de compétence. Mais vous expliquez page 260 comment «l’équipe s’est convertie lentement, mais avec bonheur, à la géopolitique». Qu’est-ce qui a rendu cette conversion possible? Donald Trump - qui, bien sûr, fait partie des ennemis du Camp du Bien!

   Voilà pourquoi vous vous engagez sur le terrain international en allant jusqu’à inviter le gouvernement français à décréter des «sanctions économiques possibles, seul moyen selon moi, dites-vous, d’effrayer un tant soit peu la Chine, et la nécessité d’agir au niveau européen pour espérer être efficace» - page 272.

   Certes, la défense de la minorité musulmane Ouïghour range immédiatement dans le camp du bien. Mais je ne sais si vous avez imaginé prendre position en faveur de l’Arménie qui a été sauvagement attaquée par l’Azerbaïdjan aidé par la Turquie, mais ce combat de civilisation qui se joue là-bas, annonçant celui qui se jouera dans le siècle suivant, aurait aussi mérité votre sollicitude géopolitique.

   On aura compris que, sur le fond, vous incarniez le Camp du Bien et que vous étiez très prévisible dans vos goûts et vos dégoûts.

   Sur la forme, vous revendiquez la mise en scène de l’émotion en pensant qu’elle conduit à la raison ou qu’elle peut se substituer à elle. Vous donnez votre impératif: «Je considère que mes émissions doivent d’abord (sic) faire passer des émotions» page 122. Or l’émotion est une impasse, elle ne conduit jamais à la raison, elle invite à en rester aux logiques viscérales, tripales. Choquer vous assure de l’audimat, mais sûrement pas du raisonnement. Je pourrais même dire que, la plupart du temps,  l’audimat est inversement proportionnel à la qualité intellectuelle.

   Vous dites page 16: «je crois à la force supérieure de l’instinct, de l’émotion, et à la seule vérité du plateau, de la scène, et de l’ambiance que l’on y ressent quand les projecteurs s’allument». Pour ma part, je n’ai jamais estimé que l’instinct fut préférable à la raison - c’est un peu, vous m’excuserez, la base de mon métier.

  Vous racontez avoir invité sur votre plateau des véganes qui ont estimé comme vous que l’émotion pouvait se substituer à la raison et qui, pour ce faire, ont apporté en direct le cadavre d’un petit cochon prétendument récupéré dans les poubelles d’un élevage de Normandie.  «Gros plan sur l’animal» page 131… Certes vous dites: «on ne peut pas montrer ça, mine de rien (sic) c’est extrêmement violent». Mais c’est fait! Ces militants n’ont pourtant fait qu’appliquer votre règle: de l’émotion avant tout.

  Or le show, vous ne cachez pas que c’est ce qui vous plaît: quand vous invitez ces fameux véganes sur votre plateau, vous savez qui vous conviez. Parlant d’eux et de leurs actions vous dites pages 129 et 130: «Je vois un extraordinaire phénomène de communication, je suis soufflé (sic) par l’aspect spectaculaire (sic) des démonstrations de force de ces activistes, et par la viralité formidable (sic) de leurs vidéos. C’est pour cela (sic) que, dans un premier temps, je souhaite les avoir sur mon plateau: leur manière de brûler les planches, de déchirer devant les caméras me fascine». La chose est dite.

   Vous semblez déplorer que d’autres que vous utilisent votre méthode. Ainsi, quand vous écrivez page 175: «rappelez-vous les gants de boxe exhibés par un présentateur de JT avant un débat entre Jean-Marie Le Pen et Bernard Tapie. La télévision s’est mise à programmer du lepéniste parce que cela faisait du «show». Et le FN a continué de monter…». Vous voyez bien que vouloir faire le show à tout prix n’est pas la bonne façon de faire et que l’émotion ou le rire ne suffisent pas à faire triompher la vérité.

   Vous commencez votre livre en expliquant comment vous faites vos émissions. On ne pourra que vous reprocher votre naïveté d’avouer que vous permettez ainsi que l’on conclue que vous ne faites pas penser, au contraire de ce que vous dites, mais que vous assurez le show avec ce qui court sur le net: «l’émission a été minutieusement réparée, par un travail d’équipe intransigeant qui nous permet ensuite de traiter les bons sujets du jour et d’avoir les invités qu’il faut» écrivez-vous page 17. Puis ceci: «Pour repérer les signaux faibles, je dispose de trois personnes qui, toute la journée, me préviennent dès qu’un sujet frémit sur les réseaux sociaux. Moi-même, dès six heures du matin, je scanne tout ce que je peux et je mets mes équipes en alerte: «Attention, j’ai l’impression que ce sujet monte. Regardez cela, analysez ce que c’est. Contactez les personnes en messages privés…». Puis je fais un point rapide sur mes radars perso, mes baromètres des réseaux, toutes les demi-heures environ. À quinze heures, je travaille avec l’équipe sur l’émission du soir dont le menu est déjà arrêté depuis la veille. C’est le moment, la plupart du temps, où je change tout! À seize heures, je partage sur les réseaux la liste des sujets qu’on prévoit de traiter et je regarde comment ça réagit. Exactement comme le pécheur qui balance ses hameçons. À dix-sept heures, en fonction des frémissements, j’établis le conducteur définitif. Si un sujet n’a pas pris, je le change. S’il n’a pas fait réagir à seize heures sur les réseaux, il n’intéressera personne à vingt heures sur les ondes. J’ai six millions de followers sur Twitter, cela vaut tous les panels et tous les sondages du monde. À dix-sept heures, je suis même en mesure de prédire notre performance du soir. Je parie avec mes équipes que l’on va faire 1,3 million de téléspectateurs, ou 1,7 million, ou taper la barre des deux millions».  L’émission commencée, vous regardez votre téléphone: «les tendances à chaud de l’audience, la nôtre et celles des concurrents, minute par minute. Si notre courbe fléchit, je relance le débat; si elle baisse, je change de sujet; si elle dégringole, je rends l’antenne…».

   Vous faites du zinc, du bistrot, du trottoir, de la machine à café votre horizon intellectuel: je ne sache pas que ce soit forcément la meilleure façon de «faire société» comme vous dites page 25.

 Cessons-là…

 Je conclus.

 Vous n’aviez pas aimé que je puisse faire de votre nom le symbole d’une télévision devenue une machine à décerveler. Je peux comprendre que ça puisse vous avoir déplu. J’en étais resté aux nouilles mises dans le slip d’un de vos chroniqueurs, si j’ai bonne mémoire, et j’estimais que c’était bien loin de la télévision dont Malraux disait qu’elle était un formidable instrument d’éducation populaire. Vous avez, on l’a vu, répondu par la calomnie, le mensonge, l’insulte. J’ai l’habitude. Rien de grave. Socrate m’a appris très tôt, et mon père avec lui, qu’il vaut mieux subir l’injustice que la commettre.

  Un jour, j’attendais l’entrée sur le plateau d’Éric Naulleau, vous sortiez de ce même plateau. Vous m’avez interpellé en me disant que, malgré ce que j’avais dit de vous,  vous avez l’entrefilet pérenne, j’avais été invité par vos soins puisque vous étiez le producteur de cette émission littéraire. J’avais trouvé la chose élégante et nous nous sommes parlé ensuite à deux ou trois reprises par téléphone. Vous y êtes d’un commerce agréable.

 Quand j’ai appris que vous écriviez ce livre avec Christophe Barbier, j’ai cru que ce serait un ouvrage politique et j’ai manifesté mon désir de le lire dès que l’éditeur disposerait des épreuves. En fait, vous y dites que vous interrogerez les candidats aux présidentielles, que vous ferez une tournée dans le pays - vous continuerez à faire le show. Et je ne vous le reproche pas. Mais vous savez que je ne crois pas que la politique gagne au show, au spectacle, aux émissions de télévision construites avec le flux d’internet pour obtenir l’audience - qui est l’autre nom du profit.

   J’attendais un autre ouvrage. J’ai eu tort, la faute n’en incombe qu’à moi-même.

   Vos premières pages sur les Gilets jaunes qui, dites-vous, ont changé votre vie, m’ont emballé. J’attendais que, pour eux, vous puissiez être un espoir. L’idée qu’in fine vous invitiez à voter pour les bons contre les méchants me laisse sur ma fin. Votre titre est Ce que m’ont dit les Français.  Après l’avoir lu, il me semble que vous auriez dû lui préférer: Ce que j’ai à dire aux Français.

   Un dernier mot pour prendre congé: votre éditrice vous a demandé pourquoi vous souhaitiez que je lise vos épreuves. Vous lui auriez répondu: «parce que lui me dira la vérité» - ce qui me touche et m’honore. Ne m’en veuillez donc pas de vous l’avoir dite.

   Je garde le meilleur souvenir de nos quelques échanges téléphoniques.

Michel Onfray

(Abonnement : MichelOnfray.com)


mercredi 6 octobre 2021

Lettre à Eric Zemmour - Mooshegh Abrahamian

 Lettre à Eric Zemmour 

Cher monsieur Zemmour, vous avez pour moi l’immense mérite d’une structure idéologique  cohérente campée sur une culture historique solide, servies par une grande sincérité et honnêteté  quand les élites françaises se sont vouées à un mondialisme sans mémoire où tout est égal et alors  que l’Islam vient dire : nous sommes là depuis 632 et nous n’en avons pas fini avec vous. Voici quelques remarques qui aideraient, à mon sens, à accroître votre popularité, sans rien céder  sur le fond. 

1) Vous devez rompre avec la peur panique multiséculaire héritée du Comité de Salut Public  pour tout ce qui n’est pas parisien et centralisé. 

Celui-ci a exterminé les Vendéens qui n’étaient pas une menace pour la cohésion nationale, mais  seulement une opposition à l’inféodation des prêtres à qui sera bientôt le nouveau maître des cieux :  l’Etre Suprême, une espèce de communisme avant la lettre, puisqu’en son nom, les Jacobins  s’estimaient nantis de faire le bien de la nation en guillotinant ou massacrant tous leurs opposants.  Tous les noms de provinces ont été supprimés. Les régions « allogènes » ont reçu des noms de  montagnes ou de fleuves et ont été divisées : 2 Alsaces, 5 Bretagnes, le pays basque et le pays  catalan disparus, 2 Corses, plus de Flandre …et donc plus de Flamands !!!! Comment pouvez-vous  imaginer une pérennisation de l’ « Empire » napoléonien sans une acceptation des différences  régionales, ethniques, linguistiques ? Sans que chacun TEL QU’IL EST soit traité à égalité de droits ?  Qu’auriez-vous fait d’une Italie du Nord ou d’une Rhénanie françaises ? Construit-on un empire en  demandant au vice-roi d’Italie de déménager les métiers à tisser piémontais à Lyon ??? Votre  assimilation à la française aurait consisté a leur faire abandonner de gré ou de force leurs cultures  originelles, comme vous avez contraint les Alsaciens à PERDRE leur culture et leur langue originelles  germaniques. Se rapproche-t-on ainsi de l’universalité ?  

Les conséquences de cette détestation de la différence se font encore sentir aujourd’hui. La  catalogne française (pardon: les Pyrénées Orientales !!) ne supporte pas la comparaison avec sa sœur  d’outre –Pyrénées, ni la Flandre (pardon le Nord !!) avec sa voisine d’outre Quiévrain, ni l’Alsace (  pardon le Haut et le Bas-Rhin) avec ses cousines germaniques d’outre-Rhin, idem pour les Savoie et  le Piémont ou encore le Pays basque !!! 

Après l’enthousiasme des peuples d’Europe qui accueillirent Napoléon comme un libérateur, l’éveil  national de la Prusse à l’Espagne se manifesta très vite contre « l’occupant » français. Aucun empire pérenne n’a pu subsister avec une telle idéologie paranoïaque et totalitaire. L’empire  russe a eu des tentations du même ordre, en obligeant par exemple vers 1900 les élèves arméniens  du lycée –russe- d’Erivan à russifier leurs noms de famille. Aujourd’hui, la Russie a réussi à éradiquer  le Djihad (Tchétchénie et Daghestan) tout en « institutionnalisant » l’Islam- 25% de la population.  Après une répression sans concession, Poutine a accepté l’islamisation des territoires à majorité  musulmanes, en échange d’un serment de loyauté à la Russie. Le pari est semble-t-il gagné même si,  inversement, ce « contrat » a incité la Russie à rester « neutre », donc en faveur des assaillants,  dans l’agression islamique contre l’Arménie. 

L’empire perse, bien que musulman « chiite » – distinguo important- , a hérité de sa tradition  multimillénaire, sa capacité à maintenir ensemble Perses, Arméniens, Azéris, Arabes, Kurdes , Juifs et  bien d’autres ethnies !!!! Les Arméniens avaient par exemple au 19ème siècle leurs clubs, leurs  écoles, leurs universités qui surpassaient en qualité leurs homologues de l’Empire ottoman et de  l’empire russe. Le grand écrivain Raffi ( 1835-1888) dont je ne désespère pas qu’un jour vous lirez 2 œuvres que je vous ai adressées – Le FOU et DJALALEDDINE- ( vous avez bien lu Ismaïl Kadare et  Kundera ! pourquoi pas Raffi ?), est né et a vécu à Tabriz. 

Chacun donc avait sa langue, ses traditions, sa religion et tous parlaient parfaitement le farsi !!!!!  A l’inverse, l’empire ottoman, une fois épuisée la spectaculaire poussée militaire (1453-1683) n’a pas  su traiter égalitairement musulmans et « gavours ». Il s’en est suivi bien des guerres de libération  nationale, et, pour ceux qui n’avaient pas compris qu’il fallait prendre les armes, un génocide.

Cette idéologie totalitaire et mortifère a d’ailleurs grandement influencé ceux parmi les Jeunes-Turcs,  en exil à Paris et en contact dans les années 1910 avec les milieux nationalistes et francs-maçons, qui  ont conçu le concept de « La Turquie aux Turcs », précisé par la trilogie « Un Etat, une race, une  langue ». Il suffira alors d’éliminer ceux de leurs camarades qui étaient en faveur d’un multi ethnisme avec égalité des droits entre tous les peuples constituant l’empire et d’appliquer la  « recette » jacobine. 

2) Vous ne viendrez pas à bout du problème des prénoms – allez à l’essentiel, inspirez-vous  de Poutine. 

Le combat des prénoms est perdu d’avance. La quantité devient une qualité. Vous le savez mieux que  personne. Surtout quand vous vous aliénez – pour mettre tout le monde à égalité- les prénoms  corses, catalans, bretons, basques, arméniens, kurdes, italiens, espagnols etc…. Je vous raconterai un jour l’histoire de mon 1er prénom ( Mooshegh) si cela vous intéresse. Un  prénom que bien sûr j’ai dû abandonner dans l’espace public. 

Et puis pourquoi voulez-vous obliger les Arméniens à abandonner leurs prénoms – chrétiens avant  tous les autres. Pourquoi considérer qu’ils sont une menace pour la cohésion nationale. Les  Arméniens n’appartiennent-ils pas comme bien d’autres- avant tous les autres- à cette civilisation  chrétienne que vous souhaitez sauver. La France, l’Angleterre, le Portugal, les Provinces-Unies,  l’Espagne ont pu prospérer économiquement, découvrir un autre continent, une nouvelle route des  Indes, construire des empires, car ils étaient à l’abri de toute incursion musulmane, protégés par  Venise, Gênes, le pape, l’empire d’Autriche….et même la Pologne !!!! Les Arméniens, géographie  oblige, ont connu un tout autre destin. Ils ont subi un génocide. Et maintenant on leur dit : oubliez ce  que vous étiez, vous n’êtes plus Arméniens. 

Pardon de vous retourner l’argument : pourquoi en rester à la paranoïa jacobine et ne pas accepter  les prénoms chrétiens des autres peuples – et faire une exception pour les prénoms de l’ancien  testament ?  

Cette protection que ses frères d’Orient lui ont procurée a contribué à détacher l’Occident de ses  racines. Il a questionné Dieu, l’a rejeté, coupant du même coup tout sentiment d’identité de destin  avec ceux toujours en butte à la barbarie que les Anglais et Hollandais n’ont jamais connue, et que  les Français ont oubliée depuis Poitiers, même si, grâce aux Papes et aux Croisades la solidarité avec  l’Orient a subsisté jusqu’à la fin du Moyen Age. 

Vous m’avez écrit : mon dessein est de sauver la France en danger mortel, ensuite, nous viendrons au  secours de nos frères arméniens. 

Or l’Islam attaque sur tous les fronts, en Orient et, fait nouveau, en Occident.. Au lieu de venir au  secours des Arméniens, l’Occident indifférent, lâche ou complice ( voire les 3 à la fois) incite  davantage l’ennemi à vous attaquer au cœur de vos villes car il verra là une preuve supplémentaire  de faiblesse. « Pour l’instant nous réglons définitivement le sort des Arméniens, votre tour viendra  vite car vous nous montrez que vous êtes gangrénés. Certains d’entre vous – la gauche- sont nos  vassaux. Aucun de vos journaux bien-pensants ne s’est exprimé en faveur des agressés, et, signe  ultime, vous avez envoyé une quantité égale de matériel médical aux agressés et aux  agresseurs !!!!! ». Voici le message qu’Erdogan peut envoyer à la France. 

3) Le contre-exemple suisse. 

Vous avez loué à juste titre la réussite économique et la démocratie directe de la Suisse. Allez un peu  plus loin. Voilà un pays qui doit être un non-sens pour votre conception de l’état. Un état fédéral, où les cantons sont quasiment en autogestion, doté de QUATRE langues nationales  où pourtant le sentiment d’appartenance à un même peuple est très fort. A l’évidence, la gabegie bureaucratique centralisée, la pseudo régionalisation qui est une autre gabegie bureaucratique, ne  peuvent pas résoudre les problèmes de la France. 


Mooshegh Abrahamian

mardi 5 octobre 2021

Ardem Patapoutian neurobiologiste, remporte le prix Nobel de médecine 2021

 



Le Libanais-Américain d'origine arménienne,   Ardem Patapoutian neurobiologiste,   remporte le prix Nobel de médecine 2021

Le prix Nobel de physiologie ou de médecine a été décerné lundi à David Julius et Ardem Patapoutian ′′ pour leurs découvertes de récepteurs de température et de touche."

Ardem est également un ancien étudiant de l'université américaine de Beyrouth.


samedi 2 octobre 2021

TORTURE ET DECAPITE - Par Jean Eckian (Journaliste)

 


Voilà ce que fait l'Azerbaïdjan avec la complicité de la Turquie aux jeunes Arméniens !

Le corps de ce soldat a été rendu à sa mère décapité, avec des traces de torture brutale. Il a été emmené comme prisonnier de guerre à Hadrout (Haut Karabakh) en décembre 2021. Il existe une vidéo de ce garçon en train d'être battu parce qu'il refusait de dire "Le Karabakh est l'Azerbaïdjan". Il a été décapité, sa tête n'a pas été rendue/retrouvée. L'Azerbaïdjan détient encore plus de 200 jeunes prisonniers. Ils sont torturés, humiliés, privés de nourriture ! Un nouvel Midnight Express. Et ceci dans le silence mondial ! Où êtes -vous les tenants des démocraties face à ces ignominies ! Nous possédons, je possède des dizaines de vidéos, immontrables, de ces humiliations et décapitations. Bravo la communauté internationale, le pétrole à bon goût ?

jeudi 30 septembre 2021

Mayrig (Hommage à Henri Verneuil)

 

Sur la musique composée par Jean-Claude Petit pour le film Mayrig de Henri Verneuil

 

Soudain, le voile épais est tombé,

Soudain, j’assiste désemparée, 

A la souffrance de tout un peuple

Que son destin a conduit

Hors du pays d’Arménie.

 Après tant de tortures et de guerres

Après bien des souffrances  et des prières,

Ce qui ne paraissait alors que chimères

S’est allumé dans le ciel l’aube d’un nouveau destin !

Enfin, il renaissait de ses cendres

L’oiseau symbole d’immortalité,

Phénix comme ton nom me semble doux

A l’aurore d’un matin qui m’apporte enfin

Un pays.

Demain, nous ferons pousser les grains

Que tous nos ancêtres ont semés,

Alors, riche de tous ces trésors

La jeunesse à l’infini recueillera les fruits

De l’espoir.

 

Dzovinar

 

Le film m’avait profondément bouleversée en même temps qu’il m’apprenait une réalité que Je ne connaissais pas vraiment, et la musique si émouvante de Jean-Claude Petit qui s’adaptait si parfaitement au film, m’avaient donné l’envie d‘écrire un texte qui traduisait mes émotions et  qui me permettait de les chanter .

 

 

dimanche 26 septembre 2021

BRIGITTE BARDOT, une femme hors du commun !

BRIGITTE BARDOT UNE FEMME HORS DU COMMUN !


      Nous disons "aimer les animaux" ? BB le prouve !



Un reportage complet qui ne cache rien ! Tout simplement remarquable ! 

jeudi 23 septembre 2021

Morts ! Où sont vos victoires ? (1)- Denis DONIKIAN

Propos : La double peine du génocide, c’est que le ressassement nuit au vivant et conduit les Arméniens de la diaspora à une forme d’agonie culturelle. Celle-ci est entérinée dans d’autres domaines : ceux de la traduction, de la littérature, mais aussi des écoles. Pour consolider le pays, les écoles de la diaspora sont appelées à donner du sens à la langue et sans négliger l’arménien occidental, enseigner la langue du seul pays où l’arménien se parle. Car alors la fluidité des échanges entre diaspora et Arménie leur sera d’autant plus bénéfique qu’elle leur permettra de survivre.


1 – Le génocide frappe deux fois 

Les effets lointains et pervers du génocide sont indétectables au regard des répercussions plus flagrantes que furent le sang, le deuil et la dispersion. Leur traumatisme fut tel qu’il rendit muets les survivants, intérieurement torturés à l’idée que la sauvagerie et l’inhumanité auxquelles ils venaient d’échapper relevaient de l’indicible. Si les déportés furent jetés à la mort de la plus inhumaine manière qui soit, les rescapés n’avaient d’autre issue que d’enfouir en eux des visions d’horreur, tandis que les criminels subissaient des condamnations factices ou refaisaient surface dans des fonctions honorifiques. Les Arméniens vécurent cinquante ans avec leur mal et leur manque, sans pouvoir combattre l’oubli qui fit suite à leur effacement sur leur propre terre. Mais on peut affirmer qu’après ce demi-siècle de résilience qui a suivi la catastrophe, la diaspora a travaillé sur l’idée qu’il fallait « faire savoir », faire savoir non seulement à tout prix mais aussi faire savoir au monde entier. Chacun se rappelle le fracas avec lequel le génocide de 1915 a fait irruption dans le champ de l’histoire contemporaine et des relations internationales. Les attentats perpétrés par l’ASALA, même s’ils n’ont pas reçu l’approbation des Arméniens, ont allumé la mèche qui devait rendre à la Turquie la monnaie de son impunité. Et si j’en juge par le travail accompli depuis le cinquantenaire du génocide, force est de reconnaître qu’aujourd’hui le monde « sait » et que le caillou du génocide dans la chaussure de la Turquie la fait claudiquer dans ses démarches diplomatiques comme un pays monstrueux n’ayant pas reconnu ses monstruosités historiques et qui, au lieu d’expulser de son esprit ses propres monstres n’a eu de cesse de les recycler pour d’autres génocides.

 

Or, durant les années qui suivirent le génocide, les Arméniens ont subi les affres d’une culture éclatée. Après l’impératif de la survie, vint l’impératif des réparations internes. La reconquête de l’identité impliquait de combler les pertes, même si le substrat social de la langue et de la culture devait rendre cette réappropriation du « nous » on ne peut plus périlleuse. En effet, retrouver les valeurs qui furent fracassées par le génocide impliquait de revenir au temps où elles étaient vivantes. Mais ce redémarrage réparateur supposait donc un retour aux sources. Dans ce cas, le passé prit une dimension primordiale dans l’esprit des rescapés qui, dès lors, furent à la fois dans une vie qui se jouait ici et maintenant et dans une autre dont la réalité s’était perdue et ne persistait que par la mémoire. C’est dire que la culture s’est muée alors en un culte du passé. Ce passé que nul ne voudrait voir mourir et que chaque Arménien idéalise au point de vouloir le ressusciter. La double peine du génocide est là. Après la mort physique, se glisse une mort culturelle dans la mesure où les esprits traumatisés se figent dans une époque révolue. Et alors que leur histoire même évolue sans cesse, les sauveurs de la tradition s’aveuglent sur la nouvelle donne politique et culturelle. Et donc, en diaspora, la nostalgie du passé a pris trop souvent le pas sur le principe de réalité. Le tort des Arméniens est de croire que le retour à leur culture d’avant le génocide est un moyen de se venger de leurs bourreaux qui visaient leur effacement. Au contraire, cette rétroaction en fixant les esprits dans des valeurs archaïques interdit plutôt aux principes de vie d’éclore et de riposter aux ennemis de manière adéquate.

 

Même si l’histoire doit avoir sa place dans la construction d’une nation, pour les Arméniens faire du vivant avec du passé est un piège dans lequel ils se sont aveuglément jetés depuis un siècle. En pansant leurs plaies, ils ont développé à outrance le mémoriel, et dans le même temps ils ont atrophié leur potentiel d’imagination qui pense l’avenir. Leurs bourreaux d’hier savaient-ils que les Arméniens traîneraient comme un boulet le génocide au point qu’il écraserait leur volonté de relèvement et de renouvellement. De fait, chez les Arméniens, le vivant qui explore les possibles, qui ose aller au-delà du crime, qui invente d’authentiques voies de salut fait beaucoup plus peur que le passé confortable, taillable et malléable à merci, pour autant qu’il fût et reste générateur de souffrance et d’humiliation. Ils s’entêtent, quoi qu’ils fassent encore et encore, à s’encrouter dans un mécanisme passif de déshumanisation alors qu’on attendait d’eux qu’ils reconquièrent leur humanité pleine et entière. Ils ont oublié que la tradition enferme l’audace là où la culture invente ces voies nouvelles qui font éclore la vie. En somme, il semblerait que le génocide tue deux fois : une fois par la main des bourreaux, une autre fois par celle des victimes.

Suite :

 2)  Le ressassement contre le vivant.

3)  Traducteurs maltraités, nation trahie.

4) Une  littérature de propagande.

5) Les frigidaires de notre culture.

6) Ecoles : sarcophages de la langue.

7) L’art de hanter les cercueils.

8) Edifier le pays, fluidifier les liens.

 

Il y a 106 ans « Les 40 jours de Musa Dagh » - Jean Eckian (NAM)


Il y a 106 ans au cours du génocide des Arméniens, le 21 septembre, poursuivis par les turcs, 4082 Arméniens, dont près de 3000 d’entre eux sont des femmes et des enfants ou des personnes âgées, ont trouvé refuge vers la fin du mois de juillet dans le massif du Djebel Moussa, au nord de la baie d’Antioche (voir le livre de Frantz Werfel : Les 40 jours de Musa Dagh). 

Sur place ils avaient réussi à maintenir leurs agresseurs jusqu’au début du mois de septembre, mais ensuite par manque de munitions la situation a périclité et il semblait certain qu’ils allaient tomber entre les mains des turcs, quand un croiseur français, la Jeanne d’Arc, commandé par le vice-amiral Louis Dartige du Fournet, alerté par le croiseur Guichen, se rendit immédiatement sur les lieux pour les sauver. Les 4082 Arméniens ont été transférés par les navires de guerre à port-Saïd, où ils ont été chaleureusement accueillis et hébergés dans un camp provisoire.

Sous le statut de réfugiés, ils partirent ensuite aux quatre coins du monde au lendemain de la grande guerre. La France qui avait perdu tant d’hommes ne pu que se féliciter de son généreux geste. Les Arméniens n’ont jamais oublié.

par Jean Eckian le mercredi 22 septembre 2021

© armenews.com 2021 

samedi 18 septembre 2021

THE CITY OF RAS AL-KHAIMAH WAS FOUNDED BY ARMENIANS

  ·Selon Son Altesse Cheikh Dr. Sultan bin Mohammed Al Qasimi, membre du Conseil suprême et souverain de l'émirat de Sharjah, la ville de Ras al-Khaimah était historiquement connue sous le nom de Julfar et a été fondée par des Arméniens qui ont fui la Perse lors de l'invasion mongole.  

Lors d'une émission télévisée, Son Altesse a révélé que : 

« Les chrétiens arméniens ont fui la Perse vers cet endroit appelé Bgelovar qui est maintenant situé à Ras Al Khaimah et a été fondé par des Arméniens »

Il a ensuite ajouté que Julfar était un nom arménien et non arabe. Le souverain a également demandé aux autorités éducatives de modifier les manuels en conséquence.

La déclaration a été publiée sur son site Internet personnel (en arabe) :

Il est intéressant de noter que le Dr Sheikh Sultan bin Mohammed Al Qasimi lors de sa visite en Arménie en 2005 a financé la restauration du monastère Haghartsin du 13ème siècle.


monastère Haghartsin du 13ème siècle.

"En 2005, Son Altesse Royale a visité l'Arménie et a généreusement offert de rénover le complexe lors d'une tournée dans diverses régions arméniennes",

a déclaré Varouj Nerguizian, un homme d'affaires arménien basé à Sharjah qui a conseillé le Dr Sheikh Sultan.

On dit qu'il a fait un don de près de 2 millions USD pour cette occasion. Les travaux de construction comprenaient une nouvelle route jusqu'au monastère pour aider à augmenter le nombre de visiteurs.

« Je ne me souviens de rien de semblable à ce qui s'est passé dans notre histoire qu'un cheikh arabe, un musulman, a aidé à restaurer et à sauver une église chrétienne arménienne. Sans aucun doute, c'est Dieu qui a amené le cheikh à Haghartsine.

dit le prêtre Aristakes Aivazyan.

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