jeudi 29 octobre 2015

Soleil vide -


Ce matin
j'ai assisté à ta naissance
disque radieux.
Une timide lueur sur la ville
s'élargissant doucement
a fait place, enfin
à l'astre du jour
rouge, sur le ciel orangé
teintant la mer
aussitôt
de nuances ocrées.
Oui, le soleil se lève à l'est chaque jour
créant chaque fois le même miracle
qui nous étonne et nous réjouit.
Alors nous t'avons prêté
 toutes sortes de pouvoirs ;
nous t'avons tout d'abord déifié
élevant des prières vers toi 
pour nous assurer tes bonnes grâces.
Pourtant
tu n'es qu'un astre parmi tous les autres
dans un univers qui nous surprend toujours
même si nous avons décrypté 
bien de ses mystères.
J'observe ce matin
avec un autre regard
le spectacle que tu offres ;
il est merveilleux
comme toujours
mais ta magie n'opère plus.
Tu n'es qu'un globe irradiant,
bouillonnant en ton centre,
nécessaire à notre survie.
Rien d'autre.
Ni sentiment, ni humanité
n'émanent de toi
puisque tu ne sais pas que tu existes,
que tu as un rôle à jouer.
Ton destin s'accomplit
jour après jour
dans l'espace
où t'a placé le hasard.
Ton action nous survivra
sans que rien ne vienne l'interrompre
peut-être.
Que de rêveries, que de leurres
tu as enfanté,
toi qui ignores ton existence.
Nous nous sommes épris de toi
comme on s'attache
à une âme généreuse
humaine
toi qui es vide de tout.

J'ai bu ma tasse de café,
grignoté une tartine de pain,
machinalement...
J'attends ma fille
qui se réveille doucement ;
elle ne va pas tarder à me rejoindre.
Elle,
 vivante, généreuse,
pétrie d'amour pour les siens
et plus encore.
Elle est la vraie vie
 et ma seule croyance.
Mon rayon de soleil.

Dzovinar



42, rue des Pâquerettes ... Dzovinar


Les lieux qui gardent à jamais
notre coeur prisonnier
sont ceux de notre enfance.
En les quittant un jour
nous ignorons encore
que les liens invisibles
que nous croyons briser
nous attachent toujours.
Nous pouvons partir
vers d'autres cieux
où nous nous arrêtons
dix ans ... vingt ans ...
pour les quitter à leur tour.
Les traces que nous en gardons
ne sont pas si profondes.
Et nous nous étonnons :
Quoi, je n'ai pas de regret ?
Sans qu'il m'en coûte je m'en vais ?
Ces arbres dans le jardin
qu'avec amour nous avons plantés ?
Effacés, oubliés.
Sans nous retourner, nous les quittons.
Et les murs de la maison,
et les feuillages, et les fleurs ?
Vraiment rien ? Pas une larme ? Non.
Nous n'étions que de passage,
nomades héréditaires.
Ici ou ailleurs nous construisons,
même provisoires, d'autres nids.
Mais sur les lieux de notre enfance
où nous retournons quelquefois
notre coeur ne s'y trompe pas.
Il frémit et bat plus fort
aux souvenirs qui l'assaillent.
Il reconnaît le seul, l'unique abri
qui ait jamais compté pour lui,
qui vaille...

mercredi 28 octobre 2015

"Je vous trouve belle" - Dzovinar


"Je vous trouve belle"

Le temps a passé
et, depuis longtemps déjà,
nulle regard 
ne se pose plus sur vous.
Pourtant,
en vous les désirs
de tendresse, d'amour, d'amitié 
survivent 
quand l'un manque
l'autre prend le relais
on se sent vivre ;
mais il arrive
que l'un et l'autre ensemble manquent 
on vit quand même.
La beauté de la jeunesse
est éphémère, mais
celle qui demeure,
 invisible souvent,
authentique,
toujours nichée
au fond de votre être,
de votre âme, 
est celle
qui transparaît toujours 
malgré le temps 
et, lorsqu'un regard inconnu,
 imprévu,
soudain s'attarde sur vous,
et que ces mots inattendus
résonnent comme une musique
"je vous trouve belle"
c'est d'elle dont il s'agit ;
et l'indicible plaisir éprouvé 
un instant
- ce bain de jouvence
démontre encore
s'il le fallait
que l'on n'existe vraiment
que dans le regard
de l'autre.

Dzovinar






La voie d'Arménag - 46 articles - Article 10 - Nikos Lygeros

Arménag Abrahamian - Nikos Lygeros

La voie d'Arménag

N. Lygeros

La voie d’Arménag
montre aux Pontiques
que désormais il existe
une ouverture réelle
avec l’Arménie occidentale
et qu’ils peuvent à présent
participer activement
à un changement de phase
qui représente l’illustration
des droits des peuples
autochtones à vivre
libres pour continuer
leur histoire ancestrale
malgré le génocide
et les persécutions
qui ont duré des décennies
car l’esprit de résistance
n’a pas flanché
à la pointe des combats
des civilisations
pour que l’Humanité
soit la liberté.

*****
46 articles

N. Lygeros


46 articles
pour créer
le droit
des peuples
autochtones
et pourtant
tu ne les as 
toujours pas lus
alors qu’ils existent
et que tu pourrais
les appliquer
pour poursuivre
ton œuvre
pour le bien
de l’Humanité
car cette richesse 
et cette diversité
représentent
ensemble
une mosaïque
humaine
qu’il faut
protéger
à l’avenir.

*****
Article 10

N. Lygeros

Les peuples 
autochtones
ne peuvent
être enlevés
de force
à leurs terres
aussi ne tente pas
de le faire
en aucune manière
car il s’agit
d’un morceau
de l’Humanité
et pas seulement
d’une société
locale
mais d’un temporel
qui ne s’efface pas
car il a traversé
les siècles
pour continuer
à enrichir
à travers
le temps
l’évolution
des hommes.

*****



Une lettre telle qu'on aurait aimé en écrire une un jour

Une lettre telle qu'on aurait aimé en écrire une un jour


Anais Nin (21 février 1903 – 14 janvier 1977), la dévoreuse d’intellectuels auteure de Venus Erotica, est connue pour sa liaison passionnée et sulfureuse avec Henry Miller qui déchaînera les passions et sera un grand motif d’inspiration pour l’écrivain. La relation que l’on connaît moins fut celle, troublante, qu’elle partagea, alors qu’elle était mariée, avec l’artiste prolifique Antonin Artaud. Selon son Journal, leur première nuit fut un échec, Artaud ne parvenant pas à lui faire l’amour. Il lui avoue prendre trop d’opium, et la somme de partir. Au-delà de cette anecdote à la fois drôle et violente, il reste des lettres, témoignages d’une passion folle et bouleversante.                                                                                   
Nanaqui,                                                                               18 juin 1933.  
 Je voudrais revivre mille fois ce moment sur les quais, et toutes les heures de cette soirée. Je veux sentir encore cette violence et votre douceur, vos menaces, votre despotisme spirituel… toutes les craintes que vous m’inspirez, et les joies si aiguës. Craintes parce que vous attendez tant de moi… l’éternité, l’éternel… Dieu… ces mots… Toutes ces questions que vous m’avez posées. Je répondrai doucement à vos questions. Si j’ai semblé me dérober, c’est uniquement parce qu’il y avait trop à dire. Je sens la vie toujours en cercle, et je ne peux pas détacher un fragment parce qu’il me semble qu’un fragment n’a pas de sens. Mais tout semble se résoudre, se fondre dans l’étreinte, dans la confiance de l’instinct, dans la chaleur et la fusion des corps. Je crois entièrement à ce que nous sentons l’un en face de l’autre, je crois à ce moment où nous avons perdu toute notion de la réalité et de la séparation et de la division entre les êtres. Quand les livres sont tombés, j’ai senti un allègement. Après cela, tout est devenu simple… simple et grand et doux. Le toi qui fait presque mal, tellement il lie… le toi et tout ce que tu m’as dit, j’oublie les mots, j’entends la tendresse et je me souviens que tu as été heureux. Tout le reste ne sont que tortures de nos esprits, les fantômes que nous créons… parce que pour nous l’amour a des répercussions immenses. Il doit créer, il a un sens en profondeur, il contient et dirige tout. Pour nous il a cette importance, d’être mêlé, lié, avec tous les élans et les aspirations… Il a trop d’importance pour nous. Nous le confondons avec la religion, avec la magie.
Pourquoi, avant de nous asseoir au café, as-tu cru que je m’éloignais de toi simplement parce que j’étais légère, joyeuse, souriante un instant ? N’accepterais-tu jamais ces mouvements, ces flottements d’algue ? Nanaqui, il faut que tu croies à l’axe de ma vie, parce que l’expansion de moi est immense, trompeuse, mais ce n’est que les contours… Je voudrais que tu lises mon journal d’enfant pour que tu voies combien j’ai été fidèle à certaines valeurs. Je crois reconnaître toujours les valeurs réelles… par exemple quand je t’ai distingué comme un être royal dans un domaine qui a hanté ma vie.
Nanaqui, ce soir je ne veux pas remuer les idées, je voudrais ta présence. Est-ce qu’il t’arrive de choisir ainsi un moment précieux (notre étreinte sur les quais) et de t’y raccrocher, de fermer les yeux, de le revivre, fixement, comme dans une transe où je ne sens plus la vie présente, rien, rien que ce moment ? Et après, la nuit, la succession de tes gestes, et de tes mots, de la fièvre, de l’inquiétude, un besoin de te revoir, une grande impatience.
( Anaïs Nin, Journal inédit et non expurgé des années 1932-1934, Inceste, Éditions Stock, Collection Biblio, 2002, pp. 268-269. )

mardi 27 octobre 2015

Poèmes - Nikos Lygeros


Châteaux mythiques

N. Lygeros
Traduit du Grec par A.-M. Bras

Tu peux voir
des châteaux mythiques
aussi en Espagne
pour comprendre
que la reconquête
n'a pas été facile
et il fallait que lui précède
une structure de résistance
pour que tiennent 
les fondations
de la foi
quand pendant des siècles
l’occupation
n’a jamais arrêté
le martyre
pour détruire
toutes les traces
mais en vain.

*****
Chaque château

N. Lygeros
Traduit du Grec par A.-M. Bras

Chaque château
a sa beauté
parce qu’il constitue
la trace du temps
dans l’histoire
de l’Humanité
et qu’il a gardé
en lui
les livres
que d’autres
voulaient
brûler
alors qu’ils devaient 
vivre
et être sauvés
comme des innocents
du passé
qui enseignent.

*****
Même si les hommes***

N. Lygeros
Traduit du Grec par A.-M. Bras

Même si les hommes
sont loin de toi
cela ne signifie pas
qu’ils n’ont pas d'humanité
seulement si tu ne le sais pas
tu penses que cela n’a 
aucun rapport
et que le monde entier
se trouve
là où tu es uniquement
tandis que l'Humanité
est ailleurs
et pas seulement
dans une société
que tu n’as pas choisie
pour exister
mais avec l’oeuvre
tu vas découvrir
la vérité.

*****
Le cadre est simple

N. Lygeros

Le cadre est simple
si tu comprends
l’essentiel
avant le champ
grâce à la stratégie
qui transforme
une situation
en une autre
car elle préserve
certaines propriétés
nécessaires
pour l’avenir
de l’histoire
aussi prépare-toi
à la chronostratégie
si tu désires 
réellement
participer au combat
et demeurer
vivant après.

*****

Si tu n'es pas capable

N. Lygeros


Si tu n’es pas capable
de passer outre
les lignes de démarcation
comment comptes-tu
nous prouver
que tu pourras 
transcender tes limites
pour combattre
la barbarie
au moment où
cela sera nécessaire
pour sauver
des innocents
que tu ne connais pas
car si tu es Juste
tu n’as pas besoin
de le savoir
pour les aider
à lutter
contre l’envahisseur.

*****
Le respect

N. Lygeros


Le respect
que provoque
un roi
même mort
ne provient pas 
de son rang
mais de sa capacité
à analyser
le monde
pour aider
les siens
grâce aux actes 
et non aux mots
car ceux-là
ne suffisent pas
à changer
le monde
pour sauver
les plus démunis
du malheur.

*****
Attaque à distance. (avec K. Katsios)

N. Lygeros

Au-dessus des îles
tu peux apercevoir
qu’elles fonctionnent
comme des fortifications
en pleine mer
grâce à leur structure
aussi ne les prends pas
pour des faiblesses
mais tente plutôt
d’imaginer au contraire
que c’est grâce à elles
que nous sommes libres
malgré les invasions
et les occupations
des ennemis
car au final
nous avons réussi
à reprendre le dessus
grâce à l’esprit 
de résistance
de ces solitaires.

*****



La puissance du bleu***

N. Lygeros


La puissance du bleu
tu peux la voir en mer
lorsque tu voles
comme les oiseaux
pour contempler
le paysage des vagues
et découvrir
la dynamique
des courants marins
qui ne cessent
de transformer
la terre ancestrale
et ses contours
pour créer
les magnifiques côtes
qui se dessinent
grâce à l’œuvre
artistique
de la couleur
qui ne dénature pas
les autres.

*****

La vision des capucines**

N. Lygeros

La vision des capucines
nous enchante
en plein automne
car leurs couleurs
ne s’assombrissent pas
malgré le temps
et ne cessent
de nous rappeler
la beauté
de la nature
toujours indépendante 
des mouvements 
de la foule
car elle poursuit
toujours
le chemin
de la vérité
grâce à des hommes
et des femmes
qui admirent
le temps
d’une découverte
même si elle est
éphémère
car ils n’oublient pas.

*****
Le retour des cyclamens**

N. Lygeros


Le retour des cyclamens
montre habilement 
que la résurrection
est possible
pour ceux qui voient
et qui luttent
pour sauver
le monde
ainsi ils retrouvent
les orchidées
éternelles
mais aussi
les immortelles
à côté 
des tableaux
du désert
qui souffrent
dans le temps 
comme pour rappeler
aux hommes
l'autre table
d'antan
en face
du plateau de cuivre
et du tapis.

*****

Le tableau du désert**

N. Lygeros


Le tableau du désert
est un hommage
à la chaleur
du sirocco
qui a marqué 
notre histoire
mais aussi
un retour 
aux sources
comme l’homme
de l’oasis
qui retrouve
sa terre
grâce à l’eau
qui fait
vivre 
l’humanité
tel un phare
dans la nuit
un soleil 
dans les nuages
que tu devines 
sans voir
mais qui
te nourrit.

*****
La fée sur la feuille

N. Lygeros


La fée sur la feuille
se fait verte
comme l’absinthe
de Vincent
Van Gogh
et déjà 
tu imagines
le sucre
en train 
de fondre
en ne laissant
comme trace
que son essence
dans le verre
où elle apparaîtrait
à nouveau
juste pour 
t’initier
au plaisir
d’un savoir 
ancestral
que d’autres
ont oublié.

*****
Tu es là ? **

N. Lygeros
Traduit du Grec par A.-M. Bras


- Tu es là ?
- Toujours.
- Je sais.
- Alors?
- Pour que tu saches.
- Quoi?
- Que je pense à toi
- Je le sais!
- Et pourtant ...
- Quoi?
- Je me demande.
- Parfois.
- Lorsque je ne demande rien.
- Et que je n'écoute pas.
- Ma voix ...
- La trace.
- De l’existence?
- De la vie.
- Que nous partageons ...
- Que nous distribuons ...
- Avec les autres.
- Pas seulement.
- Avec les autres autres.
- Et avec nous.

*****
La nécessité

N. Lygeros
Traduit du Grec par A.-M. Bras


La nécessité
est au-delà
des cadeaux
parce qu’il ne peut en être
autrement
sinon
elle ne pourrait 
les recevoir
ni en faire
à cause de la limitation
mais dans ce cas
comment aider
l’Humanité
alors que celle-ci
ne sait que
demander
des cadeaux
et des miracles
de ceux
qui la servent
depuis mille
ans
où qu’ils soient
puisqu’il sont nés
pour cela.

*****
La force du soleil

N. Lygeros
Traduit du Grec par A.-M. Bras


La force du soleil
brûle les ombres
de la misère
de la société
car celles-ci
ne peuvent supporter
la vérité
et parce qu’elle
ne craint pas
le croissant
et suit
inéluctablement
le cours
de l’hellénisme
au cours du Temps
pour aider
à l’évolution
de l’Humanité
avec la protection
qu’elle procure
aux hommes
qui veulent
vivre
libres.

*****