lundi 30 novembre 2020

Nathalie Krikorian-Duronsoy

 Nathalie Krikorian-Duronsoy

Bis repetita, l’histoire se répète. Une fois encore les Arméniens, dans une guerre menée par les Azéris d’Azerbaïdjan, et télécommandée par Erdogan, sont massacrés par des Turcs et chassés de leurs terres ancestrales. Une fois encore ils sont abandonnés aux mains de milices sanguinaires, hier des Kurdes, aujourd’hui des terroristes djihadistes syriens. Une fois encore les règles du droit international sont bafouées, et ni l’ONU, ni les ONG ne sont venues au secours de l’Arménie. Une fois encore les gouvernements des grandes puissances occidentales, telles des autruches, ont baissé la tête.

Un siècle après le génocide de 1915, l’Arménie subit un lourd bilan culturel et humain.

Le président turc, et islamiste galvanisé par la situation de crise politique aux Etats-Unis, économique et sanitaire en Europe, suit son rêve de re-créer un Empire Ottoman (1299 à 1923). La lâcheté du monde est immense face à ce projet qui place de facto et symboliquement les Arméniens du Haut-Karabakh dans la pire des situations.

Car au milieu du sacrifice de milliers d’hommes - parmi lesquels beaucoup avaient à peine vingt ans- des exactions immondes commises contre des civils, hommes, femmes, enfants, c’est la civilisation occidentale qui est visée. Désormais atteinte, à travers l’Arménie, dans ce qu’elle a de plus précieux, ses origines intellectuelles et morales et ses fondements philosophiques.

Par-delà les dépêches journalistiques et parfois des informations tronquées ou parcellaires, pour comprendre la réalité de ce qui se passe sur ce territoire, il faut rappeler quelques faits historiques.

Concrètement, durant la période dite soviétique (1922-1991) le Haut-Karabakh (4 388 km2) ou république d’Artsakh, région culturellement autonome de l’ex-URSS, était peuplée à 95% d’Arméniens. En 1923, l’Artsakh est arbitrairement rattaché à la République soviétique d’Azerbaïdjan. Depuis la dissolution de l’Union soviétique ce territoire arménien lutte pour un rattachement officiel à l’Arménie actuelle. Son indépendance déclarée le 2 septembre 1991 n’a pas été reconnue par les états membres de l’ONU.

Née en 190 avant J.C., habitée depuis la préhistoire, l’Arménie est au cours de sa longue histoire entourée d’autres peuples qui en font la conquête (Perses, Romains, Arabes, Persans). C’est une terre de convoitises qui passe sous domination ottomane au XVI ème siècle.

De 1375 à 1918, l’Arménie n’a donc pas d’état libre et pourtant les Arméniens persistent à exister en tant que peuple, solidement uni autour d’un idéal national fondé sur sa culture, son écriture, sa langue et sa religion chrétienne grégorienne.

Parallèlement, l’acte de naissance de l’Azerbaïdjan date de 1918, au sortir de la deuxième guerre mondiale, et seulement trois ans après que l’Empire Ottoman en ait annexé les territoires, en 1915. C’est l'époque où un parti nationaliste turc, le Comité Union et Progrès (1889-1918) composé de jeunes Turcs, renverse le Sultan Abdülhamid II, prend le pouvoir, et planifie le génocide de 2 à 3 millions d’Arméniens, avec pour objectif de turquifier l’Anatolie - un million cinq cent mille Arméniens seront exécutés, les femmes, les vieillards et les enfants déportés dans le désert pour qu’ils y meurent.

Engagée aux côtés de l’Allemagne la Turquie fera partie des perdants de la deuxième guerre mondiale. Les Alliés et la Russie se partagent les territoires de l’Asie Mineure.

La Turquie moderne actuelle, date du Traité de Lausanne, signé en 1923 par le nouveau sultan Moustafa Kémal (Atatürk) avec les Alliés. Initialement, le Traité de Sèvres (1920) qui ne sera jamais appliqué prévoyait la création d'une Grande Arménie indépendante regroupant les territoires arméniens de Russie, et du Nord-Est de la Turquie actuelle. A l’origine, les territoires de l’Artsakh constituaient la 10ème Province de la Grande Arménie.

Aujourd’hui, dans le contexte international gangréné par le terrorisme islamiste, les turco-azéris massacrent, pillent et chassent les Arméniens qu’ils appellent « des chiens ». La guerre de l’Azerbaïdjan contre le Haut-Karabakh, initiée et contrôlée par la Turquie d’Erdogan, envoie un signal fort aux pays occidentaux.

Un signal hautement symbolique du même type que la mise en scène de cette ré-appropriation turque de la basilique chrétienne de Sainte-Sophie à Istambul. En 1934 Atatürk l’avait transformée en musée pour « l’offrir à l’humanité » en gage de sa volonté de laïciser la nation turque. La mise en scène de sa ré-islamisation par Erdogan est un message à tous les musulmans, et un camouflet terrible pour le monde occidental. Il marque l’acte fondateur d’une politique de rupture d’Erdogan avec les puissances Alliées et les instances internationales, dont le but est précisément de garantir la paix dans le monde.

Emmanuel Macron par la voie de son ministre des affaires étrangères, Jean-Yves le Drian, déshonore la France en déclarant que « le quai d’Orsay resterait neutre face à l’agression des forces turco-azerbaidjanaises épaulées par des centaines de djihadistes ». Une situation qui n’est pas sans rappeler, dans une certaine mesure, l’attitude de l’Europe face au rattachement forcé de l’Autriche par le régime nazi en 1938. L’Anschluss eut en effet pour conséquence essentielle de prouver à Hitler la faiblesse des démocraties occidentales. Comme l’écrit avec justesse Valérie Toranian, dans la Revue des Deux Mondes qu’elle dirige : « Rester neutre c’est déjà choisir son camp. C’est ne rien saisir aux enjeux. Entre la décapitation de Samuel Paty et l’extermination des derniers Arméniens du Haut-Karabakh, c’est le même fil rouge : la reconquête islamiste face à une civilisation qui résiste. Avec Erdogan en leader de cette reconquête. ».

S’agissant de cette nouvelle idéologie théocratique qui charrie les stigmates d’un nouveau totalitarisme, le parallèle entre le nazisme et l’islamisme, apparait d’autant plus réaliste si on regarde de près le rôle des Loups gris (organisation armée et ultra-nationaliste, son nom date de 1950, son origine remonte à Atatürk) auprès des communautés turques de l’étranger.

L’utilisation par la Turquie d’Erdogan de cette organisation a quelques similitudes avec la décision d’Hitler de prendre le contrôle sur les organisations des Allemands de l’étranger, afin d'y diffuser son idéologie nazie dès le mois d’octobre 1933.

Fin octobre, les pogroms anti-Arméniens menés par les Loups gris à Vienne et Décines et leurs manifestations violentes à Lyon Dijon et Nice, confirment aussi la réalité d’un lien de causalité idéologique entre les buts diplomatiques de l’expansionnisme islamo-nationaliste d’Erdogan et les ravages du terrorisme islamiste dans le monde, et d’abord en France.

L’horrible décapitation de Samuel Paty diffuse un message symbolique qu’il s’agit de prendre au premier degré. La barbarie de la décapitation était et est encore une pratique courante dans les guerres conduites par le fanatisme musulman. Les photographies de l’époque l’attestent, durant le génocide des Arméniens, en 1915, les Ottomans ont construit d’immenses murs avec les têtes de leurs ennemis chrétiens empilées les unes sur les autres. Le fait de décapiter son ennemi signale la volonté du tortionnaire, non seulement de lui prendre la vie, mais surtout le désir d’éradiquer ce que son existence même signifie, ce dont son existence même témoigne : une famille, une lignée, un pays, une nation, une culture, une religion, et donc une civilisation.

Nous sommes face à une guerre de civilisation de l’islamisme contre l’Occident moderne à laquelle Erdogan participe d’autant plus qu’il y a trouvé des appuis pour mener à bien ses conquêtes territoriales à visée panturquiste.

Sur un plan moral, les Arméniens ne se réduisent pas à « une question » posée par les islamistes turcs, ayant affirmé vouloir « finir le travail », tenaillés par la haine et souhaitant y répondre par la solution finale qu’est le génocide. Après avoir exécuté un millions et demi d’Arméniens et s’être approprié leurs terres, l’Empire Ottoman de 1915 a à ce jour échoué à éliminer les Arméniens, et l’Arménie. La Turquie qui a toujours refusé de reconnaître son crime, n’en finit pas de se heurter à la volonté farouche d’exister de « grand petit peuple », comme l’appelle Michel Onfray.

Nichée au coeur de sa foi chrétienne, de ses coutumes et de ses valeurs humanistes, l’identité arménienne se perpétue par delà les siècles. Fondée sur une langue, un alphabet et sa croyance en une seule nature du Christ, incarnation de l’amour de Dieu en l’Homme, et du caractère sacré de l’humanité. La dette de l’Europe et de l’Occident envers le judéo-christianisme, dans lequel notre monde puise ses fondements philosophiques, est immense. L’existence du peuple arménien, manifestant l’origine historique et philosophique la plus lointaine de notre civilisation humaniste et universaliste, mérite et impose d’être protégée.

samedi 28 novembre 2020

RESISTANCE ! Dzovinar

RESISTANCE !

 Arméniens du monde, de la DIASPORA, TOUS PARTIS CONFONDUS, nous avons un rôle important à jouer ! PARLONS D'UNE SEULE VOIX ! Ne croyez pas tous les discours défaitistes ! Gardez confiance et battez-vous ! Faites savoir que vous voulez garder l'Artsakh, que vous faites confiance à ceux qui militent pour ça (il y a des soutiens importants) - C'EST INDISPENSABLE ! Les discours défaitistes n'apportent rien qu'une joie sadique à nos ennemis ! MONTREZ que vous croyez en l'Artsakh - Faites le savoir en Arménie, en Artsakh si vous avez des amis ou de la famille là bas - mettez des vidéos de nos magnifiques chants patriotiques, montrez combien nous y croyons  ! 

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ԱՇԽԱՐՀԻ ՀԱՅԵՐ,ՍՓՅՈՒՌՔԻ հայեր,  ԲՈԼՈՐՍ ՄԻԱՍԻՆ 

մենք շատ կարևոր դեր ունենք.

ԱՍԵՆՔ ՄԻԱՁԱՅՆ. 

Մի հավատացեք պարտվողական բոլոր խոսակցություններին: Մնացեք ինքնավստահ և պայքարեք: Մարդկանց տեղեկացրեք, որ դուք ուզում եք պահել Արցախը, որ վստահում եք նրանց ովքեր պատերազմում են դրա համար, (կան շատ կարևոր աջակիցներ)։ ՍԱ ՇԱՏ ԿԱՐևՈՐ Է և ԱՆՀՐԱԺԵՇՏ։

Պարտվողական ելույթները մեր թշնամիներին բացի սադիստական ​​ուրախությունից այլ բան չեն բերում: ՑՈՒՅՑ ՏՎԵՔ, որ հավատում եք Արցախին - Թող մարդիկ իմանան Հայաստանում, Արցախում, եթե այնտեղ ընկերներ կամ ընտանիք ունեք - տեղադրեք մեր հիանալի հայրենասիրական երգերի տեսանյութեր, ցույց տվեք, թե որքանով ենք մենք դրան հավատում:

(Traduction : Sona Khatchatrian) -

 

KOHAR With Stars of Armenia - Zartir Lao/Araratn Araj | ԳՈՀԱՐ - Զարթիր Լաո/Արարատն Առաջ (Réveillez-vous Lao / Ararat en avant !)

Le district Fuzuli en Artsakh - Nikos Lygeros

Le district Fuzuli en Artsakh

Ν. Lygeros

 28 novembre 2020 


Lorsque nous parlons de certains districts que les Azéris veulent arracher à l’Artsakh, nous oublions de présenter la réalité du terrain. Nous ne mentionnons pas systématiquement qu’il s’agit de districts sanctuarisés afin de servir de bouclier à une tentative d’invasion. En d’autres termes, ce sont des territoires vides comme par exemple le district Fuzuli. La propagande azérie parle de repeuplement, mais évite de dire que cela est tout simplement impossible car ces terrains sont minés. Il faudra d’abord les déminer, créer des infrastructures, construire des logements et engendrer de l’activité économique. Aussi il ne s’agit aucunement d’une terre prête à recevoir les Azéris. Ce n’est donc pas la peine de s’alarmer et continuons à lutter contre la barbarie azérie. Le combat doit continuer et nous ne devons rien abandonner. Le terrain lui-même ne permet pas une exploitation rapide. Il est donc opportun de valoriser ce point au lieu de nous lamenter inutilement. La nature même de l’Artsakh et son système de protection représente un immense atout pour l’Arménité.


vendredi 27 novembre 2020

Albert Hovhannisyan - N. Lygeros


 Albert Hovhannisyan

N. Lygeros


Albert Hovhannisyan

n’a jamais abandonné

le combat contre la barbarie

des Azéris et des Turcs

aussi il représente désormais

un exemple de la résistance

pour le peuple arménien.

Notre devoir envers lui

c’est de continuer à lutter

car cet héros mort

qui va être décoré

à titre posthume

désire l’Artsakh libre.


 

jeudi 26 novembre 2020

Le rôle de l’État hébreu dans les coulisses de la crise Arménienne - par le général (2S) Dominique Delawarde

 Le rôle de l’État hébreu dans les coulisses de la                             crise Arménienne

par le général (2S) Dominique Delawarde  - 15 octobre 2020

Les médias mainstream occidentaux ont beaucoup insisté sur le rôle majeur et indéniable de la Turquie dans la crise opposant l'Arménie à l'Azerbaïdjan, mais ils sont restés extrêmement et étonnamment discrets, voire silencieux sur le rôle tout aussi important, joué, en coulisse, par Israël, et sur son positionnement dans cette affaire.

Ce rôle n'a pourtant pas pu échapper à un géopoliticien ou à un observateur averti.

Il y a, bien sûr, les discrètes navettes aériennes entre Tel Aviv et Bakou qui, au début d'octobre, ne transportaient pas des oranges, mais de l'armement sophistiqué (notamment des drones et des missiles). Une part non négligeable de l'armement azéri est d'origine israélienne. Il faut rappeler que l'Azerbaïdjan est le premier pourvoyeur de pétrole d'Israël et lui fournit 40% de ses besoins. Ceci suffirait presque à expliquer l'alliance de fait, entre les deux pays, alliance basée sur une sorte d'échange «pétrole contre armement».

https://www.jpost.com/israel-news/video-shows-azerbaijan-using-israeli-lora-missile-in-conflict-with-armenia-644327

Il y a la relative discrétion des chancelleries et des médias occidentaux - dont on sait qui les contrôle - sur l'ingérence ouverte de la Turquie, pays membre de l'OTAN, contre l'Arménie, pays membre de l'OTSC (Organisation du Traité de Sécurité Collective) aux côtés de la Russie. La coalition occidentale a bien protesté du bout des lèvres; elle a bien appelé «à la retenue» et au «cessez le feu», mais elle a laissé faire la Turquie sans vraiment dénoncer son impérialisme islamiste, désormais tous azimuts (Syrie, Irak, Libye, Méditerranée orientale, Caucase).

Il y a encore la prise de position officielle de Zelenski, premier président juif d'Ukraine, en faveur de l'Azerbaïdjan, et contre l'Arménie. Ce président aurait certainement été plus discret dans son soutien si l'Azerbaïdjan avait été hostile à l'état hébreu.

Il y a enfin cette déclaration de Georges Malbrunot, grand reporter au Figaro qui nous apprend dans un tweet:

 Georges Malbrunot  @Malbrunot

Conflit au Nagorny-Karabakh: au-delà de la station du Mossad basée en Azerbaïdjan pour espionner l'Iran et de la livraison de matériels militaires à Bakou, Israël entraîne les forces de sécurité azéris, confie un diplomate européen, qui fut basé en Azerbaïdjan.

 Mais pourquoi l’État hébreu se distingue-t-il aujourd'hui, par sa présence et son action dans cette région du monde aux côtés de la Turquie, de l'Azerbaïdjan et du djihadisme islamiste?

Avant de tenter de répondre à cette question, il faut se rappeler que l'activisme d'Israël sur la scène internationale n'est pas que régional, mais mondial. Il peut être direct ou indirect. Son empreinte est souvent perceptible et parfaitement identifiable dans la politique étrangère des grands pays occidentaux (USA, UK, FR, Canada, Australie), mais elle l'est aussi dans presque tous les grands événements qui ont affecté l'évolution géopolitique mondiale des dernières décennies: (guerres au Proche et Moyen-Orient, révolutions colorées et/ou changement de pouvoir (ou tentatives) notamment en Amérique du Sud (Brésil, Bolivie, Venezuela, Colombie, Équateur) mais aussi en Europe (Maïdan …) et en Afrique du Nord (printemps arabes, hirak algérien). A noter aussi l'ingérence plus ou moins ouverte dans les élections des grands pays de la coalition occidentale (USA, FR, UK, Canada, Australie) par des financements généreux de sa diaspora visant à promouvoir les candidats qui lui sont favorables et à détruire ceux qui ne le sont pas.

Cet activisme pro-israélien s'exerce par le biais d'une diaspora riche, puissante et organisée. Cette diaspora collectionne les postes d'influence et de pouvoir, plus ou moins «achetés» au fil du temps et des circonstances, au sein des appareils d’État, au sein des médias mainstream, au sein des institutions financières et des GAFAM qu'elle contrôle. Le Mossad n'est pas en reste et fonde l'efficacité de son action sur le système des sayanims, parfaitement décrit par Jacob Cohen dans sa conférence de Lyon. https://www.youtube.com/watch?v=2FYAHjkTyKU

L'action de ces relais et soutiens vise à défendre et à promouvoir les intérêts directs et indirects de l’État hébreu sur la planète entière et à élargir le cercle des pays et des gouvernances qui le soutiennent. Elle vise aussi à affaiblir celles et ceux qui lui sont opposés. Elle est tenace, efficace et s'inscrit dans la durée.

Pour gagner, l’État hébreu, comme le fait aussi très bien l'OTAN, n'hésite jamais à faire des alliances de circonstance, limitées dans l'espace et dans le temps, avec tel ou tel de ses adversaires (Turquie et djihadistes en Syrie par exemple). Ses actions sont souvent «préméditées», «concoctées» et «coordonnées» avec ses correspondants «néoconservateurs» de Washington. Comme partout ailleurs le mensonge d’État et la duplicité sont monnaies courantes... Pourquoi susciter et/ou mettre de l'huile sur le feu dans un conflit entre l'Azerbaïdjan et l'Arménie et pourquoi maintenant ?

 Trois grands pays de la région, la Russie, la Turquie et l'Iran, sont directement concernés par ce conflit et par ses conséquences potentielles, parce qu'ils sont frontaliers avec l'une des deux parties en conflit, et parfois les deux. Israël, pour sa part, n'est qu'indirectement concerné, mais l'est tout de même, nous le verrons.


Par ailleurs, cette région du Caucase est également une «zone de friction» entre des alliances qui ne s'apprécient pas vraiment: La coalition occidentale et l'OTAN dont la Turquie et Israël jouent la partition, l'OTSC (Organisation du Traité de Sécurité Collective) dont la Russie et l'Arménie sont membres, et l'OCS (Organisation de Coopération de Shangaï) à laquelle la Russie et l'Iran sont liés (pour l'Iran, comme membre observateur et aspirant candidat depuis 15 ans).


Pour compliquer le tout, le premier ministre arménien en fonction, Nikol Pashinyan, a cru bon de devoir afficher sa préférence pour l'Occident dès sa prise de fonction et de prendre ses distances avec Moscou, ce qui met son pays en position délicate pour réclamer aujourd'hui l'aide de la Russie.

Le déclenchement de la crise actuelle est, selon moi, une opération qui dépasse largement le cadre étroit d'un conflit territorial entre l'Azerbaïdjan et l'Arménie. Il s'agit d'une opération de plus - après Maïdan en Ukraine, après la tentative de révolution colorée en Biélorussie et après les affaires Skripal et Navalny - visant à mettre la pression sur la Russie, mais aussi sur l'Iran, en les mettant dans l'embarras, voire, en les poussant à la faute.

Il est clair que toute intervention rapide et musclée de la Russie dans ce conflit aurait été immédiatement condamnée par la «communauté internationale autoproclamée» - c'est à dire par l'OTAN - et suivie de l'habituel train de sanctions anti-russes, par les USA, servilement suivis par ses vassaux européens. Il ne faut pas oublier qu'aujourd'hui, mettre un terme au gazoduc North Stream II reste un objectif majeur pour les USA……

L'absence d'une ferme réaction des occidentaux dans la crise du Caucase est, en elle-même, révélatrice sur quatre points:

1 – La défense de l'Arménie n'est pas une priorité pour la coalition occidentale. Monsieur Nikol Pashinyan, premier ministre arménien, s'est donc trompé de cheval en misant sur l'Occident pour la défense de son pays. La coalition occidentale laisse souvent tomber ses alliés de circonstance comme ils l'ont fait pour les Kurdes en Syrie …..

2 – En atermoyant et en laissant venir une réaction russe qu'elle espère pouvoir sanctionner en mettant définitivement fin au North Stream II, la coalition occidentale montre, une fois de plus, sa duplicité et son cynisme. Peu lui importe l'Arménie …..

3 – En créant un foyer d'infection djihadiste aux frontières de la Russie et de l'Iran, la coalition israélo-occidentale montre, une fois de plus, qu'elle est prête à pactiser avec le diable et à l'instrumentaliser pour parvenir à ses fins, en l'occurrence l'affaiblissement de ses adversaires russes et iraniens.

4 – En laissant agir la Turquie et Israël sans réaction, la coalition occidentale reconnaît implicitement, derrière des discours trompeurs, que ces deux pays agissent à son profit.

Le quotidien israélien «The Jerusalem Post» a abordé dans un article récent les affrontements entre l’Azerbaïdjan et l’Arménie non sans laisser éclater la joie israélienne de voir le Caucase devenir un nouveau foyer de crise potentiellement susceptible d'avoir un impact considérable sur le Moyen-Orient. L'impact recherché par Israël est toujours le même: alléger les pressions et les actions iraniennes et russes sur le théâtre syrien en ouvrant un «nouveau front de préoccupations» aux frontières de ces deux pays.

En conclusion, quatre points méritent d'être soulignés, à ce stade de la crise,

1 – Monsieur Pashinyan, premier ministre arménien, a fait une erreur d'appréciation en misant sur un camp occidental qui s'avère moins fiable que prévu pour défendre l'intérêt de son pays. Il devra, peut être, in fine, faire des concessions douloureuses et pourrait bien y perdre son emploi lors des prochaines élections.

2 – Monsieur Aliyev, président d'un Azerbaïdjan majoritairement chiite, regrettera peut être un jour d'avoir introduit sur son sol des djihadistes sunnites pour combattre l'Arménie. Il regrettera peut-être aussi l'instrumentalisation dont il est l'objet par la Turquie et Israël, chevaux de Troie de l'OTAN. Ses voisins russes et iraniens ne lui pardonneront pas facilement…..

3 – La Russie, dont la gouvernance et la diplomatie ne sont pas nées de la dernière pluie, n'est toujours pas tombée, tête baissée, dans le piège de l'intervention immédiate et musclée qui pourrait, après la tragi-comédie «Navalny», sonner le glas du North Stream II.

Elle interviendra, tôt ou tard, lorsque le bon moment sera venu. Les différents protagonistes directs et indirects ne perdront rien pour attendre.

4 - Israël et l'Occident otanien auront-ils gagné quelque chose à poursuivre leurs actions de harcèlement aux frontières de la Russie et de l'Iran en instrumentalisant l'Azerbaïdjan et en cherchant à détacher l'Arménie de l'OTSC dans le cadre de la stratégie d'extension à l'Est qu'ils poursuivent depuis trente ans ? Rien n'est moins sûr. L'avenir nous le dira.

Quant à la solution du problème territorial, source du conflit déclenché par l'Azerbaïdjan contre l'Arménie, elle réside probablement dans l'application de l'article 8 du Décalogue de l’Acte final d’Helsinki voté le 1er août 1975 qui régit les relations internationales entre les états participants. Cet article évoque clairement «le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes».

Lorsqu’une volonté de quitter un ensemble étatique est validé par un, voire plusieurs référendums à plus de 90%, et lorsque cette sécession a été effective durant 34 ans, sans conflit majeur - ce qui est le cas pour la république d'Artsakh (Haut-Karabakh)-, il semble légitime que la communauté internationale puisse prendre en compte la volonté des peuples et d’accepter de reconnaître ce fait en dotant ces nouveaux états d’une structure juridique particulière leur garantissant une paix sous protection internationale.

On me rétorquera que l'article 3 du même décalogue d'Helsinki rappelle l'intangibilité des frontières. Il s'agira donc, pour la communauté internationale, de déterminer si le droit des peuples à disposer d'eux même doit primer, ou non, sur l'intangibilité des frontières, après 34 ans de séparation totale et effective de vie commune entre deux parties d'un même état.

Cette décision, lorsqu'elle sera prise, ne devrait pas être sans conséquences jurisprudentielles sur le futur du Kosovo, de la Crimée, ou de la Palestine occupée……

Pour ceux qui souhaitent élargir et diversifier leurs connaissances sur ce sujet sensible, je suggère la lecture de deux articles intéressants:

- un article de Jean Pierre Arrignon, historien byzantiniste et spécialiste de la Russie

https://blogjparrignon.net/asc2i/la-guerre-du-nagornii-karabakh/

- un éditorial d'Eric Denécé, patron du CF2R (Centre Français de Recherche sur le Renseignement sous le titre: «Le conflit Arménie/Azerbaïdjan au Haut-Karabakh relancé par la Turquie».

https://cf2r.org/editorial/le-conflit-armenie-azerbaidjan-au-haut-karabakh-relance-par-laturquie/

“Analyse stratégique de l’avenir de l’Artsakh-Arménie”. - Préambule par Ovanes GARIBIAN

N. Lygeros - e-Conférence : 

“Analyse stratégique de l’avenir de l’Artsakh-Arménie”.

 Action Militante Lyon Arménie.

24 Novembre 2020

"L'heure n'est plus à pleurer notre patrie perdue car elle n'est pas encore perdue et d'ailleurs il n'a jamais servi de pleurer sur son sort. Bien au contraire, relevons la tête et retroussons les manches, la lutte du peuple arménien est à un moment crucial de son histoire. Alors aujourd'hui, vous êtes face à un choix: avoir peur de perdre votre patrie ou agir pour ne pas la perdre. Propagez autour de vous cette affirmation : les arméniens refusent l'anéantissement de leur nation !"

Action Militante Lyon Arménie

Ce 24 novembre 2020, nous étions une centaine pour suivre l'analyse stratégique de l'Artsakh-Arménie par Nikos Lygeros, professeur de stratégie et spécialiste de la cause arménienne. Cette conférence nous a fort enrichi et nous a permis d'établir deux constats indéniables :

 - nous avons perdu une bataille mais nous n'avons pas perdu la guerre,

 - en ce moment même, plusieurs combats décisifs se déroulent pour la protection de notre nation.

Nous avons collectivement perdu notre dernière bataille ce qui permet aujourd'hui à la Turquie et l'Azerbaïdjan d'être en position d'obtenir prochainement un corridor qui va lier physiquement la Turquie et l'Azerbaïdjan. Alors le rêve pan turque sera réalisé et notre nation sera anéantie. Ne soyons pas dupes, l'objectif premier de cette guerre orchestré par Erdogan et Aliyev était l'obtention de ce corridor. Après avoir obtenu un corridor, ils en voudront un second. Après le second, ils leur faudra administrer une région. Après avoir administré une partie de la république d'Arménie, la Turquie et l'Azerbaïdjan voudront un passage au nord. Et ensuite ? Nous vous laissons imaginer … 

Hier nous étions 100 à suivre la conférence, si chacun d'entre nous diffuse cette dernière à 10 personnes, nous serons 1000 à agir. Vous pourrez leur demander, à leur tour, de diffuser cette conférence à 10 autres personnes et nous serons alors 10 000, ainsi de suite …

L'heure n'est plus à pleurer notre patrie perdue car elle n'est pas encore perdue et d'ailleurs il n'a jamais servi de pleurer sur son sort. Bien au contraire, relevons la tête et retroussons les manches, la lutte du peuple arménien est à un moment crucial de son histoire. Alors aujourd'hui, vous êtes face à un choix: avoir peur de perdre votre patrie ou agir pour ne pas la perdre. Propagez autour de vous cette affirmation : les arméniens refusent l'anéantissement de leur nation !

 Ovanes Garibian

Partie I



https://www.youtube.com/watch?v=smGXoi8rgLA&t=4s

Partie II

https://www.youtube.com/watch?v=SLqLfOLrwLg 


samedi 21 novembre 2020

Conflit de l'Artsakh - tribune du Figaro Vox

Conflit de l'Artsakh - tribune du Figaro Vox  -  

L’Europe occidentale, éprise de liberté avec ses valeurs humaines, démocratiques, a de fait ses frontières aux confins caucasiens de l’Arménie géographiquement lointains mais au cœur si intellectuellement, si culturellement, si identitairement proches d’elle.

La France s’est trouvée un peu isolée dans son soutien. Restons attentifs aux conséquences de ces évènements, tout comme les 40 écrivains qui soutiennent cette tribune. CG 

«Les Arméniens du Haut-Karabagh luttent pour leur survie: la France doit les aider!»

FIGAROVOX/TRIBUNE - Plus de 40 auteurs - dont Stéphane Bern, Françoise Chandernagor, Xavier Darcos, Franck Ferrand, David Foenkinos, Yann Keffelec, Erik Orsenna, Patrick Poivre d’Arvor- implorent Emmanuel Macron d’aider les Arméniens du Haut-Karabagh, très menacés par l’offensive militaire de Bakou soutenue par Erdogan. 

Par Tribune collective

Publié le 30 octobre 2020 à 19:52, mis à jour le 30 octobre 2020 à 19:52

Marche organisée par le Conseil de coopération des arméniens de France (CCAF) pour demander la reconnaissance de la République d’Artsakh/Haut-Karabagh, à Paris, le 25 octobre. François Bouchon / Le Figaro

Tandis que, sidérés, indignés et bouleversés par l’assassinat effroyable d’un professeur, puis ceux perpétrés dans cette église à Nice, les Françaises et les Français s’interrogent sur les ressorts de cette barbarie et les moyens d’y mettre fin, un autre drame se joue à 3500 kilomètres de chez nous, où la même barbarie est en action.

Au Karabagh - en Artsakh, selon son nom arménien -, on décapite aussi. Depuis un mois, les Arméniens y livrent un combat dramatiquement inégal, désespéré, contre une coalition turco-azerbaïdjanaise appuyée par des centaines de mercenaires djihadistes. L’affaire ne se résume pas à un lointain conflit territorial pour quelques arpents de cailloux perdus au milieu du Caucase. Elle nous concerne tous. Les Arméniens combattent le même ennemi.

À LIRE AUSSI : Jean-François Colosimo: «Haut-Karabakh, soutenons les Arméniens et refusons l’indifférence»

Comme l’atteinte à un professeur, à une église - au-delà de l’abomination intrinsèque des crimes -, l’offensive déclenchée contre les Arméniens par l’Azerbaïdjan, à l’initiative de la Turquie, revêt une même dimension symbolique.Depuis des siècles en effet, depuis peut-être l’arc-en-ciel au-dessus du mont Ararat qui annonça la fin du Déluge, les Arméniens représentent un pont entre les civilisations, à travers le temps et la géographie.

Au Ve siècle, pour leur appartenance à la première nation chrétienne, en tant que gardiens du Tombeau du Christ, les Arméniens reçoivent leur quartier propre à Jérusalem.

On dit que leur langue comprend tous les phonèmes connus, raison pour laquelle les Arméniens sont doués pour la musique et souvent polyglottes. Est-ce une prédestination ou leur histoire qui a forgé leur capacité à communiquer avec les autres peuples? Au Ve siècle, pour leur appartenance à la première nation chrétienne, en tant que gardiens du Tombeau du Christ, les Arméniens reçoivent leur quartier propre à Jérusalem, à côté des juifs, des musulmans, des autres chrétiens. Ce quartier existe toujours.

La position géographique de l’Arménie lui vaut de subir dominations et influences successives - Grecs, Romains, Parthes, Perses, Mongols… Au XIe siècle, son annexion progressive par les Byzantins, puis sa conquête par les Turcs, contraignent une partie de sa population à l’exil. Où qu’ils soient, génération après génération, les Arméniens se sont intégrés dans diverses nations, sans oublier leurs racines, sans oublier leur pays amputé peu à peu. Ils ont donné des empereurs à Byzance, des vizirs aux califes d’Égypte, des ministres au royaume de Perse, des chefs militaires aux radjahs des Indes, des diplomates aux Ottomans, de glorieux généraux à l’Empire des Tsars.


Même privés d’État-nation depuis le XIVe siècle, génération après génération, les Arméniens, postés au carrefour avec l’Asie, ont toujours tenu dans l’Histoire le rôle de médiateurs entre Occident et Orient, entre peuples de langues, de cultures et de religions différentes, sur les routes de la soie et des épices, au Proche-Orient ou dans les Indes des XVIIe et XVIIIe siècles.

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Ils ont su vivre en paix avec des chrétiens catholiques ou orthodoxes, des musulmans chiites ou sunnites, des juifs, des hindous, des mazdéens… Leur grande diaspora habite à Moscou ou à Los Angeles, à Téhéran ou à Marseille et Paris, à Beyrouth ou à Buenos Aires, à Varsovie ou à Montréal. Elle constitue un réseau aux fils immarcescibles entre les continents, entre les pays, qui perdure par-delà les conflits et les régimes politiques.

Parmi tous ces liens, il en existe un, privilégié, avec la France, attesté dès le VIe siècle. Il ne s’est jamais démenti au cours du temps, des ambassadeurs arméniens dans la délégation envoyée par le calife Haroun-al-Rachid auprès de Charlemagne, des marchands invités par Colbert à Marseille pour relancer le commerce avec l’Orient, de Roustam, le mamelouk arménien, garde du corps de Napoléon Ier, à la Légion arménienne qui combattit vaillamment sous le drapeau français au Proche-Orient entre 1916 et 1920 et à ces dizaines de milliers de réfugiés qui choisirent la France, une patrie de cœur, après la tragédie de 1915.

1915 : un million et demi d’Arméniens disparaissent, victimes d’une Turquie en proie à une hystérie ultra-nationaliste.

Depuis près de deux mille ans, les Arméniens sont des gardiens, des veilleurs. Alors, quand un peuple-pont est menacé, c’est le dialogue entre tous les peuples qui se tarit, c’est une fracture dans l’histoire du monde qui s’annonce. 1915. Un million et demi d’Arméniens disparaissent, victimes d’une Turquie en proie à une hystérie ultra-nationaliste, malgré l’indignation d’une grande partie de l’Europe et des États-Unis. L’indifférence qui suit - en raison des bouleversements géopolitiques de l’époque - fait dire à Hitler à la veille de la Shoah, pendant qu’il conçoit son terrifiant plan d’aryanisation, «Qui se souvient du massacre des Arméniens?» Un peuple-pont entre les peuples, un peuple victime d’un crime imprescriptible contre l’humanité qui sera à l’origine de la création du terme juridique de génocide.

En cette heure si grave où nos valeurs humanistes les plus essentielles sont meurtries, désormais chaque jour, est-il possible de laisser un dictateur annoncer qu’il va en finir avec les «restes de l’épée», autrement dit les descendants des rescapés de 1915? En cette heure si grave où les fondements mêmes de notre République sont attaqués, pouvons-nous nous contenter de quelques protestations quand une jeune république démocratique, pour laquelle la France a toujours été une inspiration, fait face à deux dictatures?

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Les récents événements ont conduit le Président Macron à adopter une position ferme face à la Turquie. Mais la France doit élever plus haut sa voix dans le concert des nations pour protéger les Arméniens de l’Artsakh, défendre leur droit à disposer d’eux-mêmes sur une terre qu’ils habitent depuis la haute Antiquité. Si elle trahit cette alliance multiséculaire, si nous laissons brûler ce pont, si nous n’avons pas le courage de nous dresser à l’extérieur contre cette peste du fanatisme qui nous frappe à l’intérieur, que dirons-nous à nos enfants? Que nous nous sommes contentés d’allumer des bougies et de déposer des fleurs? 

Les 42 auteurs qui ont signé cette tribune sont:

Jérôme Attal - Stéphane Bern - Emmanuelle de Boysson - Nathalie de Broc - Pascal Bruckner - David Camus - Mireille Calmel - Virginie Carton - Françoise Chandernagor - Paule Constant - Marie-Do - Chaize - François de Closets - Vincent Crouzet - Xavier Darcos - Didier Decoin - Marina Dédéyan - Arnaud Delalande - Olivier Delorme - Carole Duplessis-Rousée - Catherine École-Boivin - Franck Ferrand - David Foenkinos - Sophie Fontanel - Lorraine Fouchet - Franz-Olivier Giesbert - Catherine Hermary- vieille -  Alexandre Jardin - Michèle Kahn - Yann Keffelec - Philippe Labro Thibault de Montaigu - Erik Orsenna - Gilles Paris - Jean-Marie Rouart - Bernadette Pecassou-Camebrac - Patrick Poivre d’Arvor - Michel Quint - Tatiana de Rosnay - Gilbert Sinoué - Akli Tadjer - Valérie Toranian - Tigrane Yegavian.

  

jeudi 19 novembre 2020

PROPOSITION DE RÉSOLUTION sur la reconnaissance de la République d’Artsakh,


  N° 3436

_____

   ASSEMBLÉE NATIONALE

     CONSTITUTION DU 4 OCTOBRE 1958

   QUINZIÈME LÉGISLATURE

Enregistré à la Présidence de l’Assemblée nationale

 le 16 octobre 2020

       PROPOSITION DE RÉSOLUTION

        sur la reconnaissance de la République d’Artsakh, 

        présentée par Mesdames et Messieurs

François PUPPONI, Guy TEISSIER, Danièle CAZARIAN, François-Michel LAMBERT, Guillaume KASBARIAN, Vincent BRU, Jean-Christophe LAGARDE, Jean-Pierre CUBERTAFON, Emmanuelle ANTHOINE, Brigitte KUSTER, Alexandra LOUIS, Marine BRENIER, Isabelle SANTIAGO, Bernard DEFLESSELLES, Anne-Laurence PETEL, Nadia ESSAYAN, Thomas RUDIGOZ, Mohamed LAQHILA, Cathy RACON-BOUZON, Jean-Michel MIS, Julien RAVIER, Éric CIOTTI, Paul MOLAC, Florence PROVENDIER, Meyer HABIB, Fabrice BRUN, Jean-Félix ACQUAVIVA, Martine WONNER, Jeanine DUBIÉ, Jean-Marc ZULESI, Pierre MOREL-À-L’HUISSIER, Aurore BERGÉ, Michèle TABAROT, Pierre-Yves BOURNAZEL 

députés.

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EXPOSÉ DES MOTIFS

MESDAMES, MESSIEURS,

Le 27 septembre dernier, la République d’Azerbaïdjan, avec l’appui politique et militaire de la Turquie et le renfort de mercenaires djihadistes syriens (1), a déclenché une guerre d’une violence sans précédent contre la population du Haut-Karabakh (2) (de son nom arménien, Artsakh).

    – L’intensité de ce conflit, l’utilisation d’armements conventionnels particulièrement meurtriers (missiles, artillerie lourde, lance-roquettes multiples, drones armés, drones suicides, aviation de combat, chars de combat) d’une part ;

     – les bombardements massifs et délibérés des populations et des infrastructures civiles (villes, villages, écoles, hôpitaux, centres culturels, cathédrale), le meurtre et la mutilation de civils, et le recours systématique à des munitions à fragmentation (confirmé par Amnesty International (3)) prohibées par le droit international en raison de leur effet dévastateur en zone civile, d’autre part, montrent que le différend territorial n’est qu’un prétexte, et que nous assistons en réalité à une tentative d’épuration ethnique de la population arménienne ancestrale de l’Artsakh.

Chaque jour qui passe entraîne dans la mort des centaines de jeunes Arméniens d’Artsakh et d’Arménie qui livrent une lutte existentielle à armes inégales, et dans l’exode des milliers de civils qui fuient les exactions du régime azerbaidjanais et de ses sinistres supplétifs.

Une urgence dramatique commande que les droits fondamentaux de la population d’Artsakh soient reconnus et protégés par la reconnaissance formelle de la République d’Artsakh : reconnaissance du droit à la vie, à la sécurité, à la santé, à l’éducation, au développement culturel économique et social, au libre choix de son organisation politique, et bien sûr à l’autodétermination.

L’amitié séculaire de la France pour l’Arménie comme sa tradition universelle et humaniste de défense des droits de l’homme, de lutte contre toutes les discriminations et de protection des libertés fondamentales exigent que la France ouvre la voie des nations et reconnaisse dès maintenant la République d’Artsakh, faisant de cette reconnaissance le premier rempart en droit de sa population. 

(1

 Information confirmée par le président français, Emmanuel Macron, le 1er octobre dernier : « Nous disposons d'informations aujourd'hui de manière certaine qui indiquent que des combattants syriens de groupes djihadistes ont (transité) par Gaziantep pour rejoindre le théâtre d'opérations du Haut Karabakh. C'est un fait très grave nouveau, qui change la donne » ; « Selon nos propres renseignements, 300 combattants ont quitté la Syrie pour rejoindre Bakou en passant par Gaziantep (en Turquie). Ils sont connus, tracés, identifiés, ils viennent de groupes jihadistes qui opèrent dans la région d'Alep »

https://www.lefigaro.fr/international/des-combattants-syriens-jihadistes-au-karabakh-selon-macron20201001(

2

 Emmanuel Macron a confirmé, le 30 septembre dernier qu’il était « établi qu’il y (avait) eu des tirs venant de l’Azerbaïdjan » https://www.lefigaro.fr/flash-actu/macron-preoccupe-par-des-messagesguerriers-de-la-turquie-sur-le-karabakh-20200930(

3

 https://www.lemonde.fr/international/article/2020/10/06/haut-karabakh-amnesty-denonce-lutilisation-de-bombes-a-sous-munitions-interdites-depuis-2010_6054976_3210.html )

                                      *****                                           

           PROPOSITION DE RÉSOLUTION

    Article unique

1) L’Assemblée nationale,

2) Vu l’article 34-1 de la Constitution,

3) Vu l’article 136 du Règlement,

4) Affirme sa volonté de concourir à l’effort de paix dans le Caucase du Sud ;

5) Constatant l’ardente volonté de la diplomatie française à rechercher, depuis 1994, une solution négociée au conflit du Haut-Karabakh, dans le cadre du groupe de Minsk dont elle assure la co-présidence aux côtés de la Russie et des États-Unis ;

6) Constatant la guerre des quatre jours du 2 au 6 avril 2016 au Haut-Karabakh, l’extension du conflit au territoire souverain de la République d’Arménie au mois de juillet 2020 ;

7) Constatant l’alliance entre l’Azerbaïdjan et la Turquie visant à favoriser une solution militaire comme en atteste la reprise des combats le 27 septembre 2020 dont elle fut à l’origine ;

8) Constatant le recrutement de mercenaires, ayant servi au sein de groupes djihadistes en Syrie, dans les rangs de l’armée azerbaïdjanaise et leur implication dans les combats ayant débuté le 27 septembre 2020 ;

9) Constatant que la minorité arménienne placée sous administration azerbaïdjanaise a été soumise de façon répétée à des massacres organisés notamment à Soumgaït du 25 au 27 février 1988, Kirovabad le23 novembre 1988), Bakou du 12 au 19 janvier 1990, et Maragha le 10 avril 1992, et que, par conséquent, leur sécurité n’est pas garantie dans le territoire de la République de l’Azerbaïdjan ;

10) Constatant les rapports de la Commission européenne contre le racisme et l’intolérance du Conseil de l’Europe (ECRI) et du Comité pour l’élimination de la discrimination raciale de l’ONU (CERD) attestant de manière implacable de l’impossibilité des populations arméniennes de vivre librement en Azerbaïdjan ;                                                               

11) Constatant la position constante de neutralité de la France dans le conflit du Haut-Karabakh en raison de son engagement diplomatique comme co-présidente du Groupe de Minsk où elle promeut un processus négocié par étape, et, en outre, que celui-ci est durablement entravé par le recours de l’Azerbaïdjan à la solution militaire ;

12) Constatant la menace que constituerait un conflit armé de grande ampleur au Caucase du Sud, mettant aux prises des puissances régionales à la porte du Moyen-Orient ;

13) 1. Prend acte du refus du gouvernement azerbaïdjanais de privilégier une solution négociée au conflit du Haut-Karabakh ;

14) 2. Souligne le caractère exceptionnel du conflit du Haut-Karabakh, en raison des belligérants et de ses implications régionales, qui appelle une solution adaptée ;

15) 3. Affirme l’urgente nécessité d’aboutir à un règlement définitif du conflit garantissant la sécurité durable des populations civiles ;

16) 4. Affirme la nécessité absolue que le Haut-Karabakh assure sa pleine souveraineté en dehors de toute administration azerbaïdjanaise sous peine d’une éradication des populations arméniennes, au sein de frontières finales déterminées dans une négociation multilatérale incluant les autorités de l’Artsakh ;

17) 5. Invite le Gouvernement à procéder sans délai à la reconnaissance de la République d’Artsakh et à l’établissement de relations diplomatiques avec ses autorités en vue d’obtenir un règlement définitif du conflit.


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samedi 14 novembre 2020

Pourquoi Pashinyan doit démissionner immédiatement pour « annuler cet accord », asbarez

 Pourquoi Pashinyan doit démissionner immédiatement pour « annuler cet accord », asbarez

Date : 14 novembre 2020

Auteur: HYE PRESS

par Asbarez


Ce qui suit est une interview avec Garo Maenlian, ARF Western US Central Committee par Asbarez.


Asbarez: Il est évident que tous les Arméniens du monde entier sont bouleversés par les termes de l’accord désastreux signé par Pashinyan, mais pouvez-vous nous donner quelques-unes des questions spécifiques ?

Garo Maenlian: En plus des 7 régions entourant Artsakh qui ont été en cause lors des négociations de règlement au cours des deux dernières décennies, cet accord concède également les parties sud d’Artsakh, y compris Hadrut et jusqu’à et y compris Shushi. 2 de ces 7 régions établissent une nouvelle ligne de contact et de frontière par laquelle l’Arménie devient extrêmement vulnérable aux attaques azéris. En outre, il crée un couloir de transport à travers l’Arménie de Nakhichevan à l’Azerbaïdjan non seulement permettant un accès sans entrave pour les Azerbaïdjanais, mais aussi reliant la Turquie à l’Azerbaïdjan et via l’Azerbaïdjan au reste des peuples turcs à l’est de la Caspienne. C’est quelque chose que la Turquie et plus particulièrement Erdogan, a voulu depuis la chute de l’Empire ottoman pour faire avancer son programme pan-turaniste. Pour l’Arménie, en plus d’être entourée de Turcs qui poursuivent les politiques de génocide, cela crée essentiellement l’occasion pour une coalition azéri-turque de sceller la frontière entre l’Arménie et l’Iran en créant un nœud coulant autour du cou de l’Arménie qu’ils peuvent resserrer à tout moment.

Asbarez: Cet accord de cession garantit-il effectivement des parties d’Artsakh, y compris Stepanakert, Askeran et Martuni, et permet-il aux gens de rentrer chez eux ?

G.M.: Sur le papier, il donne l’impression d’établir une sécurité temporaire, mais comme le statut final d’Artsakh n’est pas confirmé, toutes ces régions peuvent et très probablement être placées sous contrôle azerbaïdjanais. Dans les deux cas, si cet accord catastrophique n’est pas inversé, il serait presque impossible d’imaginer la population arménienne retourner chez elle car elle devrait faire confiance aux Casques bleus pour tenir à distance les forces azéri-turques et les mercenaires djihadistes syriens de l’Etat islamique. Ils seraient entourés d’ennemis sans soldats arméniens pour les protéger. La route vers et depuis l’Arménie et Stepanakert serait également contrôlée par ces mêmes casques bleus, mais resterait vulnérable aux forces azéris occupant Shushi. Shushi a toujours été la clé de la paix et de la stabilité dans la région en raison de son emplacement stratégique au-dessus de Stepanakert d’où, même sans leurs drones israéliens et turcs, les Azéris peuvent lancer des offensives à grande échelle et des missiles de pluie sur la population civile de Stepanakert et ailleurs, comme ils l’ont fait jusqu’à ce que Shushi soit libéré. Et nous savons tous que les Azéris ont commis des crimes de guerre contre des civils, des églises, des écoles et des hôpitaux avec des bombes à sous-munitions et des frappes de missiles pendant cette guerre, qui sont tous bien documentés, et ils sont plus que disposés et capables de continuer à le faire. Le Premier ministre lui-même a déclaré que les gouvernements azéris-turcs poursuivaient le génocide arménien et qu’il était donc inimaginable qu’il suggère maintenant aux Arméniens de revenir dans ces conditions et de faire face à de tels risques.

Ce qui complique encore les choses, c’est que l’accord prévoit le retour des personnes déplacées, y compris les Azéris qui affirment avoir jusqu’à 800 000 personnes prêtes à déménager, y compris à Shushi et dans les régions environnantes.

Asbarez: Comment voyez-vous l’affirmation de Pashinyan selon laquelle il a sauvé la vie de 25 000 soldats arméniens en acceptant ces conditions difficiles ?

G.M.: Tout d’abord, nous ne pouvons pas compter sur l’exactitude du nombre de soldats qu’il a déclarés parce que lors d’une seule émission en direct, il a annoncé trois totaux différents, dont le plus élevé était de 25 000. De plus,. Il a une expérience de tromper le public en général, et surtout pendant cette guerre quand lui et les porte-parole du ministère de la Défense a déclaré à plusieurs reprises que nous étions en train de gagner, puis brusquement remis Shushi et a affirmé que nous avons perdu tout ce temps. Ou en appelant des combattants volontaires sans faire respecter un projet, puis en fermant la route de Goris à Stepanakert bien avant qu’il ne rende Shushi. Maintenant, il peut également annoncer divers numéros pour confondre l’ennemi, mais il a déjà signé l’accord capitulant à leurs termes et a appelé à un retrait militaire. Il y avait beaucoup plus d’incohérences, mais un indicateur principal de ses priorités est son programme populiste pour conserver son bureau, qui ressemble à une campagne publicitaire, comme quand il a fait une affiche se dépeignant comme le personnage central victorieusement menant la nation arménienne hors de cette guerre alors que nos soldats étaient réellement se battre et mourir sur les lignes de front. Nous souhaitons tous que sa campagne de relations publiques soit vraie et qu’il sauve Artsakh, mais malheureusement ce n’était pas le cas, et il nous a vendus.

Bien sûr, chaque vie arménienne est précieuse pour nous, mais nous sommes entourés d’ennemis et avons une armée complète avec des soldats qui servent à grand risque et péril pour eux-mêmes dans le but de défendre notre peuple et nos frontières.

Asbarez: Que peut-on faire pour renverser ce tragique accord et contribuer à la situation ?

G.M.: Tout d’abord, nous devons rester forts et unis pour Artsakh et l’Arménie, et faire tout notre possible pour renverser cet accord que tous les Arméniens trouvent désastreux et doivent condamner. Nous devons adopter une approche à plusieurs volets où l’Arménie doit reprendre immédiatement les pourparlers avec la Russie, qui peut encore jouer un rôle clé avec sa présence militaire et peut prendre des mesures concrètes sur le terrain pour relancer les négociations. Un facteur important à considérer ici est la difficulté de l’Azerbaïdjan à atteindre Shushi en raison de l’accès limité en raison de son emplacement, ce qui soulève également des questions sur la reddition rapide de Pashinyan.

L’Arménie doit également entamer rapidement des discussions avec la France et les États-Unis dans le lignée des efforts de l’ANCA et de l’EAFJD, qui ont tous deux déjà lancé des campagnes parallèles aux États-Unis et en Europe, et nous encourageons tout le monde à se joindre aux alertes d’action et à y participer.

Les trois pays coprésidents du Groupe de Minsk de l’OSCE ont leurs propres intérêts dans la région, mais ils peuvent s’aligner sur l’Arménie pour créer de meilleures conditions à un accord de cessez-le-feu.

Pour ce faire et pour l’avenir d’Artsakh et de l’Arménie, Pashinyan doit tenir compte des appels à sa démission et permettre le transfert immédiat et pacifique du pouvoir; une étape nécessaire pour relancer les négociations. Seule une personne autre que quelqu’un qui a accepté de tout donner aux Turcs peut entreprendre le processus pour annuler cet accord ou changer ses termes.

Bien sûr, nous avons la crise humanitaire avec plus de 100 000 personnes déplacées, des soldats et des civils blessés, et les familles de nos héros qui ont fait le sacrifice ultime pour défendre la patrie et le peuple arméniens. Nous avons l’obligation et le devoir de les aider à trouver des conditions de vie, des nécessités de base, de l’éducation, des emplois et des soins médicaux.

Asbarez: L’ARF en Arménie avec d’autres organisations ont déjà appelé à la démission de Pashinyan, est-ce quelque chose que l’ARF dans l’ouest des États-Unis soutient ?

G.M.: Notre annonce qui a été publiée hier montre clairement que le Comité central de l’ARF dans l’ouest des États-Unis est en plein accord avec l’ARF en Arménie et soutient complètement ses initiatives, en particulier à cet égard. Pashinyan est le premier ministre et le commandant en chef des forces armées et est en fin de compte responsable de cet échec catastrophique, que certains appelleraient la trahison, et devrait être tenu responsable, sans entrer dans tous les autres problèmes intérieurs et les questions de politique étrangère qu’il a créé au cours des 2 et 1/2 dernières années. Il a conclu l’accord et ne peut pas maintenant reprendre les négociations en déclarant simplement qu’il a changé d’avis, et il n’a montré aucune capacité à communiquer efficacement avec Moscou, ou même la France et les États-Unis.

Il ne s’agit pas d’une approbation de l’un ou l’autre des régimes passés qui ont tous eu leur part de problèmes, et les appels à sa démission ne sont pas de faire avancer tout programme politique interne, comme tout ce qui a été mis de côté pour l’effort de guerre. Il s’agit simplement de sauver un problème inimaginable et dévastateur créé par le régime actuel.

Oui, nous soutenons la position de l’ARF Arménie de tout cœur et nous nous joignons à l’appel à la démission de Pashinyan, pour le bien de notre nation et pour annuler cet accord désastreux.

Que l’on sache que tout Arménien qui donne nos terres ou met Artsakh en danger est un traître. Tout Arménien qui est complice de cela, ou soutient une telle trahison est aussi un traître à la nation arménienne et apportera à jamais la honte au nom de leur famille.

Asbarez: Vous avez mentionné que nous devons tous rester unis et rester forts avec et pour Artsakh et l’Arménie, ne pas appeler à la démission du Premier ministre créer la division au lieu de favoriser l’unité ?

G.M.: non. Nous demandons une mesure drastique pour éviter une calamité inévitable créée par l’acquiescement du Premier ministre à un accord de reddition intenable avec l’ennemi.

La nation arménienne s’est levée pour défendre notre peuple et nos terres, unie comme jamais auparavant, et combattre cette guerre sur tous les fronts de la Patrie et de la diaspora et devrait continuer à le faire ensemble. Nous poursuivrons ce combat pour Artsakh.

Nous appelons à l’unité, non seulement pour être unis, mais pour nos objectifs nationaux basés sur nos priorités, qui est aujourd’hui Artsakh, et non pour un seul individu. Notre appel à l’unité reste ancré dans notre agenda national; la sécurité d’Artsakh et sa reconnaissance par la communauté internationale, et tout Arménien qui ose franchir cette ligne brillante serait légitimement considéré comme un traître.

Et pour rester unis dans cet objectif, nous ne pouvons pas nous rassembler autour de l’individu qui a induit en erreur le peuple qui a ensuite remis Artsakh, et probablement Meghri, à l’ennemi, et qui arrête actuellement les dissidents et tente de faire taire les critiques au lieu de faire face à la crise humanitaire, politique et militaire tout en cherchant encore d’autres à blâmer.

Sur la base de l’ordre du jour et des priorités nationaux, tous les Arméniens devraient être unis pour tenter de remplacer le Premier ministre arménien et annuler l’accord qu’il a conclu avec l’ennemi.


La politique à courte vue de Poutine - par Mooshegh Abrahamian

La politique à courte vue de Poutine


Ce qui semblait une évidence à beaucoup, à moi le premier, ne s’est pas produit. Poutine n’est pas venu au secours des Arméniens. Pire, une attaque massive avec la présence en force des Turcs et des djihadistes n’aurait pu avoir lieu sans son aval, Alyiev et Erdogan ne s’y seraient pas risqué. L’hélicoptère russe abattu en territoire arménien aurait dû provoquer une réaction massive.

Au lieu de cela, les Russes imposent un cessez le feu qui entérine les gains azéris et va au-devant du rêve pantouranien: un corridor qui permet le passage terrestre à travers le territoire arménien depuis Constantinople jusqu’à Bakou…..demain jusqu’à l’Asie Centrale voire Urumqi.

Une seule explication possible. Punir Pachinian, le 1er ministre d’Arménie. Telle a été la motivation principale de Poutine. Pachinian s’était engagé dans une véritable DYNAMISATION de l’Arménie, misant sur les forces et le réseau inexploités de la diaspora pour faire de son pays un pôle d’excellence dans les technologies de pointe. Sauf que l’opération « mains propres » que Pachinian a engagée depuis la révolution de velours de 2018 touchait les anciens protégés de Poutine. Celui-ci a fait payer aux Arméniens de n’avoir pas  voulu comprendre que la sécurité (assurée par la Russie) et la liberté (hors la tutelle de Poutine) étaient incompatibles. 

Voir l’Arménie s’émanciper de la tutelle Russe lui était insupportable. Le temps des chars soviétiques étant révolu, un coup d’état était impossible car il aurait été rejeté par le peuple qui avait chassé les oligarques. Il a alors imaginé la pire des solutions : l’attaque massive préparée par l’état-major turc.

Aucun soutien n’était à espérer même si la mobilisation de la diaspora a été à la hauteur de la menace. Je crois que je préfère encore le silence complice d’une grande partie de l’Occident aux paroles de soutien d’Emmanuel Macron qui a préféré chatouiller avec ses Mirage 2000 ( au nom de l’OTAN sans doute) les moustaches de l’ours russe en Mer Noire plutôt que de les envoyer, pas très loin de là, au secours des Arméniens. Au lieu de cela, ils ont eu droit à une aide médicale « équitablement » partagée avec les Azéris. Ignoble.

Tenir 45 jours dans un tel déséquilibre des forces fut un exploit. Il faut le dire, dans ces conditions, personne n’aurait fait mieux que le valeureux soldat arménien.

Reconstruire ne sera pas facile. L’Artsakh est réduit à la portion congrue et la frontière est une vraie usine à gaz, annonciatrice d’un nouvel embrasement. Car Alyiev veut chasser ces chiens d’Arméniens définitivement, et Erdogan ne veut plus de cet obstacle mécréant entre les terres d’Islam d’Est et d’Ouest. L’Arménie devra faire bloc autour de son gouvernement. On ne comprend pas bien les intentions des protestataires et de leurs commanditaires sinon de vouloir  tenter de renverser Pachinian. Lui reproche-t-on l’acceptation du cessez le feu qui pourtant dans les circonstances a permis de sauver des vies et des territoires? 

Poutine tente ainsi de confirmer sa victoire en faisant tomber Pachinian pour remettre en selle ses obligés. A moins qu’il ne finance massivement le développement du pays, un affaiblissement durable de l’Arménie sera-t-il évitable ?

Dans ces conditions, la disparition à terme du seul avant-poste chrétien au Caucase signifierait une perte d’influence significative de la Russie sur son flanc sud au profit d’Erdogan, qui pourra dès lors étendre son influence sur les peuples musulmans du Nord-Caucase et pourquoi pas sur les Tatars de Crimée puisqu’il a déclaré au président ukrainien qu’il considérait la Crimée comme un territoire ukrainien !!!


Mooshegh Abrahamian. Venasque le 13/11/2020

 



vendredi 13 novembre 2020

Nikol Pachinian : « Cet accord n’envisage pas une solution de fond à la question de l’Artsakh : il implique seulement la cessation des hostilités »

SOURCE : NAM (Nouvelles d'Arménie)


Discours de Nikol Pachinian : « Cet accord n’envisage pas une solution de fond à la question de l’Artsakh : il implique seulement la cessation des hostilités »

Ci-dessous la traduction de l’allocution de Nikol Pachinian adressée à la nation arménienne, ce 12 novembre 2020 :


Chers compatriotes,

Mes sœurs et frères,

L’Arménie et le peuple arménien traversent des jours cruciaux. Il y a du chagrin dans le cœur de nous tous, des larmes dans nos yeux, de la douleur dans notre âme. La fin de la guerre, qui avait débuté le 27 septembre, avec la signature d’un accord conjoint du Premier ministre arménien, des présidents russe et azerbaïdjanais le 10 novembre, a provoqué le désespoir de la population et soulevé de nombreuses questions. Je suis là pour y répondre.

Pourquoi un document aussi défavorable a-t-il été signé pour l’Arménie ? Cela s’est produit dans les conditions où l’état-major général des forces armées de la République d’Arménie n’arrêtait pas de rapporter que chaque minute comptait et que la guerre devait être arrêtée le plus tôt possible. Et le président de l’Artsakh a averti que, si les hostilités ne s’arrêtaient pas, nous pourrions perdre Stepanakert en quelques jours et, selon certains scénarios, même en quelques heures.

Beaucoup peuvent dire que, si nous avions déjà perdu Hadrut, Shushi, nous aurions pu aussi perdre Stepanakert, et que rien ne changerait. La réalité, cependant, est un peu différente, car si nous avions perdu Stepanakert, qui, comme le président de l’Artsakh Arayik Harutyunyan l’a déjà confirmé dans ses remarques publiques, était dans l’ensemble sans défense à l’époque, alors Askeran et Martakert auraient été perdus de manière prévisible et inévitable. Tout simplement parce que ces villes étaient à l’arrière au moment où la guerre a commencé car elles étaient assez éloignées de la ligne de front et manquaient de structures défensives et de fortifications. Il n’y avait pas non plus assez de forces combattantes capables de défendre ces villes.

Et que se passerait-il après la chute de ces villes ? Les deuxième, troisième, quatrième, cinquième, sixième, septième défenses de l’armée de défense seraient assiégées par l’ennemi, ce qui signifie que plus de 20000 soldats et officiers arméniens auraient pu se retrouver encerclés par les troupes ennemies, risquant inévitablement d’être tués ou capturés. Dans ces conditions, bien entendu, la chute des régions de Karvachar et Kashatagh aurait été inévitable, conduisant à une catastrophe complète.

En raison de la logique de l’époque, beaucoup peuvent se poser la question : pourquoi étais-je si inquiet pour la sécurité de nos soldats au moment de la signature du document et pourquoi n’étais-je pas si inquiet avant ? En termes opérationnels, le fait est que tout commandant a une fonction clé, à savoir fixer des tâches de combat qui ont un objectif tactique ou stratégique spécifique, et le commandant devrait fixer ces tâches, sachant que leur mise en œuvre pourrait entraîner la mort de ses soldats. En ma qualité de commandant en chef, j’ai en fait confié ces tâches à l’armée dès le premier jour de la guerre. Dans une situation où le soldat ne peut pas influencer le cours des événements, ce n’est plus le soldat qui doit périr pour le bien de la patrie, mais la patrie doit faire des sacrifices pour le bien du soldat. Le commandant ne doit pas donner d’ordre pouvant impliquer la mort de ses soldats.

Dans cet esprit, j’ai signé ce document notoire et, quand je l’ai signé fait, j’ai réalisé que j’étais confronté à la menace de ma mort personnelle, non seulement au sens politique mais aussi physique. Mais la vie de 25 000 soldats était plus importante, je pense, et pour vous aussi. La vie de nos soldats rendant service à la patrie était menacée. De plus, ces soldats n’avaient aucune chance d’influencer la situation à l’arrière, il n’y avait plus de forces combattantes à l’arrière qui pouvaient exercer une influence réaliste sur la situation, et par conséquent, il était temps pour le commandant de risquer sa propre vie pour le bien de ses soldats, à la fois physiquement et politiquement. Il était temps pour la patrie de faire des sacrifices pour ses soldats qui n’épargnaient rien pour la patrie, et j’ai signé ce document dans cet esprit.

De plus, dans cette situation et dans ces conditions, la question n’était plus à trancher dans les jours et les semaines : il fallait prendre une décision. Cette décision devait être prise en quelques heures, sinon un processus aurait pu commencer qui aurait pu aboutir à la mort ou à la captivité de quelque 10 000, 20 000, 25 000 soldats arméniens.

Beaucoup de gens se posent la question suivante : pourquoi n’ai-je pas démissionné avant de signer ce document ? Parce que cela signifierait la désertion, cela signifierait se débarrasser de ma part de responsabilité et la mettre sur les épaules de quelqu’un d’autre, en espérant que plus tard les gens diront que le Premier ministre Pachinian était si patriotique qu’il ne signait pas ce document humiliant. Et aussi parce que, comme je l’ai dit, les décisions devaient être prises en quelques heures, sinon la roue pouvait tourner, et nous n’aurions plus eu le temps d’arrêter le cours des choses de quelque manière que ce soit.

Pourquoi alors n’ai-je pas consulté la nation avant de signer ce document ? Pour une raison très simple. En parlant à la population, j’aurais présenté la situation objective, c’est-à-dire que j’aurai fourni à l’ennemi des informations détaillées sur la situation. En outre, cela aurait voulu dire présenter un plan détaillé pour bloquer nos 25 000 soldats pendant des heures, avec toutes les conséquences qui en auraient découlées.

En outre, j’ai promis de discuter avec le peuple des options pour le règlement de la question du Karabagh, et cet accord n’envisage pas une solution de fond à la question : il implique seulement la cessation des hostilités. La question du Karabagh n’a pas été résolue avant la signature de la déclaration susmentionnée, ni n’a été réglée après. Il reste encore beaucoup à faire à cet égard.

La question suivante qui est compréhensible et qui se pose naturellement est : pourquoi dans de telles conditions n’a-t-il pas été possible de parvenir à un cessez-le-feu dans les premiers jours de la guerre, ou peut-être un peu plus tard ? Il y avait deux raisons à cela. Premièrement, nous avons dû céder sept districts, dont Shushi, sans combat, et deuxièmement, la situation militaire a fait naître l’espoir qu’en mobilisant de nouvelles ressources, nous serions capables de relever le défi avec des efforts surhumains. C’est la raison pour laquelle le président de l’Artsakh et moi-même avons continué à appeler les gens à s’engager pour la défense de la patrie, mais nous avons également essayé de faire en sorte que notre message ne décourage pas les combattants sur la ligne de front, ne sème pas le désespoir et ne donne pas à l’ennemi des détails inutiles sur nos difficultés.

Nous, le président de l’Artsakh, le chef d’état-major général des forces armées, le commandant de l’armée de défense, moi-même et le gouvernement arménien, les représentants de notre équipe politique et, bien entendu, d’abord et avant tout nos soldats, les volontaires, les officiers et les généraux ont tout fait pour défendre chaque centimètre carré de notre territoire. Notre armée a combattu héroïquement. Nos troupes ne se battaient pas pour se rendre, mais pour garder ce que nous avions ; ils se sont battus non pas pour perdre, mais pour gagner. Et ils ont pratiquement combattu trois armées. Mais, malheureusement, comme le président de l’Artsakh l’a mentionné dans son message d’hier, nous n’avons pas été en mesure de fournir à l’armée un soutien suffisant.

En effet, avec ses nombreuses manifestations héroïques, le mouvement des volontaires et de la mobilisation n’a pas été assez fort pour faire face au défi car nous étions confrontés à une réalité dont il n’y avait tout simplement pas d’autre issue.