mercredi 30 mai 2018

La dictature d'Erdogan N. Lygeros



La dictature d'Erdogan

N. Lygeros

Heureusement que peu à peu les hommes délient leur langue et osent dire ouvertement désormais qu'Erdogan n'est qu'un dictateur qui ne se contente pas de bafouer les droits de son propre peuple mais qui tente aussi d'intimider les étrangers qui vivent dans un autre pays. Ainsi il se permet d'influencer des personnes en France et de leur dicter la conduite à suivre comme s'il s'agissait de serviteurs sur lesquels il a tous les droits. Seulement Erdogan a oublié que le respect des Droits de l'Homme fait partie des valeurs de la France et qu'il ne risque pas de nous influencer avec son comportement barbare. Nous n'avons aucunement besoin de directives en France et nous ne comptons pas rester les bras croisés en ce qui concerne la spoliation des droits des hommes et des femmes de Turquie qui osent s'opposer à son omnipotence. En se basant sur un régime de terreur, Erdogan pense avoir la clef de la conservation de son pouvoir. Cependant même si c'était le cas, nous ne manquerions pas de le qualifier de dictateur sans oublier que son comportement envers la population Kurde tient plus du génocideur. Aussi toute tentative de nous le présenter démocratiquement est nécessairement vouée à l'échec en France. 

mardi 29 mai 2018

De la passion patriotique (3 et fin) - Denis Donikian


De la passion patriotique (3 et fin)

Denis Donikian



Ce qu’ont réussi les trois présidents de l’indépendance de l’Arménie, c’est d’avoir accumulé de la haine au sein du peuple arménien durant leurs mandats. Cette haine est montée en puissance à mesure que les abus s’exprimaient sans vergogne et s’étalaient sur la place publique avec l’impunité de ceux qui ont le pouvoir dans leur poche. Comme nous l’avons déjà dit à maintes occasions, on peut un temps violer le peuple, on ne le peut tout le temps. Arrive le moment où la masse de rancœur se traduit en répulsion. Ces présidents n’avaient pas compris que le pire ennemi du pouvoir est le manque de considération dont peuvent souffrir ceux qui subissent malversations et injustices ad nauseam sans avoir la possibilité de se défendre. Ou même s’il leur arrivait de se défendre, sans parvenirà renverser le cours des choses.

Les Arméniens de la diaspora ont dû maintes fois à chaque voyage être confrontés à cette rancœur. Qui n’a entendu les autochtones se plaindre d’un pouvoir qui n’avait d’autre objectif que de piller le pays ? C’était devenu une rengaine qui en disait long sur l’état psychologique des Arméniens, acculés à vivre en permanence dans l’aversion impuissante de leurs dirigeants.

Marchant des heures dans la forêt de Girants à la recherche d’un monastère, voici que nous tombons sur des apiculteurs. Ils nous invitent à boire du café. Et de quoi nous parlent-ils dans ce cadre enchanteur ? Non pas de leur merveilleux métier, ni de leur vie en pleine nature. Non ! Ils nous parlent de la manière dont le gouvernement Sarkissian s’emploie pour pourrir la vie du peuple arménien en lui volant son bonheur et son honneur. Un mot viendra souvent dans la bouche de l’apiculteur comme dans d’autres : « talan’ », à savoir pillage. Au retour de cette randonnée, nous serons pris en charge par un vieux grumier russe, chargé à bloc. Les « bûcherons » sont des Arméniens habitant Sarigyugh, le dernier village avant la forêt. Les troncs d’arbres ont été prélevés en toute illégalité. Mais la misère oblige à ça. Et s’ils rencontraient des policiers ? Eh bien, il leur suffirait de leur graisser la patte. Car c’est ainsi que « fonctionnait » le petit peuple sous Sarkissian, qui avait pris exemple sur plus patentés que lui en matière de vol. Sachant que les Arméniens pauvres pratiquaient un vol de survie, et les Arméniens riches un vol de luxe. Dans le Zanguezour, à Tatev, nous avons vu en pleine journée des hommes valides jouer aux cartes faute de travail, d’autres qui ressemblaient à des âmes errantes, tandis que certains se démenaient comme des diables pour sauvegarder le « pain du jour ». Tatev dont les habitants sont contraints de trouver leur bois de chauffage dans les forêts environnantes, par manque de gaz. Dans tel autre village, à Vorotan, plus précisément, telle personne, autrefois enrichie par la pisciculture, était à ce point déprimée qu’elle envisageait de plier bagage pour se refaire en Russie. Un tiers du peuple arménien vit sous le seuil de pauvreté, tandis que les hommes valides sont partis travailler dans les pays environnants. Sans parler des femmes qui se prostituent en Turquie. Quelles pensées peut nourrir une épouse dont le mari doit vivre en Russie pour nourrir sa famille, ou qui habite un domik sinon une maison délabrée faute d’entretien, et qui vit comme une veuve sans être veuve ? Depuis le tremblement de terre de Spitak, certaines victimes n’ont toujours pas bénéficié d’un logement décent. Qui s’en est inquiété ? Pendant ce temps, le parlement est soumis à d’autres urgences. Les députés n’ayant pas le souci chrétien de l’autre pour rendre leur dignité aux plus pauvres. Une indifférence que Sarkissian a payée au prix fort. C’est que tôt ou tard, il était voué à tomber de son arbre comme un fruit gâté par le soleil.

Ces exemples sont symptomatiques de ce que fut l’état général de la société arménienne durant les premières décennies de l’indépendance. Parmi les dommages collatéraux, figurent des histoires de famille soumises au délabrement. De fait, dans les jours, sinon les mois qui précédèrent la démission de Sarkissian, la haine qui animait le peuple arménien était à son comble. C’est la haine de ce pouvoir honni qui dévorait les cœurs d’une manière quasi générale. Si Sarkissian était resté au pouvoir, la mal-être des Arméniens se serait aggravé dangereusement. Certains qui le pouvaient avaient déjà fui à l’étranger. D’autres les auraient suivis en masse. Certains qui le pouvaient s’étaient suicidés. D’autres l’auraient fait encore. Certains étaient déjà partis travailler en Russie. D’autres auraient pris le même chemin. L’Arménie en était arrivée au point où elle avait cessé d’être une patrie pour les Arméniens. Marâtre patrie en somme. Effectivement, en l’espace de trois mandats présidentiels, les Arméniens se sont sentis pris en étau entre un devoir d’amour envers leur pays et une accumulation de haine envers le pouvoir.

Dans son histoire récente, le peuple arménien a subi plusieurs passions ( le mot étant pris cette fois au sens premier de souffrance, comme dans la Passion du Christ) : le génocide, l’ère soviétique et ces trente années de souffrante indépendance. C’est seulement sur la fin de l’ère soviétique que les Arméniens commencèrent à trouver un semblant de stabilité et de bien-être, fût-ce au prix fort d’une liberté démocratique quasiment nulle. Puis, ils entrèrent dans l’indépendance par les trois portes de l’enfer : le séisme, la guerre du Karabakh et l’effondrement du système soviétique. Les répercussions de ces trois catastrophes n’ont pas cessé de peser sur les Arméniens jusqu’à aujourd’hui. Et les trois présidents, loin de tirer avantage de l’aide internationale ou des secours de la diaspora pour résoudre les problèmes monstrueux auxquels ils étaient confrontés, les ont pervertis au profit de quelques-uns et au détriment du peuple arménien.

C’est une passion moindre qui affecte les Arméniens de la diaspora dans la mesure où leur destin a été pour l’essentiel confronté à l’exil physique, si l’on s’en tient aux premières générations du génocide, puis à un exil symbolique compte tenu du fait que les générations suivantes ont hérité de l’exil premier de leurs parents sans pour autant avoir connu leur territoire d’appartenance. En ce sens, c’est le déracinement, puis la nécessaire adaptation, et enfin le sentiment permanent d’être apatride, à savoir d’une dépossession de soi, qui constituèrent ce qu’on peut appeler à juste titre la passion des Arméniens de la diaspora.

Arméniens d’Arménie et Arméniens de la diaspora avaient des raisons différentes de haïr l’histoire qui les avait fait naître sous de mauvaises étoiles. Quand les Arméniens d’Arménie ont réussi à sublimer leur haine en espérance, les Arméniens de la diaspora ont éprouvé un même sentiment de légèreté. Car alors, la terre arménienne devenait brusquement ouverte à tous les Arméniens dispersés de par le monde. Comme si la dialectique de l’histoire s’ouvrait enfin sur la synthèse d’une réconciliation.

Il faut ici reconnaître à Pachinian un coup de génie que ses détracteurs patentés, aveuglés par le ressentiment, ne pouvaient entrevoir. Pachinian a « vu » que sur la haine qui avait pourri l’âme du peuple arménien en proie aux maltraitances de ses trois premiers présidents, nul pays ne pouvait se construire durablement. Il a délibérément décidé d’arrimer l’Arménie non seulement sur le socle du droit mais aussi sur celui de l’amour. Amour des Arméniens d’Arménie entre eux. Amour entre les Arméniens d’Arménie et les Arméniens de la diaspora. Amour des Arméniens envers leur terre et leur pays. Cette conversion demeure l’axe capital de la révolution de velours. Et il reste à parier que si les hommes suivent ce nouvel ordre national le climat en Arménie, loin d’être délétère, sera de réelle fraternité.

Ce qui manquait aux Arméniens, c’était la Foi, l’Espérance et la Confiance. Les voici revenues comme des mages pour saluer la nouvelle naissance d’un pays.


Denis Donikian

lundi 28 mai 2018

Fête des mères ...

Fête des mères ....
L’image contient peut-être : 4 personnes, chien et enfant
Isabelle Yvos est avec Alexandre Yvos et Dzovinar Melkonian.
 Maman,
On choisit pas ses parents, on choisit pas sa famille
On choisit pas non plus les trottoirs de Manille
De Paris ou d'Alger pour apprendre à marcher
Être né quelque part
Être né quelque part, pour celui qui est né
C'est toujours un hasard ...
"Né quelque part"-Maxime Le Forestier
👄⚘Le hasard a été sacrement bon avec Alexandre et moi! Cet amour, cette tendresse, nous ont été apporté tels des joyaux, d'une femme née en France, mais originaire, par ses parents, d'une région montagneuse du Caucase, entre l'Asie et l'Europe, l'Arménie.
Merci maman pour ta confiance sans faille. Merci maman de nous avoir toujours laissé faire nos propres choix. Grâce à toi nous avons appris les mots "liberté", "respect". Tu nous as tout donné! Pas besoin d'une fête pour te dire comme nous t'aimons... mais tu le sais 😉 👄👄👄
Merci ma fille chérie - Je vous aime mes petits


dimanche 27 mai 2018

De la passion patriotique (2) - Denis Donikian


https://denisdonikian.wordpress.com/2018/05/27/de-la-passion-patriotique-2/

2 - De la passion patriotique  

Ainsi est la passion patriotique, bifrons (deux têtes) comme Janus, amour autant  que haine, amour en même temps que haine, amour haineux ou bien haine amoureuse comme on voudra.

Le premier mai à Erevan les foules acclamaient Pachinian dont on retransmettait en direct les déclarations à là tribune du parlement. Mais quand ces mêmes foules entendaient un  député du régime Sarkissian faire barrage à leur chouchou, ils retournaient le pouce vers le bas en guise de mise à mort. C’étaient les mêmes hommes et les mêmes femmes qui, en un clin d’œil, passaient d’une hystérie joyeuse à une hystérie haineuse. Comme si le sentiment d’amour exacerbé du peuple arménien pour lui-même pouvait mécaniquement dégainer sa part haineuse sitôt qu’on venait à le contrarier. Janus en une seule et même tête. L’amour se nourrissant d’une haine ayant le même corps, à savoir l’Arménie.

Le passionné patriotique danse ainsi tantôt sur un pied tantôt sur l’autre, exprimant une agitation qui le rend certes précieux et exemplaire aux yeux de son monde et du monde mais qui dans le fond ne lui permettra aucun répit ni équilibre jusqu’à sa mort. La passion patriotique serait donc une sorte de pathologie de l’identité dans la mesure où elle affole la raison et interdit l’accès à la sagesse. Or pour un esprit qui voudrait tendre vers l’amour plutôt qu’il ne souhaiterait verser dans la haine, cette instabilité critique n’est pas tenable. Gandhi avait résolu le problème en pratiquant le jeun protestataire ou la riposte non violente à la violence. L’Inde que j’aime ne me  jettera pas dans la haine de celui qui m’interdit cet amour. Et Mandela avait compris que la réconciliation permettait de mieux promouvoir la paix civile que l’affrontement avec les praticiens patentés de la discrimination. Leçons  que Pachinian a retenues en se donnant pour programme d’orienter une génération cyberinformée  vers l’idée de préserver l’amour au sein du peuple arménien plutôt que de bâtir son pays sur l’abîme de la vengeance. Plutôt le droit sans haine que la haine au sein du droit.

De fait, la passion patriotique démontre l’impureté de tout ce qui touche à l’humain. Si nos sentiments sont impurs, c’est qu’ils sont mêlés de boue et de lumière. Sous l’astreinte de la culture pointe la fascination des instincts. Or le premier instinct qui sommeille sous la passion patriotique est l’instinct de conservation. La mutation instantanée de l’amour de soi en haine de l’autre qui voudrait toucher à cette chose sacrée que représente le pré carré de la patrie, c’est lui.

Il faut reconnaître que dans la passion fasciste de la patrie, la haine de l’autre s’exprime au-delà de son pendant amoureux. D’autant que cette passion se sent constamment agressée. Non seulement elle se tient sur le qui-vive, mais elle n’est plus rappelée à l’ordre par l’amour premier de la patrie. Alors que ceux qui privilégient cet amour savent que toute haine qui s’exprimerait plus fort que lui pourrait détruire la patrie même. C’est pourquoi la révolution de Pachinian s’est qualifiée d’emblée de velours. Le président Armen Sarkissian aura rectifié à tort en la nommant révolution arménienne croyant que cette révolution prenait sa source dans notre culture. Allons donc ! C’est oublier que la génération qui a construit avec Pachinan un mode inédit de changement radical a appris des autres (Gandhi, Mandela, non violence…) à produire ce changement  tout en préservant la paix civile. Sachant que cette paix civile pouvait seule éviter de fragiliser les frontières. Que cette paix civile était le garant d’une stabilité durable aux frontières constamment menacées.



Denis Donikian

samedi 26 mai 2018

Étrange chose que la passion patriotique. - Denis Donikian

Denis Donikian

Étrange chose que la passion patriotique. 

https://denisdonikian.wordpress.com/2018/05/26/de-la-passion-patriotique/

Le moins qu’on puisse dire, c’est que les récents événements d’Arménie ont permis d’observer combien les Arméniens du monde entier étaient en proie à des sentiments antagonistes. En trois semaines, non seulement nous avons assisté à des renversements de situation mais aussi à des virevoltes de comportement tant là-bas qu’en diaspora. Ainsi, par dépit amoureux, tel thuriféraire du pouvoir Sarkissian se changeait brusquement en contempteur de la chose arménienne tellement son esprit conservateur restait sonné par le coup de jeunesse que lui avait assené Erevan. Quant à ces protestataires, fous amoureux de leur leader, on les voyait, en un clignement, se soulever dans un même mouvement d’exécration envers les députés et potentats oligarchiques qui les auront menés en bateau durant 20 années et plus. Comme si le terreau de la nouvelle idolâtrie s’était constitué à partir d’une lente et sûre détestation. Comme si au mépris subi durant plus de vingt ans on répondait par un mépris unanime et concentré. Comme si en chaque passionné cohabitaient l’amour du pays et la haine de ce qui contrarie cet amour. Comme une même pièce de monnaie habile à montrer en un clin d’œil tantôt sa face et tantôt son envers, la passion patriotique est assez agile pour vous baiser la joue ou vous offrir son cul selon que vous la respectez ou pas.

Le lecteur qui nous lit en ce moment et nous-même qui écrivons sommes d’autant plus inconscients de cet passion qu’elle n’existe que par nous et nous constitue comme un attachement animal à la nation arménienne. Dès lors, si nous sommes des sujets lisant ou écrivant sur la chose arménienne, nous devons être aussi regardés comme les objets mêmes de cette passion parce que nous sommes l’œil autant que le spectacle.

On a souvent dit de la haine qu’elle pouvait être une autre forme de l’amour. De fait, la haine est constitutive de la passion. Dans le cas arménien, et d’ailleurs partout où se développe la passion patriotique, la chose est telle qu’elle peut s’emparer d’une même personne devenue ainsi victime d’une pathologie touchant à la fois ses pensées et ses actes. Au nom de son peuple ou de son pays, un Arménien peut  s’autoriser à torturer, à mentir ou à trucider un autre Arménien. En l’espèce, ce droit à faire le mal est le propre de tous ceux qui défendent bec et ongle leur patrie. Les Arméniens s’étonnent que Erdogan mente sur le génocide arménien. Mais en quoi Erdogan viendrait salir l’idée qu’il a de la Turquie par un génocide ? Comme si les Arméniens ne mentaient pas pour préserver l’image qu’ils ont d’eux-mêmes. De fait, dans ce cas de figure, tout devient permis, l’amoralité plutôt que l’immoralité. Ainsi, toute morale patriotique aurait le devoir, sinon le droit, de transgresser la morale pour sauvegarder la nation.

L’histoire arménienne est jalonnée d’animosités verbales, d’inimitiés sanglantes, de rivalités secrètes ou déclarées, de trahisons. C’est que le bien de la patrie ne souffre pas d’autre conduite que suprême tant il est chose éminemment sacrée. Chacun qui se croit investi d’une mission patriotique de vigilance s’autorise à jeter des anathèmes au nom de l’intérêt national ou en fonction de références absolues qu’il estime incarner. C’est qu’en lui l’amour de la patrie se convertit au quart de tour en haine de ceux qui le dévoient. Mais ceux qui le dévoient croient à leur tour que leur contempteur est lui-même l’ennemi du bien national. Ainsi se mêlent dans un même panier de crabes des hommes relevant d’une même origine, animés d’une même animosité les uns envers les autres mais exprimant des visions antagonistes de l’intérêt national. Tout forum communautaire offre le spectacle de chaudes confrontations où chacun rivalise avec chacun de bons mots et d’idées salvatrices qui constituent autant de messages messianiques dignes d’un café du commerce.

Quand ces voix ne conduisent nulle part, elles produisent du rien, du ridicule et de la vanité. Chacun se donne une importance symbolique dont il est dépourvu dans la vie réelle. Garant de sa santé patriotique, le choc qu’il cherche à provoquer au contact de compatriotes qui pensent différemment, donc mal, rehausse à ses yeux son amour-propre, quitte à faire rire aux éclats un spectateur tenu à l’écart de ces joutes de petits titans.

En réalité, toute nation se nourrit de ce mal nécessaire pour faire valoir tels intérêts plutôt que tels autres. C’est ainsi qu’il faut voir l’activité parlementaire où des voix discordantes s’expriment au nom du bien supérieur de la patrie. Mais si ici les combats oratoires sont codifiés, sinon policés, ailleurs ils peuvent faire l’objet d’affrontements physiques redoutables. Il n’y pas de parlement où la joute oratoire ne se mue un jour ou l’autre en pugilat. En Arménie, le Parlement a même réussi à faire parler des armes tenues certes par des éléments de l’extérieur mais qui étaient probablement commandités par des responsables politiques désireux de s’imposer par la force.

En vérité, chaque membre soucieux du destin de la nation s’estime comme un acteur de sa survie. La passion patriotique individuelle n’a pas d’autre objectif que celui de garantir la pérennité du peuple. A ce titre, chacun consent à donner de sa personne pour contribuer à la réussite de cette mission. Laquelle mission est en quelque sorte inscrite dans les gênes des individus à des degrés divers. Chez certains elle investira la totalité de la personne, chez d’autres elle ne s’exprimera que de manière épisodique. Mais ne pas participer par son existence à l’éternisation de son peuple équivaudrait à ne pas faire partie de ce peuple. En ce cas, l’homme coupé de sa communauté prend le risque de devenir un être flottant, à savoir un membre libre de toute attache mais qui s’est retranché de la possibilité de s’inscrire dans la durée des siens. Cette insertion au sein d’une communauté offre une orientation à l’existence, entre une naissance qui n’est plus de hasard et une mort qui n’est plus mortelle. Bref, chaque individu se perçoit comme immortel du fait de l’immortalité supposée du peuple qu’il a nourrie de ses pensées et de ses actes, de son agressivité et de son amour.

Il faut du courage pour accepter d’être suspendu dans le vide. Un homme comme Ara Baliozian y travaille avec constance depuis des années. Reste à savoir si cette volonté de faire table rase en se débarrassant des oripeaux symboliques de l’appartenance au peuple arménien ne serait pas dans le fond une autre manière de décliner ses origines et de les chérir. De fait, les diatribes d’Ara Baliozian contre le peuple arménien sont des mots d’amour habillés d’humour noir, mais des mots d’amour quand même. Comme si la meilleure façon d’aimer son peuple serait de se fouetter jusqu’au sang en le fouettant jusqu’au sang.

Quand la barbarie - Toute la Macédoine - Un peuple - Si pour toi - Si tu crois - De l'impasse aux Manifestations Macédoniennes - N. Lygeros


Quand la barbarie

N. Lygeros
Traduit du Grec par A-M Bras

Quand la barbarie
essaie
d’imposer
ses inacceptables
positions
il est nécessaire
de nous coordonner
pour supporter
les pressions
car
le réseau
neuronal,
quand il est
profond,
est capable
de surmonter
les problèmes
et les obstacles.

*****
Toute la Macédoine

N. Lygeros
Traduit du Grec par A-M Bras

Toute la Macédoine
doit montrer
en pratique
qu’elle protège
son nom
dans chaque ville
dans chaque village
pour montrer
à tous
que la résistance
de l'Hellénisme
continue
indéfiniment
car
notre mission
n'est pas
finie
depuis
puisqu’il y a
le risque
du rayadisme
à cause des
institutionnels
non identifiés.

*****
Un peuple

N. Lygeros
Traduit du Grec par A-M Bras

Un peuple
a
du mérite
dans les combats
qu’il donne
pour résister
aux actions
de la barbarie
qui essaie
de le battre
sinon
s'il ne résiste pas
et accepte
l'inacceptable
alors qu'il voit
qu'il perd
son histoire
alors
il est digne
de son destin
car
c’est l’esclavage
qu’il désire
et juste cela.

*****
Si pour toi

N. Lygeros
Traduit du Grec par A-M Bras

Si pour toi
le mot
Macédoine
n'a pas
d’histoire
comment veux-tu
alors
résister
quand ils vont
le voler
à cause de 
l’idéologie
car
ils ne croient
en rien
puisqu'ils existent
seulement
dans le présent
sans
aucune
évolution
pour être
les souverains
du vide
de la société.

*****
Si tu crois

N. Lygeros
Traduit du Grec par A-M Bras

Si tu crois,
tu vaincras
parce que la lumière
est
plus puissante
que l'obscurité
parce que l’amour
est
plus fort
que la haine
parce que l'humanité
est
le stigmate
de l'Humanité
donc
prépare-toi
à mener
un combat
sans
avoir peur
parce que
nous serons
ensemble
au front.

*****

De l'impasse aux Manifestations Macédoniennes

N. Lygeros
Traduit du Grec par A-M Bras

A travers les déclarations officielles du négociateur, tout le monde a bien compris le fait que les tactiques de communication des deux parties ne représentent pas la réalité. Chaque partie veut paraître accommodante pour ne pas être blâmée en cas d’échec, mais sur le fond la question du nom reste ouverte. Parce qu'elles ne s’occupent que de politique et ne considèrent pas que la question nationale est souveraine, elles ne font là-bas que des compromis. Pour cette raison, ceux qui croient aux valeurs de l'Hellénisme et à l'importance de la lutte, se retournent solennellement vers l'annonce officielle des Manifestations Macédoniennes qui se tiendront dans toutes les grandes villes de Macédoine sauf Thessalonique qui avait montré le premier exemple de résistance du peuple Grec. Puisque tous les Grecs constatent une fois encore qu’au niveau politique le message, que l’Hellénisme ne veut aucune utilisation du terme Macédoine pour résoudre le problème de Skopje, n'est pas encore passé, ils effectueront simultanément de multiples manifestations le 6 Juin 2018 pour rappeler à ceux qui oublient tout et sont fiers des succès de leur servilité, que l’Hellénisme ne va pas accepter l'inacceptable et continuera la lutte sans renoncer à sa position diachronique.

*****

Les chats de Nadezda ...




Un reportage bienfaisant de mon amie Nadezda sur

nos amis les chats 

qui nous conduit en divers lieux du monde

là où, protégés, ils existent

dans un paysage qu'ils rendent vivant et chaleureux

*********


vendredi 25 mai 2018

Quand le jaune - Recette humaine - L'or blanc - La libération - Lorsque tu coupes - Dans Sitia - Au port - Nous nous battons ensemble - Dans la forteresse vénitienne - N. Lygeros



Quand le jaune

N. Lygeros
Traduit du Grec par A-M Bras

Quand le jaune
a recherché
le sucre
et le lait
ce n'était pas
pour lui-même
mais
pour soulever
la neige
avec les blancs
plus haut 
et sentir
son absolue
légèreté
qui est
le miracle
qui se produit
quand on a compris
qu’en se séparant
chacun
peut
aider
l'autre
pour la synthèse.

*****
Recette humaine

N. Lygeros
Traduit du Grec par A-M Bras

Après avoir fait bouillir le lait blanc
avec du sucre et de la vanille,
ont été séparés en deux
les jaunes des blancs.
Ainsi quand ils ont été battus
les blancs se sont transformés 
en belles montagnes blanches 
puis avec une cuillère
ils préparèrent des îles
qui se glissèrent sur 
la mer blanche
qui frémissait sans bouillir.
Les îles après avoir cuit
2 minutes de chaque côté
se retirèrent discrètement 
pour attendre
le soutien de la crème jaune.
Les jaunes se sont unis au sucre
et mélangés vigoureusement
puis le lait chaud à la vanille leur tomba dessus
pour qu’ils se transforment en crème épaisse
capable de soulever le poids
des îles blanches qui viendraient prendre
leur place après le retour du froid
pour rester des météores.

*****
L'or blanc

N. Lygeros
Traduit du Grec par A-M Bras

Les Îles d'argent
sur une mer d’or
sont apparues à l'horizon
mais personne ne pouvait imaginer
que c'était une image de petits hommes
qui aimaient
de leur coeur innocent
l'humanité de la Dame.
Alors ils ont écouté des compositions
qui disaient des mots silencieux
pour toucher chaque homme
qui verrait le doux paysage.
Mais quand nous avons touché
l’or blanc
nous n'avons pas compris immédiatement
que c'était l'argent de la voix
et l'or du silence,
nous n'avions pas imaginé
que cet alliage
étaient le passé
et le futur
qui est devenu le temps
pour créer les saisons
et les morceaux du Paradis
grâce à l'amour.

*****
La libération

N. Lygeros
Traduit du Grec par A-M Bras

La libération
du corps
aide
l'esprit
et celui-ci
peut
continuer
à évoluer
sans attaches
puisqu’alors
il a la possibilité
de découvrir
le sens
du lien
comme relation
diachronique
qui surpasse
tous les obstacles
de la société
pour venir
plus près
de l'Humanité.

*****
Lorsque tu coupes

N. Lygeros
Traduit du Grec par A-M Bras

Lorsque tu coupes
les feuilles mortes
des arbres
tu les aide
à se développer
et surmonter
les problèmes
que causent
les conditions
adverses
dans
dans lesquels
ils vivent
donc
dans ce sens
tu te bats
pour le droit
des innocents
qui demandent
protection
pour échapper
à la société
et la barbarie.

*****
Forteresse de Sitia

Dans Sitia

N. Lygeros
Traduit du Grec par A-M Bras

Dans Sitia
nous avons trouvé
les premiers éléments
d’ Erotokritos
du Kornaros
en raison de la réputation
et nous avons commencé
à parler
de l’oeuvre
de l'autre
siècle
qui même
maintenant
continue
à impressionner
le peuple
et les intellectuels
car
il touche
le coeur
et l'esprit
des hommes
qui n'oublient pas
l'histoire
avant le siège.

*****
Au port

N. Lygeros
Traduit du Grec par A-M Bras

Au port
de Sitia
sous le château
le Vénitien
nous admirions
la mer
d'une autre
époque
et qui
même maintenant
parle
du passé
à ceux qui
peuvent
entendre
son silence
pour remplir
leur âme
avec l’oeuvre
du Temps
sans
jamais
avoir peur
pour leur liberté.

*****
Nous nous battons ensemble

N. Lygeros
Traduit du Grec par A-M Bras

Nous nous battons ensemble
depuis des années
pour montrer
que l’Erotokritos
de Kornaros
est un trésor
national
pour la Grèce
et qu'il peut
encore
devenir
patrimoine
immatériel
de l'Humanité
car
nous ne voulons pas
que la mémoire
soit perdue
non seulement
d'une époque
mais
d’un morceau
d'histoire.

*****
Dans la forteresse vénitienne

N. Lygeros
Translated from the Greek by A.-M. Bras

Dans la forteresse vénitienne
nous avons vu les morceaux
de siècles du Temps
et à travers chaque meurtrière
le regard de la tactique
qui soutient
la stratégie de Crète
nous avons réalisé ainsi
que cette tour
au bord de l’échiquier
avait son rôle
intemporel à jouer 
et même maintenant
il a fonctionné pour Sitia
comme point de référence
pour le futur
De cette façon
nous avons repensé
à l’oeuvre de Kornaros
puisque Erotokritos
constitue la suite
d'une histoire
et d’une stratégie
contre la barbarie.

*****