samedi 30 juin 2018

Première interview d'Isabelle Yvos - à propos du Parti animaliste


Première interview d'Isabelle Yvos

"Les animaux doivent-ils avoir les mêmes droits que nous ?" (Accropolis :  Rencontre avec le Parti animaliste)

Extrait de l'émission : https://youtu.be/zZTakzTqrG8
"D'où vient l'argent des partis ? [Partis Time du 28/06/2018] | Accropolis Replays"

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C'est comme tout : cela s'apprend (pas facile de rassembler ses esprits pour faire passer les messages essentiels !) 

Mais tu travailleras, seule comme d'habitude - sans "coach" comme en bénéficie le monde politique sponsorisé -

à l'instinct, en autodidacte, sans crainte,
 car tu peux tout ma fille !


mardi 26 juin 2018

L’État turc a le dirigeant qu’il mérite - ARA TORANIAN

L’État turc a le dirigeant qu’il mérite
25 juin 2018

Le dictateur réélu incarne les rêves d’une domination ottomane retrouvée tout en permettant d’assumer avec aplomb les horreurs du passé. Analyse. 

 Par Ara Toranian




Ainsi l’électorat turc a-t-il reconduit le 25 juin le «dictateur» à la tête de l’État. Mieux : il lui a accordé des pouvoirs renforcés qui lui permettront d’avoir les coudées encore plus franches pour discriminer, emprisonner, massacrer. Vu de l’extérieur cette sorte de masochisme revêt une dimension surréaliste. Mais pas quand on est Français d’origine arménienne. C’est-à-dire descendant des réfugiés du génocide de 1915. Car, on sait dès lors que la réélection du dictateur s’inscrit dans le droit fil d’un État qui n’a de cesse de se retourner depuis 100 ans contre telle ou telle autre catégorie de la population, avec la bénédiction d’une «majorité» galvanisée par un tropisme nationaliste et religieux aussi brutal que tyrannique. Ainsi s’est-il toujours trouvé dans ce pays une «majorité» pour approuver le génocide des Arméniens, l’anéantissement des chrétiens (grecs, assyro-chaldéens), les massacres répétés contre les Kurdes, les Alévis, la haine des Juifs, la répression contre les syndicats, les journalistes, les fonctionnaires, les avocats. Bref, contre toute forme d’altérité à l’endroit d’une société historiquement façonnée par une succession de crimes et de spoliations, et qui ne déteste rien tant que la «minorité». Cette majorité ultra-conservatrice, qui a vécu du recel de ces abominations, s’est reconstituée le 25 juin pour donner un blanc seing au despote qui lui promet de renouer avec les bonnes vieilles traditions ancestrales. En ne reniant rien du passé, mais en faisant au contraire miroiter la possibilité d’un retour à la folie des grandeurs, Erdogan savait qu’il pouvait jouer sur un inconscient collectif d’autant plus enclin à la mégalomanie, qu’il en a toujours été récompensé. Ses boucs émissaires sont cette fois-ci plus particulièrement Kurdes. Mais la haine antiarménienne sur laquelle s’est construite la Turquie moderne n’est jamais loin. Idem pour l’antisémitisme, le panislamisme et le panturquisme. Qui se soucie de l’extermination des Arméniens quand on a déjà oublié Afrine ? Qui s’inquiète des déclarations d’Erdogan sur Israël ? De ses visées sur un islamisme mondial en quête de leader ? De ses prétentions sur l’Union européenne ? De sa propension à faire du chantage une seconde nature de l’État dans les relations internationales. Chantage à l’ouverture des «vannes de l’immigration» sur Bruxelles. Chantage permanent à changer de camp (soutien alternatif à Daech ou à Poutine), vis-à-vis de  l’OTAN. Chantage politico-commercial sur les pays qui s’aventurent à reconnaître le génocide des Arméniens, dont la négation est l’ultime fierté du «patriotisme» turc. Il n’est pas jusqu’à la «diplomatie des otages» dont ne fasse usage le sultan. En atteste un rapport publié le mois dernier par l’ex-parlementaire turc Aykan Erdemirn, qui travaille désormais aux États-Unis au sein du centre de réflexion Foundation for Defense of Democracies. Selon lui, 55 ressortissants étrangers ou binationaux qui ont été arrêtés et emprisonnés depuis le coup d’État avorté de juillet 2016 ont été utilisés comme monnaie d’échange ou comme gages, souvent pour obtenir des concessions en faveur d’Ankara. Le résultat de ce scrutin le montre: la posture turque de puissance, à laquelle rien n’a résisté depuis un siècle reste éminemment flatteuse pour au moins 50% de la population qui voit dans son leader réélu celui qui incarne les rêves d’une domination ottomane retrouvée tout en lui permettant d’assumer avec aplomb toutes les horreurs du passé. De quoi largement combler les aspirations conservatrices de la partie la plus archaïque de cette société rurale et patriarcale jusqu’à l’outrance qui forme le socle électoral du président turc. Une masse qui impose jusqu’à aujourd’hui à la quasi totalité de la classe politique turque (hormis le HDP) l’essentiel de ses valeurs. À quand, pour reprendre une expression chère à Bernard-Henri Lévy, la dénazification du pays ? À cette heure, l’État turc a le dirigeant qu’il mérite.

http://armenews.com/article.php3?id_article=160935



lundi 25 juin 2018

Notre corps - Les réactions - Pour corriger - N. Lygeros


Notre corps

N. Lygeros
Traduit du Grec par A.-M. Bras

Notre corps
est toujours
au service
de la patrie
quand il existe
un risque
et nous ne craignons pas
de nous retrouver
au coeur
de la bataille
aussi difficiles
que soient
les conditions
parce que nous savons
qu’en montrant
l’exemple
on change
et le monde
de même.

*****
Les réactions

N. Lygeros
Traduit du Grec par A.-M. Bras

Les réactions
et la colère
doivent
se transformer
en réactions stratégiques
pour provoquer
déplacement 
et portée
car grâce
à cela
les données
changeront
et
le chemin
de la solution
sera
complètement
différent.

*****

Traduit du Grec par A.-M. Bras

Pour corriger
les choses
il n’y a plus
qu’une seule solution
et 
c'est
l'action
car
seuls des actes
et non
des mots
peuvent
remettre
à leur place
les données
que d'autres
ont essayé
de voler.

*****
(1) http://dzovinar.blogspot.fr/p/blog-page.html
(2) http://dzovinar.blogspot.fr/p/la-page-de-nikos-lygeros-2.html
(3) Autres poèmes : mes choix**
 http://dzovinar.blogspot.fr/p/la-page-de-nikos-lygeros-3-autres-poemes.html
(4) textes - poèmes (suite)
http://dzovinar.blogspot.fr/p/la-page-de-nikos-lygeros.html
(5) textes - poèmes (suite)
http://dzovinar.blogspot.fr/p/la-page-de-nikos-lygeros-5.html
(6) Nouvelles
http://dzovinar.blogspot.fr/p/la-page-de-nikos-lygeros-6-nouvelles.html
(7) textes - poèmes (suite)
http://dzovinar.blogspot.fr/p/la-page-de-nikos-lygeros-7.html
(8) textes - poèmes (suite)
https://dzovinar.blogspot.fr/p/la-page-de-nikos-lygeros-8.htm

samedi 23 juin 2018

LOTO DU PATRIMOINE (Nouvelles d'Arménie Magazine)

Aux négationnistes, révisionnistes et autres porte-cotons de la Turquie stupéfiante de Pierre Loti
 par Armand Sammelian


Plus d’un siècle que l’ordre fut donné par la dictature Jeune-Turque d’exterminer le peuple arménien . Plus d’un siècle que la Communauté Internationale ( ?) , incapable de nommer le Mal par son nom , un GENOCIDE , baisse les yeux devant une Turquie qui se moque de la Vérité . Et plus d’un siècle que les enfants des rescapés vivent comme une humiliation un négationnisme qui s’obstine à nier l’évidence , fut-elle ignorée par l’illustre dépravé , antisémite et arménophobe , de la marine française .

ALORS QUE LES FAITS PARLENT D’EUX-MÊMES 

A commencer par la cinquantaine de télégrammes codés dit “ANDONIAN“ envoyés par TALAAT pacha aux gouverneurs de province , ordonnant l’élimination de tous les arméniens sans exception , où qu’ils se trouvent et quels que soient leurs âges !!! Ou encore d’innombrables témoignages occulaires confondants , de notes avérées , de rapports documentés , de confessions et de mémoires étayés et concordants , d’ouvrages de référence probants , rédigés par d’éminentes personnalités , diplomatiques , militaires , caritatives , religieuses ..... se trouvant en poste en Turquie en 1915 et qui , toutes , dénoncent les atrocités subies par le peuple arménien , notamment :

- HENRY MORGENTHAU , ambassadeur américain à CONSTANTINOPLE de 1913 à 1916 
- LESLIE DAVIS , consul américain à KHARPOUT de 1913 à 1917 
-Le pasteur allemand JOHANNES LEPSIUS - L’ambassadeur allemand WANGENHEIM à CONSTANTINOPLE 
- Le général allemand LIMAN VON SANDERS , chef d’état - major de l’armée OTTOMANE pendant TOUTE la 1e GUERRE MONDIALE
- Monseigneur DOLCI , nonce apostolique du Pape BENOIT XV pour l’empire Ottoman
- Les centaines de photos prises sur place par le sous-lieutenant Armin WEGNER , infirmier militaire de l’armée allemande . 
- ou le LIVRE BLEU officiel britannique de Lord BRYCE et de l’historien TOYNBEE - Ou bien l’avertissement lancé le 24 mai 1915 par la FRANCE , la RUSSIE et l’ANGLETERRE , 4 semaines après le début des massacres , intimant aux 3 PACHAS qu’ils auraient à rendre compte personnellement des “Crimes de lèse-humanité “ commis contre les arméniens , formule utilisée pour la première fois dans l’Histoire .
-Citons aussi “l’hommage à l’Arménie“ organisé , le 16 avril 1916 , à “LA SORBONNE“ sous la présidence de Paul DESCHANEL , Anatole FRANCE clôturant le meeting au cours duquel Paul PAINLEVE le ministre de l’Instruction Publique dira : “les massacres qui ensanglantent le peuple arménien dépassent par leur ampleur et leur cruauté les plus atroces légendes de tous les lieux et de tous les temps“ . Mais aussi , entre autres :
- Les déclarations de Kémal ATATURK en personne , lequel a d’abord qualifié les massacres d’arméniens “d’acte honteux“ avant de les poursuivre au Caucase et en Cilicie en 1920 et 1921 . 
- Et encore le“ Firman “ émis en 1917 par HUSSEIN IBN ALI le Chérif de LA MECQUE , Gardien des Lieux Saints , condamnant l’extérmination des arméniens au nom du DJIHAD , comme contraire au CORAN .
- ou le diplomate norvégien Fridjof NANSEN , prix Nobel de la Paix en 1922 qui dira : “ il semble que pour tout gouvernement ou homme d’état américain ou européen , la Question Arménienne soit résolue , noyée dans le sang de manière préméditée , méthodique et obstinée par les jeunes-turcs “
- Sans parler du nouveau ministre de l’intérieur turc MUSTAFA ARIF qui , le 13 décembre 1918 , a pu déclarer : “Pendant la guerre , les Jeunes-Turcs ont appliqué , avec une intention criminelle , une loi de déportation qui surpasse les forfaits des brigands les plus sanguinaires . Ils ont décidé d’extérminer les arméniens et ils les ont extérminés“ .
C’est dire combien le génocide des arméniens ne fait l’objet d’aucune contestation à la fin de la Grande Guerre : une stèle commémorative est d’ailleurs érigée en avril 1919 à CONSTANTINOPLE , à l’initiative du Sultan MEHMET VI , en souvenir des victimes arméniennes de 1915 , en attendant les procès des coupables , procès devenus incontournables devant le scandale international soulevé par les carnages de masse pérpétrés par les jeunes-turcs sur des populations civiles inoffensives ..................

EN EFFET , 
les procès turco-ottomans tenus à CONSTANTINOPLE à la fin de la Grande Guerre sont d’une importance extrême par la précision et la richesse des preuves collectées outre que c’est la seule et unique fois en 5 siècles que des dirigeants turcs sunnites sont traduits en justice pour avoir organisé des massacres de chrétiens , d’une ampleur sans précédent .
Rappellons succintement la chronologie des actes :

- l’armistice de MOUDROS est signé le 30 octobre 1918 entre les turcs et les Alliés .

- Une commission d’enquête officielle , créée un mois et demi plus tard , le 16 décembre 1918 sur ordonnance impériale , sous la direction d’un homme remarquable “MAZHAR bey“, UN JUSTE , est chargée d’instruire 130 dossiers à travers 62 procédures criminelles dont les chefs d’accusations CARACTERISES à l’encontre des bourreaux JEUNES TURCS sont éloquents 
 : - abus contre l’honneur des femmes 
- confiscations de propriétés privéesV - profits personnels illégaux
- exécutions de civils sur fausses allégations
- déportations et travail forcé
-pillages et massacres de masse

- Des milliers de documents originaux seront réunis , correspondances simples ou cryptées , courriers secrets , ordres divers codés , missives consulaires , télégrammes chiffrés , photographies , dépositions innombrables comme autant d’éléments accablants que la presse turque relaiera durant 2 ans entre 1919 et 1920 . Outre les journeaux turcs SABAH - ALENDAR - IKDAM - ZAMAN - YENI GAZETE - les minutes de ces procès sont publiées au Journal Officiel turc où les qualifications de “destruction volontaire “ et“ d’annihilation planifiée du peuple arménien“ sont explicitement citées dès 1919 . En Occident , le TIMES de Londres , la GAZETTE DE LAUSANNE , le BOSTON GLOBE , le PETIT PARISIEN , le FIGARO ou l’ HUMANITE les reprendront régulièrement en temps réel et le NEW YORK TIMES publiera près de deux cents articles entre 1915 et 1922 alors que l’Allemagne imposera une censure absolue à sa presse !

- Sur le plan procédural , la chambre des députés Jeune-Turque , seule instance apte à saisir la “Haute Cour de Justice Ottomane“ pour juger les criminels , étant dissoute , le Sultan choisit le biais de 3 Cours de Justice Militaire . Elles siégeront à CONSTANTINOPLE à travers 8 procès à partir du 8 mars 1919 :
- un premier procès vise 24 principaux dirigeants unionistes du Comité Central du CUP , le Comité “Union et Progrès“ au pouvoir , les véritables ordonnateurs du génocide .
- un 2e procès est dirigé contre 36 responsables régionaux .
- 6 autres procès portent sur les circonstances précises des massacres et des déportations des 6 provinces d’ASIE MINEURE de YOZGAT - TREBIZONDE - BAYBOURT - KHARPOUT - OURFA et ERZINDJAN .

- Les premières instructions étant achevées par la commission “MAZHAR“, les plus hauts dignitaires unionistes sont donc déférés , à partir du 8 mars 1919 , devant la Cour Martiale de Constantinople et , du 5 juillet 1919 à la fin 1920 , 20 CONDAMNATIONS A MORT sont prononcées à l’encontre des criminels , la plupart par contumace en raison de leur exfiltration par les réseaux jeunes-turcs , 20 condamnations à mort que nul ne conteste alors que 150 autres criminels sont transférés sur l’ile de MALTE par les britanniques dans l’attente d’un procès international ........... qui n’aura jamais lieu.............. !
Car , le 13 janvier 1921 , ces procès seront suspendus par ATATURK avant qu’il n’interrompe définitivement le processus judiciaire en 1922 , ordonne la démolition de la stèle commémorative érigée à CONSTANTINOPLE , instaure un roman national enchanteur , réhabilite les égorgeurs jeunes-turcs , obtienne leur libération et pour couronner le tout , leur confie des rôles majeurs dans la Nouvelle République d’ANKARA en 1923 en guise de récompense : ils seront ministres , conseillers d’état , généraux , magistrats , hauts fonctionnaires ..........

Certains d’entre eux seront élevés au rang de martyrs de la nation turque : des rues , des avenues , des écoles , des facultés , des parcs , des places et des mausolées , non seulement portent le nom de ces racailles mais font l’objet de recherches universitaires célébrant leur grandeur quand ils ne sont pas l’objet d’une glorification nationale , encore aujourd’hui !!! Imagine t’on un instant HITLER , HIMMLER , GOEBBELS , HESS , MENGELE et tous les autres salopards célébrés de la sorte en Allemagne jusqu’à aujourd’hui !
C’est pourquoi , en l’absence de véritable châtiment , à trois exceptions près pendues par la justice ottomane , les arméniens , délaissés et floués à la fois par les turcs et par les Alliés , n’auront d’autre choix que de se substituer à l’autorité judiciaire turque défaillante et APPLIQUER eux-mêmes les sentences de mort laissées sans suite , prononcées par les Cours Martiales Ottomanes .
Furent ainsi traqués , retrouvés et exécutés par un commando de justiciers arméniens dans le cadre de l’opération “NEMESIS“ :
- TALAAT pacha , DJEMAL pacha , ENVER pacha , Dr CHAKIR , DJEMAL AZMI , SAID HALIM , AZIZ bey , Dr NAZIM , MEHMET AZNI , 
Tous ces SALAUDS , condamnés à mort par la justice du Sultan , avaient amassé des fortunes considérables , fruit des spoliations des biens arméniens , comptes bancaires , contrats d’assurances , bijoux et numéraires , pensant couler des jours heureux , incognito , sous d’autres cieux , les poches pleines après leurs forfaits .

La “Commission des Responsabilités des Auteurs de la Guerre “ créée par les Alliés avait pourtant soulevé spécifiquement le cas de l’extérmination des Arméniens pendant la CONFERENCE DE LA PAIX de PARIS en janvier 1919 . Elle avait conclu à l’existence de “crimes commis contre les lois de l’Humanité “ dans son rapport premier daté du 5 mars 1919 . Qui plus est , le représentant officiel turc DAMAD FERID pacha à la dite Conférence déclarera explicitement en séance plénière “ qu’il s’était produit contre les arméniens sur le territoire ottoman des méfaits qui feront trembler pour toujours la conscience de l’humanité“, tant et si bien que la Conférence de Paris prévoira la création d’un “HAUT TRIBUNAL INTERNATIONAL “ chargé de traduire en justice les criminels Jeunes-Turcs .

Ce “procès de NUREMBERG“ arménien ne verra jamais le jour malgré une ultime déclaration de WINSTON CHURCHILL : “En 1915 , le gouvernement Jeune-Turc commença et mena à bonne fin une oeuvre infâmante : le massacre et la déportation générale des arméniens d’Asie Mineure . La suppression de ce peuple ancien fut aussi complète qu’un tel acte pouvait l’être à une aussi grande échelle“ . 

Si cette machinerie d’anéantissement n’est pas un GENOCIDE , comment qualifier ALORS cette entreprise de destruction systématique et planifiée des deux tiers du peuple arménien , un million et demi de civils innocents , torturés , pillés , assassinés , déportés et relégués dans des camps de concentrations où les quelques survivants étaient achevés parce qu’ils étaient arméniens et chrétiens !

C’est , en tous cas , l’exacte définition du néologisme “GENOCIDE“ telle que conçue en 1943 par le juriste juif polonais RAPHAEL LEMKIN sur la référence explicite des abominations subies par les arméniens en 1915 , je cite : “ l’élimination intentionnelle et programmée de tout ou partie d’un groupe ethnique ou religieux “ .
Au reste , dès 1997 ,“ l’Association Internationale des Historiens des Génocides“ adoptait à l’unanimité une résolution formelle affirmant la réalité indiscutable du génocide des arméniens et invitait les démocraties occidentales à le reconnaitre.
Ce qu’ont fait , devant l’avalanche de preuves , le VATICAN et une TRENTAINE d’états dans le monde , des dizaines de parlements nationaux , régionaux et même municipaux , sans parler de 48 états américains sur 50 ainsi que le Parlement Européen à 3 reprises mais aussi le Parlement Latino-Américain représentant 23 états sud-américains ou encore les PAYS-BAS le 22 fevrier 2018 . 
Il y a encore plus !
Il y a l’aveu , par le Président de la République Fédérale Allemande JOACHIM GAUCK en 2015 à l’occasion du centenaire , de “l’IMPLICATION du 2e REICH dans le GENOCIDE DES ARMENIENS“ .

il y a le vôte en 2016 par le BUNDESTAG , le parlement allemand , à l’unanimité moins une voix ( une députée d’origine turque ! ) , de la reconnaissance de la “COMPLICITE ALLEMANDE dans l’EXECUTION du GENOCIDE des ARMENIENS“ en 1915 par les jeunes-turcs .
Il y a la déclaration d’ANGELA MERCKEL , la chancelière allemande , qui a dit : “le sort des arméniens pendant la 1e guerre mondiale est un exemple de l’histoire des meurtres de masse , des nettoyages éthniques et , oui de “GENOCIDE “ au cours du 20e siècle“ . Au surplus , et pour en terminer , il y a la preuve des preuves !
il y a le “CARNET NOIR“ tenu par TALAAT lui-même , écrit DE SA MAIN et conservé secrètement par sa veuve depuis 1920 dans la doublure d’une vieille malle , puis confié en 1982 par sa petite-fille au journaliste et historien nationaliste turc MURAT BARDAKCI qui finira par le publier fin 2008 en fac-similé et qui atteste irrévocablement , région par région , en quelques dizaines de pages manuscrites , le plan de déportation et de liquidation des arméniens qu’il avait lui-même ordonné et qu’il suivait assidûment force chiffres , tableaux , graphiques , cartes , état de démembrement des convois au fil des jours ..........car la BETE tenait un cahier détaillé dans lequel il dénombrera lui-même 972.000 arméniens “manquants“ ou “disparus“ , pour reprendre ses termes choisis !!!
La BETE tenait personnellement les comptes afin qu’aucun arménien n’en réchappe , y compris dans les camps de concentrations ultimes de RAKKA , DEIR- EZ -ZOR et RAS - EL- AIN où les derniers survivants décharnés ont été achevés sur ses ordres !
Le ministre des affaires étrangères russe SAZONOV traitera TALAAT de “plus grand scélérat que la terre ait jamais porté“ .

OUI , LES FAITS PARLENT D’EUX MEMES !

LA QUESTION N’EST PAS DE SAVOIR SI LE GENOCIDE DES ARMENIENS A EXISTE MAIS POURQUOI LA COMMUNAUTE iNTERNATIONALE NE L’A TOUJOURS PAS SANCTIONNE ALORS QUE , DE SURCROIT , LES COUPABLES ONT ETE JUGES ET CONDAMNES A MORT PAR LA JUSTICE MARTIALE OTTOMANE SUR LE FONDEMENT DE PREUVES IRREFUTABLES CONSIGNES AU JOURNAL OFFICIEL TURC QU’ IL SUFFIRAIT DE CONSULTER A PREMIERE LECTURE ?! 
Le génocide , puis son déni et enfin son impunité constituent une triple MONSTRUOSITE définitivement impardonnable , une injure à la Vérité , une tache indélébile sur le front vérolé de la Communauté Internationale et particulièrement de la Cour Européenne des Droits de l’Homme depuis 2015 , une insulte aux victimes qu’elles soient grecques , assyro-chaldéennes ou arméniennes , un affront à notre dignité et UN ENCOURAGEMENT A LA RECIDIVE .......

Il est temps que CESSE cette immunité politique pitoyable garantie par les anglo-américains pour un plat de lentilles , INSOUTENABLE ni moralement ni juridiquement ni historiquement .

Il est temps que le négationnisme soit enfin lourdement sanctionné contre tous ces courtisans cupides qui font leur miel sur le dos de nos martyrs et ce libidineux “capitaine de vessie“* honoré par la France .

ARMAND SAMMELIAN
Le 21 JUIN 2018

*de Victorien Sardou /rapporté par Christan Gury dans son livre “Lyautey-Charlus“ -éditions Kimé -1998

samedi 23 juin 2018,
Ara ©armenews.com

lundi 18 juin 2018

La lutte pour la Macédoine Nikos Lygeros



La lutte pour la Macédoine
Nikos Lygeros

La lutte pour la Macédoine se poursuit à un niveau stratégique, politique et local. Tout le monde doit être informé du contenu des 20 articles contenus dans cet accord pour savoir quelles sont les vulnérabilités et les éléments. Parce que c'est le seul moyen de garder une défense résistante aux attaques de propagande. Nous ne pouvons pas nous permettre de passer par une idéologie qui ne respecte pas l'hellénisme et ne croit pas en l'Histoire, parce que la Grèce est cela. Et s'il y en a qui sont prêts à échanger des avantages économiques pour se vendre à l'échelle nationale, nous ne leur appartenons pas parce que nous pensons que cette façon de penser est inacceptable. Nous sommes la continuation de l'hellénisme et nous ne nous agenouillons pas facilement dans les moments les plus difficiles de l'histoire. Donc ce n'est pas le moment de le faire. Au lieu de cela, le temps est venu pour la résistance. Pas seulement avec des voix et des cris mais avec la rationalité et la stratégie. Nous devons activer notre intelligence profonde pour renverser cette erreur stratégique de l'Accord avant de le transformer en une erreur tragique qui sera irréversible. Maintenant, il n'y a pas de choix ou de compromis. Notre action est importante pour que tout le monde comprenne, à la fois à l'intérieur et à l'extérieur  ce qui s'est passé et  ce qui va se passer le mois prochain. Parce que nous passerons par plusieurs étapes où la contre-attaque sera notre outil le plus puissant et dans les superstructures de l'OTAN et de l'Union européenne. Laissons donc les succès de la propagande, apprenons les échecs de la diplomatie pour trouver les bons gestes et actions de la stratégie nationale. 

dimanche 17 juin 2018

Monté Melkonian, il y a 25 ans - Ara Toranian

Monté, il y a 25 ans

Monté Melkonian (gauche)

Comment ne pas avoir aujourd’hui une pensée pour Monté Melkonian, tombé au champ d’honneur il y a tout juste 25 ans ? Une équipe de Nouvelles d’Arménie dont je faisais partie était allée à sa rencontre sur le front, juste un mois avant sa mort. Nous voulions voir cet ami, ce combattant du renouveau de la lutte arménienne en diaspora qui était devenu un héros de légende de la guerre de libération du Karabagh. Une terre dont nous avions à peine entendu parler quand nous nous étions engagés dans notre jeunesse pour la « libération des territoires occupés »... Depuis deux ans, le monde arménien bruissait des exploits de ce combattant venu de Californie pour défendre son peuple au prix de sa vie. Nous étions fiers de ses victoires qui donnaient a posteriori une légitimité particulière à ce passé que nous partagions. Et si nous avions fait ce journal, dans la continuité de 20 ans de militantisme, c’était aussi un peu pour lui. En le lui montrant, avec Valérie Toranian, Dominique Ferrandini et quelques autres compagnons de route, nous ne pouvions envisager que la mort de Monté ferait la « une » du numéro 2 de Nouvelles d’Arménie. Et pourtant, alors que nous étions en train de boucler notre édition du mois juillet, la terrible nouvelle est tombée, nous plongeant tous dans une tristesse sans nom. Notre histoire avait perdu l’un de ses principaux acteurs. Et l’Histoire allait prendre le relais en statufiant notre camarade. Dès lors, rien ne serait jamais plus tout à fait pareil...

Latchin Mai 1993 Monté (centre) Ara Toranian (Droite)

Monté Melkonian repose aujourd’hui à Yeraplour, au Panthéon arménien. Vingt-cinq membres de sa famille sont allés aujourd’hui se recueillir à Merzouli, ce lieu-dit de l’Artsakh où il a rencontré son destin. Personne ne l’a oublié. Et surtout pas au Karabagh, où sa personnalité hors normes reste gravée dans toutes les mémoires. On y célèbre bien sûr ses faits d’armes qui ont permis de changer le cours de la guerre. Mais ce qui a surtout marqué, c’est son incroyable dévouement, son total désintéressement, l’absolue sincérité de son engagement. Monté aura jusqu’au bout tout donné pour son peuple et n’aura jamais rien « gagné » en retour pour lui-même. Sauf la gratitude des siens. Et l’immense satisfaction d’avoir contribué à inscrire le mot victoire dans le vocabulaire arménien, après des siècles de servitudes et de massacres. Ce qui est sans prix.

Ara - Monté (Mai 1993)

mardi 12 juin 2018,
Ara ©armenews.com

mercredi 13 juin 2018

Grand Siècle - Si le génocide - N. Lygeros

Café La Cloche - Lyon

Grand Siècle

N. Lygeros

A partir
des réserves
1990, 1993 et 1995
un assemblage
exceptionnel
d’épices douces,
d’une robe brillante,
de belle complexité,
d’une fine effervescence,
d’une grande intensité,
avec beaucoup de profondeur
et une bouche délicate,
cette sensation de féminité,
cette magnifique bouteille,
se nomme
Grand Siècle
aussi
si tu désires
le découvrir
pourquoi
ne pas aller
chez la Mère Brazier
à Lyon.

*****
Si le génocide

N. Lygeros

Si le génocide
était
une destinée
alors
sache
qu’il existerait
un après
et au sein
de celui-ci
nous serions
encore
vivants
pour condamner
la barbarie
et expliquer
aux innocents
que notre combat
n’aurait pas été vain
grâce
à l’instrument
conçu
par Lemkin.


lundi 11 juin 2018

Végétalisme éthique: Leon Tolstoï


Végétalisme éthique: Leon Tolstoï


Un jour, alors que Tolstoi (1828-1910) est à table avec ses nombreux enfants, sa femme Sophie ainsi que des invités, sa tante s’approche pour dîner. La vieille dame trouve sur sa chaise un poulet vivant et un couteau. Devant son étonnement Tolstoï lui fait remarquer, non sans humour, « nous savions que vous vouliez manger du poulet mais personne n’a osé le tuer ». Bien sûr la tante ne tua pas le poulet et il semble même qu’elle fut tellement choquée que ce soir là, elle ne mangea pas de viande. A une autre occasion Tolstoï se moque une fois de plus des habitudes carnivores de sa tante. Alors qu’elle tend la main pour prendre un sandwich au jambon, Tolstoï ne peut s’empêcher de lui dire qu’elle « désire encore manger du cadavre ». 

Tolstoï lui ne mange pas de chair animale. Son végétarisme(et plus tard son végétalisme)  repose avant tout sur une éthique, sur son refus de la violence des abattoirs et de la mise à mort des animaux. Pour Tolstoï, il faut établir entre les humains et les animaux une nouvelle relation, une coexistence pacifique basée sur l’unité de tous les êtres vivants. Ce n’est qu’en libérant les animaux qu’on peut modifier radicalement la société mais aussi se libérer soi-même.

LE SANG DES ABATTOIRS

Après avoir étudié le bouddhisme, l’hindouisme et discuter avec des anarchistes, le Sermon sur la montagne est pour Tolstoi une révélation. Selon lui les disciples de Jésus vivent en parfaite contradiction avec l’injonction « tu ne tueras point », autant quand ils vont à la guerre, à la chasse ou tuent des animaux pour leur chair. Toutes les violences sont interdépendantes et pour Tolstoï, « tant qu’il y aura des champs de bataille, il y aura des abattoirs ». Si Tolstoï se trouve des affinités avec le christianisme primitif, il reste cependant un chrétien anarchiste en marge de tous dogmes, rituels ou hiérarchies. Tout comme H.D.Thoreau dont il fera traduire en russe le texte sur la « Désobéissance civile », Tolstoï considère que la finalité des pouvoirs en place – l’état, l’armée, l’église – est de maintenir les humains dans la soumission, dans une forme d’hypnose dont il faut s’éveiller. Désobéir, ne plus coopérer, résister mais sans violence. Seule notre conscience individuelle est capable de nous guider pour mettre fin à la tyrannie de la loi du plus fort. « Notre vie doit être une friction contraire qui arrête la machine. », comme l’écrit H.D. Thoreau.

En 1892, Tolstoï signe une préface pour l’édition russe du livre d’Howard Williams « The Ethics of Diet ». Ce végétarien anglais y a compilé toutes les figures historiques qui, depuis des millénaires, ont refusé le « régime du sang» : Pythagore, Plutarque, Ovide, Swedenborg, Shelley, Bentham et tant d’autres. Cette anthologie du végétarisme éthique permet à Tolstoï de s’expliquer sur les raisons pour lesquelles il ne veut plus être complice de l’assassinat des animaux. Pour lui le végétarisme est, comme le titre de son texte «The first step», le premier pas, « la première marche de l’escalier » vers une existence plus éthique. Car en tuant des animaux pour les manger, « l’homme réprime inutilement en lui-même la plus haute aptitude spirituelle – la sympathie et la pitié envers des créatures vivantes comme lui – et qu’en violant ainsi ses propres sentiments, il devient cruel. Et comme est ancré profondément dans le coeur de l’humain cette injonction de ne pas prendre la vie! »

Tolstoï décrit alors une conversation qu’il a eue, il y a peu de temps, avec un boucher, un ancien soldat . Ce dernier, après quelques hésitations, avoue qu’en effet c’est terrible de tuer des animaux, « tout spécialement quand le bétail est silencieux et docile . Ils viennent vers vous, les pauvres choses, vous faisant confiance. C’est pitoyable ». Puis il raconte qu’en revenant de Moscou à pied, on lui a offert de monter dans une charrette à côté d’un homme robuste et saoul. En entrant dans un village, les deux voient soudain un « cochon bien nourri, nu et rose qui était amené pour être abattu. Il criait avec une voix terrible, ressemblant au cri perçant d’un homme. Juste pendant que nous passions, ils ont commencé à le tuer. Un homme a entaillé sa gorge avec un couteau. Le cochon cria encore plus fort et se sauva des hommes, courant plein de sang. Étant un peu loin, je n’ai pu voir tous les détails. J’ai seulement vu la peau rose du cochon ressemblant à celui d’un humain et entendu ses cris désespérés; mais mon voisin avait vu tous les détails et observé attentivement. Ils rattrapèrent le cochon , l’assommèrent et lui coupèrent la gorge. Quand ses cris cessèrent, mon voisin me dit: « Est-ce que les hommes ne doivent pas répondre pour de telles choses? »

Les animaux ne sont guère mieux respectés dans les abattoirs visités par Tolstoï. En entrant dans ces lieux de la mort, il est frappé par l’odeur du sang, la peur des animaux, l’indifférence et le travail mécanique des bouchers. « Ces hommes étaient plus préoccupés par des problèmes d’argent et de calculs . Toutes pensées, à savoir s’il était bien ou mal de tuer ces animaux, étaient aussi loin de leur esprit que de savoir la composition chimique de tout le sang qui recouvrait le plancher. » Tolstoï observe dans les moindres détails la misère des animaux traînés de force par leurs bourreaux, les agneaux égorgés, les boeufs dépecés parfois vivants: « Le boucher souleva la tête du boeuf et se mit à le dépouiller de sa peau; l’animal se débattait toujours. La tête était mise à nu, devenue rouge avec des veines blanches et prenait la position que lui donnaient les bouchers. La peau pendait des deux côtés, le boeuf ne cessait de se battre. Un autre boucher saisit alors le boeuf par la jambe, la cassa et la lui trancha; sur le ventre et sur les autres jambes couraient encore des convulsions.» Tolstoï n’hésite pas à dénoncer l’hypocrisie des mangeurs de viande qui préfèrent ne pas voir toute la violence inscrite dans un morceau de chair animale : « Nous ne pouvons prétendre que nous ne savons pas toutes ces choses. Nous ne sommes pas des autruches et ne pouvons croire que si nous refusons de voir ce que nous ne voulons pas voir, cela n’existera pas. Et cela est particulièrement le cas quand nous ne voulons pas voir ce que nous voulons manger. » Pour Tolstoï la viande est « immorale », puisque manger la chair d’animaux torturés et tués dans les abattoirs « implique un acte contraire à la morale: la mise à mort ». Au moment de sa publication, le texte de Tolstoï aura une grande influence et déclenchera le végétarisme de plusieurs. .

A TABLE AVEC TOLSTOÏ

En l885, Tolstoï invite William Frey (1839-1888) à venir passer trois jours dans son domaine. Cet aristocrate russe de son vrai nom Vladimir Geins (mais changé pour Frey ou free dans le sens de libre?) revenait d’un long séjour aux Etats-Unis où il avait fondé des colonies rurales en tant que « vegetarian positivist », végétarien positiviste. Depuis plus de dix ans Frey avait abandonné la viande et se nourrissait principalement de pain, de fruits et de noix. Dans une conférence donnée à Londres en février 1885 – « Farewell adress to the London positivists » – Frey explique qu’il est végétarien sur des bases morales et scientifiques.  Pour lui, les humains ont une aversion naturelle à tuer d’autres êtres vivants et l’abattage d’animaux est un crime aussi horrible que le cannibalisme. De plus l’humain n’est pas physiquement fait pour manger de la viande. Toute son anatomie – son foie, ses intestins – indique qu’il est fondamentalement un être végétarien. Il n’a pas les canines, les griffes lui permettant de déchiqueter la chair de ses proies, tel un carnivore prédateur. On peut penser que Frey expliqua en ces termes son végétarisme à Tolstoï. Ces arguments furent persuasifs car à la fin d’une longue conversation, Tolstoï l’embrassa et lui dit: « Merci, merci pour vos mots si intelligents et honnêtes. Je suivrai certainement votre exemple et abandonnerai la chair animale. » Feinermann, un de ses disciples alors présent, notera dans son journal: « Et c’est vraiment à partir de ce moment là que Leon Tolstoï ne mangea plus rien qui fut abattu.» ( Cependant, dans son journal à elle, Sophie la femme de Tolstoï indique que ce dernier mangeait à l’occasion de la viande en particulier lorsqu’il se sentait malade et ce jusqu’en l888).



Deux enfants de Tolstoï se tournent eux aussi vers le végétarisme mais Sophie reste obstinément attachée à la viande. A son grand désarroi, elle doit préparer deux menus: un repas végétarien pour Tolstoï et ses nombreux visiteurs puis un autre avec de la viande pour elle et certains de ses enfants. Cette fidèle correctrice des textes de Tolstoï, épuisée par treize maternités, ne comprendra jamais le végétarisme de son mari. On dit même que parfois, à son insu, elle mettait du bouillon de viande dans sa soupe!

Pendant les presque 25 ans dernières années de sa vie, Tolstoï expérimenta diverses façons de se nourrir. Certains jours, il ne mange que de l’avoine bouillie. Puis ses dîners se composent invariablement de tomates crues et de macaroni. Il aime aussi la tarte aux pommes, le pudding au riz ou les crêpes de sarrasin aux champignons rôtis. Dans une lettre datée de l894, un correspondant lui demande ce qu’il aime manger. Tolstoï lui répond qu’il affectionne particulièrement le pain et la soupe aux légumes. Et que, depuis qu’il a éliminé toutes les substances animales de son alimentation – lait, beurre , oeufs -, mais aussi le sucre et le café, sa santé s’est grandement améliorée.

PLAISIRS CRUELS DE LA CHASSE

En devenant végétarien, Tolstoï abandonne cette activité qu’il qualifie maintenant de « passe-temps diabolique »: la chasse. Jeune soldat servant au Caucase, il a par le passé écrit des lettres pleine d’enthousiasme sur ses expéditions de chasse, racontant comment il tuait des renards et poursuivait les animaux sauvages. Dans une lettre, en l864, il affirme même «qu’à la chasse, il oublie tout..». Mais dans son livre «Cruels plaisirs » , publié en l895, il se demande comment il a pu aimer une activité si cruelle : « De quelque côté que nous l’envisagions, la chasse est un acte stupide, cruel et nuisible pour le sentiment moral. Il n’est donc pas étonnant qu’outre leur méchanceté envers les animaux, les chasseurs manifestent aussi, dans leurs rapports mutuels, des sentiments non moins égoistes: la suffisance, la vanité, le mensonge, l’envie, la malveillance.»

Pour Tolstoï la chasse, dont le seul but est «le meurtre des animaux», est un plaisir malsain laissant libre cours aux penchants les plus bas. Il s’interroge à savoir « pourquoi donc, à la chasse, les hommes non seulement n’ont-ils pas pitié des animaux mais encore n’ont-ils pas honte de les surprendre, de les poursuivre et de les torturer par tous les moyens possibles? »

C’est bien par la honte que Tolstoï va se repentir de sa barbarie de chasseur. Dans une de ses dernières chasses, Tolsto°i se poste à la lisière de la forêt et d’un coup de fusil fait tomber un loup. Il court l’achever d’un gros bâton à la racine du nez, l’endroit le plus sensible de l’animal, qui le regarde droit dans les yeux. A chaque coup, le loup laisse échapper un soupir étouffé, ses pattes prises de convulsions s’étirent puis se raidissent. Le soir dans son lit, Tolstoï se repasse dans l’esprit les étapes de la chasse, revivant avec délices toutes les émotions de la journée, ressentant « une véritable volupté en souvenir des souffrances de l’animal expirant ». Mais peu à peu une sorte de malaise atroce l’enveloppe. Il comprend alors « par le coeur et non par la raison, que ce meurtre était en lui-même une action mauvaise et que pire que l’action même était le plaisir qu’elle procurait. » Il cesse alors ce plaisir malsain de donner la mort à des animaux sous des prétextes de sport ou de recherche de viande. Il ne chasse plus par compassion, décrite comme « une des plus précieuses facultés de l’âme humaine. L’homme qui comprend toute l’importance morale de la pitié ne reculera pas devant la crainte que ses manifestations puissent le rendre ridicule aux yeux des autres. Que lui importe, qu’en lâchant une souris prise au piège au lieu de la tuer, il provoque les railleries ou la désapprobation, quand il sait que non seulement il a sauvé de la mort un animal qui tenait à la vie autant que lui, mais encore qu’il a laissé librement se manifester le sentiment de la compassion….et la pitié reste toujours le même sentiment, qu’on l’éprouve pour un homme ou pour une mouche ».

LES DOUKHOBORS

Au cours de l’hiver l891, une terrible famine s’étend à toute la Russie. Des milliers de gens meurent de faim mais aussi de froid. Avec son ami, le dramaturge Anton Tchekov – qui lui ne sera jamais végétarien – Tolstoï publie des articles, ramasse des fonds et part avec plusieurs de ses enfants afin de distribuer des vivres aux paysans affamés. Il aide à l’édification à travers tout le pays de cuisines communautaires ne servant que de la nourriture végétarienne. Puis quelques années plus tard, Tolstoï se servira de sa réputation, de ses droits d’auteurs et des ses relations à l’étranger, pour aider aussi les membres d’une branche dissidente de l’Eglise orthodoxe, les Doukhobors. Ces hérétiques vivent regroupés en communautés agricoles, croyant en l’égalité entre hommes et femmes, rejetant l’idée qu’un être humain puisse prendre la vie d’un autre. Un de leur maître à penser, faisant figure de leader, Peter V. Verigen est envoyé en Sibérie vers l887. Pendant ses séjours en prison, Verigen lit avidement des livres de Tolstoï. Il découvre dans l’oeuvre du pacifiste Tolstoï que la consommation de viande est liée à un acte violent, donc contraire aux principes même des enseignements du Christ. Comment peut-on militer pour la paix tout en étant complice de la violence faite aux animaux?

Via des courriers qui apportent ses lettres de l’exil, Verigen exhorte ses frères Doukhobors à ne plus participer aux tueries d’animaux. C’est vraiment à partir de ce moment là que toutes les communautés Doukhobors se tourneront vers le végétarisme. Puis Verigen demande à ses frères Doukhobors de refuser le voeu d’allégeance au Tsar, une obligation pour tous les citoyens russes. Ils doivent aussi se défaire de toutes leurs armes et ne plus jamais servir dans l’armée. Dans la nuit du 28 juin l895, plus de 7 000 Dukhobors se rassemblent en différents endroits pour prier et chanter des hymnes autour d’immenses feux. Ils y jettent tous leurs fusils. Les Cosaques envoyés pour restaurer l’ordre répriment ces manifestations avec dureté. Battus, tués, maisons et terres confisquées, plus de 4 000 Doukhobors doivent se cacher dans les montagnes. Des centaines d’entre eux mourront de faim.

Tolstoï est horrifié lorsqu’il entend parler de leur sort. Il n’a jamais rencontré Virigin mais des contacts furent établis avec certains Doukhobors proches de lui. Un disciple de Tolstoï, va enquêter sur place. Après deux mois, il revient confirmer le génocide et les massacres. Les Doukhobors sollicitent alors l’aide de Tolstoï – et des Quakers d’Angleterre – afin de trouver une terre d’exil. À travers le monde, un vaste courant de sympathie s’organise autour de leur cause. Pacifistes, anarchistes, artistes, intellectuels et chrétiens s’associent avec Tolstoï pour récolter des fonds. L ’écrivain donne tous les droits d’auteur de son livre Résurrection, plus de l7 000 $, à cette cause. L’anarchiste russe, le prince Pierre Kropotkin (l842-l921) suggère le Canada comme pays d’adoption, le service militaire n’y étant pas obligatoire. De vastes terres gouvernementales demeurent aussi disponibles dans l’ouest du pays.

LES DOUKHOBORS AU CANADA

En l899, cinq bateaux ayant a leur bord plus de 7 500 Dukhoubors – ainsi que plusieurs disciples de Tolstoï et même son fils ainé Sergej – partent en direction du Canada. Certains arrivent par Halifax, d’autres par le port de Québec. Plus de 2 000 passagers devront être mis en quarantaine à Grosse Ile, dans le fleuve St-Laurent, des cas de variole s’étant déclarés à bord d’un bateau. Puis ils prennent le train pour Montréal, afin d’aller en direction de l’ouest où ils établiront plus de 61 villages dans les Prairies canadiennes, devenues plus tard la province de Saskatchewan. Même au Canada, les Doukhobors restent fidèles à leurs principes végétariens et se nourrissent de produits cultivés sur leurs terres: pommes de terre, carottes, oignon et pain à la mie foncée. Ils boivent du thé et leur bortsch est composé de tomates, de chou et curieusement d’une seule betterave. Contrairement à la coutume russe, on le sert sans crème sûre. Ils mangent aussi des pâtés fourrés aux pommes, aux légumes et de la confiture de petits fruits sauvages. Le beurre était parfois utilisé, mais pas les oeufs.

Dans certains villages, des divergences se manifestent quelques années après leur arrivée. Des Doukhobors refusent de traiter avec l’État, de prêter serment, d’enregistrer les naissances ou les décès . D’autres se séparent de la communauté, collaborent avec les autorités. Un groupe plus extrémiste nommé « Sons of Freedom»,les Fils de la liberté dénonce l’abandon de certains principes fondateurs de la communauté. Ils s’opposent à l’élevage d’animaux sur les fermes, à l’achat de terres par des individus, contestant toute coopération avec le gouvernement. Interprétant à la lettre les messages de Verigin, ils estiment que la liberté doit être donnée à tous les êtres vivants. Les animaux domestiqués devraient être libérés et toute chose ou vêtement confectionnés avec du cuir ou de la peau d’animal, brûlés rituellement. Pour se faire entendre, plusieurs choisissent la violence. Cinq cents d’entre eux libèrent des troupeaux de bovins et des chevaux, jettent leur argent, brûlent des maisons, mettent des bombes dans des gares de chemin de fer. En 1903, pour protester contre tout ce qu’ils considèrent comme associé au matérialisme grandissant des Doukhobors, ils organisent une manifestation où ils défilent complètement nus.

L’arrivée de Verigin au Canada, après seize ans d’exil en Sibérie ramène un peu d’ordre dans les villages. Avec 5 000 Doukhobors, il part s’installer en Colombie-Britannique – là ou le serment d’allégeance n’est pas obligatoire pour acquérir une terre – alors que d’autres déménagent en Alberta. Plus de 90 villages communautaires voient le jour. Les Doukhobors deviendront de riches et prospères fermiers, célèbres pour leurs jardins de fleurs et leurs potagers de légumes. Mais ils auront toujours de graves difficultés avec le gouvernement en place. Ils refuseront d’aller à la guerre, de prêter serment à la Couronne britannique. Certains d’entre eux n’accepteront jamais de payer d’impôts ou d’envoyer leurs enfants à l’école publique. (Un grand nombre d’enfants seront d’ailleurs enlevés de force à leurs parents pour être envoyés contre leur gré dans des écoles gouvernementales) En 1924, Verigin est assassiné par l’explosion d’une bombe dans une gare et les soupçons se porteront vers les Fils de la liberté. Mais aucune accusation ne sera jamais portée.

A notre époque, plus de 30 000 Doukhobors vivent toujours dans l’ouest canadien, majoritairement encore végétariens. Dans certains de leurs villages, on peut voir des statues grandeur nature de Tolstoi. Et les Fils de la liberté semblent toujours exister. En 200l, une femme de 81 ans de la Colombie-Britannique s’est présentée à son procès complètement nue. En guise de protestation, Mary Braun a refusé de porter des vêtements lors de son audience au tribunal pour des raisons religieuses, en tant que membre des Fils de la liberté. Elle était accusée d’avoir provoqué un incendie criminel.

TOLSTOI ET GANDHI

Lorsqu’il est incarcéré en Afrique du Sud, en l909, Gandhi (1869-1948) lit du Tolstoï. Il considère ce dernier comme « l’homme le plus véridique de son temps », déclarant même que « la Russie lui avait donné en Tolstoï, un gourou». Peu après sa sortie de prison Gandhi fonda « Tolstoy Farm » (La Ferme de Tolstoï) près de Johannesburg, une commuauté rurale dédiée à l’ahimsa. Au nom de la non-violence, la nourriture y est végétarienne et la chasse interdite. Tout comme Tolstoï, Gandhi pensait que toutes les violences sont liées et que le « meurtre d’une vache et le meurtre d’un homme sont les deux côtés de la même médaille. »

Une des dernières lettres de Tolstoï est datée du 7 septembre 1910 et s’adresse à Gandhi. Cette longue missive est presque comme un testament sur son refus absolu de la violence basée sur le droit du plus fort. Que faire, se demande Tolstoï, contre la « criminalité qui augmente, le chômage, le luxe grandissant, insensé, des riches et la misère des pauvres, le nombre croissant des suicides ? » Il n’y a qu’une solution, écrit-il à Gandhi, celle de la « reconnaissance de la loi d’amour et du refus de toute violence….car l’amour est la loi supérieure, unique de la vie humaine ».

Pour ce Tolstoï si proche de la mort, pour l’anarchiste, le rebelle qui pendant toute sa vie a refusé l’autorité, l’exploitation et l’asservissement des plus vulnérables, ne compte plus que l’ultime pouvoir que les humains possèdent tous, en leur âme et conscience : celui de se libérer et de libérer tous les êtres vivants.

LIBERATIONANIMALE
19 JUIL 2010
ÉTHIQUE, ETHIQUE ANIMALE, TOLSTOI, VÉGÉTALISME, VÉGÉTARISME
https://liberationanimale.com/2010/07/19/vegetalisme-ethique-leon-tolstoi/