mardi 30 septembre 2014

La Légion Arménienne (1 et 2) - Denis Donikian


407 – La Légion Arménienne (1)

 

408 – La Légion Arménienne (2)

Résiste ! - Par Valérie Toranian


RESISTE !

par Valérie Toranian


Valérie Toranian
(Directrice de rédaction du magazine "Elle")



Tekoshin est kurde, elle a 27 ans et se bat dans les montagnes du nord de l’Irak, aux côtés de ses frères d’armes (PKK) pour déloger les barbares de Daesh, l’Etat islamique qui fait régner la terreur en Irak et en Syrie*. De loin, rien ne la distingue de ses compagnons masculins : même uniforme, même silhouette musclée et aguerrie, même fusil d’assaut. Seuls ses cheveux longs, tirés en arrière par une queue-de-cheval, attestent de sa féminité. Ces femmes kurdes ont commencé à se battre pour la création d’un Etat kurde autonome dans l’est de la Turquie dans les années 90. Aujourd’hui, elles ont conscience que leur combat est celui de la liberté des femmes. De toutes les femmes de la région. Qu’elles soient kurdes, syriennes, irakiennes, musulmanes, chrétiennes, yézidis. Elles ne veulent pas rompre devant un ennemi qui a résolu de les condamner à une aliénation médiévale et à l’esclavage sexuel.

Narin a 14 ans, elle est yézidi, elle habitait le nord de l’Irak. Elle a été capturée alors qu’elle fuyait devant l’avancée des djihadistes, dont la folie radicale menace de mort les femmes non musulmanes qui ne se convertiraient pas. Les hommes ont été séparés des femmes et exécutés. Les jeunes filles vierges ont été séparées des femmes mariées et offertes en butin à des membres de l’Etat islamique pour leur servir d’épouses ou de concubines. Narin et sa cousine ont réussi à dissimuler un couteau de cuisine sous leur abaya, à faire sauter les verrous de leur geôle et à fuir, pour finalement regagner Erbil, au Kurdistan, au bout d’un long périple.

Contre la malédiction des femmes qui doivent choisir entre la disparition et l’invisibilité, Tekoshin, Narin et tant d’autres se battent avec un courage qui force le respect. En Syrie à la frontière irakienne, les femmes kurdes représentent pas moins de 40 % des Unités de défense du peuple. Un chiffre phénoménal qui affole même les djihadistes qui pensent qu’ils iront en enfer s’ils sont tués par une femme.

Ces femmes en armes ne représentent pas seulement un atout militaire dans la lutte antidjihadiste. Elles forgent la légitimité qui leur permettra au sortir de la guerre de faire respecter leurs droits. Du moins on l’espère.

Messieurs les Présidents Hollande et Obama, il faut soutenir les résistantes en Irak mais aussi en Syrie. Elles méritent doublement l’aide des démocraties. Parce qu’elles combattent la barbarie à l’instar des hommes. Parce qu’elles sont debout pour dire que rien n’est jamais écrit dans l’histoire des femmes. Et que la longue et chaotique bataille pour leur liberté partout sur la planète ne fait que commencer. C’est l’honneur de l’ensemble du monde libre de ne pas l’oublier.

La marche des femmes ne s’arrêtera jamais.

* Source « L’Orient-Le Jour » et « The Washington Post ».

*****

P.S. Je quitte le magazine ELLE que j’ai dirigé pendant treize ans. Ma gratitude, ma reconnaissance et mes remerciements à la rédaction et à toutes les équipes, à qui je souhaite du fond du cœur de nouveaux succès. Vive ELLE !

*****
voir aussi : http://dzovinar.blogspot.fr/2014/09/26eme-festival-visa-pour-limage-de.html

La photo de la semaine (61)

jeudi 25 septembre 2014

404 - L'Apocalypse écarlate - Denis Donikian

Destins tragiques


Gurgen Markarian - né le 26/09/1978 à Erevan (Arménie)
mort décapité le 19/02/2004 à Budapest (Hongrie) 

Hervé Gourdel - né le 12/09/1959 à Nice (France)
mort décapité le 24/09/2014 en Kabylie (Algérie)













Moi Alice, mère et grand-mère
Je te salue Hervé Gourdel
J'aurais voulu te connaître,
Je t'aurais aimé alors
Comme le fils que tu aurais pu être pour moi,
Victor Hugo avait sans doute pensé à toi,
A des gens de ta trempe,
Quand il a écrit ces mots ...
"Jeune, il avait encor de longs jours parmi nous,
Il n'en a pas compté le nombre,
Il était à cet âge où le bonheur fleurit ..."
Hugo parlait de Jésus alors, 
Il ne savait pas que deux mille ans après,
On crucifierait encore,
On égorgerait...
Pleure ô mon pays bien aimé

Alice Soghomonian Robert

Hier, Gurgen Markarian
sauvagement décapité à la hache
dans son sommeil
aujourd'hui Hervé Gourdel
décapité lâchement
sous le regard d'une vidéo...
dans ce XXIe siècle
le monde civilisé
assiste avec horreur
à la barbarie d'états restés frustes,
capables de tolérer l'éclosion
maudite d'une haine de toutes
les valeurs démocratiques, chèrement acquises 
au fil des siècles par l'Occident.
Et l'on voit les religions censées ouvrir le coeur de l'homme à l'amour, la tolérance,
en générer la plus tragique décadence !
Peuples de la terre
réveillez-vous !

Dzovinar


** Hommage rendu également à tous les martyrs victimes du
Jihad islamique - Paix à leur âme. 

mardi 23 septembre 2014

"Vous avez dit : Nouvelle Turquie ?" - Jan Varoujan

Jean Varoujan Sirapian
Vous avez dit "Nouvelle Turquie" ?
( Paru dans Huffington Post  des 17 et 22 septembre 2014)

I - (17/09) - Monsieur Erdogan aurait pu penser qu’avec l’élection au suffrage universel il aurait les mains libres pour façonner la vie sociale, museler l’opposition, réprimer la société civile et mettre au pas la police et l’armée, mais, paradoxalement le nouveau locataire de Çankaya rentre dans une phase très difficile pour lui et pourrait vite atteindre la fin de sa vie politique.
Le slogan du candidat R. T. Erdogan lors de sa campagne pour les élections présidentielles était « Sur la route d’une Nouvelle Turquie, toujours en avant ».
Or depuis son élection le 10 août dernier, les observateurs, aussi bien en Turquie qu’à l’étranger, constatent plutôt une dérive autocratique dangereuse et une régression pour les libertés d’expression, du moins de ce qu’il en restait, et un recul sur le plan de la laïcité.
Faire la liste de ce qui ne va pas, sur les plans politique, géopolitique, social, économique, droits des minorités… exigerait un petit livre. Nous allons donc dans ces pages ne prendre qu’un sujet, fondamental s’il en est, l’éducation.
Dans deux articles, parus cette semaine dans le quotidien Taraf, le Prof. Taner Akçam, se penche sur les manuels scolaires pour la rentrée 2014-2015. Akçam se réfère à une étude de Serdar Korucu, parue dans le journal AGOS, concernant le traitement des questions arménienne et assyro-chaldéenne dans les manuels.
Akçam s’est limité à la « Question arménienne », mais incite le lecteur à examiner aussi le cas des tous les chrétiens, des Juifs, des Alévis et autres minorités.
Projet pour « une nouvelle Turquie »
Le sujet est important dans le cadre du « Projet pour une nouvelle Turquie » de l’AKP (le parti Justice et Développement). R. T. Erdogan a mis en avant ce slogan lors de sa campagne et avait publié un document intitulé « Une vision pour une nouvelle Turquie ». Ahmet Davutoglu, nommé premier ministre, a d’ailleurs basé son programme sur ce document. Certains intellectuels, proches du pouvoir, ont même lancé des invitations aux minorités arménienne et juive pour qu’elles participent à ce projet en tant qu’« éléments fondateurs ». Le refus des Arméniens et de quelques leaders d’opinion de participer à ce projet a donné lieu à des critiques sévères.
Les manuels scolaires donnent des indications précieuses sur la mentalité actuelle d’un pays et surtout sur la formation dispensée aux jeunes générations qui vont construire l’avenir du pays. Or la conclusion du Prof. Akçam est sans ambiguïté : en Turquie on veut préparer les jeunes générations avec la « mentalité Ergenekon ». Autrement dit, une éducation fondée sur un ultra nationalisme alimenté par une « menace permanente contre la sécurité nationale ». Dans les collèges on inculque aux cerveaux des jeunes que la sécurité nationale de la Turquie doit faire face à trois menaces : la première est la Question arménienne, la deuxième est le terrorisme (entendez le PKK) et la troisième ce sont les missionnaires ! 
« Vous avez bien lu ! » écrit Akçam, « la perception des ‘menaces’ qui a poussé les ultras nationalistes liés à Ergenekon à égorger les trois missionnaires protestants (un Allemand et deux Turcs convertis) à Malatya et à assassiner en pleine rue le journaliste, d'origine arménienne, Hrant Dink (deux crimes commis en 2007) est la même que celle perçue aujourd’hui par les adeptes de la ‘Nouvelle Turquie’. Et les jeunes sont éduqués avec cette même doctrine. »
« Dans les manuels scolaires », écrit Akçam, « la ‘Question arménienne’ n’est pas mentionnée seulement comme une menace contre la sécurité nationale, mais, de plus comme un élément à la solde de complots d’étrangers pour morceler la nation. Les Arméniens sont présentés comme des agresseurs et massacreurs de Turcs et de musulmans, et même, pour atteindre leur objectif, comme des inventeurs du mensonge d’un génocide. »
Akçam balaie d’une main les possibles objections de ceux qui mettraient en avant le fait que les manuels sont préparés un an à l’avance, donc antérieur à ce projet de la « Nouvelle Turquie ». « AKP est au pouvoir depuis près de 14 ans » poursuit Prof. Akçam, « néanmoins je suis prêt à accepter des excuses de la part du gouvernement pour ce genre de propos écrits dans ces livres, comme [nous présentons nos excuses, nous ferons le nécessaire pour changer le contenu des manuels le plus rapidement possible]. Il suffit qu’ils disent excusez-nous. Puisque la seule chose acceptable pour ce genre d’écrit est de demander pardon et de retirer les livres des étalages. »
Question d’« Éléments fondateurs » ou « Comment vivez-vous dans ce pays ? »     
« Quand on lit ce qui est écrit dans ces manuels scolaires on se pose la question de savoir comment peut-on proposer à des Arméniens de faire partie des ‘éléments fondateurs de la Nouvelle Turquie’ », poursuit Akçam. Il faudrait, selon lui, poser la question suivante : « Citoyens de la République turque, honorables Arméniens, dans un pays qui éduque ses jeunes en vous désignant comme des ennemis et des menaces, comment vous sentez-vous ? »
En résumé il n’y a rien de nouveau dans la « Vision pour une Nouvelle Turquie ». Sauf peut-être de la poudre aux yeux pour ceux qui veulent encore y croire. Tout est une répétition du passé. Sauf que dans cette répétition on ne trouve pas seulement les thèses dépassées de nationalisme teintées de négationnisme, des gens comme Esat Uras, Kamuran Gürün, Gündüz Aktan ou encore Yusuf Halaçoglu. S’y ajoute l’idéologie Ergenekon, héritée du régime militariste. En une phrase : les Arméniens sont des ennemis et une menace pour notre sécurité nationale.
L’histoire de la révolution de la République turque et ataturquisme dans l’enseignement secondaire  
L’ouvrage écrit par Salim Ülker, pour les élèves de la dernière année du collège, est composé de deux volumes : le manuel et les travaux pratiques. Le sujet qui nous préoccupe se trouve dans l’unité n° 7 des deux volumes dans le chapitre intitulé, La Turquie après Atatürk : la 2e Guerre et l’après. La leçon n° 5 est Les Menaces contre la Turquie. L’introduction décrit l’objectif : « Dans cette leçon, nous allons apprendre les menaces internes et externes dirigées contre notre pays et la vigilance nécessaire. »
L’objectif de la menace est désigné comme « la désintégration du Régime d’État ». Et qu’est ce qui constitue la première et la plus importante menace ? « Les relations turco-arméniennes » et le sujet à débattre demandé aux adolescents est « face aux allégations des Arméniens que doit-on (devez-vous) faire pour défendre les droits de notre pays ?
Une fois apprise la leçon des dangers envers le pays, le devoir donné aux élèves dans le livre des TP est : « Complétez les phrases ci-dessous avec les mesures que l’État et le citoyen devraient prendre contre les menaces dirigées envers notre pays. »
« Vous n’allez pas vous tromper si vous désignez comme première menace la Question arménienne », écrit Taner Akçam.
« Après avoir lu tout ça il est inutile que je rédige un texte pour expliquer d’où sortent les personnes qui ont assassiné Hrant Dink » conclut Akçam, « nous les engendrons dans nos écoles ! »

II - (22/09) - Le président Erdogan et le premier ministre Davutoglu ont lancé le projet d'une "nouvelle Turquie". Ce projet, porteur d'espoir pour certains, poudre aux yeux pour d'autres, est-il réalisable sans changer profondément les mentalités, en commençant par l'éducation des nouvelles générations?
Dans la première partie de cet article, nous avions étudié l'analyse des manuels scolaires de l'école primaire faite par des historiens ou journalistes turcs, comme le Prof. Taner Akçam ou Serdar Korucu.
Le Prof. Akçam poursuit son examen en feuilletant cette fois les manuels d'histoire, écrits pour l'enseignement secondaire. L'incitation à la haine envers l'Arménien prend des proportions inattendues. En lisant son article, un souvenir personnel a refait surface.
Nous sommes en 1967. Je suis étudiant à Edebiyat Üniversitesi (Université de Littérature) d'Istanbul. Le Prof. Cahit Tanyol était une personnalité que j'appréciais pour ses articles progressistes dans le journal Milliyet. J'étais particulièrement heureux de suivre son enseignement. Ayant manqué le premier cours, je dus rentrer en classe seulement en deuxième semaine. Tanyol s'est levé et s'est dirigé vers le tableau noir. "Comme nous l'avons vu la semaine dernière, nous, les Turcs, nous avons quatre ennemis", fit-il.
Je me préparai, comme les étudiants autour de moi, à prendre des notes, curieux de connaître nos ennemis. "En premier", a-t-il continué en écrivant le chiffre 1 suivi d'un trait, "les Arméniens". J'avais le sang glacé. Je regardais autour de moi pour constater que j'étais le seul non-turc dans la classe. J'attendais que quelqu'un proteste ou tout au moins pose une question. Rien. Les étudiants prenaient des notes, imperturbables. "En deuxième, les Grecs. En troisièmes les Bulgares et en quatrièmes les Arnavouts (Albanais)".
Ayant complété sa liste le Prof. Tanyol s'est assis et a continué tranquillement son cours. Je n'entendais plus rien. Tout un monde venait de s'écrouler en moi. Nous (les minorités en Turquie), nous étions quotidiennement confrontées au racisme ordinaire que nous faisait subir l'homme de la rue. Nous mettions cela sur le dos de l'ignorance. Mais un professeur d'université! De plus quelqu'un plutôt situé à gauche de l'échiquier politique et qui pouvait exprimer ce genre d'opinion au sein même d'une Université d'État, c'était pour moi inacceptable et surtout la cause d'une déception profonde. D'ailleurs, ce fait n'était pas un incident isolé dans cette université, d'autres professeurs avaient déjà proféré des propos semblables.
Revenons à l'article de T. Akçam et au manuel d'Histoire de la révolution de la République turque et de l'ataturquisme pour l'enseignement secondaire. L'ouvrage est écrit par une commission et publié par le Ministère de l'Éducation. Si on se réfère aux Massacres d'Adana de 1909 où 20.000 Arméniens ont péri dans des circonstances atroces, l'événement est décrit comme "la révolte arménienne d'Adana". Alors qu'en 1909, un communiqué commun publié par les Ittihadistes (Jeunes-Turcs) et leurs alliés les Tashnags (Fédération Révolutionnaire Arménienne) parlait de massacres contre-révolutionnaires, orientés contre le régime. "Autrement dit, précise T. Akçam, les visionnaires de la Nouvelle Turquie d'aujourd'hui sont encore plus réactionnaires que les Ittihadistes de 1909."
Une partie importante est réservée au génocide sous le titre Les Évènements de 1915. Toutes les thèses servant aux négationnistes y sont exposées; l'alliance des Arméniens avec les Russes, les révoltes provoquées par les organisations Tashnags et Hentchags, des massacres organisés par ces mêmes organisations contre des villages turcs sans protection, espionnage au profit de l'armée russe, agissements comme 5e colonne pour faciliter l'avancement de l'armée russe, etc.
Les déportations des Arméniens, toujours selon le livre d'histoire, ont été organisées "pour sauver les Arméniens des effets de la guerre", en les éloignant vers la Syrie! "Dans les années 1990, écrit le Prof. Akçam, des gens comme Gündüz Aktan, Sükrü Elekdag et Yusuf Halaçoglu diffusaient ces mensonges comme de la connaissance et moi je leur suggérais de lire les documents publiés par les Archives ottomanes du premier ministre. Une fois ces mensonges démasqués personne n'avait osé les reprendre."
"Mais aujourd'hui, les fondateurs de la Nouvelle Turquie ont apparemment décidé de fonder leurs visions sur les mensonges du passé", conclut Akçam.
Nous avons abordé à travers ces deux articles seulement le sujet, o combien important, des livres d'enseignement de l'histoire aujourd'hui en Turquie.
D'autres aspects de cette Nouvelle Turquie font couler beaucoup d'encre ces jours-ci dans les journaux turcs et étrangers. L'accent est mis sur la tendance pan-islamiste ou encore nationaliste-réligieux du couple Erdogan-Davutoglu, par Cengiz Candar (in What do Davutoglu's Cabinet choices indicate ?, Al-Monitor). " Je suis fatigué d'entendre cet air exagéré et emphatique de 'Nouvelle Turquie'" écrit Joost Lagendijk (in New, self-delusional Turkey, Today's Zaman). Fuat Keyman, (in Erdogan-Davutoglu dönemi : riskler, beklentiler, partiler aktörler..., Radikal) expose, quant à lui, les cinq risques que doit affronter le nouveau gouvernement dans les domaines suivants: Politique étrangère, Économie, la question Kurde, équilibres des contre-pouvoirs, polarisation politique et sociétale.
Contrairement aux apparences la voie n'est pas aussi libre pour R.T. Erdogan, dont le pouvoir pourrait trouver ses limites lors des élections législatives d'octobre 2015 qui s'annoncent dorénavant difficiles pour son parti, l'AKP.

samedi 20 septembre 2014

Trois poèmes - N. Lygeros

Les montagnes européennes
N. Lygeros

Les montagnes européennes
s'enivraient de soleil
dès les premières heures
de la grande journée
pour se gorger de lumière
afin de lutter rudement
contre les ombres du froid
qui tentaient d'éliminer
toute trace de joie
dans les vestiges antiques
de notre mémoire du futur
afin de parvenir subrepticement
à l'effacement de toute trace
de notre civilisation
aussi prends garde à cela
si tu ne veux pas te retrouver
en train de collaborer
avec l'envahisseur barbare
qui attend la moindre occasion
pour exterminer les peuples
qui désirent plus que tout
vivre librement
sans les contraintes
des hommes de main
du pouvoir de l'oubli.


*****

Le siècle des légendes
N. Lygeros

Le siècle des légendes
n'est pas celui auquel tu penses
car il se cache
dans sa propre histoire
à l'abri de la barbarie
car il a l'intelligence
d'être sur ses gardes
pour traverser le temps
sans subir les atrocités
que tu as connues
il y a un millier d'années
lorsque le souvenir 
redevint mémoire
pour lutter contre l'invasion
qui refusait de voir
la continuité du savoir
à travers les âges.


*****

Garde en mémoire
N. Lygeros

Garde en mémoire
l'histoire de l'Humanité
pour ne pas te laisser
submerger par la barbarie
des horreurs des génocides
car nous devons lutter
encore et encore
sans relâche
si nous désirons vraiment
vivre libres et unis
tout en protégeant
les innocents et les victimes
des tortures et des atrocités
afin de suivre
les valeurs diachroniques
de notre essence
sinon nous risquons
de tomber dans l'oubli
avant même de mourir.

Editorial - Harout Sassounian

Harout Sassounian

Harut Sassounian 
The California Courier 
Éditorial du 11 septembre 2014 
www.TheCaliforniaCourier.com

Bien que fédérer les Arméniens autour d’un ensemble commun de revendications restitutives ne soit pas une tâche aisée, il est primordial de le faire à la veille du centenaire du génocide arménien.
Il est impératif que les Arméniens parlent d’une seule voix, pour dire au monde ce qu’ils exigent exactement de la Turquie, car des demandes divergentes enverraient un message confus. Certains Arméniens se satisferaient d’une simple reconnaissance du génocide et des excuses du gouvernement turc. D’autres souhaitent des compensations financières, l’ouverture des frontières, l’accès à la mer Noire et la restitution du Mont Ararat. Les maximalistes, dont fait partie votre auteur, demandent tout ce que les Arméniens ont perdu pendant le génocide : des compensations pour les meurtres de 1,5 million d’Arméniens ainsi que la restitution des biens, des comptes en banque, des églises, des écoles, des cimetières et des territoires de l’Arménie occidentale. Dans des précédents articles, j’avais recommandé d’utiliser un terme général – exiger la justice – pour résumer toutes les demandes arméniennes présentées à la Turquie.
Être un « maximaliste » implique non seulement de revendiquer tout ce que les Arméniens ont perdu, mais également d’user d’une stratégie de négociations optimale. Pourquoi demander le minimum et obtenir encore moins à la fin ? Ne serait-il pas plus sage de commencer par des exigences maximales et de conclure le meilleur marché possible ?
Ces pensées m’ont traversé l’esprit tandis que je lisais le commentaire très bien écrit du ministre arménien des Affaires étrangères, publié dans Le Figaro la semaine dernière : « La Turquie doit se réconcilier avec son propre passé ». Il a correctement qualifié de « trompeuses » et d’ « artificieuses » les notions de « douleur commune » et de « mémoire juste » utilisées par le président Erdogan et d’autres responsables turcs se référant au génocide arménien. Nalbandian a également rejeté la proposition turque d’établir « une commission d’historiens afin de dégager la vérité » sur le génocide arménien. Malheureusement, cette proposition sinistre a été incluse dans les protocoles Arménie-Turquie de 2009, que le ministre des Affaires étrangères continue de soutenir dans son commentaire. En outre, au lieu de simplement fustiger la Turquie pour sa négation du génocide arménien et demander une « réconciliation » passant par « la reconnaissance et la condamnation du génocide », le ministre des Affaires étrangères aurait dû exiger une « justice » qui inclurait toutes les demandes arméniennes.
À la fin de son commentaire profond, Nalbandian a rappelé aux lecteurs du Figaro que le président Sarkissian avait invité le président Erdogan « à se rendre en Arménie le 24 avril 2015, à l’occasion des commémorations du centième anniversaire du génocide arménien. Nous formulons sincèrement le vœu que cette opportunité ne soit pas manquée et que le président turc sera bien à Erevan ce jour-là. »
De toute évidence, l’Arménie essaie de mettre le président turc dans une situation difficile : soit il rejette l’invitation, donnant une mauvaise image de lui aux yeux du monde, soit il se rend en Arménie le 24 avril 2015 et il reconnaît le génocide arménien.
Pour mener à bien son schéma habile, le ministre des Affaire étrangères d’Arménie a fait la démarche inhabituelle de venir assister à la cérémonie d’investiture du président Erdogan le 28 août pour lui remettre l’invitation officielle du président Sarkissian. La visite de Nalbandian à Ankara est survenue juste après qu’Erdogan a insulté les Arméniens en se plaignant à la télévision turque que certains l’avaient traité de Géorgien et « pire encore, d’autres m’ont traité d’Arménien. »
Je doute fort qu’Erdogan vienne à Erevan pour le centenaire du génocide arménien. S’il ne le fait pas, les responsables arméniens seront ravis de constater que leur stratagème a fonctionné, faisant apparaître Erdogan comme un obstructionniste. Mais, que se passera-t-il si le président turc vient à Erevan le 24 avril 2015 ? Erdogan pourrait dire et faire un certains nombre de choses bizarres, mais c’est un politicien astucieux qui peut aisément éviter le piège arménien et retourner la situation aux dépens de ses hôtes. Il pourrait se rendre au Mémorial du Génocide à Erevan et annoncer qu’il est venu pour « partager la douleur » de toutes les victimes de la Première Guerre mondiale, y compris les Turcs et les Arméniens. Ce serait un beau coup de relations publiques pour Erdogan !
Pas plus tard que la semaine dernière, Erdogan a pris position contre l’Arménie lors de sa visite en Azerbaïdjan. Il a dit au président Aliyev (pour la millième fois) que la Turquie n’ouvrira pas sa frontière avec l’Arménie, tant que cette dernière ne se sera pas retirée du Karabagh (Artsakh). Le Premier ministre turc récemment élu, Ahmet Davutoglu, et le ministre des Affaires étrangères, Mevlut Cavusoglu, ont fait eux aussi des déclarations anti-arméniennes violentes. En retour, le président Aliyev a promis d’aider la Turquie à ‘révéler le génocide arménien fictif’.
Il est clair que la Turquie et l’Azerbaïdjan intensifient leur rhétorique et leurs initiatives communes contre l’Arménie au lieu de chercher la réconciliation. Dans ces circonstances, l’Arménie devrait adopter une position tout aussi dure contre les deux États turciques, en commençant par retirer immédiatement la signature de l’Arménie des protocoles Arménie-Turquie.
©Traduction de l’anglais C.Gardon pour le Collectif VAN – 11 septembre 2014 –www.collectifvan.org

Lien - N. Lygeros

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N. Lygeros


. Gogol 
Le Christ est la vérité 
 . Gorki 
La vérité -  est le chemin 
. Dostoïevski 
  La beauté sauvera le monde 
. Tolstoï 
Le temps avec nous 
 .Tourgueniev 
L'Intelligence - est l'avenir 
de l'humanité.


mercredi 17 septembre 2014

Immortel Bookmark N. Lygeros

Immortel Bookmark

N. Lygeros



Immortel Bookmark 
créé 
sur le bord de l'hellénisme 
a intégré 
l'ordinateur portable lumineux 
à la maison 
afin d'enrichir 
les textes 
et  les protéger 
de l'oubli 
et de l'indifférence 
des sociétés 
qui luttent 
contre le temps 
et l'humanité.

Kemal le boucher - N. Lygeros



Kemal le boucher

N. Lygeros


Kemal le boucher 
comme Hitler et Staline 
doit être condamné 
par l'humanité 
si nous voulons vraiment 
protéger les survivants, 
 mais aussi les personnes à naître 
parce que nous ne pouvons pas accepter 
que l'état d'horreur 
continue librement 
le génocide de la mémoire 
juste parce que certains d'entre nous 
ont peur 
quand ils voient 
la barbarie. 

Poèmes de Dzovinar

lundi 15 septembre 2014

403 – Le chevalier à l’émeraude - Denis Donikian

Les affamés de la pluie - Denis Donikian

Gränsen de Erik Johansson


Les affamés de la pluie

Sont défoliés au lance-flammes
Mais leur âme

Ennemie de la nuit

Immortalise la mer

D’yeux dans les yeux

Quel foyer après les décombres

Quand sur la terre

Nourricière des ombres

Tombent des cieux

Des famines et des sels

Quand les murs sensuels

Jadis idolâtrés

Croulent sous trop d’étés.


Heureux anniversaire



Isabelle - Achrène

Un coeur débordant d'amour
Un regard d'où émanent chaleur et joie de vivre
C'est ma fille
Des pensées généreuses dictent ses choix souvent
mais l'aident aussi à en assumer, parfois,
 les erreurs
C'est un être rare
Comme on en voit peu
Je pèse mes mots
C'est ma fille
Parfaite ? Presque
Humaine ? Totalement
Elle rit, pleure, aime,
 peut tout donner
en s'oubliant soi-même

Et c'est ma fille !

Heureux anniversaire ma chérie
Mam

" - Fais preuve de respect envers tous, mais ne t'abaisse devant personne" (Tecumseh)

samedi 13 septembre 2014

Hommage à Ovsanna Kaloustian, 106 ans - par Guillaume Perrier (Le Monde)


Ovsanna Kaloustian, 106 ans
vient de nous quitter

La petite femme ne sort plus beaucoup dans les rues de Marseille. Elle se déplace voûtée sur une canne, choyée, couvée par sa fille et ses petits-enfants. Mais lorsqu'on lui rappelle son enfance, son regard s'allume et ses souvenirs lui reviennent, intacts. Ovsanna Kaloustian, 106 ans, est l'une des dernières survivantes du génocide des Arméniens, en 1915. Une porteuse de mémoire, consciente du rôle qui est le sien, à l'aube du centenaire de la tragédie. « Dieu m'a laissée en vie pour que je raconte », répète-t-elle. La vidéo du récit de son exode à travers l'Europe et le siècle est présentée au site-mémorial du Camp des Milles, entre Marseille et Aix-en-Provence, inauguré par le premier ministre, Jean-Marc Ayrault, en 2012.
De la terreur, des massacres et des déportations de son peuple dans la Turquie ottomane, Ovsanna conserve une foule d'images et de détails qu'elle raconte avec fougue. Elle est née en 1907 à Adabazar, situé à une centaine de kilomètres à l'est d'Istanbul, et a grandi dans une belle demeure, trois étages avec jardin. La ville, à l'époque, est un centre important pour le commerce et l'artisanat, et la population arménienne (12 500 personnes environ en 1914) y représente plus de la moitié des habitants. Ovsanna se souvient que « même les Grecs et les Turcs y parlaient arménien ». Son père tient un bar, qui fait aussi office de salon de coiffure et de cabinet d'arracheur de dents. Elle y boit le thé, le matin, avant de partir à l'école.

D'ISTANBUL À MARSEILLE

Ovsanna a 8 ans en 1915 lorsque, en pleine guerre, le gouvernement jeune-turc lance l'ordre de déportation des Arméniens. « C'était un dimanche, la mère d'Ovsanna rentrait de l'église. Le curé venait d'annoncer que la ville devait être vidée en trois jours, quartier par quartier », raconte Frédéric, le petit-fils de la survivante et dépositaire de la mémoire familiale.

A pied, les convois se mettent en branle vers le sud et l'est. Ovsanna, ses parents, son frère, ses oncles, tantes et cousins arrivent à Eskisehir, où on les entasse dans un train. C'est dans des wagons à bestiaux que des milliers d'Arméniens seront ainsi envoyés vers les déserts de Syrie. Mais le train qui transporte la famille s'arrête en chemin, à la gare de Cay, près d'Afyon. On leur ordonne d'y dresser un campement de fortune. Les centres de triage plus en aval sont engorgés. Ils seront finalement dispersés, deux ans plus tard, et partent se cacher dans la campagne des environs. Ovsanna a alors une dizaine d'années.

Avec l'armistice, en 1918, les survivants tentent de rentrer. La famille d'Ovsanna retrouve sa maison calcinée, finit par repartir, sous la pression des nouveaux occupants, turcs, de la ville. L'exode se poursuit, d'abord vers Istanbul. En 1924, les oncles, tantes et cousins embarquent pour les Etats-Unis. Quatre ans plus tard, la jeune femme monte sur un bateau à destination de Marseille. « Nous sommes arrivés en décembre, sous la neige », dit-elle. Comme tant d'autres – 10 % de la population marseillaise est composée de descendants de rescapés du génocide arménien –, elle s'installe, fait un peu de couture pour gagner sa vie. Elle se marie avec Zave Kaloustian, seul survivant d'une famille massacrée, ouvre une épicerie, s'offre un lopin de terre et y arrange sa maison.

« Elle nous a appris l'arménien, mais la transmission de l'histoire est venue plus tard », raconte son petit-fils. Ovsanna continue aujourd'hui à témoigner, inlassablement, pour combattre le négationnisme, toujours vivace cent ans après les massacres.

Guillaume Perrier (Le Monde)
Journaliste au Monde