mercredi 30 octobre 2019

Si tu vois - Avec le rythme -Écoute seulement les sons -Si tu voyais - Tous les instruments - Le son de la vie - Ecoute - Les cordes - Avec les notes - N. Lygeros



Si tu vois
N. Lygeros
Traduit du Grec par A.-M. Bras

Si tu vois
les instruments
comme des outils
de l’oeuvre
tu vas les écouter
avec la profondeur
qui leur va bien
sans
te perdre
dans le superficiel
parce que cela t’entrainera
seulement
sur l'archipel
de l’essentiel
dans
l'océan
de la mémoire
que conquiert
l'intelligence.

*****
Avec le rythme
N. Lygeros
Traduit du Grec par A.-M. Bras

Avec le rythme
de la musique
écoute
le pas
d’une histoire
du passé
qui a
encore
du sens
dans le futur
car
il constituait
un exploit
pour ceux
des combattants
sans
armures
qui se sont sacrifiés
pour nous.

*****
Écoute seulement les sons
N. Lygeros
Traduit du Grec par A.-M. Bras

Écoute seulement les sons
sans bruit
pour voir
les images
qui touchent
ton humanité
parce qu’ils
viennent
immédiatement
de l’oeuvre
de l'Humanité
qui jamais
ne s'arrête
quand elle a
avec elle
les combattants
de la lumière
qui vivent
le futur

*****
Si tu voyais
N. Lygeros
Traduit du Grec par A.-M. Bras

Si tu voyais
que la musique
est invisible
tu saurais
comment elle appartient
naturellement
à la stratégie
et c'est pourquoi
chaque mouvement
devient
action
qui change
le monde
c'est pourquoi
fais attention
à chaque
note
de l’oeuvre.

*****
Tous les instruments
N. Lygeros
Traduit du Grec par A.-M. Bras

Tous les instruments
te rappellent
qu'il y a
des âmes
qui n'oublient
jamais
de vivre
au-delà
des frontières
parce qu’ils
savaient
que c'était
le seul
chemin
pour voir
la vérité
et c'est pour cela
qu’ils produisent
la lumière.

*****
Le son de la vie
N. Lygeros
Traduit du Grec par A.-M. Bras

Le son de la vie
ne produit pas
du bruit
mais
seulement
des notes
et des silences
pour montrer
l’oeuvre
au-delà
de l’interprétation
du monde
qui fonctionne
seulement
quand existe
l'intelligence
de la mémoire
du Temps.

*****
Ecoute
N. Lygeros
Traduit du Grec par A.-M. Bras

Ecoute
l'enseignement
polycyclique
pour que tu puisses
voir
les motifs
qui se développent
et montrent
comment fonctionne
l'essence
de l’oeuvre
au-delà
des limites
du monde
conventionnel
et qu’apparaisse
ainsi
un monde
nouveau.

*****
Les cordes
N. Lygeros
Traduit du Grec par A.-M. Bras

Les cordes
de Vivaldi
révèlent
la profondeur
qu'ont
les notes
élevées
qui montrent
à leur
manière
l'essentiel
même
si elles surprennent
ceux
qui ne voient pas
la subtilité
de la superstructure
polycyclique.

*****
Avec les notes
N. Lygeros
Traduit du Grec par A.-M. Bras

Avec les notes
de l’oeuvre
tu écoutes
en silence
l'histoire
qui écrit
le futur
et cela
te touche
plus profondément
pour voir
au-delà
de l'horizon
la valeur
du compositeur
qui a
hyperévalué
le prochain
niveau.

*****

lundi 28 octobre 2019

Sevane Garibian: dissection de l'horreur

Sévane Garibian: disséquer l’horreur

La professeure de droit publie un ouvrage collectif qui interroge le sort des dépouilles des tyrans, leur héritage, la mémoire de leurs crimes face aux exigences de justice et de réparation
*****
Sevane Garibian: dissection de l'horreur

Le professeur de droit publie un ouvrage collectif qui interroge le sort des restes de tyrans, leur héritage, la mémoire de leurs crimes, contre les demandes de justice et de réparation.

25 avril 2015. Elle est là, à Istanbul, seule sur cette colline de Sisli dédiée aux héros turcs de la liberté. Pendant des années, elle s'est occupée des victimes, les a affrontées en lisant des livres et des rapports volumineux, en rendant visite à des familles, en visitant des fosses communes. Elle se heurte cette fois à un bourreau, Taalat Pacha, principal instigateur du génocide arménien (un million cinq cent mille personnes ont été exterminées). Le centenaire de ce génocide a été commémoré la veille dans le monde entier.

Sévane Garibian voulait être ce jour-là dans le vieux Constantinople "pour boucler une boucle". La chercheuse égypto-suisse venait de terminer son texte sur Taalat Pacha pour "La mort du bourreau", ouvrage collectif qu'elle dirigeait, une réflexion "sur le corps de criminels de masse". Thème rarement exploré, tabou. Elle fait donc face au  sanguinaire qui a ordonné la destruction d'un peuple et d'une partie de sa famille. Devant le mausolée, dans un lieu qu'aucun de ses ancêtres n’a jamais visité, elle est sereine, sans haine, elle se sent forte. Elle raconte: "Dans mon enfance, j'ai été nourrie d'un génocide et je pensais être née miraculeusement. Je n'aurais pas dû, en fait, exister. J'ai acquis une sensibilité particulière qui ne me pesait pas, qui ne me gênait pas, mais forcer à faire de tout cela quelque chose de positif, à construire ".

Une grand-mère modèle

Sevane doit sa vie aux survivants, en particulier sa grand-mère maternelle, sauvée par les Français, qui a atterri à Port-Saïd, s'est enfuie en Égypte. Une femme merveilleuse qui a élevé cinq enfants tout en étudiant la littérature et la philosophie à la Sorbonne pour devenir enseignante. La mère de Sévane, une pianiste, son père, un industriel, un couple qui oscille entre est et ouest, va et vient. Sévane est née à Genève mais a grandi au Caire. Elle a suivi ses universités en Suisse où elle a déménagé seule, à partir de 17 ans. Bagages en main qu'elle a conquis pour exercer le beau métier de grand-mère. Licence en droit à Genève et doctorat à Paris. Aujourd'hui, elle enseigne à Genève le droit pénal international, la justice transitionnelle et la philosophie du droit. Elle a obtenu une subvention prestigieuse du Fonds national suisse pour le lancement d'un projet sur le droit à la vérité dans le contexte de l'impunité.

Elle a pris ses quartiers à la Geneva Reading Society, où elle aime écrire, sous les combles, d'une pièce à l'autre, en fonction de l'humeur et du temps qui chaque fois dépeint une autre saison de la ville. . Elle arrive avec son chapeau rivé sur la tête, souriante, volubile. Possible quand on dissèque l'horreur? "Je ne veux pas me livrer au morbide", dit-elle. Nous évoquons le besoin de séparer les choses entre la distance intime (son histoire) et la distance professionnelle (sa recherche). Cela ramène tout à la force, à l'exigence, à l'optimisme.

Traduction Google



Sevane Garibian: dissecting the horror

The Law Professor publishes a collective work that questions the fate of the remains of tyrants, their legacy, the memory of their crimes against the demands of justice and reparation
April 25, 2015. She is there, in Istanbul, alone on this hill of Sisli dedicated to the Turkish heroes of freedom. For years, she has cared for the victims, rubbed them by reading books and voluminous reports, visiting families, visiting mass graves. She confronts this time with an executioner, Taalat Pasha, main instigator of the Armenian genocide (one million five hundred thousand people exterminated). The centenary of this genocide was commemorated the day before around the world.
Sévane Garibian wanted to be that day in the old Constantinople "to complete a loop". The Swiss-Egyptian scholar had just completed her text on Taalat Pasha for "The Death of the Executioner", a collective work she directed, a reflection "on the corpse of mass criminals". Theme rarely explored, taboo. She therefore faces the bloodthirsty who ordered the destruction of a people and a part of her family. In front of the mausoleum, in a place where none of her ancestors has ever visited, she is serene, without hatred, feels strong. She says: "As a child, I was fed genocide and I thought I was miraculously born, that I should not have, in fact, had to exist. I acquired a particular sensitivity that did not burden me, not embarrassed but was a driving force to make all this something positive, to build ".
A model grandmother
Sevane owes her life to the survivors, especially her maternal grandmother, rescued by the French, who landed in Port Said, fled to Egypt. A marvelous woman who raised five children alone while studying literature and philosophy at the Sorbonne to become a teacher. Sévane's mother, a pianist, her father, an industrialist, oscillates between East and West, come and go. Sévane was born in Geneva but grew up in Cairo, made her universities in Switzerland where she moved alone, from 17 years old. Luggage in the hand and others to acquire to exercise a beautiful job as grandmother. Law degree in Geneva and PhD in Paris. Today she teaches in Geneva international criminal law, transitional justice and the philosophy of law. She obtained a prestigious grant from the Swiss National Science Foundation to launch a project on the right to truth in the context of impunity.
She made an appointment at the Geneva Reading Society, where she likes to write, under the eaves, from one room to another according to the mood and the time that each time paints another season on the city. . She arrives with her hat riveted on her head, smiling, voluble. Possible when we dissect the horror? "I do not want to indulge in the morbid," she says. We evoke the need to separate things between the intimate distance (its history) and professional distance (its research). It brings everything back to strength, to exigency, to optimism.


Merci à Marina Victoria Gale pour le partage de l'info 



Le mouron rouge - A la vie - Si Saint-Jean - N'écoute pas - L' âme - Avec le Boléro - N. Lygeros


Le mouron rouge
N. Lygeros

Le mouron rouge
n’est pas seulement
une allusion
anglaise
à l’encontre
de la Révolution
mais aussi
un acte salvateur
pour les victimes
de la guillotine
au moment
de la Terreur
ainsi la fiction
n’a pas oublié
cet acte de barbarie.

*****
A la vie
N. Lygeros

A la vie
que nous voulons
partager,
nous avons le devoir
de protection
lorsqu’elle concerne
les innocents
de l’Humanité
aussi
regarde
l’avenir
à travers
le passé
pour surprendre
la barbarie
à l’aide
de tes connaissances.

*****
Si Saint-Jean
N. Lygeros

Si Saint-Jean
a compris
Jésus-Christ
c’est parce qu’après
la crucifixion
il n’a pas vu
seulement
l’absence
mais sa foi
l’a transformée
en symbole
de résurrection
ainsi il a montré
la voie à suivre.

*****
N'écoute pas
N. Lygeros

N’ écoute pas
le bruit
de la société
concentre-toi
sur les notes
herméneutiques
de l'Humanité
car c'est le moyen
de transformer
l’existence
en essence
tout en déployant
de nouvelles
capacités
à créer
des univers
parallèles.

*****
L' âme
N. Lygeros

L’ âme
du violoncelle
une fois installée
nous touche
de plein fouet
pour atteindre
notre profondeur
sans s'arrêter
malgré la douleur
ressentie
car elle
sait que cette souffrance
est nécessaire
pour l'évolution
de la vie
qui aime
l'histoire
de l’l'Humanité
au sein
de la musique.

*****
Avec le Boléro
N. Lygeros

Avec le Boléro
de Ravel
tu peux entendre
la polycyclicité
exécuter
le morceau
de manière
exceptionnelle
l’ essence
d'une musique
initialement
minimaliste
qui s’ornemente
par la suite
non seulement
par l'entrée
des autres
instruments
mais par leur harmonie

*****

vendredi 25 octobre 2019

Ma tribune aujourd’hui dans le journal La Croix - Elise Boghossian


Ma tribune aujourd’hui dans le journal La Croix

Elise Boghossian


Appelons la Dounia.

Elle vit dans le camp de Djadda, non loin de Mossoul, en bordure de la plaine de Ninive. Je l’ai rencontrée dans l’abri surchauffé qui lui sert à la fois de maison, d’univers et d’horizon. Coincée entre les rangées interminables de tentes qui abritent les familles irakiennes soupçonnées d’avoir eu un lien avec l’Etat Islamique, et dont les maris sont disparus, tués ou emprisonnés, Dounia m’attend, entourée de ses enfants.
Ses traits sont marqués, renforcés par la noirceur de ses vêtements, le voile est discret et la parole convenue. De son parcours, je ne vais apprendre que l’essentiel : son mari a rejoint l’Etat Islamique mais « pas comme combattant, il était juste chauffeur, ou livreur ou comptable ». Elle ne sait plus trop.
Elle n’était pas forcément religieuse mais elle l’a suivi. Au début, le Califat, c’était le paradis sur Terre, même avec les enfants jouant dans la poussière de Mossoul. Les imprécations de la police religieuse rythmaient la journée des nouveaux sujets du Calife, avec le sentiment de revanche contre la tyrannie chiite qui avait écrasé de sa large botte les velléités de pouvoir de cette partie sunnite de l’Irak.
Dounia s’arrête et essuie une larme. Son mari s’est rapidement opposé à la violence débridée des séides d’Abou Bakr al Baghdadi, mais « c’était difficile de s’enfuir… ». Donc, en bon collaborateur, une espèce humaine universelle générée par la guerre, le mari de Dounia va au boulot le matin comme un bon soldat zélé. Et tanpis pour les charniers, tanpis pour les viols, tanpis pour les autres.
La guerre, ça lève toutes les inhibitions, ça permet tout. Il suffit d’avoir des armes et d’être le dominant, le reste vient tout seul.
Seulement voilà, il y a le temps de la victoire et celui de la défaite. Et après la défaite, vient le temps de rendre des comptes. Le mari de Dounia est tué dans la reprise de Mossoul, les armes à la main. Avec ses enfants, elle revient dans son village natal, à quelques kilomètres du camp. Elle n’aura pas le temps de s’insurger contre la vindicte de ses anciens voisins que ses deux plus grands enfants, de 17 et 18 ans, seront saisis et exécutés séance tenante par la population martyrisée.
Et la voilà réfugiée dans ce camp, dans cette immense prison à ciel ouvert. Rangée d’un coup au statut de chef de famille, avec ses 5 enfants restants, responsable légale, et…femme et mère de djihadiste. Elle va connaître un sort identique aux centaines de femmes qui, prises dans les rigueurs de la guerre, endossent les costumes mal taillés de la responsabilité. A la différence près que les femmes yézidies, les femmes chrétiennes et certaines femmes musulmanes ont été les victimes expiatoires de la Haine, désignées comme des cibles idéales face à la fureur des djihadistes, torturées, avilies, massacrées. L’orage de feu, de haine et d’acier brisera non seulement ces femmes mais également leur destin et leur descendance.
J’ai parlé à Dounia, j’ai essayé de la comprendre, de la suivre dans ses confessions. J’observais ses autres enfants, ceux que nos équipes de soins accompagnent au quotidien, tous porteurs des symptômes de la violence à laquelle ils ont été surexposés. Privés de croissance normale, confrontés à une déconstruction morale, leurs regards de pierre, sans fond, me saisit. Au contact de ces enfants, la seule question qui me poursuit est la suivante : comment ces enfants pourront-ils devenir des adultes cohérents et structurés, acteurs de leur société, alors que leur enfance a été bafouée ?
Le traumatisme est-il héréditaire ? On a longtemps pensé que les enfants de moins de deux ans avaient un cerveau trop immature pour ressentir les émotions ou la douleur. Nous savons aujourd’hui que c’est faux, les enfants sentent bien la douleur, mais ils ne peuvent pas l’intégrer ou la comprendre. Elle s’inscrit dans des circuits archaïques qui échappent à la conscience. L’enfant conserve au plus profond de son expérience corporelle, une cicatrice psychique, aussi minuscule soit-elle. Nos études médicales et physiologiques ne nous permettent pas d’atteindre les profondeurs de nos archaïsmes. C’est là, me semble t il que s’inscrit l’histoire secrète de l’être, dans les tréfonds de la personnalité, et là que se fabrique le matériel des pulsions et des tendances, de la violence. Pour s’édifier, le corps a besoin de sentir son enveloppe : ce qui le construit mais aussi ce qui le limite.
Dounia me regarde droit dans les yeux, c’est décidé depuis longtemps, elle ne pardonnera jamais. Et attend patiemment le renouveau du Califat pour prendre sa revanche. Pas un mot de regret, je n’ose dire de repentance pour toutes ces femmes qui, comme elles, ont traversé la guerre. Pas un mot pour ses propres enfants, pas un mot pour les Nadia Murad, pas un mot pour les autres Dounia.

la-croix.com
En Irak, des destins brisés

Élise Boghossian, de nationalité française, est la fondatrice de l'organisation non gouvernementale Shennong & Avicenne fondée en 20021 et rebaptisée EliseCare en 2016. Docteur en médecine chinoise, elle se définit elle-même comme « acupunctrice en zone de guerre ».

Née en banlieue parisienne, fille de couturiers, Élise Boghossian est la petite-fille de déportés arméniens, ce qui jouera un rôle dans sa vocation humanitaire.
Spécialisée en neurosciences, Élise Boghossian s'est formée à la médecine traditionnelle chinoise en Chine et a soutenu sa thèse à Nankin. Elle a également étudié l’anesthésie par l’acupuncture au Viêt Nam auprès du professeur Nguyễn Tài Thu (vi), directeur de l’Institut national d’acupuncture de Hanoï.


Activités


Son activité humanitaire débute en Arménie en 2002 lors du conflit du Haut-Karabakh. Depuis 2013, la zone d'action de Elisecare s'est élargie à la Syrie et au Kurdistan irakien, lors de la chute des monts Sinjar et l'exil des Yézidis et de la grande offensive de Daech sur Mossoul en juin 2014. Elisecare a également envoyé un camion médical à Dunkerque et à Calais, dans les mois qui ont précédé le démantèlement de la « Jungle ».


Elle est ambassadrice de Fraternité générale, association créée par Abdennour Bidar après les attentats du 15 novembre. Elise Boghossian réalise une publication au sujet de l'association sur son blog du Huffington Post en octobre 20177.


EliseCare


Un premier dispensaire mobile au Kurdistan irakien, puis un second en janvier 2017, sont mis en place. EliseCare dispose de cinq bus équipés en matériel médical et deux dispensaires, à Erbil, Duhok, Zakho et Karacoch. En collaboration avec des médecins, les bus et les dispensaires d'EliseCare proposent des soins médicaux, de l'acupuncture aux traitements des blessures et des infections.

L'acupuncture est à la base de sa pratique médicale, à La Croix, elle déclare que « l’acupuncture n’est pas la première thérapie à laquelle on pense dans ces situations [...] mais lorsqu’il n’y a même plus d’antidouleur, on nous laisse faire. Et comme les résultats sont visibles, tout le monde est demandeur. ». Mais dès le départ, Élise Boghossian s'associe à des médecins traditionnels qui prodiguent soins et médicaments. Elle réunit autour d'elle une équipe médicale qui s'étoffe au fur et à mesure des opérations.
D'après EliseCare0, les chiffres de l'activité sont les suivants :


Dispensaires mobiles
5
Dispensaires fixes
3


Controverses


D'après Libération, des audits commandés par le Centre de crise et de soutien (CDCS) du Ministère des Affaires étrangères, l’un des bailleurs de fonds de l’ONG, à deux cabinets indépendants (Frontview et Donnadieu & Associés) font apparaitre de « graves anomalies" dans la gestion financière de l’ONG EliseCare et de ses activités.
Selon les rapports d'audits, que s'est procurés le journal, des dépenses « irrégulières » de plus de 273 000 euros dont 23 700 euros de dépenses inéligibles, notamment des soins et formations d’acupuncture. Le Centre de crise et de soutien (CDCS) aurait exigé le remboursement de plus de la moitié des 400 000 euros de subventions versés en 2017  à l’ONG. Interrogée par Libération, Élise Boghossian concède de possibles erreurs de gestion liées au contexte des activités de l'ONG et se déclare prête a rembourser les sommes demandées.


Publication


En 2015, Élise Boghossian a publié un livre aux éditions Robert Laffont intitulé " Au royaume de l'espoir, il n'y a pas d'hiver", qui relate son engagement et sa philosophie.


(Sources Wikipédia) 


N'oublie pas - Le bouclier - Le phénomène - Nikos Lygeros



N'oublie pas
N. Lygeros
Traduit du Grec par A.-M. Bras

N'oublie pas
qu'en guerre
les gens
s’enrichissent
ce qui signifie
qu'ils trouvent
de l’ordre
dans
le désordre.
Il ne faut donc
pas que tu considères
que d'avoir
des idées positives
doive
nécessairement
exister
dans un contexte
positif.
Ce qui
a
de l’importance
est
ce que tu arrives à faire
pour changer
et aider
le monde
peu importe
les conditions.

*****

Le bouclier
N. Lygeros
Traduit du Grec par A.-M. Bras

Le bouclier
peut
te sembler
lourd,
ennuyeux
voire
inutile
mais
il est
toujours

pour ta protection
tandis que l'épée
qui te semble
légère,
même
efficace
et importante
peut
se retourner
contre toi
car ton ennemi
pourra te la retirer.
Fais donc
attention
à ce que tu choisis
pour le futur.

*****

Le phénomène
N. Lygeros
Traduit du Grec par A.-M. Bras

Le phénomène
de masse
est toujours
utile
quand on doit
faire
une manifestation
parce qu’elle
est perçue
ailleurs.
De
cette façon
le combat
prend ainsi
une dimension
internationale,
change
donc
de style
et à ce moment
les régimes
devraient
s’y conformer
car
ils subissent
les pressions.

*****






jeudi 24 octobre 2019

Le thé - Notre devoir pour le peuple du Liban - Les conséquences stratégiques du Coup d'Agadir - N. Lygeros


Le thé
N. Lygeros
Traduit du Grec par A.-M. Bras

Le thé
que tu bois
tu devrais
le boire
à la santé
des Innocents
de Hong Kong
pour qu’ils soient
dans ton esprit
et ressentent
l’appui
des Justes
de l'Humanité
qui ne les oublient pas
même
dans ces moments
très difficiles.
Ainsi
le symbole
devient
acte
de résistance
et rappelle
aux autres
ce qui
doit être fait.

*****
Notre devoir pour le peuple du Liban

N. Lygeros


Le peuple du Liban est encore en colère contre un gouvernement de corruption qui est incapable de gérer les problèmes sociaux en raison de la crise économique qui frappe tout le pays. Il est important de comprendre que la situation ne peut plus durer en raison de l'absence de travail pour la jeunesse. Il n'existe pas d'autre solution qu'un changement fondamental au niveau du gouvernement. Pour le moment il n'y a aucune volonté de la part du gouvernement de gérer de façon consensuelle la crise et pourtant nous avons déjà des changements puisque le parti chrétien qui appartenait à ce gouvernement a décidé à la suite des mouvements de contestation de se retirer définitivement. Il s'agit d'un exemple concret d'un résultat qui peut être obtenu par le peuple qui conteste la situation politique tout en restant dans un cadre démocratique. Aussi nous devons de notre côté, avec une vision européenne, soutenir ce nouveau mouvement pour lui permettre de vivre librement un changement nécessaire à la société libanaise. En effet pour nous il ne s'agit pas simplement d'un cas particulier, c'est d'ailleurs pour cette raison que nous retrouvons dans les slogans des manifestations des allusions au printemps arabe. Ceci constitue la preuve qu'un changement est obligatoire pour obtenir des résultats tangibles qui permettent l'existence d'une démocratie de manière dynamique et efficace sans pour autant subir des conséquences néfastes au niveau des droits de l'Homme. Le peuple du Liban appartient lui aussi à l'Humanité et il est de notre devoir de le protéger contre la barbarie.

*****
Les conséquences stratégiques du Coup d'Agadir
N. Lygeros


Le coup d'Agadir en tant qu'incident militaire et diplomatique qui a eu lieu en 1911 pourrait rester une anecdote pour les spécialistes. Cependant il s'agit d'un évènement important entre la France et l'Allemagne en relation avec le statut du Maroc. A cette époque l'Allemagne, en tant qu'empire, voulait s'emparer de certains états pour constituer ses colonies, car elle considérait qu'elle était en retard dans ce domaine vis-à-vis des autres Grandes Puissances. Néanmoins le cas du Maroc a montré le caractère négatif de cette approche car le coup d'Agadir a permis à la France pour la première fois depuis l'occupation de l'Alsace et de la Lorraine de résister à la pression allemande. En effet à la suite de ce coup, les Allemands se sont rendu compte qu'ils n'avaient pas le soutien de l'Autriche alors que les Français avaient celui du Royaume-Uni et de la Russie. Cet événement qui aurait pu demeurer isolé représente en réalité un des prémices de l'entrée dans la première guerre mondiale. Car par la suite, il a été évident pour tous, que l'Allemagne désirait dans le cadre d'une politique d'expansion s'emparer de territoires pour obtenir un équilibre positionnel dans une situation stratégique contestable. Car avec l'obligation de se répartir des zones maritimes de manière claire, la Grande-Bretagne et la France étaient pour ainsi dire liées et donc amenées à entrer en guerre si cela était nécessaire. Et cela fut le cas. Aussi le coup d'Agadir a eu des conséquences stratégiques.

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mercredi 23 octobre 2019

Les canons du ciel


Les canons du ciel


Trois heures du matin
dans la nuit  noire
 par la fenêtre entr'ouverte
me parviennent, incessants,
les roulements sourds
d'un orage violent ;
des flashs intenses éclairent la nuit
sans discontinuer
tandis qu'une pluie battante
frappe les toits, les murs, les carreaux.
J'ai ouvert les yeux subjuguée 
pour ne rien perdre de ce festival
de sons, de lumière auquel rien
ne semble devoir mettre fin !
En quarante ans de présence
à Perpignan
Je n'ai jamais rien vécu de tel !
Tous les canons du ciel
se sont mis en branle
pour un festival qui va durer
sans entracte
jusqu'à cinq heures du matin ! 
Après une dernière salve rageuse 
le calme est revenu, la pluie a cessé
mais de loin en loin
comme les signes d'une colère
rentrée, mais toujours vivante,
on entend encore
de faibles roulements...

Dzovinar



lundi 21 octobre 2019

Les lettres arméniennes


 Lettres arméniennes
œuvres d'un moine
cher au cœur du peuple
arménien
qui revivez
chaque fois
qu'une main 
en trace vos contours
êtes le message
d'une mémoire
que rien n'altère
 d'une âme
vouée toute entière
à l'humanité
âme
de l'artiste
figure idéale
qui veille
Abris

*****


Halifax - Dans l'espace - Au bord du Nord - Au dessus du Québec - Outre Atlantique - Les peuples de l'Humanité - Dans les codes -


Halifax
N. Lygeros

Halifax
demeure
une cible
pour une mission
plus profondément
française
en direction
de Mocton
car l'Acadie
nous attend
à la recherche
de sa liberté
historique
et de la justice
d'un peuple
bafoué
de ses droits.

*****

N. Lygeros


Dans l'espace
du Maroc
tu peux voir
le temps s'écouler
entre l'océan
et le désert
comme pour marquer
l'esprit d'un peuple
qui ne veut
que la liberté
et rien de plus
car il sait vivre
sur la terre
de ses ancêtres
en protégeant
les innocents
de la barbarie.

*****
Au bord du Nord
N. Lygeros


Au bord du Nord
nous imaginons
le Labrador
et nous survolons
Saint Pierre
comme par préparer
une nouvelle mission
encore invisible
pour le moment
car il nous faut
plus d'éléments
historiques
pour nous enfoncer
dans le Temps
et remonter
son cours.

*****
Au dessus du Québec
N. Lygeros

Au dessus du Québec
nous ne cessons
de penser
à sa liberté
et à ce qu'il subit
depuis des siècles
car il n'avait pas
assez de puissance
pour résister
aux assauts
de la barbarie
qui ne pouvait
se contenter
de son territoire
sans enclaver
des innocents.

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Outre Atlantique
N. Lygeros

Outre Atlantique
nous percevons
différentment
l'essence
de la liberté
car celle-ci
n'a rien oublié
du passé
et elle sait
construire
l'avenir
du Nouveau Monde
dans la continuité
de la justice
des peuples
de l'Humanité.

*****
Les peuples de l'Humanité
N. Lygeros

Les peuples de l'Humanité
sont partout
sur la planète
et pourtant
les sociétés
de l'oubli
n'en tiennent
absolument pas
compte
car elles ne vivent
que dans le présent
sans se soucier
du passé
et de l'avenir
mais l'amour
de l'Humanité
demeure intact.

*****
Dans les codes
N. Lygeros

Dans les codes
il est possible
de voir l'histoire
protégée
par les peuples
de l’Humanité
qui ont su
contrecarrer
la barbarie
de la barbarie
de l'oublie
qui voulait
effacer
toute trace
humaine
dans
le futur
du passé.

*****
En Corse
N. Lygeros
Traduit du Grec par A.-M. Bras


En Corse
nous nous sommes souvenus
de nos villages
isolés
qui ont résisté
à l'oubli
officiel
de la société
et qui ont gardé
pour cela
la belle
 tradition
de la langue
qui n'a pas été effacée
malgré des siècles
d'efforts
pour qu’elle disparaisse.

*****



samedi 19 octobre 2019

En allant - Dans le Vieux Montréal - Sur la Place d'Armes -Dans la chambre de musique - Dans le miroir - Si tu écoutais - N. Lygeros


En allant
N. Lygeros

En allant
à Montréal
nous pensons
à l’ampleur
de le tâche
que nous avons
dans le Québec
et que nous sommes
seulement
au début
de cette mission
multiple
qui concerne
tant de peuples
à travers
les âges.
Aussi
prépare-toi
a vivre
des moments
inoubliables
à travers
le temps
pour comprendre
l’essence
de notre action
pour l’Humanité.


*****
Dans le Vieux Montréal
N. Lygeros


Dans le Vieux Montréal
nous avons pu admirer
l'histoire elle-même
gravée sur les pavés
mais aussi sur les murs
des bâtisses d'antan
aussi notre joie fut immense
car il était possible
de comprendre l'essence
de la mémoire du Québec
qui est toujours à la recherche
de sa beauté d'expression.


*****
Sur la Place d'Armes
N. Lygeros


Sur la Place d'Armes
de Vieux Montréal
nous avons rencontré
les statues du passé
et nous avons réalisé
combien il était vivant en nous
malgré le passage
des siècles de guerre
car ils ont laissé des traces
qui nous ont marqués à vie.


*****
Dans la chambre de musique
N. Lygeros


Dans la chambre de musique
devant la grande glace
tu apprends les premiers gestes
sur Eden, le violoncelle
et si tu t'emportes contre toi
à chaque erreur de ta part
c'est seulement en raison
de ton amour pour cet instrument
et la musique qu'il produit
lorsque les doigts et l'archet
touchent les cordes de son âme
pour engendrer de l'humanité.


*****
Dans le miroir
N. Lygeros


Dans le miroir
un corps de femme
embrassait avec passion
un violoncelle d'antan
pour engendrer les premiers sons
d'une composition secrète
qui attendait depuis des décennies
de voir le jour
dans la lumière du futur
et créer un pont temporel
entre les ouïes de l'espace
au dessus de l'âme.


*****
Si tu écoutais
N. Lygeros


Si tu écoutais
l'émotion que tu produis en moi
lorsque j'entends tes doigts
se poser sur les cordes
de ton violoncelle bien-aimé
car je sais depuis combien de temps
tu attendais de l'avoir
entre les mains
pour jouer les œuvres
que tu adores
depuis ta plus tendre enfance
aussi sache combien
tu emplis mon âme


*****

jeudi 17 octobre 2019

L'histoire versus l'idéologie - L'élément stratégique de la démocratie - .......N. Lygeros


L'histoire versus l'idéologie
N. Lygeros

Les provinces du Sud du Maroc ne sont pas seulement des Régions mais un accès au passé historique de l’état qui s’est étendu à partir du Sud vers le Nord. Cela permet de montrer que la profondeur du Maroc dans le temps dépasse de loin le sens restrictif de l’état actuel qui n’est qu’une photographie sans épaisseur. ...


L'élément stratégique de la démocratie
N. Lygeros

La démocratie n’est pas seulement un processus qui va du bas vers le haut. L’étymologie même du mot montre le double sens de son entité. Car elle comporte un élément stratégique fondamentale. La démocratie est plus qu’un ensemble de personnes. D’ailleurs ces dernières doivent être des citoyens pour participer pleinement à ce processus. Seulement cela implique aussi de l’histoire et de la ...


Les Provinces du Sud en tant que paradigme d'autonomie dynamique
N. Lygeros

L’autonomie dynamique représente un processus catalytique qui ne cesse de transformer les conditions de vie des habitants ainsi il ne faut pas la voir simplement comme un état. L’autonomie est capable de donner vie à une situation qui est normalement considérée comme un cas d’équilibre au sein d’une négociation. Les provinces du Sud sont un exemple frappant de cette autonomie ...


L'aspect pratique des solutions de conflits
Ν. Λυγερός

Une solution non pratique à un problème d’une grande durée n’a pas de sens car elle est condamnée à l’échec dès sa mise en place. Aussi lorsqu'une partie dans une négociation met en avant une telle solution, nous savons qu’il s’agit d’un subterfuge qui provient d’une idéologie qui ne s’intéresse ni à l’histoire ni à l’avenir si ceux-ci ne leur appartiennent pas. En d’autres termes ...

Aux Nations Unies
N. Lygeros

Aux Nations Unies
lorsque nous voyons
une femme du désert
défendre ses droits
vis-à-vis du conflit
dans le Sahara Occidental,
nous voyons la beauté
défendre la vérité
face aux attaques
de la barbarie.
Ainsi cette rose du désert
parée comme un jardin
est capable de passer
à la contre attaque
grâce à ses épines
car elle ne peut
laisser ses enfants
sans protection.
Cela montre
qu'il faut l'aider
à ne pas tomber
au combat.
C'est en ayant
ces devoir
en nous
que nous continuons
notre oeuvre
pour l'Humanité.

samedi 12 octobre 2019

Les enjeux de la ZEE - Vidéos New York - Nikos Lygeros



Les enjeux de la ZEE

Il est important de comprendre les enjeux de la ZEE à l'échelle mondiale et de ne pas se contenter d’en avoir une vision locale, réduite à un seul État. Ceci est tout à fait révélateur à l'occasion des échanges à la quatrième..

http://www.lygeros.org/articles.php?n=46022&l=fr .

N. Lygeros: Vessel, Hudson Yards, New York, 07/10/2019
https://www.youtube.com/watch?v=ZegwOLHZU8o&t=8s

N. Lygeros: Brick House, The High Line, New York, 07/10/2019
https://www.youtube.com/watch?v=hyQFeGLlabI&t=12s

Video - N. Lygeros: Roosevelt Island Tramway, New York, 08/10/2019
https://www.youtube.com/watch?v=AOAG--aKtxQ

vendredi 11 octobre 2019

L'approche constructive en tant que pensée latérale - N. Lygeros - De la non représentativité du Polisario à l'inexistence de la Rasd. ONU, 10/10/2019

Déclaration devant la 4ème Commission de la 70ème session de l’Assemblée Générale de l’ ONU

L'approche constructive en tant que pensée latérale
Dans une situation conflictuelle, l’utilisation d’arguments fallacieux, ne peut représenter une stratégie à long terme. Celui qui les utilise, doit savoir que leur exploitation a une date de péremption. Il est impossible...

TSAVET DANEM’ (Je prends ton mal) - Denis DONIKIAN

"Ce qui rend un peuple solide, c’est sa foi en la solidarité. La foi dans le « nous », du « menk » et dans les interactions de responsabilité des uns par rapport aux autres comme leur sang spirituel à l’intérieur de ce « nous »."

Denis Donikian, octobre 2019

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10 octobre 2019
TSAVET DANEM’ (Je prends ton mal) (1)


Première partie – Il était une fois la révolution…

Qu’ajouter à l’article critique de Philippe Raffi Kalfayan du 1er octobre dernier sur le site des Nouvelles d’Arménie Magazine dès lors que nous aurions du mal à ne pas partager certains parmi les arguments qui y sont exposés ? Le raisonnement est documenté et porte sur des faits qui ne sont malheureusement pas à mettre au crédit du Premier Ministre d’Arménie. N’étant pas juriste, nous n’entrerons pas dans les arcanes du Droit tel qu’il est débattu et malmené actuellement en Arménie. Pour autant, les impairs, sinon les imperfections constatés ici ou là ne nous conduisent pas à condamner le nouveau régime, dans la mesure où le cas arménien mérite d’être considéré de manière plus holistique que strictement juridique, à savoir en tenant compte du contexte politique du pays, de ses impératifs économiques, des mentalités qui y règnent, des trois décennies de souffrances et d’humiliations subies par une population avide de justice et de bonheur, sans parler des 70 années de soviétisme ou du fait que l’Arménie demeure un petit pays par le nombre d’habitants, en guerre larvée sur le flanc est depuis plus de 30 ans, et quasiment enclavé, avec un ennemi héréditaire sur le flanc ouest. Ces composantes complexes et étroitement imbriquées devrait les prendre en compte quiconque chercherait à passer au crible les décisions, les avancées et les fautes du Premier ministre d’Arménie.
(Certes, préserver le Droit pour un pays démocratique constitue le socle sur lequel il peut bâtir une société juste et prospère. Et monsieur Kalfayan aurait raison de penser l’Arménie actuelle selon cette seule optique juridique si les responsables de la politique, à commencer par le Premier ministre, n’étaient quant à eux contraints de tenir compte d’un bien plus large spectre d’obligations. Le cas de la mine d’or d’Amulsar suffirait à le démontrer dans la mesure où elle concentre un grand nombre d’intérêts contradictoires qui paralysent toute décision. Les écologistes n’en veulent pas ainsi que les villageois proches qui bloquent les routes depuis le 23 juin. Quant à la société Lydian, elle maintient qu’elle utilisera une technologie propre à respecter l’écosystème local. Sans parler de la Fédération Internationale des droits de l’homme qui a enquêté sur place et défend les opposants à la mine. Que dire des 1 400 personnes employées par l’entreprise qui n’ont pas pu aller travailler depuis le 23 juin ? Quant au gouvernement, il a hérité de cette patate chaude signée dans des conditions douteuses sous l’ancien régime. Pachinian, qui a promis du travail aux Arméniens, devrait-il au contraire se parjurer en supprimant des emplois ? Sachant qu’il ne peut se permettre le luxe d’un procès intenté par la société Lydian, ni celui de prendre contre elle une décision arbitraire qui rendrait peu crédible l’Arménie auprès des investisseurs étrangers. Toujours est-il qu’on ne peut lui reprocher une quelconque dérobade puisqu’il est venu à la rencontre de tous les opposants pour clarifier la situation. On est loin des pratiques précédentes où les décisions se prenaient à huis clos.)
Tout de même, étant donné que le passage entre l’ancien et le nouveau régime s’est opéré sans effusion de sang, il nous paraît incongru d’en faire coup d’État ? En effet, il n’y a pas eu, que nous sachions, renversement du pouvoir Sarkissian ni de façon illégale, ni de façon brutale. De même, la révolution, si révolution il y a, ne s’est pas faite par la force. Par conséquent, n’en déplaise à Monsieur Kalfayan, ces deux modes de transition ne sauraient selon nous s’appliquer à l’Arménie. J’ajoute que cette « révolution » n’est pas sortie du chaos, mais a mûri au cours de trente années de protestations continues de la part du peuple arménien, émaillées de plusieurs amorces de guerre civile, dont celle du 1er mars, et qu’une volonté de changement général a été entérinée par un vote reconnu comme transparent et incontestable, le premier depuis l’avènement de la république.
Dans ce contexte, il faut reconnaître à Serge Sarkissian, comme nous l’avons déjà fait, le mérite d’avoir affirmé que c’était Pachinian qui avait raison et qui voyait juste. Il faut saluer son courage pour avoir mis un terme à son mandat par un acte digne d’un homme d’État ayant le souci de la nation plutôt que celui tant de ses intérêts que de sa classe politique. On n’ose pas se demander ce qui serait arrivé si ce geste humiliant pour lui n’avait pas été accordé à ses opposants, à savoir à la majorité de la population arménienne. D’ailleurs, aurait-il pu faire autrement tant la pression de la rue était massive et unanime ?
Cependant, force est de constater que celui qui a orchestré cette « révolution » et qui prenait Nelson Mandela pour modèle, s’en est écarté à partir du moment où, au lieu de jouer sur la réconciliation et l’unité, comme le souligne à juste titre Monsieur Kalfayan, il a exacerbé les divisions entre son parti qui prétend représenter le peuple et celui des Républicains. Reste à savoir si les membres du parti républicain étaient solubles dans un régime de réconciliation nationale. On peut en douter, et le premier à en douter ce fut le Premier ministre qui a connu la prison de la part de ces mêmes Républicains. Toujours est-il que la politique d’apartheid, à savoir de développement séparé des populations blanches et noires, était autrement plus cruelle et injuste que l’ostracisation aveugle de la population arménienne par les Républicains. Et pourtant, Mandela, après vingt-sept ans d’emprisonnement, osera bâtir l’avenir de son pays contre sa propre rancune et contre l’esprit de revanche des Noirs, sachant que cet avenir ne pouvait être viable si devaient se perpétuer les antagonismes raciaux et politiques qui ont déchiré les populations.
Je reconnais, avec Monsieur Kalfayan, qu’une politique transitionnelle, fondée sur une constitution intérimaire, était nécessaire. Même si me choque une Constitution voulue sur mesure par un président et formulée à l’aune de ses intérêts, de manière à se mettre à l’abri de toute poursuite judiciaire, me choque aussi le fait que son auteur, Robert Kotcharian soit jeté en prison comme un chien alors même que son procès est en cours. Aucun représentant de l’autorité n’est censé ignorer que, dans une démocratie normale ou en voie de normalisation, tout prévenu est innocent tant que sa culpabilité n’a pas été démontrée par un jugement. A ce jour, la place de Kotcharian n’est pas derrière les barreaux. Il doit jouir pleinement de sa liberté de citoyen durant toute la durée de son procès sans pour autant être autorisé à quitter le pays. Et quoi, l’Arménie n’aurait-elle rien à envier au Japon qui jeta Carlos Ghosn en prison avant même qu’il n’ait eu le temps de savoir de quoi on l’accusait ? Rien à envier non plus à la Turquie qui garde en prison Osman Kavala alors même qu’aucune preuve tangible de sa culpabilité n’a été présentée. D’ailleurs, la déclaration du mécène au tribunal du 8 octobre dernier sonne comme un rappel au respect du droit : «  Le fait que je sois maintenu en détention depuis si longtemps sans que le tribunal ait pu avancer des preuves de ma culpabilité est une violation supplémentaire du droit. Il s’agit d’une pratique illégale et discriminatoire, assimilable à une punition. J’exige que le tribunal mette fin à cette pratique illégale, discriminatoire ». Cette vindicte n’est pas à l’honneur de la nouvelle démocratie à laquelle aspire l’Arménie.
Le fait de se réclamer du peuple, comme le fait Pachinian, ici ou là, suscite obligatoirement le doute en raison du raccourci dont il s’accommode au détriment de la réalité. 70 % d’une population ne font pas un peuple, mais produisent une discrimination à l’égard des 30% qui ont le droit de penser autrement. Pachinian confond le peuple avec la foule des meetings où les présents buvaient ses paroles.
Par ailleurs, les Arméniens, peuple à sang chaud s’il en est, sont prompts à sanctifier un leader autant qu’à diaboliser son adversaire. Combien de fois n’a-t-on pas devant nous stigmatisé Kotcharian en le traitant de Turc ? Tandis qu’aujourd’hui, Pachinian est devenu une figure de saint laïc dont l’effigie se trouve partout ad nauseam. Il faut savoir que les Arméniens sont capables de retournements à 180° avec une brutalité qui étonnerait un observateur étranger. Ceux qui criaient « Levon ! Levon ! » (à savoir Levon Ter Petrossian) durant et après le charjoum, comme s’il était leur sauveur, ont réussi à le détester avec la même ardeur à la suite des élections probablement truquées de 1996 aux dépens de Vazken Manoukian, jusqu’à le pousser à la démission le 3 février 1998. Ils y ont gagné Kotcharian. Cela dit, cette sanctification aveugle de Pachinian atténue forcément les sens critique et civique du citoyen et donne à l’intéressé des ailes, sinon des mains pour se croire autorisé à fesser quiconque le contredit. Autrement dit, Pachinian jouit d’une telle notoriété qu’il pourrait être enclin à abuser de son autorité. Dans cette perspective, la démocratie pourrait virer à l’autoritarisme.
En effet, cette position éminente dans l’opinion est malsaine, même si elle est compréhensible. Pachinian devient de la sorte la main armée de la hargne qui anime une grande partie de la population humiliée par des années de frustration. J’ai toujours pensé que les applaudissements dont il bénéficiait lors des meetings étaient mâtinés de haine à l’égard des Républicains. Or, cette haine entre tenants de l’ancien régime et partisans du nouveau échauffe les esprits et circule partout dans le pays au point de menacer la sérénité dont il a besoin pour se normaliser. Au lieu de se battre ensemble sur les moyens à mettre en œuvre pour faire avancer le pays et le défendre, les Arméniens sont embourbés dans des querelles de procédures qui sont autant de perte d’énergie, alors que la population trépigne d’impatience dans l’attente des réformes promises.
Or, dans cette course aux réformes, nombreux sont les obstacles qui ralentissent l’action du Premier ministre.
Par exemple, la révolution dont celui-ci se réclame ne saurait être effective sans le remplacement des collaborateurs de l’ancien régime par des élites éduquées et neuves. Pour rappel, l’Arménie, pays jeune, n’a pas un corps de fonctionnaires capables de transcender les aléas des urnes et de travailler avec dévouement et abnégation uniquement pour la pérennisation de l’État et le bien public. En d’autres termes, manque à l’État arménien une institution qui formerait des fonctionnaires responsables de sa haute administration. Cette carence oblige le nouveau régime à composer avec des élites qui ont largement forniqué avec les gouvernances précédentes et qui y ont acquis des automatismes fondés sur l’égoïsme des intérêts propres plutôt que sur un comportement soucieux du bien général. Ce qui a pu avoir comme effet la formation d’un État profond, où ces élites ont pu prendre des décisions conformes à la défense de leur pré carré et non au profit du pays. (D’ailleurs, en Arménie comme ailleurs et même en France, les hommes étant ce qu’ils sont et les Arméniens bien davantage que des hommes, la création d’une élite de fonctionnaires pourrait constituer un État dans l’État propre à contrecarrer les décisions de l’exécutif.)
Cet état de fait constitue une sérieuse entrave à l’action du gouvernement. Dès lors comment ne pas comprendre Pachinian qui doit être obligé de nettoyer les écuries d’Augias s’il veut faire place nette et avancer. On se trouve ainsi dans le cul-de-sac d’une cruelle aporie : faire la révolution par le changement des élites alors que manquent les élites nouvelles.
De la même manière, le passage du soviétisme à la république n’a été qu’une vaste mascarade. Comme l’Arménie manquait de fonctionnaires aptes à assumer la nouvelle constitution, elle a dû reconduire ceux de la dictature précédente au risque d’y perdre dans le changement. En fait, au début de la république, les automatismes d’hier ont été simplement reproduites faute de formation pour faire vivre la pensée de l’Indépendance et en raison du chaos dominant provoqué par le conflit du Karabagh. Ce chaos, les voyous en ont largement profité pour accroitre leur business tandis que les héros se jetaient à corps perdu dans la bataille au risque de sacrifier leur vie. L’économie de l’urgence a tôt fait de détruire le travail par la vente précipitée des usines et des biens nationaux. Au chaos a succédé l’abîme. Et on aurait du mal à affirmer que les présidents qui vinrent après Levon Ter-Petrossian furent aptes à relever le défi à la fois de la défense nationale et de la reconstruction.
Que monsieur Kalfayan assimile Pachinian à un Erdogan poursuivant les gülenistes me paraît d’autant moins pertinent que Pachinian, plutôt que de s’acoquiner avec les Républicains comme Erdogan le fit avec Gülen, les a inlassablement combattus. Pour quelle raison me direz-vous ? Pour une raison de tempérament politique. Pachinian a mis sa vie au service du peuple arménien alors que les Républicains étaient au service de leurs sales affaires. Quant à lui donner des intentions et même des comportements de dictateur, aussi indiscutables et tranchés quand il s’agit d’Erdogan, cela n’est ni crédible ni supportable, même si des erreurs et des naïvetés ont été commises.
On se demande quels poux va chercher Monsieur Kalfayan dans la chevelure d’Anna Hagopian, l’épouse du Première ministre, quand il dénonce l’origine de l’argent devant servir à la Fondation Mon Pas dans les domaines culturels, éducatifs et de santé, principalement au profit des enfants gravement malades d’Arménie, alors que cet argent est majoritairement recueilli auprès de la diaspora ? Si les épouses Kotcharian et Sarkissian avaient pour mission de piloter une fondation semblable qui était de leur responsabilité, on ne peut pas dire que leur activisme ait été très visible ou très opérant.
« Faut-il rappeler que la justice est rendue par des hommes, et ceux-ci ont droit à l’erreur ? » écrit à juste titre Monsieur Kalfayan. Faut-il aussi lui rappeler que la politique est également rendue par des hommes et qu’ils ont droit à l’erreur surtout dans un contexte d’urgence et de renouvellement en vue de remettre le pays sur pieds ? Il reste que ce pays doit s’inventer un avenir de prospérité par le travail et remettre les comportements sur les rails d’une éthique conforme à ses fondamentaux culturels, sans quoi la révolution entamée, loin de rouler sur du velours, pourrait engendrer un tapis de ronces, d’épines et de barbelés.
 
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11 octobre 2019

TSAVET DANEM ( Je prends ton mal) ( (2)
Nikol Pachinian
(Premier Ministre d'Arménie)

Deuxième partie – Le Hayastan selon saint Nigol

Après son indépendance politique, l’Arménie a mis près de trente ans avant de conquérir sa démocratie, à savoir une démocratie réelle contre une démocratie de la fraude et de la misère qui l’a clouée sur place dans la stagnation ou déchirée sous les effets de l’émigration forcée par la désespérance économique ou l’humiliation politique. En effet, comme elles ont eu à affronter dès le début des catastrophes qui auraient pu  terrasser le pays (séisme, guerre au Karabagh, fermeture des frontières à l’est et à l’ouest),  les instances politiques dépassées par les événements ont dû parer au plus pressé. Nul ne saurait les incriminer dès lors que les résolutions prises dans la précipitation, les improvisations du moment, la nécessité de formuler les normes d’une nouvelle société s’accompagnaient d’un certain chaos dont les Arméniens  les plus forts et les plus rusés ont largement profité. Malheureusement les Arméniens attendaient le droit, la justice et la paix sociale, ils n’ont reçu  que la gangrène. Comme si elle couvait durant les années soviétiques et attendait le jour où l’Arménie deviendrait une république pour se propager. De fait, l’indépendance de l’Arménie n’a donné lieu qu’à un état de dépendance dans le sens où la seule dynamique économique qui l’a maintenue en vie se nourrissait de népotisme, de corruption, d’aghperoutyoun et de système D, tandis que le travail à l’étranger des Arméniens valides, sciemment entretenu, constituait une manne substantielle par la rentrée des devises, dispensant l’État de créer des emplois sur place alors qu’il profitait de cette situation de déliquescence pour régner sur une population abrutie par la pauvreté ou la quête de survie.
Cette immédiate indépendance nous l’avons vue et éprouvée pour l’avoir largement décrite ici ou là. Ce qui nous avait le plus frappé alors, c’était un état d’abandon généralisé, à savoir des hommes et des femmes n’ayant plus aucun soutien ni moral, ni familial, ni économique, tandis qu’en même temps se développaient des formes d’enrichissement qui juraient avec la misère ambiante. Comme l’Arménie profonde  s’enfonçait dans une pitoyable dépression tandis que dans la capitale s’étalaient des luxes d’insouciance totalement artificiels, sans parler du caractère  de plus en plus ostentatoire de certaines richesses, on se demandait si au delà d’une démocratie de façade ne survivait pas une forme de régression vers un féodalisme fondée sur le système des agha comme en Turquie ottomane et ailleurs. Ces maîtres de la vie sociale qui mesuraient la vie des Arméniens à l’aune de leurs seuls intérêts, avaient pour noms ceux des oligarques comme le fameux Dodi Gago dont le sobriquet résonne comme un gag  tellement cette figure emblématique du parvenu illustre bien une structure politique où les députés avaient tendance à voter en faveur de leur business plutôt que pour l’amélioration du bien général. De ce fait, il était difficile de définir cette Arménie hybride où se mêlaient inextricablement le droit et l’absence de droit. C’est cet embrouillamini qui  nous a conduit un jour à définir l’Arménie comme une  république démomerdique. Formule parmi les moindres, advenues sous notre plume, pour désigner ce pays politiquement indistinct et où les citoyens étaient devenus comme les déchets d’une corruption généralisée.
La première chose à laquelle s’est à juste titre attaqué le gouvernement actuel était de rendre la démocratie au peuple par la réhabilitation du droit. Aucune réforme ne pouvait être entreprise, aucun progrès, aucune volonté de changement dans quelque domaine que ce soit sans consolider le socle juridique sur lequel devait reposer la nouvelle Arménie. Sans le droit le pays irait à vau-l’eau comme sous les régimes précédents. En ce sens, nous pouvons mettre à l’actif du Premier ministre qu’il s’est donné pour objectif d’éradiquer la corruption dans la vie sociale. On aurait du mal à penser qu’un tel acharnement contre toutes les formes de corruption où qu’elles se développent soit le fait d’un homme capable de dérive autoritaire. En s’engageant dans cette voie, c’est lui-même qu’il expose devant un peuple peu enclin à tolérer les abus d’autorité. Et pourtant, la chasse aux Républicains dont l’influence toxique menace constamment les avancées sociales crée un climat délétère miné par le soupçon. Nous avons déjà exprimé le caractère intolérable des ingérences, supposées ou réelles, du Premier ministre, au sein de l’appareil judiciaire. Très certainement ses obsessions anti-Parti républicain ne peuvent que le conduire à jouer avec le feu.
Heureusement, l’autre obsession de Pachinian, c’est de rendre son intelligence à la jeunesse arménienne en élevant le niveau d’éducation. Il faut dire que le potentiel, dans ce domaine, est immense et que loin de l’exploiter, les régimes précédents l’ont au contraire maintenu à un grave degré de médiocrité. Ce n’est pas en introduisant le jeu d’échec dans les écoles qu’on peut produire un avenir et développer un pays. Encore moins d’instruire les enfants dans la religion nationale. Le pari de Pachinian qui consiste à orienter l’éducation vers les technologies de l’information n’est pas vain. Il repose à juste titre sur ces scientifiques d’origine arménienne qui ont démontré que le génie arménien ou sa faculté d’accéder aux plus hautes marches, permettait de parier sur l’excellence des aptitudes et du potentiel qui anime la jeunesse du pays. « L’innovation et l’esprit d’initiative ont toujours été au cœur de l’identité arménienne. Tout au long de l’histoire, le peuple arménien a mis au monde des scientifiques, des ingénieurs et des inventeurs qui ont apporté une contribution inestimable au développement de l’humanité et à l’amélioration du niveau de vie », dit-il dans son discours inaugural pour saluer l’ouverture en Arménie du Congrès mondial sur les technologies de l’information. Le Premier ministre part d’un constat, que chaque membre de la diaspora a pu remarquer lui-même, à savoir que tout jeune Arménien qui se trouve dans un milieu intellectuellement stimulant est capable du meilleur. Ce qui n’a pas été le cas en Arménie durant les trente premières années de l’Indépendance. Pachinian souhaite pour l’Arménie ce qui se fait à l’étranger. Par ailleurs, il faut comprendre que les techniques de l’information, dès lors qu’elles pénètrent dans le tissu social et national, induiront des soins plus performants dans les hôpitaux, une défense plus efficace aux frontières, une panoplie d’emplois plus large. Déjà, ces opportunités font accourir de la diaspora des entreprises soucieuses d’investir dans le pays et d’ouvrir des startups dans tous les domaines possibles. Mais les étudiants arméniens n’auront pas attendu le Congrès pour commencer leurs travaux, ils y auront présenté des engins volants sans pilote, des robots et même une prothèse myoélectrique de bras.
Cependant, il n’est pas interdit de souhaiter que la nouvelle confiance qui règne en Arménie depuis l’émergence de la révolution de velours engendre une nouvelle conscience. Investir dans le matériel ne permettra pas au peuple arménien de vivre selon sa culture. Il risque au contraire de s’en éloigner. L’homme a besoin de trouver des repères culturels au gré d’une tradition collective qui, au cours de son histoire, lui a évité de sombrer dans la dépression par la résilience et le religieux. Tous les peuples investissent dans leur culture pour que la conscience de leur origine alimente leur élan vital vers un avenir plus brillant. L’homme a besoin de se situer s’il ne veut pas s’abîmer dans la névrose. Se situer dans le temps et se situer par rapport à ses semblables. Or, depuis des décennies en Arménie, le sauve-qui-peut et la corruption, le triomphe de l’argent au détriment d’une société plus égalitaire ont dominé les esprits. Il serait temps de revenir aux fondamentaux et de placer l’humanisme et la fraternité au centre du social. Sans une éthique de l’empathie, l’Arménie s’écroulera. Il faut penser l’autre et apprendre à penser à l’autre. En d’autres termes, mettre le fameux tsavet danem’ (je prends ton mal) au cœur d’une société qui a trop longtemps pâti d’un abandon généralisé. Non seulement, ce principe permettrait de revenir aux sources de la religion chrétienne pour que les Arméniens se maintiennent dans une sorte de verticalité mystique, mais il permettrait une véritable révolution des mentalités. Nous ne dirons pas que l’Arménien n’a pas ici ou là montré de la solidarité envers l’autre. Mais les manques sont nettement plus flagrants que les pratiques. Cette solidarité devrait d’ailleurs aussi jouer entre l’Arménie et la diaspora, laquelle depuis l’avènement de la République et la catastrophe du séisme de 1988 n’a jamais manqué d’établir des ponts avec le pays pour le sortir du naufrage. Même si le donateur n’a pas toujours été respecté correctement par le receveur.
Ce qui rend un peuple solide, c’est sa foi en la solidarité. La foi dans le « nous », du « menk » et dans les interactions de responsabilité des uns par rapport aux autres comme leur sang spirituel à l’intérieur de ce « nous ».

Denis Donikian, octobre 2019