jeudi 27 mars 2014

Vidéo d'un concert de Djivan Gasparyan




Une superbe Vidéo du très talentueux 

Jivan Gasparian et "Virtuoses de Moscou" 
Extrait d'un concert de musique arménienne sur TV Culture 30.06.2012. 

vendredi 21 mars 2014

Me Philippe Krikorian poursuit son action ...

"La Provence" - 18/03/2014



"La Marseillaise" - 18/03/2014
Négationnisme : la communauté arménienne
demande une loi 
L'Arménie sollicite la justice



Lettre adressée à François Hollande
Président de la République

Monsieur le Président de la République,

J'ai l'honneur de vous adresser ci-joint, copie de la lettre signée par Monsieur Robert ASSANTE, Maire du 6ème secteur ( 11e et 12e arrondissements de Marseille ) et moi-même, que nous vous faisons parvenir par voie postale ( LRAR n°1A 089 799 9074 2 ), ce jour, aux fins que, par décret, vous retiriez les réserves faites le 28 Novembre 2008, au nom de la France, par Madame Michèle ALLIOT - MARIE, qui font toujours,contrairement au droit de l'Union européenne, obstacle à la transposition adéquate de la décision-cadre du 28 Novembre 2008.

Nous vous souhaitons du tout bonne réception,

Et vous prions de croire, Monsieur le Président de la République, en l'assurance de notre plus haute considération.

Philippe KRIKORIAN,
Avocat à la Cour ( Barreau de Marseille )
Tél. (33) 04 91 55 67 77 - Fax (33) 04 91 33 46 76
BP 70212
13178 MARSEILLE CEDEX 20 ( FRANCE )


mardi 18 mars 2014

Publié par La Provence : "Que le droit européen s'applique enfin"

Me Philippe Krikorian

Génocide arménien : "Que le droit européen s'applique enfin"


MARSEILLE 
Au cours d'une conférence de presse commune à l'église apostolique arménienne de Beaumont à Marseille, Philippe Krikorian, avocat spécialiste du dossier et Robert Assante, maire divers droite des 11e et 12e arrondissements de Marseille et candidat aux municipales, ont annoncé qu'ils allaient écrire au président Hollande et au Premier ministre, Jean-Marc Ayrault "pour qu'enfin la décision cadre du conseil de l'Europe de novembre 2008 sur la lutte contre la racisme par le droit pénal soit appliquée en France contre ceux qui nient le génocide arménien".
"Il suffit d'un décret, sans réunir le Parlement, a détaillé l'avocat, pour que soient levées les réserves formulées en 2008 par Michèle Alliot-Marie au nom de la France. M. Hollande tiendrait alors sa promesse, formulée lors de son voyage en Turquie, de faire appliquer le droit et tout le droit.

vendredi 14 mars 2014

Souvenirs de Crémieu (Isère) cité médiévale d'un moment de notre enfance ...


La halle de Crémieu (Isère) fidèle à mon souvenir.
Emblème de la cité médiévale, vaste et impressionnante, elle n'a pas changé depuis plus de 500 ans. Mais pour moi, son histoire commence en cette année 1944, où ma famille - grand-mère, mes tante et oncle -  s'installa  à Crémieu durant quelque temps. Mon frère et moi avions alors 7 et 5 ans.
Ce fut une période riche d' événements et d'expériences en tout genre. Depuis une scolarité buissonnière, où j'appris pourtant très tôt à lire, jusqu'aux aventures pittoresques et risquées des enfants hardis que nous étions, mon frère et moi...     
Fort animée les jours de marché, la halle nous appartenait dés que les derniers marchands, leur recette faite, vidaient les lieux. Que de jeux, de cavalcades, d'explosion de liberté, pour les enfants d'une cité encore préservée de l'évolution d'un modernisme castrateur.
Je me souviens de ses ruelles étroites, des chemins qui conduisaient vers la campagne proche, des noyers le long des routes ...

Crémieu, cité médiévale, aujourd'hui

Pourtant, des souvenirs moins glorieux, douloureux, s'attachent à cette époque, où l'enfance entre tout à coup dans le quotidien d'une histoire sombre, dont elle gardera pour toujours la mémoire.
Les FFI avaient libéré Crémieu, les américains la quittaient, et vint l'heure des règlements de compte ...


    Des badauds s'étaient attroupés non loin de la porte de l'église ; j'étais là aussi ; comment étais-je là ? Je ne sais plus. Etais-je venue seule ? C'est tout à fait plausible, tant était grande notre liberté d'action.
La foule curieuse s'abreuvait du spectacle de trois femmes,  honteuses, perdues, recroquevillées sur elles-mêmes ... leur crâne était rasé et portait, peinte en noir, une croix gammée ...
Je comprenais qu'une chose terrible, dont j'ignorais le sens, s'était abattue sur elles ...
J'ai souffert de les voir ainsi, dépouillées de toute dignité, si malheureuses et seules.
C'est sans doute de ce moment que date ma tendance à prendre la défense des causes perdues, parfois même, les plus inexcusables ...

*******    

lundi 10 mars 2014

Coffret aux souvenirs



Un de ces cadeaux, dont toi seul avais le secret mon frère,
désormais, inscrit dans notre coeur et notre mémoire ....

mercredi 5 mars 2014

Poèmes (2008 - 2009 - suite)


Si tu poses ta main sur ses yeux
pour cacher ce qu'ils disent ...
- non, il ne faut pas
Si tu poses ta main sur sa bouche
pour enfermer ses mots ...
- non, c'est impossible
refusant de voir et d'entendre l'aveu
 - offrande de joies ineffables -
dont ton être plein de fièvre s'émeut,
 alors sonnera de tes espérances le deuil
car son coeur las, blessé,
cherchant asile, trouvant accueil
ne battra plus pour toi.

*****
Ces jours où règne la mélancolie
elle s'assoit au piano et sans attendre
ses doigts courent et trouvent aussitôt
le chemin des airs qu'elle jouait là-bas,
en Arménie ..
Et sa voix jaillit vibrante d'émotion
se mêle à celle du piano ; son chant
parle d'amour blessé, de passion vaine,
d'oubli, de regret, de peine ...
Elle me regarde et son regard m'entraîne
dans les sentiers des souvenirs passés ;
alors le charme agit, nous unit et,
moi aussi, je me mets à chanter.
Moment unique et miraculeux
laissant le coeur moins lourd,
plus clairs les yeux,
dont on sort, somme toute,
presque heureux.

*****
Jour livide à la fenêtre
heures creuses à l'horloge
rien ne trouble le mortel ennui
suivi de son morne cortège.
Patiente, en attente du signe,
immobile, en alerte,
une petite lueur résiste.
Privée du souffle créateur,
son moteur, sa raison d'être,
elle faiblit, elle va disparaître ...
Rayon de vie, de joie ...
Soleil ! Montre-toi !

*****
A cette heure
qui n'est plus la nuit,
pas encore le jour,
regard levé vers toi,
étoile qui luit
- un peu pour moi aussi -
je me demande
ce que sera
le jour qui vient.
Je n'attends rien
mais je veux tout.
Un regard, un sourire
de qui j'aime déjà,
de qui je ne sais rien,
surprises que la vie sème
parfois pour nous ravir :
imprévu, inconnu, hasard,
nouveaux élans 
que l'on espère,
souffles qui régénèrent ...
Demain, sûrement.

*****

J'attends ton dernier baiser
comme l'adieu que l'on destine
à une vie de souvenirs,
aux surprises, bulles évanouies,
aux bonheurs mêlés de sanglots,
aux regrets voilés de tendresse,
aux matins légers comme zéphir,
aux nuits couleur de passion,
aux griseries, aux douleurs,
aux sourires, aux pleurs...
Adieu de la fin d'un jour
pour que naisse 
le matin nouveau.
Je te confie ma vie, ô hasard !
Mène-là, là où il faut ! 

*****
 *****


Il tient dans ses bras
un frère, un fils.
Secoué de sanglots,
son corps offre l'image
d'un insupportable désespoir.
Pourquoi ? supplie le visage
couvert de sang de cette femme
à l'hiver de sa vie, pourquoi ?
Qu'ai-je fait que je n'aurais dû faire ?
De quelle faute suis-je donc punie ?
Tourments sans réponse,
poison d'une culpabilité
que la violence humaine engendre,
qu'elle distille dans le coeur des innocents.
Le monde évolue et rien ne change.

*****

A quoi levons-nous nos verres
à la connerie humaine
qui ne cesse de s'exprimer ...
Encore des guerres,
encore des luttes ...
C'est pour vous que je bois mes larmes ...
malheureux humains
que l'horreur poursuit.
 Je bois mes larmes
... que puis-je faire d'autre ...

*****

Faut-il être frappé d'amnésie
Devenir aveugle et sourd
pour garder intact le goût de vivre
quand tout donne l'envie de mourir ?
Le désespoir ne tue pas toujours
tant la vie, misérable pourtant,
est chevillée au corps !
Mais la main de l'homme peut sans faiblir
détruire de l'autre son droit sacré.
Le courage de lutter semble vain
quand l'horizon chaque jour est plus sombre
quand l'espoir de justice et de paix
pèse si peu dans le  plateau de la balance
que régit notre monde.
Nous jouissons émerveillés de son apparence trompeuse, de sa beauté,
nous aimons ses créatures
 que peintres et poètes subliment, exaltent.
Pourrons-nous un jour
en anéantir les prédateurs
et rendre à l'existence sa raison d'être ? 


*****
*****

mardi 4 mars 2014

Le point de vue de Ayşe Gunaysu sur la politique de l’État turc


Le point de vue de Ayşe Gunaysu sur la politique de l’État turc


"La négation du génocide est la destruction de toutes les valeurs collectives, éthiques, la destruction du sens de la justice."
Je suis turque musulmane de naissance. En d’autres termes, une descendante des auteurs du génocide des Arméniens, des Assyriens et des Grecs. Je ne suis pas historienne, ni savante, ni écrivaine. Juste militante des droits humains. Donc, je ne peux que partager avec vous mes sentiments et mes opinions sur l’après-génocide.

Maintenant, je vous demande d’imaginer que je suis allemande. Mais imaginez que l’Allemagne n’a pas été vaincue durant la Seconde Guerre mondiale, et qu’au contraire, elle est sortie victorieuse de cette guerre. Par conséquent, elle n’aurait pas été prise en flagrant délit pour les crimes qu’elle a commis : le monde n’aurait jamais vu les images des chambres à gaz. Et imaginez que l’Allemagne utilise toute la puissance de la technologie et de l’industrie pour dissimuler et nier l’Holocauste. Imaginez que l’Holocauste/Shoah soit officiellement, publiquement, socialement et culturellement nié en Allemagne.

Bien sûr, le négationnisme ne revient pas seulement à dire : Non, ce n’est pas arrivé. Imaginez que la vie sociale est organisée autour de ce négationnisme. Que les manuels scolaires, les principaux médias, les universités, la société civile, Internet déclarent tous la même chose, et tentent de justifier l’extermination des Juifs. Ils affirment que ce n’est pas sans raison. Qu’il était inévitable. Que c’était pour la survie de leur nation. En outre, que ce n’était pas eux qui ont massacré les Juifs, que les Juifs les ont massacrés.

Imaginez que les musées, les encyclopédies et que les expositions en Allemagne continuent d’affirmer ces mensonges. Et, que le peuple allemand ne doute pas des déclarations de l’Etat.
Imaginez que les Juifs seraient actuellement la cible de mouvements racistes allemands, et qu’un discours de haine envers les Juifs serait un phénomène normal en Allemagne.
Avec ce déni de l’Holocauste, comment serait l’Europe ? Y aurait-il un Institut Grotowski en Pologne ?

Je vous demande d’imaginer à nouveau la façon dont la négation d’un génocide peut changer la vie. Avec un tel scénario, la réalité objective ne signifie rien. La réalité objective ne compte pas du tout. La réalité subjective domine. C’est ce qui se passe en Turquie avec le génocide des Arméniens. Je viens de cette Turquie-là.

La reconnaissance, le repentir, l’humilité, et la honte sont les caractéristiques d’un être humain. En l’absence de cela, un peuple, un pays, sont susceptibles de commettre de nouveaux crimes, afin de normaliser la violence et faire de la violence un mode de vie. C’est le cas en Turquie. En l’absence de ces émotions, il n’y a pas de place pour la catharsis, la repentance, ou la culpabilité. C’est le cas depuis le génocide des Arméniens. Et les gouvernements successifs en Turquie continuent de commettre de nouveaux crimes.

Maintenant quelques mots sur moi. J’espère que mon histoire va vous permettre de comprendre la réalité de la Turquie. J’étais marxiste-léniniste, communiste, membre secret du Parti communiste hors la loi de la Turquie entre 1970-85.

Nous avons lutté contre l’impérialisme américain. Pour nous, la Turquie était sous cette oppression impérialiste. Ainsi, l’indépendance nationale de notre pays a été l’un de nos objectifs prioritaires. En d’autres termes, le « mal » était à l’extérieur. Nous n’avons pas vu le mal dans notre pays. Se révolter contre l’ennemi lointain était beaucoup plus facile et plus pratique que lutter contre le mal qui persistait dans notre propre pays. En dépit de notre franc-parler, nous étions sûrement nationalistes sans nous en rendre compte.

Nous étions anti-impérialistes et anti-capitalistes, nous avons cru en la lutte des classes, mais nous sommes devenus anti-fascistes seulement après que les militaires, soutenus par un gouvernement ultra-nationaliste, ont commencé à nous tuer dans les rues, dans nos maisons, dans les usines, et dans les écoles à la fin des années 1970. Nous ne nous sommes pas rendus compte que les fascistes étaient des racistes Turcs et qu’ils reflétaient l’essence raciste de l’Etat turc, qui a provoqué le génocide des Arméniens dans l’Empire ottoman. Nous n’avons pas pris conscience de notre environnement très raciste, nous ne nous sommes pas rendus compte de l’incitation à la haine dirigée contre les Arméniens et les non-musulmans en général, de la discrimination, dépeignant les non-musulmans comme des traîtres potentiels, ceux-ci étaient tout autour de nous, et pourtant nous ne l’avons pas vu ! Nous étions comme des poissons nageant dans une mer de racisme sans en avoir conscience.
Nous n’avons pas fait campagne contre ces pratiques néo-nazis appliquées dans les écoles où les enfants ont répété tous les matins qu’ils étaient fiers d’être turcs ! (...)

OK, nous étions internationalistes. Mais quel genre d’internationalistes étions-nous ?
Nous aurions donné notre vie pour les guerres de libération nationale en Afrique et en Asie. Nous avons chanté des chansons révolutionnaires latino-américaines. Mais nous ne savions pas ce qui se passait sous notre nez. Nous ne savions rien et ne disions rien au sujet des Arméniens, des Grecs et des Assyriens, des victimes du génocide condamnées à vivre dans un environnement raciste. (...)
Nous connaissions l’histoire du Parti communiste soviétique, nous connaissions tous les détails de la lutte Trotsky/Staline, de l’histoire de la lutte du Vietnam contre les Américains, mais nous ne savions pas la véritable histoire de notre propre pays. Mais pourquoi ?

En raison d’une désinformation très réussie et de la manipulation de l’idéologie fondatrice de la République turque et des mythes fondateurs. L’histoire a été réécrite par la direction kémaliste, d’une manière totalement trompeuse. Nous n’allons pas entrer dans les détails, il faudrait beaucoup trop de temps.

Qu’est-il arrivé à la Turquie après 1915 ? La Turquie n’a pas trouvé la paix après, pas de véritable démocratie, pas de développement réel. (...) Des interventions militaires ont également suivi. Celle de 1980 a été un désastre. Des dizaines de milliers de personnes ont été emprisonnées, des méthodes inimaginables de torture ont été utilisées, beaucoup sont morts en prison, et 36 personnes ont été exécutées. Malgré une restauration officielle des institutions démocratiques, la Constitution en vigueur aujourd’hui est essentiellement la constitution adoptée par le régime militaire.

Maintenant, une guerre a lieu dans le sud-est de la Turquie, dans le quartier historique arménien et le Kurdistan. On estime que 50.000 personnes sont mortes, la plupart seraient des Kurdes. Actuellement 10.000 Kurdes qui militent pour les droits de l’homme sont en prison.

La négation du génocide est la destruction de toutes les valeurs collectives, éthiques, la destruction du sens de la justice.

Vous entendrez peut-être que les choses changent en Turquie en ce qui concerne la question arménienne, comme ils disent. Oui, mais très lentement, très irrégulièrement, et c’est pour l’instant très décevant.

Je vous remercie de m’avoir écoutée. »

lundi 7 janvier 2013

lundi 3 mars 2014

Poèmes Dzovinar (2007)

La photo

Une image a traversé le temps.
J'en connaissais l'existence
sans l'avoir jamais vue.
L'enveloppe est arrivée.
Hier. Quand je l'ai ouverte,
gorge nouée ... ô mes innocents !
La vision a transpercé mon coeur
mieux que ne l'aurait fait une lame acérée.
Toi mon père au visage si fin, si doux,
pourquoi ce regard baigné d'inquiétude ?
Pressentais-tu déjà les tourments
qui, si vite, viendraient flétrir
ces moments de grâce de ton mariage ?
Toi, ma mère, à peine sortie de l'enfance,
ignorante de ta beauté qui rayonne,
radieuse et confiante appuyée contre lui,
à qui, sans crainte, tu as confié ta vie,
que pouvais-tu savoir des hasards
qui rôdent obscurs et malfaisants ;
que pouviez-vous savoir de l'aveugle destin
qui sépare des êtres si bien faits l'un pour l'autre.
Je vous regarde et je pleure
sur tout ce que vous n'avez jamais eu ;
voir ensemble grandir vos enfants,
partager l'harmonie d'un paisible foyer.
Tu étais si bon mon père et toi maman si gaie.
Je vous regarde et je pleure
maintenant que vous n'êtes plus
sur tout ce qui aurait pu être
 que nous n'avons pas eu.

***** 
42 rue des Pâquerettes à Alfortville...

Les lieux qui gardent à jamais
nos coeurs prisonniers
sont ceux de notre enfance.
En les quittant un jour
nous ignorons encore
que les liens invisibles
que nous croyons briser
nous attachent à eux pour toujours.
Nous pouvons partir,
vers d'autres cieux
où nous nous arrêtons
...dix ans ...vingt ans ...
pour les quitter à leur tour.
Les traces que nous en gardons
ne sont pas si profondes :
Quoi, je n'ai pas de regret ?
Sans qu'il m'en coûte je m'en vais ?
Ces arbres dans le jardin
que nous avons plantés ?
Effacés, oubliés.
Sans nous retourner, nous les quittons.
Et les murs de la maison,
et les feuillages, et les rosiers ?
Vraiment rien ? Pas une larme ? Non.
Nous n'étions que de passage.
Ici ou ailleurs nous construisons,
même provisoires, d'autres nids.

Mais sur les lieux de notre enfance
où parfois nous retournons 
notre coeur ne s'y trompe pas !
Il frémit, bat plus fort
aux souvenirs qui l'assaillent.
Il reconnaît le seul, l'unique abri
qui ait jamais compté pour lui.
Et cette fois, vraiment,
s'abandonne et pleure
sur les bonheurs perdus d'antan. 

*****

Poèmes ...Dzovinar (2009)


Les artifices parfois
que l'on déploie
ne sont que poudre
aux yeux des choix
de l'impossible.
Ils portent en eux
l'éclatant aveu
d'avoir reçu en don
la pureté d'un rêve
qui, à lui-même, se suffit.

*****


C'était un innocent
qui ne savait que lire.
Chaque fois qu'il lisait
des contes ou des poèmes
les livres des plus grands
il y trouvait toujours
tant de pensées qu'il ressentait
lui-même
qu'il croyait que, certainement,
c'était à lui qu'elles s'adressaient :
alors, selon les pages du temps,
son coeur battait, riait, souffrait ;
la plus intense joie se muait
souvent en profond désespoir.
De cette vie faite de rêves
il décida de faire son présent.
Alors son coeur aima librement
d'un amour si vrai, si beau
si grand, qu'il vit soudain
briller l'inaccessible étoile.

*****
A l'ombre du silence d'or,
vermeille sommeille la parole,
jusqu'au moment de sa naissance.
Aux franges d'un regard profond
gouttent les perles des pensées
comme aux branches les pluies d'été.

Au fond du coeur serein
captifs déjà bouillonnaient les rêves
étranges écheveaux du destin...

Tu ne savais pas encore que tu dormais
ni qu'au premier chant d'un oiseau qui passe
ton coeur éteint s'embraserait.

*****

Paroles essentielles
qu'inspire l'idéal nécessaire
outils de la pensée
au service de l'Humanité.
Tout mettre en oeuvre
pour porter
déterminés
la voix des Justes
et que le Monde sache
qu'en elle grandit notre avenir.
Nous le savons.

*****

Quand les humains parfois
aux souffrances du monde,
sont sourds et aveugles
ce n'est pas toujours
par indifférence : c'est
qu'ils dorment ; alors
il faut seulement les réveiller.
Et celui qui paraît un jour
avec son chant simple et beau
ouvre pour eux le chemin
de la compassion.

*****
Ambre doré
couleur de vie
soleil des mots
ris innocents
regards juvéniles
charme d'ailleurs
si tendre
bain de fraîcheur
de douceur
infinie.

*****
De Collioure à l'Ararat

Collioure


Région de l'Ararat (Arménie)











Dans cette contrée qu'inonde le soleil
lovée entre terre et ciel, mer et montagne,
sous un ciel irradiant le bleu lumineux,
quand surgissent au détour de la route
 les vignes alignées
masse vert tendre dressée en plaine
ou suspendue à flanc de côteau, 
s'impose l'image d'un autre lieu
celui du pays des pierres,
où naquit la vigne devenue douleur.
Alors la beauté sereine de l'une
rend plus cruelle encore
la beauté blessée de l'autre.

*****

Prends garde à Collioure,
ce lieu d'un art coloré
éclaboussant le ciel et la mer,
dont les hautes maisons ocre rosé
se cachent derrière le paravent
des chèvrefeuilles touffus
feuillages sombres et parfumés,
ou les fleurs éclatantes
de vigoureux bougainvilliers.
Bien des peintres, visiteurs innocents,
sont passés et se sont laissés prendre
aux charmes de cette belle,
sans pouvoir la quitter ...
Des entrelacs des ruelles pavées
au petit port où reposent encore
les barques catalanes
jusqu'à la mouvance irisée
qui baigne le pied d'un ancien phare
devenue clocher,
tout parle à l'âme
des amoureux de la beauté.

*****