vendredi 30 mai 2014

ANI - La ville aux mille et une églises ... (Arménie)

Dessin de la ville d'Ani,  capitale du royaume médiéval arménien de la dynastie Bagratuni (961 CE) connue comme "la ville aux 1001 Églises» et «la ville aux 40 portes". Avec 100.000 habitants Ani était en son temps la rivale de Constantinople et du Caire. 

En savoir plus sur Ani: http://peopleofar.wordpress.com/2014/01/13/ani-city-of-1001-churches-2/


http://peopleofar.wordpress.com/2014/01/13/ani-city-of-1001-churches-2/ # comment-2414

- Extraits -


Il ya quelques milliers d'années, l'ancienne capitale arménienne Ani rivalisait avec  Constantinople, Bagdad et le Caire en taille et en influence. Historiquement Ani a été le fondement de l'existence arménienne depuis des temps immémoriaux. Elle est d'abord mentionnée dans les chroniques arméniennes (5ème siècle) comme un château fort construit sur une colline. Ani est devenue la capitale de la Bagratuni Uni en 961 AD. et au 11ème siècle comptait plus de cent mille personnes. Réputée pour sa splendeur et magnificence, Ani était connue comme "la ville aux 40 portes" et "la ville aux 1001 églises." Elle deviendra plus tard le champ de bataille pour divers Empires rivaux, qui la conduira à sa destruction, à son abandon. Aujourd'hui Ani reste en grande partie une ancienne ville fantôme arménienne oubliée en Turquie moderne. Les voyageurs, écrivains et autres aventuriers à travers les âges ont décrit Ani qu'ils tenaient en haute estime. Je pense qu'il n'y a pas de meilleure façon de décrire Ani qu'à travers les impressions exprimées par des personnes qui ont visité le site. Par conséquent, ci-dessous une sélection de ces appréciations réconfortantes.
Konstantin Paustovski un écrivain soviétique de Russie, un candidat pour le Prix Nobel décrit Ani en 1923 avec les citations suivantes:
"Qu'est-ce qui fait que l'on aime Ani ? Il ya des choses au-delà de la description,  et peu importe les moyens employés pour le faire comprendre ".
"Sur l'autre rive, nous avons vu des basiliques, des dômes arméniens carrelés et une absence totale d'êtres humains. Ce sont les ruines de l'ancienne capitale de l'Arménie, Ani - l'une des véritables merveilles du monde ".



Le membre du parlement britannique et homme d'affaires HFB Lynch en 1893 décrit également la ville d'Ani dans son livre "Arménie, voyages et études.":
"Mais une leçon de portée plus large, au-delà de la sphère de l'histoire de l'architecture, peut être tirée d'une visite dans la capitale de la dynastie Bagratid, et de l'étude de la preuve vivante d'une civilisation disparue qui est perçue par le voyageur qui chemine dans ses murs. Ses monuments jettent une vive lumière sur le caractère du peuple arménien, et ils mettent en exergue des caractéristiques importantes de l'histoire arménienne. Ils ne laissent aucun doute sur le fait que ce peuple peut compter parmi le petit nombre de races qui se sont montrées sensibles à la plus haute culture ".
"Les toits ainsi que les murs sont composés de pierre, et, comme d'habitude dans les églises arméniennes, ni bois ni métal n'ont été utilisés. Même de nos jours les maçons arméniens sont  d'une habileté exceptionnelle; et leurs dons naturels ont été ici confirmés par des conceptions de génie.
Les mérites du style sont la diversité de ses ressources, l'élégance de l'ornement en bas-relief, l'exécution parfaite de chaque partie ».
«Nous admirons ces bâtiments aujourd'hui qui forcent l'admiration et comblent notre regard ainsi qu'ils ont comblé celui des monarques arméniens il ya neuf siècles. Un tel site dans les pays occidentaux occuperait une petite ville ou un village; la solitude de Ani témoin d'une culture  disparue lui interdit tout partage.".

 Eglise du Rédempteur, en Ani
Un historien italien, voyageur et diplomate Luigi Villari en 1905 raconte Ani comme suit:
"Nous avons marché sur une ou deux nervures brunes, et tout à coup arrivâmes en vue des murs d'Ani. Ils étaient là, énormes piles de maçonnerie qui s'étend sur près d'un mile, avec d'énormes tours rondes à de courts intervalles, témoins muets des fastes d'autrefois ".
«Nulle part, sauf à Constantinople, je n'ai vu des défenses plus splendides de la ville médiévale.   Les deux tiers d'un mile environ sont encore debout, et les fragments brisés s'étendent sur toute la longueur de la circonférence de la ville et descendent dans le ravin de l'Arpa. "
"La ville merveilleuse montre des signes d'une puissance de construction et compétence architecturale de la part des anciens Arméniens de premier ordre, et nous permet de réaliser que ce peuple, en dépit de la lamentable histoire des six derniers siècles, est une nation avec un noble passé.
Aujourd'hui, cette place, où les rois fiers  habitaient dans les demeures splendides et régnaient sur les terres prospères et les sujets civilisés, où la vie publique était active et vigoureuse, est un désert triste à pleurer.  Séjour d'un vieux prêtre et d'une famille paysanne dans l'enceinte, et même le pays voisin, autrefois si fertile et bien peuplé, est maintenant presque inhabitée, et est devenu en grande partie un désert aride. L'est d'Ani symbolique de la nation arménienne, est-il destiné à disparaître ou à être absorbé dans les autres races, d'autres religions? Je ne le pense pas, car avec toutes les souffrances et les persécutions subies par les arméniens, ils conservent encore une vie nationale vigoureuse. Beaucoup d'entre eux ont été massacrés, mais les survivants ne sont pas absorbés. Leur industrie est plus active que jamais, l'éducation fait de grands progrès. Ils ont construit le commerce du pétrole de Bakou, ils monopolisent le commerce de Tiflis et à Rostoff-sur-le-Don, Bakou, Odessa, Moscou, Kishinieff, Constantinople, Bombay, Calcutta, et de nombreuses autres villes loin de leur ancestrales maisons, ils forment des communautés commerciales industrieuses, intelligentes, et prospères. Un peuple avec un tel passé et un présent aussi prometteur n'a aucune raison de désespérer de son avenir ".
Petite Villari ignorait alors que seulement 10 ans après ces mots les Arméniens devaient affronter les  jours les plus sombres de toute leur histoire : les événements horribles du génocide arménien. Pourtant, presque prophétiques, ses mots sont devenus une réalité : les arméniens ont même surmonté  ces terribles événements et aujourd'hui, il existe encore un pays (plus petit certes que son territoire historique) que l'on appelle l'Arménie.



. Sir EA Wallis Budge, Londres 1928 raconte la visite des moines chrétiens nestorien  Sawma et Markos Ani dans les années 1270:
"Et quand ils sont arrivés à la ville de Animto (Ani) et vu les monastères et les églises qui y sont, ils furent à la grande étendue des bâtiments et à leur magnificence."
Eglise du Rédempteur d'environ 1040 AD.
William J. Hamilton en 1836  décrit les techniques de construction  de l'artisan arménien, comme êtant capables de durer pendant des siècles. Il dit:
«Il y avait quelque chose d'impressionnant et presque terrible dans la vue d'une ville chrétienne, construite dans un style si particulier  et propre à lui-même, en dehors des normes de l'Europe moderne,  restée aujourd'hui dans un état  proche de celui dans lequel ses bâtisseurs l'avaient laissée il ya huit siècles."
"Il est n'est pas une église à Ani  qui ne soit couverte d'inscriptions arméniennes."

Église d'Ani, r. Grégoire de Tigran Honents

 Les Arméniens qui ont visité le site de l'ancienne capitale arménienne abandonnée avaient souvent du mal à retenir leurs émotions. Basmadjian en 1903 décrit ainsi ses impressions :
"Voyageur ou pèlerin, si vous venez à cheval, en voiture, ou même à pied, avant d'arriver à cette ville en deuil, regarde vers le site de mille pensées. Il est impatient; il brûle de la voir - même pour un instant - même de loin - on ne sait pas si c'est pour ressentir une satisfaction intérieure ou pour satisfaire les désirs de nombreuses années. C'est un sentiment puissant, un désir inexplicable, qui brûle, qui sommeille au cœur de tous les Arméniens et  touche même ceux des voyageurs étrangers.
Et puis vos compagnons crient "ANI" C'est comme si une bombe avait explosé soudainement, ou qu'un courant électrique traverse votre corps! Vous tremblez; le flux régulier de votre respiration est altéré; votre coeur s'ouvre; vos nerfs se détendent; vous êtes remplis d'émotions et vos yeux commencent à se mouiller de larmes; vous n'êtes plus votre maître; les larmes que vous avez retenues jusque là peuvent désormais s'écouler, inonder vos joues. Tu pleures comme un enfant, devant ces murs délabrés, ces bâtiments à demi détruits, ces tas de mousse recouverts de pierres qui éveillent des souvenirs anciens et si puissants en vous. "
  Ani ruines - voir Vers l'Arménie







Église Saint-Grégoire construit en 1001 



Ani église de Saint-Grégoire (1215)





Sources:

samedi 24 mai 2014

Concert à Tautavel (P.O.) - Diego TOSI ...

Au Festival "Tautavel en Musique"
du 23 au 25 mai 2014
***

Tautavel est connu pour son Musée. Profitant de cette notoriété, 
la ville a créé le Festival de musique de chambre Tautavel en Musique s'alliant avec bonheur au Conservatoire à Rayonnement Régional de Perpignan accordant ainsi une place de choix à la musique, depuis trois "saisons" déjà. 

La nouvelle édition du festival coïncide avec le 50ème anniversaire du site de fouilles de la Caune de l'Arago de Tautavel générant ainsi des "concerts promenades" au musée de la préhistoire.
En ouverture du Festival, au Palais des Congrès: 
Les Cordes virtuoses - Diego Tosi, violon soliste
Avec l'Ensemble instrumental de Corse, direction
Alexandre Benderski
pour un programme mettant à l'honneur
deux grands compositeurs romantiques, tous deux passionnés de Mozart:
 - Félix Mendelssohn et le "grand concerto" pour violon, en mi mineur - oeuvre sublime où s'exprime, comme chez Mozart, une alternance entre douleur et exubérance.
- Piotr Ilitch  Tchaïkovski, au tempérament anxieux, émotif, partageant des instants de bonheur dans son incomparable musique, toute chargée de réminiscences populaires et intellectuelles : Souvenirs de Florence.

***
Diego Tosi, enfant du pays dont nous avons pu suivre la progression au fil des années, est devenu aujourd'hui le remarquable virtuose qui soulève l'enthousiasme  à chacune de ses prestations.
Cette fois encore, associé à l'Ensemble Instrumental à cordes de Corse, de réputation internationale, il ne nous a pas déçu.

 Diego Tosi
et l'Ensemble Instrumental à cordes de Corse - Direction Alexandre Benderski 

 En seconde partie "Souvenirs de Florence" 


Il manque le son, et je le regrette, car la magie a totalement opéré.

Nous avons quitté la salle de concert, la tête dans les nuages, des étoiles pleins les yeux, le coeur heureux.

LA BEAUTE SAUVERA LE MONDE !

jeudi 22 mai 2014

Spleen...

Ivan Aivazovsky-1899- Pleine lune

Je ne devrais plus écouter Mozart
et le Requiem 
ça me rend trop triste ...
Je ne devrais plus lire les poèmes
ils vrillent mon coeur 
Je ne devrais plus regarder films, vidéos
 génocide
ni laisser monter les larmes
Et puis la joie des autres aussi
laboure mon âme
 Mais alors, quoi ?
 Embarquer pour un voyage
 sans retour


Dzovinar



mercredi 21 mai 2014

N'oublie pas - N. Lygeros



N'oublie pas
la phrase de Jaurès
sur le courage
qui relie
à la vérité
ainsi tu comprendras
combien il est important
de chercher la vérité
et la dire
sans rien craindre
de tes ennemis
puisque tu ne dois
te battre
que pour l'Humanité
et l'honneur
de l'esprit humain
sans jamais
t'agenouiller
devant la barbarie.

*Le courage, c'est de chercher la vérité et de la dire ; c'est de ne pas subir la loi du mensonge triomphant qui passe, et de ne pas faire écho, de notre âme, de notre bouche et de nos mains aux applaudissements imbéciles et aux huées fanatiques. Jean Jaurès 


mardi 20 mai 2014

Pensée du jour


Il est peut-être vrai que les mots
nous cachent davantage les choses invisibles
qu'ils nous révèlent les visibles ...

Albert Camus

dimanche 18 mai 2014

Communiqué de Presse du 18 mai 2014 de Me Philippe Krikorian


CONFERENCE DE PRESSE PREVUE POUR LE JEUDI 22 MAI 2014 à 11 H.
(à Marseille - lieu à déterminer)

https://docs.google.com/file/d/0B2hLse_7nVdJTmlCVWRnM1VkZlY1VTk0QzlTelVlZmkyMGFr/edi
 t

voir aussi : rappel antérieur

http://dzovinar.blogspot.fr/2014/05/des-nouvelles-de-me-philippe-krikorian.html

Le sourire du dimanche !

Si tu n'existais pas, il faudrait t'inventer !

Quand Nikos Lygeros dessine un ours en peluche, la première pensée qui vient à l'esprit d'une simpliste telle que moi est : Voilà qu'il dessine pour les enfants ! Oui, mais non. Quand Nikos dessine un ours c'est pour dire combien la zéolithe peut offrir de débouchés !  Ah Nikos ! Tu me feras toujours rire ... de mes extrapolations primaires !

*******

samedi 17 mai 2014

Des nouvelles de Me Philippe Krikorian




Des nouvelles de Me Krikorian (il y a une pièce jointe mais je ne peux techniquement la transmettre) - Toujours beaucoup de bâtons dans les roues, mais c'est mal connaître notre Philippe !

*****

"Madame, Monsieur le Greffier,


J'accuse bonne réception et vous remercie de votre courriel en date du 16 Mai 2014 à 15h58.

Il m'apparaît, à cet égard, que seule une lecture cursive de la requête en deux cent dix pages que j'ai adressée à la Cour, via e-curia, au nom et pour le compte de mes mandants, le 13 Mai 2014 écoulé à 21h06 et qui y a été enregistrée sous la référence DC26030, a pu conduire le Greffe à considérer que "la Cour n'est pas en mesure de donner suite à ( notre ) demande".

En effet, il a été expressément précisé dans la requête susvisée, page 98/210:

"II-B-3-c / LE RETABLISSEMENT DU LIEN D'INSTANCE ET DU DIALOGUE DE JUGE A JUGE DANS L'INTERET D'UNE PROTECTION JURIDICTIONNELLE EFFECTIVE DES REQUERANTS

179. La présente requête n'est ni un recours en manquement qui, aux termes des articles 258 et 259 TFUE, n'est pas ouvert aux particuliers, et qui, en l'espèce, n'est pas davantage ouvert à la Commission ( art. 10 du Protocole n°36 sur les dispositions transitoires, annexé au Traité de Lisbonne ), ni un recours aux fins d'annulation d'une décision d'une juridiction nationale qui excèderait la compétence de la Cour. Son introduction ne contrarie, partant, aucune stipulation des traités dont toute interprétation restrictive doit être proscrite ( 1 ).

180. Ce recours n'est, en réalité, que le prolongement du lien d'instance créé par la saisine, au 30 Juin 2011, du Conseil d'Etat et l'actualisation des demandes de décisions préjudicielles dont celui-ci a été régulièrement saisi et auxquelles il s'est abstenu, en violation du droit de l'Union, de répondre ( 2 ).

181. Il est, en outre, la seule voie de droit de nature à procurer aux requérants la protection juridictionnelle effective qu'ils sont en droit d'attendre de la Cour ( 3 )."

Aucun texte, en outre, n'autorise le Greffe à refuser d'enregistrer une requête ni à se substituer à la Cour de justice dans sa mission de juger les causes dont elle est saisie.

Ainsi, dans l'affaire ci-jointe, Christophe GASSIAT c/ Ordre des Avocats de Paris du 21 Février 2013 ( C-467/12 ), une ordonnance rendue quatre mois après l'introduction du recours, le 19 Octobre 2012, a été nécessaire pour que la Cour ( Septième Chambre ) "composée de M. G. Arestis, président de chambre, MM. J.-C. Bonichot et J. L. da Cruz Vilaça ( rapporteur ), juges", M. N. Wahl, Avocat général, entendu, se déclare "manifestement incompétente pour statuer sur le présent recours ( … ) irrecevable."

La présente requête dont la Cour a été saisie le 13 Mai 2014 - fondée notamment sur les articles 19 TUE et 267 TFUE combinés, comme relevant du JUS COGENS et d'un intérêt supérieur de civilisation - mérite, dès lors, d'être dûment examinée, selon les règles du procès équitable, au sens notamment de l'article 6 § 1 de la Convention européenne des droits de l'homme, à  laquelle l'Union européenne a adhéré ( art. 6 § 2 TUE ).

Aussi, vous saurais-je gré, dans le respect du principe du contradictoire, de bien vouloir notifier la requête à l'ensemble des vingt-huit Etats membres, ainsi qu'au Conseil de l'Union européenne, auteur de la décision-cadre du 28 Novembre 2008 qui aurait dû être transposée dès le 28 Novembre 2010.

Vous souhaitant bonne réception du présent courriel,

Je vous prie de croire, Madame, Monsieur le Greffier, en l'assurance de ma considération très distinguée.

Philippe KRIKORIAN,
Avocat à la Cour ( Barreau de Marseille )"

La photo de la semaine (51)


"Le Pont du Diable" et le Monastère de Tatev


Le monastère de Tatev © Jean Dussauge

dimanche 11 mai 2014

Isabelle

                                



A peine née, paupières closes
C heveux raides et noirs
H érissés
R ésolument
E ndormie
N arines, colombes palpitantes, ma
K abylle, tout comme, au teint de pêche
A ttendrissante !

I dillyque enfant
S i sage et calme
A bandonnant le sein, vite repue ; ma
B ouche effleure la soie de tes joues
E t la tienne, sans retenue
L onguement ... mon bébé, ma fille.
L es souvenirs intacts depuis tant d'années
E mbellissent, jour après jour, le temps qui passe, trop vite.

                                               Mam
         
     
                          

Les fleurs sur le balcon - Nikos Lygeros



Les fleurs sur le balcon


Les fleurs sur le balcon
regardaient le soleil
sans aucunement fléchir
car la zéolithe
ne cessait de les soutenir
pour supporter le poids
de la beauté des couleurs
qui désiraient s'approcher
du bleu du ciel
pour offrir de la terre
à cette immensité
et montrer ainsi
qu'elles étaient conscientes
d'appartenir à celui-ci
puisque leur terre
était un morceau de ciel
attiré par la mer
qui n'avait jamais oublié
de vivre dans la liberté
des essences célestes.

Nikos Lygeros

mardi 6 mai 2014

Entretien avec Hilda Tchoboian, - Proposition d'Ankara ...

Hilda Tchoboian


Entretien avec Hilda Tchoboian, conseillère régionale  PS de Rhône-Alpes et  ancienne présidente de la Fédération euro-arménienne pour la justice et la démocratie. Née à Alep d'une famille d'Arméniens rescapés du génocide de 1915, elle est arrivée en France à 17 ans et y a fait ses études. Nous lui avons demandé de réagir à la proposition d'Ankara d'octroyer la nationalité turque aux descendants des victimes de 1915.

Le quotidien turc libéral Radikal a rapporté le projet du ministère turc des Affaires étrangères d'accorder la nationalité turque aux "petits-fils des victimes arméniennes ottomanes des événèments de 1915''. Que vous inspire cette proposition  et quel enjeu cela représente pour vous?

C'est un pas de côté qui veut créer l'illusion d'un pas en avant. Octroyer la nationalité turque aux descendants des rescapés du génocide est une idée qui prolonge celle de la loi des biens «abandonnés» de 1915, qui visait à exproprier les Arméniens que l'Etat turc avait exterminés.
Comme leurs prédécesseurs avaient créé l'illusion des « biens abandonnés» par les Arméniens alors que ceux-ci avaient été annihilés, les nouveaux dirigeants de l'Etat turc veulent faire croire à une nationalité turco-ottomane enlevée par accident aux Arméniens.
Or, la question de l'extermination de 1,5 millions de personnes ne se résume pas à un problème de citoyenneté, qui plus est, d'un pays qui n'est pas un État de droit. Chaque fois qu'il ne criminalise pas la parole de vérité sur le génocide, Ankara met en place des mécanismes criminels parallèles pour liquider les tenants de cette vérité, puis empêche la justice de punir ces criminels. Les dirigeants turcs ne veulent créer qu'un effet d'annonce par cette proposition.

Ce geste pourra-t-il contribuer à une reconnaissance du génocide comme préalable au règlement de la question arménienne en Turquie ?

Non. Ce geste ne fait qu'embrouiller la problématique de justice. En revanche, indépendamment de sa volonté, le fait que Erdogan s'engage dans une opération qui fait semblant de reconnaître le génocide, même s'il n'en est rien, le met dans une voie qui accroîtra obligatoirement la pression internationale sur lui pour plus de clarté dans sa politique vis-à-vis de la reconnaissance du massacre des Arméniens.

Est-ce que, d'après vous, la voix de la diaspora est entendue en Turquie ?

A ce jour, le pouvoir turc craint l'action de la diaspora qu'il tente d'amadouer par des gestes qu'il voudrait être de "bonne volonté". En réaction à l'activisme de la diaspora, toujours en recherche de reconnaissance, l'Etat turc, après avoir essayé différentes postures hostiles, se place aujourd'hui sur le registre de «la peine partagée» et du concept inventé de toutes pièces de «mémoire juste». Erdogan présente ses condoléances aux petits enfants de ceux «qui ont perdu leur vie» dans les «déplacements» de la Première-guerre-mondiale, à la condition expresse qu'on les mette sur un pied d'égalité avec tous les morts turcs de la guerre. Il ne s'agit plus d'Arméniens exterminés pour ce qu'ils étaient, mais de citoyens ottomans qui ont «souffert» comme tous les autres citoyens. 
La méthode est calquée sur ce que les experts appellent la relativisation, composante principale du négationnisme classique, y compris de la Shoah. A remarquer que la Turquie fait toujours des gestes en direction des individus; jamais vers la collectivité: il est connu que les Arméniens ont été soumis collectivement au génocide en raison de leur origine ethnique et religieuse. Or les tentatives récentes de « réconciliation » (sans reconnaissance, ni réparations)  par la Turquie ont toutes la particularité de réduire le crime de masse à la mort d'une somme de personnes, ce qui permet d'en contester le nombre, ou d'employer des termes affectifs comme « douleur », ou « peine », qui peuvent aussi bien qualifier le vécu des Turcs tués pendant les combats durant la Grande guerre. La transformation d'un peuple en une somme de personnes, permet à la Turquie de contourner la question de sa responsabilité d'Etat.  Le Premier ministre turc tente de «contrôler les dommages» du centenaire du génocide sans rien lâcher sur sa position négationniste.

Propos recueillis par Tigrane Yegavian

Dis-moi un mot - N. Lygeros (Poème)


Dis-moi un mot
N. Lygeros
Traduit du grec par N. Lygeros


Dis-moi un seul mot, uniquement ce doux mot 
car bientôt il fera jour
et viendra l'aube pâle.

Il est bientôt six heures
aussi disons enfin ce mot
dans les lèvres emmêlé
qui n'ose pas sortir.

Le firmament, le grandiose firmament
est encore et toujours sombre
et la nuit se poursuit.

Cependant là-haut
vois l'astre qui timidement
brille dans sa solitude et nous lance un sourire.

La nuit argentée
et mes préoccupations
prises d'un filet de soie
de chevelure blonde.

Il fait désormais jour mais tu n'as nulle gêne
que mes bras vides se soient remplis de cette  douleur.

*****

jeudi 1 mai 2014

LA PAGE DE NIKOS LYGEROS (2)

Cent ans de solitude pour un jour de colère



Je dédie cet article à Moustapha agha Aziz oglou
Maire de Malatia en 1915

En politique, celui qui croit toucher les cœurs peut les révulser. Avec ses subtiles et tardives condoléances à l’adresse des « petits-enfants des Arméniens tués en 1915 », Recep TayyipErdogan, Premier ministre turc, vient de siffler le début du match qui opposera les commémorations du génocide de 1915 au négationnisme turc. Les Arméniens du monde entier savent désormais que leur deuil sera un combat contre l’amnésie génocidaire. Car leur deuil, loin d’être un abattement de l’âme arménienne, revêtira tous les aspects d’une guerre mémorielle menée contre la kémalisation par laquelle tous les gouvernements turcs confondus ont enkysté leur peuple depuis un siècle sur la question arménienne.

Or, contre le mensonge de l’Etat négationniste, il ne faudra pas s’attendre à une simple levée de boucliers. Ces boucliers sont levés depuis déjà cinquante ans et même davantage. Non, il faudra s’attendre à un véritable déferlement de la colère mondiale, arménienne et humaniste. Ce que Monsieur Erdogan ne sait pas, c’est que chaque Arménien né en diaspora voudra jouer sa part de vérité dans cet Hymne à la Justice qui animera les nations et assiègera le pays qui s’entête dans ses bottes d’accusé. Car « tous les petits-enfants des Arméniens tués en 1915 » voudront rendre hommage à leurs grands-parents contre le crime sans nom ni criminel où la turcité erdoganesque veut les confiner. Il en est qui se préparent déjà depuis des années, qui fourbissent leur indignation pour la rendre plus éclatante que jamais. Chacun de ces petits-enfants ne voudra pas rater ça, faire du mouvement, donner de la voix, montrer, argumenter. Donner la parole aux morts dont on a défoncé la bouche. Et contre ÇA, personne ne saurait faire barrage. On pourra contre manifester, crier à la supercherie. En vain. La tempête est déjà en route. Elle sera légion et contagieuse. Les indifférents seront touchés. Les contaminés de la propagande turque se réveilleront tels qu’en eux-mêmes fleurira leur conscience. La jeunesse turque ouvrira les yeux et le cœur. C’est humain. C’est mathématique. Déjà chaque Arménien se tient fermement dans les starting-blocks pour grossir la vague anti-négationniste dont seront témoins toutes les nations du monde. J’en connais et des meilleurs. Car le génocide turc a pourvu le monde entier de petits-enfants d’Arméniens tués en 1915. Des petits-enfants qui y pensent chaque jour. Et qui chaque jour ajoutent au précédent une idée, une force, un désir de justice.

Déjà avec la saillie de ses condoléances, Erdogan les a agacés, ces petits-enfants arméniens. Ceux qui dormaient fort se sont même redressés. Ceux qui s’assimilaient se sont brutalement décillés. Ils ont ouvert les yeux et ils ont ouvert leur gueule. Erdogan ne pouvait pas mieux faire pour siffler le début du match. Il croyait abattre les Arméniens comme des mouches d’un revers de main faussement compassionnel. Mais non. Il croyait que la mort des Arméniens en 1915 avait rendu amorphes leurs petits-enfants. Non encore. Il les a poussés au commentaire indigné comme si les morts parlaient encore en leur bouche. Du plus réactif des petits-enfants comme Michel, Dzovinar ou Antranik au plus actif comme Manoug, Osman, Ayse, du plus comique comme Madinian au plus connu comme Aznavour. Des commémorations comme on n’en aura jamais vues, partout dans le monde mais aussi en Turquie même. Des commémorations telles que le croissant de lune en tremblera dans son propre lit de sang. Et il va les recevoir en plein dans ses condoléances, Erdogan. Que même s’il se fourrait du lokum dans les esgourdes, ça va passer très fort et très dur. Ça lui fera des otites et des acouphènes à vie.

Car oui, contre ÇA, la Turquie ne pourra rien. Rien pour maintenir contre ÇA cette bassesse de l’histoire qu’elle perpétue bassement. Incapable qu’elle sera de lancer ses tchétés contre les défilés qui lui jetteront sa honte à la figure. Sans même la possibilité cette fois de rafler de nuit les intellectuels arméniens, ni ceux qui fraterniseront avec eux, pour les faire taire par l’exil, le chantage ou la mort. Ses soldats n’arriveront pas à fusiller les hommes valides, ni à torturer les prêtres, ni à noyer les enfants, ni à les brûler dans les églises pour éteindre leurs cris. Tous auront l’âme en feu et la parole libre, la parole vivante, la parole européenne pour dire à Monsieur Erdogan que ces Arméniens tués en 1915 l’ont été par les vôtres hier et le sont encore par vous-même aujourd’hui.

Les commémorations liées à la bataille des Dardanelles le 25 avril ne parviendront même pas à étouffer ces voix multiples et mondiales. Au contraire, elles mettront davantage en lumière le trou béant qui déchire une histoire de barbaries que la Turquie n’ose pas regarder en face. On le sait bien pourquoi. Dans ce trou noir qui a pour nom FrendjelarDaraKharpout et autres, où sèche le sang des Arméniens tués en 1915, mais aussi des Grecs et Assyro-Chaldéens, la Turquie pourrait être entraînée tout entière, coupable d’avoir manipulé son peuple durant cent années.

Grâce à Dieu, pour éviter ce genre de gouffre, les pays qui ont mauvais genre ressortent de leurs placards une bonne commémoration pour redonner au peuple l’estime de soi. Cela se comprend. Celle des Dardanelles se fera pour que la fierté d’être turc soit sauve et échappe à l’opprobre que les commémorations arméniennes feront peser sur la turcité. Mais ce sera du pur théâtre, pas de la douleur humaine. Ce sera une commémoration de carton, pas une commémoration humaniste. Et aux yeux du monde la Turquie telle que la rêve Erdogan en sortira plus amoindrie que jamais. Car il n’y a pas d’autre issue à la fierté d’être turc que de reconnaître la déraison qui est à l’origine de la douleur arménienne.

C’est que Monsieur Erdogan n’est pas moderne. Monsieur Erdogan n’est pas européen. Sa récente réélection a donné de la Turquie une image incompatible avec les idéaux qui animent l’Europe. Sa répression des manifestations passées, soldée par huit morts et huit mille blessés, l’emprisonnement des journalistes, la suppression de Youtube et Twitter, etc. font de la Turquie un anachronisme dans la modernité et de ses velléités européennes une injure à l’Europe.

Certes on doit reconnaître les efforts du gouvernement Erdogan. Mais les rouages de sa mécanique mentale se grippent d’autant plus facilement qu’il reste un homme politique aliéné par sa culture, son éducation et son entourage. On ne peut pas désirer l’Europe sans perdre un peu de sa morgue nationaliste. Ni avancer d’un pas vers elle pour s’en éloigner de dix. Dès lors, que valent ces gesticulations destinées à virginiser une politique répressive et négationniste qui se répète depuis cent ans ? Aujourd’hui, on lâche du lest tandis que dans le même temps on matraque en coulisses. On permet aux ONG et aux Arméniens de l’étranger de commémorer 1915 sur le territoire turc, mais on emprisonne les journalistes. On reconstruit Aghtamar mais combien d’édifices arméniens on laisse encore détruire ! On accorde de publier voici un mois leParmi les ruines de Zabel Yessayan en turc, mais on aura assassiné Hrant Dink, emprisonné Ragib Zarakolu, conspué Oran Pamuk, sans parler du reste.

De la même manière, pour se montrer européen, on formule maintenant des condoléances aux petits-enfants des Arméniens tués en 1915, mais on ne dit pas comment, ni par qui, ni pourquoi ils l’ont été. Or Monsieur Erdogan sait bien par qui, comment et pourquoi. C’est comme si Monsieur Erdogan vous invitait à sa table pour un manti dont la pâte et la viande seraient absentes. Il a beau jouer les prudes en proclamant solennement : «Nous sommes un peuple qui pense qu’un génocide est un crime contre l’humanité et jamais nous ne fermerions les yeux face à un tel acte», il ne trompe personne. Car, voyons un peu, c’est bien en Turquie que ces Arméniens ont été tués puisque c’est le Premier ministre turc qui exprime ses condoléances ? Et il doit bien savoir qui les a tués et comment et pourquoi, le Premier ministre turc ? Mais non ! Il ne veut pas qu’on sache qu’il le sait. C’est qu’il ne veut pas être celui qui ouvrira le gouffre béant où toute la nation turque pourrait être précipitée. Car ce serait admettre que le génocide est consubstantiel à l’histoire turque. Que c’est dans la mort en masse des Arméniens que la Turquie a puisé la substance de son économie aux premiers âges de son histoire. Et ce crime massif ne s’efface pas avec des condoléances. Il pèse et il pèsera encore longtemps. Et plus la jeunesse turque sera portée par une éducation européenne, plus ce crime pèsera de son poids dans sa conscience. C’est humain, et c’est mathématique. C’est que Erdogan en niant comme il le fait la substance génocidaire de l’histoire turque joue avec la santé mentale de ses citoyens, et en particulier de sa jeunesse. Car les mécanismes éthiques de l’individu qui accède à la conscience de sa liberté s’accommodent mal des mensonges politiques qui hypertrophient la fierté nationale. La kémalisation de la jeunesse turque a pris fin avec les manifestations de la place Taksim. Elle a déjà commencé à céder du terrain devant les impératifs moraux de sa mue européenne. De sorte que tôt ou tard, il deviendra inélucatble que le pourquoi et le comment des tueries de 1915 viennent au grand jour remplacer les atermoiements de Monsieur Erdogan. Oui, tôt ou tard, ils viendront.

Quant aux Arméniens, ils ont devant eux une année pour tenir parole. Ils feront des choses, mais ils feront aussi des paroles. Or les paroles seront le seul baromètre qui déterminera leur manière d’honorer les morts de 1915. Car leur douleur centenaire devra tenir aux yeux des autres hommes le langage de la dignité contre tout débordement agressif à l’égard des sceptiques, des opposants, des fatigués, des hédonistes et même des négationnistes. Sur les forums, les réseaux sociaux, dans les conférences et ailleurs… L’intégrisme génocidaire est la pire des défenses pour maintenir la vérité historique hors de l’eau. Faute d’universaliser le génocide de 1915, les Arméniens risquent de faire mourir leurs morts d’inanité. C’est pourquoi, toutes les occasions pour jeter des ponts entre la diaspora arménienne et la société civile turque bénéficieront à l’une et à l’autre pour que les événements de 1915 émergent dans les consciences comme une nécessité ethique de réconciliation, de dialogue et de partage. L’heure est à l’ouverture des esprits pour que puisse commencer l’ouverture des premiers gestes de réparation. Les Arméniens ont beaucoup à faire, à commencer par ranger leurs gants de boxe auquel les invite Erdogan. Et par comprendre que le peuple turc, de génération en génération, a été forcé de grandir dans le mensonge alors qu’eux-mêmes baignent depuis cent ans dans la solitude de leur génocide oublié et de leurs grands-parents traumatisés.

Dans cette perspective, pourquoi ne pas mettre à durant les commémorations de 1915 les Justes turcs qui ont sauvé des Arméniens ? Ils ne devraient pas être oubliés. Car ainsi ce serait l’occasion de montrer que les Arméniens n’ont pas élaboré leur haine autour de la figure fantasmée du Turc sanguinaire, et que les Turcs n’ont pas à être confondus avec un Etat qui ne cesse de les tromper. Et qu’ils se posent la question ces Arméniens, de savoir avec quel genre de Turcs ils voudront construire la reconnaissance du génocide : des Turcs braqués ou des Turcs éclairés ?

Je serais tellement heureux si, en avril 2015, une rue de Malatia, à Erevan, était baptisée du nom de Moustapha agha Aziz oglou, maire de Malatia en Turquie en 1915, qui a sauvé tant d’Arméniens et que son fils, au retour de la guerre, assassinera pour l’avoir jugé trop favorable aux Giavurs.


Denis Donikian


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