mardi 30 août 2011

METEMPSYCHOSE


Et si c'était vrai ...
C'est dans ton corps
puissant félin
que je voudrais glisser le mien ...
Comme toi
devenue sauvage,
je poursuivrais sans état d'âme
les prédateurs, immonde engeance,
qui ne songent qu'à nous détruire,
et, sans honte aucune,
de nos trophées s'enorgueillir.
Qu'avec délice
j'arracherais leur misérable coeur
que jamais plus
ils puissent impunément
répandre notre sang ...
Humains indignes,
forts de vos fracassantes armes,
sans respect de nos vies,
vous dépeuplez la terre
d'une espèce noble et fière
celle des sublimes tigres
de Sibérie.


Humains indignes
sans respect de nos vies
vous avez dépeuplé aussi
notre terre d'Arménie. 


Dzovinar





dimanche 28 août 2011

PANZER - DENIS DONIKIAN




Seigneur d’amour et de colère

Daigne accueillir mon doux panzer

Muscles d’acier n’a cœur de fer

N’ayant tiré sur aucun frère

Qu’irait-il faire en votre enfer

Aveugle comme est une mère

Défendant ses fils et sa terre

Je sais qu’il pourrait vous déplaire

En écrasant ici ou là

Quelques noirs méchants cancrelats

Je sais qu’il roule à tout casser

Comme un énorme cétacé

Qui avalerait en son sein

Le moindre saint

Moi-même ai frôlé ce danger

D’être en entier tout dévoré

Gare à qui passe entre ses cuisses

Il mourra comme une écrevisse

Se hasardant la pauvre bête

A ouvrir avec ses pincettes

La moule à cheveux du panzer

Pour sucer la soupe perlière

Mijotant dans la vulve d’or

Ce tabernacle au saint trésor

Où tout homme entre aussi armé

Qu’un obus qu’on vient d’emboucher

Seigneur d’amour et de pitié

Daigne nous prendre en ta bonté

Et qu’au paradis des blessés

Mon panzer et moi ton ermite

Nous prenions place avec les mites

Que nous n’aurons pas écrasées.




L'OEUF ET LE PANZER - DENIS DONIKIAN


Un jour, je ne sais quand,

Sur la route de Caen,

Un panzer pesant comme un bœuf

Se trouva le nez contre un œuf.

Un œuf sans yeux ni pattes,

Au milieu de l’asphalte.

En grand danger

D’être écrasé.

C’est qu’une poule en son chemin

Avait ici ouvert son cul

Abandonnant un orphelin

A la rue.

Le panzer, las de ses canardages,

Lui le lourd, lui le démon,

Aspira l’œuf en son canon,

Et partit avec lui en voyage.

Combien de pays n’ont-ils vu !

Et combien de champs traversé !

Ils étaient seuls, ils étaient nus,

Jusqu’au jour où l’œuf a toussé.

Et voilà que d’un tas de fer

Naquit un poussin merveilleux.

Les gens n’en croyaient pas leurs yeux

Un oisillon né d’un panzer.

Lecteur au moi hégémonique

Prends garde aux démons de ta haine

Car toute vie est une graine

Et toute graine est magnifique.


FUSAINS HUMAINS - NIKOS LYGEROS

samedi 27 août 2011

L'EPEE D'ARTSAKH (Haut Karabagh)


Sur le bloc de pierre
couleur d'ocre rosé
l'épée d'Artsakh,
se dresse invulnérable
et menaçante.
Elle veille à Shoushi
sur l'avenir d'une terre
âprement disputée,
témoignage vivant
d'une liberté gagnée
au prix du sang.
Et ces mots gravés
que l'on peut lire
" L'âme est éternelle
La mort n'est qu'un souvenir"
portent jusqu'à nous
le message des combattants
qui ont offert leur vie
pour elle

pour nous


Dzovinar

mercredi 17 août 2011

Le faucon maltais - Kastellorizo


Le faucon maltais - Nikos Lygeros
(feutres japonais)
http://lygeros.org/Dessins/7558.jpg


Sur le flacon,
l'oiseau sombre qu'éclaire
l'azur radieux,
attend pour prendre son vol
la naissance du jour.
La nuit et ses fêtes humaines
le retiennent encore un peu ;
nulle lumière pourtant
ne pourra égaler
l'appel de l'infini
et son rayonnement.
Aussi, oiseau de liberté
que rien ne peut distraire,
J'attends ton envol
pour suivre des yeux ton chemin,
à la fois rêve et réalité,
aussi longtemps que je pourrai.



Dzovinar


A Kastellorizo (Grèce)
Tous pour un  ! Un pour tous !  Όλοι για έναν! Ένας για όλους!
http://www.lygeros.org/Talks/kastellorizo_20110814.html

ttp://www.lygeros.org/Dessins/7516.jpg
Vision spectrale du complexe de Castellorizo (Feutre sur papier aquarelle 13,5x21)
*
***
L'Avenir sourit
quand le Présent
s'attache aux enfants
et qu'un Maître
peu ordinaire,
- Ô généreuse providence -
ouvre la voie d'un devenir,
montre le chemin
de lendemains qui chanteront
à Kastellorizo
mais bien plus loin
 encore
***
*
http://lygeros.org/Talks/kastellorizo_20110923.html


lundi 15 août 2011

Licorne de légende

Tu sommeilles dans notre imaginaire
Ô licorne de légende.
Accueillant dans son Arche,
pour les sauver des eaux
les espèces animales,
les préservant ainsi
pour les temps à venir,
Noé, en t'oubliant,
étourderie fatale,
t'a condamnée à périr dans les flots !

Mais les symboles légendaires
ont le fabuleux pouvoir
de ne mourir jamais
au contraire !
Ils vivent pour toujours
 dans le coeur des enfants
et même 
dans celui des grands.

Comment ne pas aimer
du cheval mythique
sa force, sa beauté
et - en elle réside les mystères -
 sa corne torsadée... 

Lorsque tu apparais,
fringante, éblouissante
sous la lune,
 belle licorne,
l'ondoyante chevelure
de ta crinière 
le panache de ta queue
fouettant l'air,
et ta robe d'une blancheur 
immaculée
parent le chemin de l'enfance
de magie et de pureté.

Dzovinar 

(Pastel-feutre - Dzovinar)

Avec ma solitude

Lors, de ma course lente,
Foulai les bois, les landes,
Cherchant en solitude
Ce qu'en sollicitude


 Jamais je ne trouvai.

Qui se souvint de moi?
De qui furent ces rimes
Qui troublent mon émoi?
Était-ce donc un crime

Quand les hommes m'aimaient?

Làs, de ma course lente,
Foulant les bois, les landes,
En grande solitude
Ai perdu l'habitude:

Jamais plus ne pourrai.

Qu'un homme se souvienne
Et revienne vers moi,
Que de sa main me tienne
Et me rende l'émoi,

Que si lontemps quittai.

Lors, de ma course lente,
Quittant les bois, les landes,
De sa sollicitude
Ferai mon habitude:

En ses bras je pourrai.

Déesse souveraine,
Qui chasse en forêt,
Nul ne saura la peine
Qui te tient en ses rêts,

Car nul ne te connaît.

Làs, de ma course lente,
Perdue en bois, en landes,
D'infinie solitude
Ai fait mon habitude,

Et seule je vivrai.

Elle est dans les forêts
Comme grande ombre noire,
Galopant sans arrêts
Mais pleurant larmes noires

Car nul ne la connaît.

(Anonyme)

http://dzovinar.blogspot.fr/2013/06/licorne-de-legende-video.html


La Licorne, nommée Unicornis en latin ou Monokeros en grec ancien, pourrait se traduire par « qui n'a qu'une corne » ou unicorne. Réputée immortelle — enfin, presque! —, la Licorne se présente souvent sous la forme d'un gracieux cheval blanc — avec des similitudes au corps de la chèvre ou du cerf — aux sabots fendus; dont le front est orné d'une longue corne torsa­dée souvent dorée ayant la propriété de neutraliser les poisons: ce qui lui permet de séparer les justes de ceux qui ont quelque chose à se reprocher.

Tel le soulignait l'écrivain Albert Camus, ce quadrupède fabuleux évoque l'idée d'une subli­mation miraculeuse de la vie charnelle, doublée d'une force surna­turelle qui émane de ce qui est pur. La mythologie Grecque nous raconte aussi que la Licorne était une créature féerique, fabuleuse et fantastique, fidèle tant en amour qu'en amitié; un animal farouche et pur qui ser­vait de monture aux dieux et qui vivait en groupe dans une Forêt Enchantée...
Animal mythique,  doux et pacifique, la Licorne ne connaît ni la haine, ni la colère. Symbole de la fécondité spirituelle incarnant la pénétration du divin dans la créature, la Licorne — ou Unicorne — est un emblème de chasteté, de pureté d'âme, d'amour honnête et pur. Toutefois, sauf exceptionnellement, les Licornes évitent de fré­quenter les humains: aussi longtemps qu'elles ne sont pas sûres d'être accueillies favorablement; car étant fragiles et craintives, l'indifférence suffit à les blesser et même à les bannir ou à les tuer. Sauvage et robuste, symbole de puissance, de force, de faste, de beauté, de noblesse et de longévité, elle est douée du mystérieux pouvoir de déceler l'impur. Néanmoins encline à se sacrifier pour les Hommes si besoin, cette créature mythique est réputée protéger les justes, apporter une grande chance, et réaliser les désirs du coeur... voire même parfois, en opérant des miracles.
Légendaire, la Licorne est souvent dépeinte dans les bestiaires médiévaux (recueils de fables) comme étant un cheval blanc et élancé, arborant une corne spiralée sur son front, et qui peut vivre jusqu'à mille ans. Néanmoins, son aspect et sa personnalité diffèrent parfois, selon la région du monde où elle est censée avoir été aperçue. Ainsi, en Occident, elle est souvent décrite comme étant sauvage et indomptable; tandis qu'en Orient, l'on racontait que c'était un animal paisible et doux, qui apportait la bonne fortune. La légende dit aussi qu'elle était la monture des dieux; et qu'il exis­tait des troupeaux de licornes qui vivaient dans la forêt enchantée et que parfois... certaines se laissaient domestiquer par des princesses ou des fées. Sauvage et féroce si elle est attaquée, la licorne se laisse parfois prendre au piège de l'amour...
La licorne est présente dans un grand nombre de tapisseries du Moyen Âge (ex: La Dame à la Licorne, tissée vers la fin du XVe siè­cle, musée de Cluny); et est souvent reproduite sur les blasons médiévaux, dans les ornements (supports, timbres, cimiers de casques, etc) de même qu'au centre de l'écu. Le souverain tudor Henri VIII (1509-1547) commanda des sculptures de licorne pour déco­rer son palais de Hampton Court. On la représente aussi fréquemment dans les armoiries héraldiques.


Dzovinar - tapisserie "La vue"- Reproduction


L'ensemble de la tapisserie "La Dame à la Licorne" comprend 6 pièces :
Le Goût - L'Odorat - L'Ouïe - Le Toucher - La Vue - A mon Seul Désir
(Musée de Cluny - Paris)


http://dzovinar.blogspot.com/2011/09/quand-la-licorne-croisa-le-cameleon_24.html

dimanche 14 août 2011

UN TEMOIGNAGE PARMI TANT D'AUTRES ...

"Je suis née à Konia en 1899 ou 1900. Je me nomme Koarig Sinanian. Nous étions trois enfants. Ma soeur aînée 18 ans, moi 16 ans et notre petit frère Lévon 12 ans.


Mes parents tissaient des tapis à la maison pour le compte d'un commanditaire. Notre vie était simple mais heureuse, ce travail nous offrant un revenu qui nous mettait à l'abri de la misère. Souvent, les jours de repos, pendant les soirs d'été, les voisins se joignaient à nous et le jardin résonnaient alors de nos rires insouciants ... 


 Ce terrible jour, les soldats ont fait irruption dans notre maison et nous ont poussés dehors avec brutalité. Leurs visages étaient barbouillés de sang, du sang de leurs victimes, qu'ils arboraient tels des trophées de leurs immondes besognes. Ils ont tué mes parents dont les corps tailladés s'abattirent sur mon petit frère et moi. Nous disparûmes sous eux. Et je vis avec épouvante celui de ma malheureuse soeur tranché en deux, à la hauteur de sa taille. Lorsque les barbares s'éloignèrent enfin, leurs macabres desseins accomplis, mon frère et moi émergeâmes de dessous les corps de nos parents.


Nous avons erré par les rues, hagards, perdus, et, quand nous aperçûmes la cohorte des Arméniens qui fuyaient, emportant dans leur détresse tout ce qui pouvait être sauvé, nous nous joignîmes à eux. Ce que fut notre existence sur ce chemin de l'exil est impossible à décrire. La faim, la soif, un perpétuel effroi, une inhumaine fatigue, furent notre quotidien. La constitution de mon jeune frère n'y résista pas et il mourut.


Des images horribles me hantaient : j'avais vu ces barbares s'emparer de très petits enfants, des nourrissons, et les trancher comme des volailles, puis suspendre leurs membres menus avec des "mandal"* à une corde à linge !


Je fus "sauvée" de ce cauchemar par une tribu nomade arabe qui se déplaçait à dos de chameau. Le chef de la tribu me prit pour épouse et me marqua avec des tatouages sur le visage, entre les sourcils, autour de la bouche, et que je portai ma vie durant, malgré toutes mes tentatives pour les effacer, avec un terrible sentiment de honte, indélébile comme mes tatouages.


Un jour pourtant, alors qu'on m'avait envoyé au marché vendre le sel que récoltait la tribu, des membres de la Croix Rouge arménienne qui écumaient tous les lieux, théâtres de massacres, à la recherche d'orphelins, me virent et m'enlevèrent à leur tour,  me conduisant jusqu'à un orphelinat en Syrie. C'est là que des bourgeois arméniens venant de Bulgarie me prirent pour servante ; c'est ainsi que je les accompagnai lors de leur retour dans leur pays.


Une autre servante qui venait à demeure laver le linge de la maisonnée me vit et me présenta à son fils, Avédis*, déjà père d'une fillette* de 5 ans, Achkhène. Je l'épousai et, un an plus tard, nous partîmes pour la France où nos cinq enfants virent le jour."


Aujourd'hui Koarig n'est plus. Je dois  ce récit aux souvenirs d'Achkhène, souvenirs que j'ai recueillis il y a peu de temps,  avant qu'elle-même ne quitte ce monde.


Nous devons être la mémoire de notre passé et la transmettre.

**********


*mandal : pince à linge


*Avédis : mon grand-père maternel
*Achkhène : ma mère



samedi 13 août 2011

Les costumes régionaux arméniens

Vidéo sur les costumes arméniens



Ces quelques gravures, (cartes postales achetées en Arménie)
peuvent aussi  donner un aperçu des tenues en usage, selon les provinces.
  
Erevan - XIXe s. 

Ayrarat


Zangezour *

 
Akhaltskha XIXe s.


Sasoun *

Vaspurakan

Shatakh *

Shatakh XIXe s.


Artsakh *


Artsakh *


Artsakh XIXe s.
***
* Peintre Rouben Ghevondian 

Le lien ci-dessous vous apportera des renseignements plus généraux sur les origines du vêtement.

http://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_du_costume

****
Recueillies ce jour - 29 janvier 2013, des informations largement complémentaires que je dois à l'amabilité de Jacqueline -Siranouche Markarian  :

La culture arménienne est riche et variée. Parmi les trésors de sa civilisation, le costume occupe une place importante.
Le plus ancien costume parvenu à nos jours est une simple robe d’enfant du 13e siècle, trouvée à Ani. 

Nous avons acquis quelques notions sur nos costumes de la préhistoire à travers les images rupestres trouvées en Arménie, et nos connaissances des costumes arméniens des périodes les plus anciennes et médiévales sont principalement basées sur les représentations que nous trouvons dans l’art arménien, plus particulièrement dans les enluminures des manuscrits.
Les descriptions et croquis des carnets de voyageurs étrangers qui sont passés par l’Arménie ont eux aussi fourni d'importants ren­seignements sur les costumes arméniens anciens.

Des 17e et 18e siècles quelques vêtements d’ecclésiastiques sont encore préservés, mais c’est à partir du 19e siècle que les chercheurs ont pu établir les costumes arméniens, masculins et féminins, des différentes régions d’Arménie.
Le mot «costume» a plus d'une signification. Dans ces pages, il sera uniquement question du costume folklorique arménien.

Les particularités du costume arménien sont basées sur la situation géographique et climatique de l'Arménie, la condition économique de son peuple et de son goût. Les diverses formes transmises de génération en génération ont gardé leur caractère ethnologique jusqu'au début du XXe siècle.

Les tissus arméniens étaient de coton, de laine et de soie. Les divers motifs employés dans leur production portaient chacun des noms traditionnels. 
Les motifs ornementaux qui sont généralement brodés à la main, sont souvent constitués de dessins abstraits ou géométriques, évoquant le système ast­ral, le monde végétal et l'espèce animale.

Ils sont des illustrations symboliques du caractère armé­nien, des croyances populaires et particulièrement de la nature du sol. Ils sont aussi importants que la couleur et existent depuis des temps immémoriaux.

Le choix des couleurs était fait suivant la tradition et le costume. Selon le témoignage du philosophe du 14e siècle, Grigor de Nareg, les couleurs des 4 éléments se reflètent dans les costumes arméniens : « la noirceur de la terre, la blancheur (pureté) de l’eau, le rouge de l’air et le jaune du feu ». En fait, les couleurs dominantes qui sont le rouge, le bleu, le pourpre, le vert foncé et l'orangé clair rentrent dans diverses combinaisons harmonieuses. Le rouge symbolise le courage, le bleu la justice céleste, et le blanc la pureté. Quant au « dzirani », une couleur orange-rouge (couleur abricot), qui était la couleur du manteau des rois, elle symbolise la sagesse.

Les costumes populaires arméniens qui avaient leurs coupes, leurs modèles, leurs couleurs et leurs motifs variés se divisent en différents groupes régionaux. Les conditions climatiques, les diverses productions locales ont joué un rôle important dans le caractère général du costume d’une région donnée. Les costumes des provinces avoisinantes, quoique différents les uns des autres tout comme leurs dialectes, sont intimement liés. 

Voici le lien qui vous permettra de découvrir les caractéristiques propres des costumes de chacune des régions représentées :

http://www.ani-noralik.fr/Tradition.html

Extraits de l'album de Jacqueline-Siranouche Markarian
gravures de costumes arméniens





vendredi 12 août 2011

L'Art du Tapis arménien

De ce magnifique volume de quelque 550 pages, "Les Tapis d'Orient" largement illustré, réalisé par Volkmar GANTZHORN, ouvrage issu d'une thèse de doctorat intitulée "Le tapis chrétien oriental" soutenue à la Faculté des sciences humaines de la Eberhard-Karls-Universität de Tübingen, édité par Benedikt Taschen Verlag GmbH Hohenzollernring 53, D-50672 Köln (Allemagne), j'ai extrait pour votre information, quelques éléments, succincts vous vous en doutez.

"Ce livre présente de manière claire et précise 25 siècles de l'histoire du tapis. A la lumière de ses recherches qui ont permis de jeter un regard neuf sur cet art à part entière, l'auteur retrace toute l'histoire des tapis orientaux. Il est aujourd'hui établi que leurs motifs se réfèrent entre autres aux traditions phrygiennes, que les Arméniens surent garder vivantes jusqu'au début du XXe siècle. Symboles de pouvoir et de foi chrétienne, ces tapis sont des icônes abstraites imprégnées d'une religiosité profonde.

Le tapis d'Orient n'est pas originaire d'Asie centrale et n'est pas non plus la création de peuples nomades. Produit des civilisations antiques orientales, IL A VU LE JOUR SUR LES HAUTS PLATEAUX ARMENIENS, au croisement des plus anciennes voies marchandes entre le Nord et le Sud, l'Est et l'Ouest. L'argumentation de l'auteur est d'ailleurs solidement étayée par de nombreuses illustrations. Cet ouvrage est le premier du genre à présenter des reproductions en couleurs des spécimens les plus intéressants de chaque catégorie de tapis sur le plan historique, symbolique et esthétique. La documentation illustrée qui montre aussi des enluminures, des tableaux, des fabrications artisanales et des détails architecturaux éclaire des phénomènes inconnus jusqu'ici.

Le présent ouvrage témoigne de la CONTRIBUTION ARMENIENNE SANS DOUTE LA PLUS IMPORTANTE A L'HISTOIRE DE L'ART. Il est destiné à tous les amateurs de beaux tapis et aussi aux amoureux des contrées orientales."

Volkmar GANTZHORN a étudié l'histoire de l'art, la philosophie, la psychologie, les arts plastiques, la géographie et le journalisme.


La carte réalisée par l'auteur d'après les données de l'oeuvre de Serjeant* montre les centres de fabrication des tapis arméniens existant déjà au Xème siècle et qui, situés aujourd'hui en Arménie (de Russie *) en Azerbaïdjan, en Perse et en Turquie, étaient restés sur une période de 1000 ans les centres de nouage arméniens les plus importants jusqu'au génocide du XXème siècle.

*R.B. Sergeant
*Le livre a été édité en 1998. Alors pourquoi "Arménie de Russie" ? je ne saurais vous dire.


La carte de l'auteur est le résultat d'une étude des sources ayant duré des décennies et se basant sur le matériel à sa disposition concernant l'histoire arménienne. Elle prend en considération toutes les vagues d'émigration, de transferts de population, d'évacuation et de nouvelles implantations du début du premier millénaire après J.-C. jusqu'au XIIème siècle.


Le "tapis Pazyryk" - (Ermitage - Léningrad)

Le tapis le plus ancien est le tapis dit "Pazyryk"...qui  fut trouvé dans les monts Altaï.... Ce tapis provient du V-IVème siècle av. J.-C. Il mesure 200 x 183 cm et il est noué en noeuds symétriques avec une densité de 3600 noeuds/dm². Même pour les conditions actuelles c'est un nouage très fin. La texture de base et les poils sont de laine ...ïl aurait été fabriqué à Saki, l'ancienne capitale des Scythes dans le pays Ourartou au sud du Lac d'Ourmia, commandé par un roi scythe et réalisé par des artisans proto-arméniens.


La délégation arménienne Persépolis, Vème s. av. J.-C.


Il s'agit bien d'un motif figurant la délégation arménienne (ci-dessus). Le détail montre un homme tenant les rênes de son cheval. La forme de la coiffure du cavalier, la grandeur du cheval, ainsi que la queue nouée, sont identiques.



Stèle hittite tardive-ourartéenne. Musée d'Ourfa.


Le daim portant une divinité (photo précédente) a le même dessin caractéristique sur l'omoplate que le daim sur le tapis. La diffusion du daim se limitant à l'Europe du sud-est et à l'Asie Mineure, il est peu probable que le "tapis Pazyryk" ait été fabriqué plus à l'est.


Mevl. Détail. Musée Mevlana à Konia.

Ce détail d'un fragment de tapis Mevl, montre une forme de motif très répandue dans tout l'espace culturel arménien, une croix typique pour l'art chrétien primitif influencé par l'art arménien. Elle est composée de quatre "lys symboles de la grâce divine" et connue dans la littérature consacrée aux tapis sous la dénomination "croix kotchak (cornes)". Elle s'est développée à partir de la protoforme ourartéenne-hittite-phrygienne et est devenue partie constituante de la tradition européenne des motifs.


Tapis de "Gohar" - 351 x 178 cm. Collection privée.

Le tapis de "Gohar" est daté de 1680 et doté d'une inscription arménienne. Dans le centre la croix comme partie d'une composition dite en "arbre de Jessé"*

*Arbre de Jessé est un motif fréquent dans l'art chrétien entre le XII ème et le XVème s. Arbre de vie. Il représente une schématisation de l'arbre généalogique présumé de Jésus de Nazareth à partir de Jessé, père du roi David.

Ce ne sont là que d'infimes fragments de ce superbe volume qui parcourt 25 siècles d'histoire du tapis ; mais avec la dernière photo qui représente un tapis réalisé en Artsakh en 2007, on s'aperçoit que les motifs sont les mêmes, jalousement conservés et reproduits de nos jours par nos habiles et talentueux artisans arméniens.