jeudi 11 août 2011

Légende de l'île du Lac de Van - l'Eglise d'Akhtamar

(Pastel - Dzovinar)

Sur la route qui mène à Sevan, en Arménie, on peut voir cette
ravissante statue qui représente Tamar, héroïne
de la légende qui a inspiré au grand poète arménien
 Hovhannès Toumanian
ce poème épique :

  Akhtamar

Vane, la mer aux charmants rivages,
Cachait pourtant un lourd secret,
Ses îles austères, comme sont les sages,
Le chuchotaient, le murmuraient :

Sur la côte, un joli village
Regardait, à la nuit tombée,
Un beau gaillard d’assez jeune âge
Rejoindre la mer d’un pas léger.

Alors la lune, sa complice,
Se cachait derrière les nuages,
Plongeant dans l’ombre, non sans malice,
Le ciel, la mer et le village.

Lui, n’attendant que ce moment,
N’ayant besoin d’aucun radeau,
Entrait dans l’onde rapidement,
Ses bras puissants fendaient les eaux !

Il bravait une mer en furie,
Une mer qui grondait mugissante !
L’île était loin, juste face à lui,
Sombre et hostile, même menaçante…

Heureusement, comme chaque nuit,
Sur la côte de l’île s’allumait
Une flamme qui luisait pour lui
Et le guidait en grand secret.

Ainsi il va la retrouver !
Il le savait, elle était là !
Sa chère Tamar, sa bien-aimée,
Inquiète et heureuse à la fois …

Pour aborder l’île au plus tôt,
La voir, la serrer sur son cœur,
Avec force il brisait les flots,
L’amour redoublait son ardeur,

D’amour et de peur frissonnante,
Depuis longtemps Tamar est là,
Guettant cette ombre ruisselante
Qui tel un dieu se dressera !

Dans le silence de la nuit,
Les voilà enfin enlacés…
Sauras-tu garder, belle nuit ,
Le secret d’un amour caché ?

Sans pitié, le temps court trop vite
Pour un amour si grand, si beau !
Heureux, mais inquiets ils se quittent,
Le jour va se lever bientôt.

Les vagues indiscrètes se glissaient
A travers les joncs, les roseaux,
Puis chuchotant s’en revenaient,
Médisant nos deux tourtereaux.

Les étoiles les épiaient du ciel,
Se moquant d’une si belle passion :
Comment cette jeune fille osait-elle
Défier des siècles de traditions !

- Mais qui est ce jeune téméraire,
Qui affronte vents et marées,
Et traverse en pleine nuit la mer
Pour rejoindre sa bien-aimée ?

Croit-il pouvoir nous prendre Tamar
Sans être puni pour ce forfait ?
La mer lui sera sans égard,
Elle veille sur nos filles en secret,

Dirent les gars de l’île, humiliés.
Ils éteignirent, par une nuit noire,
La flamme par Tamar allumée,
Laissant Tamar au désespoir…

Perdu sans le moindre repère,
Terre, ciel et mer se confondant,
Le jeune appelle, prie, il espère :
Sa voix est fauchée par le vent …

Tamar…

Déferlées, les vagues se jouaient
D’un homme qui avait tant aimé,
De crête en crête elles se passaient
Ses longs soupirs désespérés.
A’h… Tamar… A’h… Tamar…

Se brisant contre les rochers
Sa voix se perdit dans la nuit,
Puis soudain revint épuisée
Et dans un râle elle s’éteignit.

Au matin la mer rejeta
Sur la côte le corps d’un noyé…
Beau comme un dieu il était là
Et semblait vouloir murmurer :

A’h… Tamar…

Insensible, la mer caressait
Sur la rive les tiges des roseaux,
Et son onde heurtant les galets
Chuchotait, se faisait écho…

A’h…Tamar…
Akh…Tamar…

Le temps n’a pu faire oublier
L’histoire de leur si grand amour,
C’est pourquoi cette île fut nommée
Île Akhtamar, depuis ce jour !

***

La mer de Vane (Vanadzov), dont l'ancien nom était "Naïri"
(également prénom féminin) et qui se situait dans l'Arménie historique,
 comptait de petites îles dont celle d'Akhtamar, du nom de son église ...

L'île et l'église d'Akhtamar sont des lieux que je n'ai pas eu le bonheur de visiter ;
j'ai trouvé le lien du récit d'un voyageur qui donne d'intéressantes informations
à leur sujet :

http://www.lespassengers.com/?p=1318

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