mercredi 7 octobre 2020

Une page héroïque - Ara Toranian - © armenews.com 2020


Une page héroïque

En résistant comme il le fait à la tentative d’invasion turco-azerbaïdjanaise lancée le 27 septembre, le peuple arménien n’est-il pas en ce moment même en train d’écrire l’une des pages les plus héroïques de son histoire trimillénaire ? En tout cas, les moyens pharaoniques mis en œuvre par le tandem Erdogan-Aliev pour l’anéantir n’ont pas réussi jusqu’à présent à l’intimider ni à le faire reculer, même si les pertes sont considérables à l’échelle de sa démographie. Au contraire, dans un élan assez extraordinaire, l’ensemble des forces arméniennes est en train de converger sur la ligne de front. Et d’infliger à l’axe Ankara-Bakou des pertes encore plus lourdes.


L’ennemi croyait pouvoir mener une guerre éclair, à peu de frais humains en ce qui le concerne. Il commence à s’embourber dans un conflit qui promet d’être long et sanglant si la diplomatie ne parvient pas à prendre le relais. En prétendant à la domination du ciel avec les F16 américains, les drones tueurs turcs bayraktar tb2 et autres ovnis kamikazes israéliens, il s’imaginait être en mesure de paralyser au sol les armées arméniennes pour mieux les offrir en pâture aux milliers de djihadistes syriens payés par la manne pétrolière azerbaïdjanaise. Ceux-là mêmes qui avaient tenté d’instaurer un Etat Islamique, en combattant notamment les Kurdes du YPG, avant-garde de la résistance à Daesh dans le Rojava.


Mais une guerre ne se gagne pas qu’avec de l’argent, des mercenaires et des rêves d’hégémonie. C’est ce que la partie arménienne est en train de faire comprendre à l’agresseur, en lui opposant une résistance à la fois ingénieuse et farouche qui s’inscrit dans le long terme.


Dans une interview accordée à NAM, le haut commissaire à la diaspora l’a déclaré sans ambages : « Les Arméniens sont aujourd’hui confrontés à cette grande guerre dont ils savaient qu’elle ne manquerait pas d’arriver un jour ou l’autre ». Dans ce moment charnière de notre histoire, il appartenait à la République du Haut-Karabakh de relever le défi. Ce qu’elle fait avec panache. Mais avait-elle le choix ? Conscients que la moindre parcelle de terrain perdu pourrait avoir un « effet domino » dévastateur pour l’existence et la liberté de l’Arménie, les Arméniens sont le dos au mur.


Avec cette offensive, dont chaque jour montre le niveau d’implication d’Erdogan, le nationalisme turc entend porter « l’estocade finale » à l’Arménie indépendante. Ne se donnant même pas la peine de sauver les apparences, ne fut-ce que par égard pour son petit frère azerbaïdjanais, le postulant calife parade sur la scène internationale en se présentant ouvertement comme le patron, celui qui tire les ficelles, agit et dicte ses conditions. Que ce soit sur le terrain, en prenant la direction des opérations aériennes ou en se portant aux avant-postes des combats, via ses mercenaires. Ou encore sur le plan diplomatique, en déclarant en lieu et place du pouvoir azerbaïdjanais qu’un « cessez-le-feu pérenne est tributaire d’un retrait arménien de tout le territoire azerbaïdjanais » selon ses propres termes devant le Parlement d’Ankara le 1er octobre. Ce qui signifie en clair « pas de Haut-Karabakh avec les Arméniens ». Dans la grande tradition génocidaire. Le message est public. Officiel. Urbi et orbi.


Face à ce type d’arrogance criminelle, il revenait aux forces arméniennes de rappeler au principal intéressé, et accessoirement au monde, qu’on n’est pas en 1915. C’est ce qu’elles sont en train de faire, avec un courage et une détermination qui force l’admiration. En témoigne la fierté qu’elles suscitent partout dans les rangs arméniens et la solidarité sans faille qui est en train de s’organiser aux 4 coins de la diaspora pour sauver l’Artsakh. Une terre libre qui ne retournera jamais sous aucun joug. Une terre de résistance qui fait figure aujourd’hui non seulement de bastion pour le droit à l’existence de l’Arménie face la menace panturque et djihadiste, mais aussi d’avant-poste de tous les combats pour la liberté la démocratie et la justice.

Ara Toranian

par Ara Toranian le samedi 3 octobre 2020

© armenews.com 2020


2 commentaires:

  1. De tout coeur avec l'Arménie et son peuple.

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  2. Merci Nadezda L'Arménie est bien seule, mais ses combattants montrent un courage, un sens du sacrifice exemplaire !! Nous regardons chaque jour les nouvelles, nousn la diaspora impuissante, et affligée ! Des fonds, des médicaments, des vêtements chauds oui, à cela au moins, nous pouvons répondre, mais ces actes ne comblent pas notre immense peine d'apprendre que nos jeunes soldats, des ados parfois, vont aux combats et y laissent leur vie ! C'est affreux ! Je t'embrasse mon amie

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