ARMENIES-ARMENIE
Quelques flashs saisis pour vous (et moi !) au cours des rendez-vous auxquels je me suis rendue à Paris, proposés par le CENTRE NATIONAL DU LIVRE.
Nul doute que ce soudain intérêt pour la culture arménienne n'ait été décrété par les "hautes instances" françaises pour des motifs ...que je laisse à votre réflexion, mais on ne peut nier que tout a été orchestré avec maestria par la direction du CNL. Alors, bravo et merci.
Lectures, conférences, débats, expositions, concerts, projections, comme le souligne le dépliant du CNL, et que Jean-François Colosimo, président du CNL, n'a pas manqué de citer le 20 octobre, en préambule à la soirée de "Lecure musicale", à "La Bellevilloise", ont été réalisés autour de vingt personnalités arméniennes invitées du 16 au 23 octobre.
Christian Markarian, Directeur de la rédaction, délégué du quotidien "L'Express", a largement participé à la mise en place de l'évènement : "Plus que jamais, il est de la mission des journalistes d'être des passeurs de culture".
Jean-François Colosimo - Président du CNL
Au centre Christian Markarian, à droite L'Ambassadeur d'Arménie en France Vigen Tchitetchian.
***Jeudi 20 octobre à 17 h au CNL - Mémoire et histoire, témoignage et roman.
Invités :
Marc Nichanian : Entre l'art et le témoignage : littératures arméniennes au XXe siècle (3 volumes : vol. 1, La révolution nationale; vol. 2. Le deuil de la Philologie ; vol. 3. Le roman de la catastrophe), Métispresses.
Krikor Beledian : "Seuils", traduit de l'arménien par Sonia Bekmezian, Parenthèses Editions.
- Modérateur Alexis Lacroix, journaliste, essayiste.
Peter Balakian
Krikor Beledian
Marc Nichanian
Marc Nichanian réfute le terme d'historien qu'on lui attribue ; Il parle du "roman de la catastrophe" et cite Agop Oshagan : " Pour se faire le mémorialiste de la Catastrophe le romancier a besoin en premier lieu d'archives et non plus seulement de récits. Il éprouve en second lieu le besoin de disposer de tous les témoignages possibles et de les utiliser comme le ferait un historien." Le témoignage est devenu un objet d'analyse. Il y a une temporalité du témoignage. La Catastrophe, ce n'est pas ceux que l'on a tués, mais la mort du témoin.
http://armeniantrends.blogspot.com/2011/02/marc-nichanian-quelle-image-pour-la.html
Krikor Beledian : Il évoque son quartier, à Beyrouth - Je veux parler des oubliés de la Catastrophe : les témoins survivants, les rejetés de l'histoire, qui sont la mémoire faite de ruptures.
Peter Balakian - historien : dont il faudra lire "Le tigre en flamme" et son dernier livre traduit par notre ami George Festa "Le chien noir du destin".
Arménien de la 3ème génération, c'est en 1977, auprès de sa tante Gladys alors en visite à Paris, qu'il apprend "la grande Catastrophe" épisode tragique longtemps tu jusqu'alors dans sa famille. C'est alors, comme beaucoup d'entre nous, ignorants par omission (celle de nos parents), qu'il s'attache à trouver un langage afin de surmonter la répression de la mémoire et qu'il prend conscience du rôle qui lui reviendra : donner sa voix pour la transmission, la post-mémoire. Il n'y a pas d'histoire de représentation globale ; il doit trouver en tant que poète les fragments perdus de cette mémoire ; il est un excavateur, tel un archéologue, qui fouille parmi les décombres pour trouver et reconstituer pièce par pièce le puzzle infernal, capter le trauma, à travers le silence, et le restituer pour en éclairer sa vision.
ENTENDU ET RETENU :
"La mémoire est la muse de la poésie" - Peter Balakian
"La véritable Catastrophe est la mort du témoin" - Marc Nichanian
"Le rôle de la diaspora est d'embêter la Turquie" - Michel Marian
"Ce ne sont pas des historiens qu'il faudrait pour éduquer la Turquie, mais des psy ! - Gaïdz Minassian
"Ouvrez-moi seulement les chemins de l'Arménie" - Pierre Corneille
***Soirée du 20/10 - "Lecture musicale" à La Bellevilloise.
Daniel Mesguisch, et la jeune comédienne Arevik Martirossian, ont lu des textes issus de la grande tradition poétique arménienne, de Moïse de Khorène jusqu’à Toumanian en passant par Grégoire de Narek... Mises au service de notre patrimoine poétique, la voix profonde et nuancée, avec un art consommé, de Daniel Mesguich alliée à la fraîcheur juvénile de celle d'Arevik Martirossian ont magnifié les poèmes, soutenus par l'accompagnement musical de Levon Minassian au doudouk, Gaguik Mouradian au kamantcha et Serge Arribas au clavier, qui ont été les talentueux artisans d'un fond sonore sublimant les textes chargés d'émotion des poètes mis à l'honneur, tandis que défilaient les images, très évocatrices, que le photographe Antoine Agoudjian a réalisées en Arménie.
Arevik Martirossian et Daniel Mesguich
(Désolée pour la mauvaise qualité de l'image ...)
Lévon Minassian
La soirée s'est poursuivie en compagnie du groupe post rock Deleyaman, non sans avoir pu auparavant profiter d'un buffet royal offert par le CNL ...
Denis Donikian, pour qui vous connaissez mon admiration, a participé à Lyon, le 19 octobre, à la Villa Gillet, au débat organisé sur les thèmes "La légende, le conte, le mythe et le roman" en compagnie de Viken Berberian et Vahram Martirosyan - Modérateur : Alexis Lacroix
Denis Donikian
Il y a des moments où j'aimerais avoir un don d'ubiquité ...
Nous nous sommes néanmoins rencontrés à Paris, car il me fallait impérativement sa dédicace sur la page de garde de son dernier livre "Vidures" Actes Sud, que j'ai pu acquérir au CNL (avant la date de sortie en librairie prévue pour le 2 novembre). J'en ai commencé la lecture : c'est très fort ! Ne passez pas à côté ...