Oeuvre de Denis Donikian
Taureaunoir ! Taureaunoir !
Taureaunoir hait dans l’arène
L’homme qui le hait de même
Il souffle il sue il saigne
La mort comme un grand M
Le tue à petit feu
Un spectacle à l’antique
La torture est un jeu
D’abattage esthétique
Qui met des gens en joie
Et que rien n’apitoie
Taureaunoir voit à peine
Cette chose en l’arène
Qui le tourne en bourrique
Qui l’énerve et le braque
Il fonce il rue il pique
Corne dure en attaque
Mais la chose le mord
Des lames sur son corps
Font leur danse de mort
*
Soudain dans un répit
Comme un souffle divin
Une odeur le retint
Une grâce naquit
Son maître à quelques pas
Assiste à son trépas
Taureaunoir va vers lui
Et lui tend son museau
L’autre l’embrasse aussi
Qui reconnaît sa peau
Un baiser de Judas
Qui vendit son beau roi
Pour un destin d’arène
Pour une mort certaine
Pour les jeux de l’émoi
*
Taureaunoir n’en peut plus
Mais l’affront est plus fort
Dans un dernier effort
Il se cabre et se rue
Vers l’homme de sa haine
Tout vêtu d’or obscène
Mais la grâce est un coup
Acte ultime et fatal
Qui le prend à son cou
Dans un cri de métal
Il s’abat et son corps
Coule en larmes de sang
Sur le sable des Forts
Car l’homme a triomphé
Applaudi indécent
L’un aura son trophée
Et l’autre son argent
*
Montrant tels que nous sommes
Ce jeu n’est pas près de finir
Ainsi feront toujours les hommes
Humilier pour jouir
Denis Donikian
25 juillet 2020
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