Pour Lilit M.
Nous étions trois cent deux…
denisdonikian - 30 novembre 2020
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Nous étions trois cent deux, frères de feu et de sang
Pris à vifs sous le mors à broyer de la guerre
N’ayant pas d’autre nom que celui de la terre
Qui fit de nous la chair qu’à défendre on consent
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Ma terre est belle à boire et me rend ivre
Qui aujourd’hui fait de nous ses soldats
Quitte à pleurer le sang dans les combats
Pleurer le rire et la douceur de vivre
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Nous étions trois cent deux sous l’assaut des bouchers
Le ciel crachait sur nous ses vacheries de fer
Et les phosphores bleus nous dévoraient les chairs
Trois cent deux à tenir l’espoir de nos tranchées
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Longtemps nous n’avons cru aux pitres des alarmes
Que le ciel tant prié nous rendrait apeurés
N’avons cru que les nôtres nous pourraient leurrer
A sauver la patrie avec de piètres armes
*
Longtemps nous ont charmés les mensonges des nôtres
Qui floutaient leur magot de mots patriotards
Toute patrie aura ses pâtres ses apôtres
Mais la nôtre longtemps a eu ses charognards
*
Nous étions trois cent deux à courir sous les bombes
Qui vomissaient leur fer sur nous pauvres colombes
Dans le ciel tant aimé fermentaient nos enfers
Nous étions trois cent deux à combattre les airs
*
Nous qui vivions insoucieux
Voici que le feu nous rend ivres
Oubliant la douleur de vivre
Que nous ne pourrons mourir vieux
*
Nous n’aurons bu que la jeunesse
Vieillis si prématurément
Par l’étreinte de la tristesse
Et par le frère qui nous ment
*
Trois cent deux tout petits soldats
Trois cent deux corps mis à la guerre
Jetés dans la boue au combat
Héros à pourrir sur leur terre
*
Troué dans l’âme et tout bandé
Me voici seul à l’hôpital
Où sont les miens qui m’ont aidé
À rester dur contre la peur
Qui sont partis dans la stupeur
Et m’ont laissé avec leur mal
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Merci Denis
Un poème d'une beauté rare !
humain, poignant, parfait !
Ah quel beau chant !
Merci pour eux, héros véritables.
Pour nous, qui ne savons que pleurer .
Puisse revenir le soleil sur les tombes
Où dorment en paix nos agneaux
Et que nos coeurs à jamais brisés
Puisent en ton sublime chant d'amour
Baume de l'âme, le courage qu'il faut
Pour croire au renouveau
Sous le ciel unique d'Artsakh
- Du nôtre pays retrouvé -
Dzovinar
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