mardi 1 décembre 2020

Nous étions trois cent deux… denisdonikian - 30 novembre 2020 - Merci Denis - Dzovinar

Pour Lilit M.

Nous étions trois cent deux…

denisdonikian - 30 novembre 2020


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Nous étions trois cent deux, frères de feu et de sang

Pris à vifs sous le mors à broyer de la guerre

N’ayant pas d’autre nom que celui de la terre

Qui fit de nous la chair qu’à défendre on consent

*

Ma terre est belle à boire et me rend ivre

Qui aujourd’hui fait de nous ses soldats

Quitte à pleurer le sang dans les combats

Pleurer le rire et la douceur de vivre

Nous étions trois cent deux sous l’assaut des bouchers

Le ciel crachait sur nous ses vacheries de fer

Et les phosphores bleus nous dévoraient les chairs

Trois cent deux à tenir l’espoir de nos tranchées

*

Longtemps nous n’avons cru aux pitres des alarmes

Que le ciel tant prié nous rendrait apeurés

N’avons cru que les nôtres nous pourraient leurrer

A sauver la patrie avec de piètres armes

*

Longtemps nous ont charmés les mensonges des nôtres

Qui floutaient leur magot de mots patriotards

Toute patrie aura ses pâtres ses apôtres

Mais la nôtre longtemps a eu ses charognards

*

Nous étions trois cent deux à courir sous les bombes

Qui vomissaient leur fer sur nous pauvres colombes

Dans le ciel tant aimé fermentaient nos enfers

Nous étions trois cent deux à combattre les airs

*

Nous qui vivions insoucieux

Voici que le feu nous rend ivres

Oubliant la douleur de vivre

Que nous ne pourrons mourir vieux

*

Nous n’aurons bu que la jeunesse

Vieillis si prématurément

Par l’étreinte de la tristesse

Et par le frère qui nous ment

*

Trois cent deux tout petits soldats

Trois cent deux corps mis à la guerre

Jetés dans la boue au combat

Héros à pourrir sur leur terre

*

Troué dans l’âme et tout bandé

Me voici seul à l’hôpital

Où sont les miens qui m’ont aidé

À rester dur contre la peur

Qui sont partis dans la stupeur

Et m’ont laissé avec leur mal

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Merci Denis

Un poème d'une beauté rare ! 

 humain, poignant, parfait !

 Ah quel beau chant !

Merci pour eux, héros véritables.

 Pour nous, qui ne savons que pleurer .

Puisse revenir le soleil sur les tombes

Où dorment en paix nos agneaux

Et que nos coeurs à jamais brisés

Puisent en ton sublime chant d'amour 

Baume de l'âme, le courage qu'il faut 

Pour croire au renouveau

Sous le ciel unique d'Artsakh

 - Du nôtre pays retrouvé - 

Dzovinar

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