I - SOUVENIRS D'ENFANCE
Une fête arménienne
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Le Vélo
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Marina
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Le sifflet
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Cinq kilomètres à pied !
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(dessin d'Alexandra)
(dessin de Mickaël)
(dessin d'Alexandra)
(photo empruntée à l'enfance du papa des enfants)
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Nécessité fait loi
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Maman
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Mon père
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26 juillet 2012
Eveil au goût de la lecture
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27 juillet 2012
Chez mon oncle Zaven
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28 août 2012
Le phonographe d'antan
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09 septembre 2012
Destin contraire
Mes parents
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12 septembre 2012
Mon frère Armand
(dessin de Mickaël)
(dessin d'Alexandra)
(photo empruntée à l'enfance du papa des enfants)
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Nécessité fait loi
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Maman
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Mon père
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26 juillet 2012
Eveil au goût de la lecture
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27 juillet 2012
Chez mon oncle Zaven
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28 août 2012
Le phonographe d'antan
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09 septembre 2012
Destin contraire
Mes parents
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La photo
(poème 2007)
(poème 2007)
Une image a traversé le temps.
J'en connaissais l'existence
sans l'avoir jamais vue.
L'enveloppe est arrivée.
Hier. Quand je l'ai ouverte,
gorge nouée ... ô mes innocents !
La vision a transpercé mon coeur
mieux que ne l'aurait fait une lame acérée.
Toi mon père au visage si fin, si doux,
pourquoi ce regard baigné d'inquiétude ?
Pressentais-tu déjà les tourments
qui, si vite, viendraient flétrir
ces moments de grâce de ton mariage ?
Toi, ma mère, à peine sortie de l'enfance,
ignorante de ta beauté qui rayonne,
radieuse et confiante appuyée contre lui,
à qui, sans crainte, tu as confié ta vie,
que pouvais-tu savoir des hasards
qui rôdent obscurs et malfaisants ;
que pouviez-vous savoir de l'aveugle destin
qui sépare des êtres si bien faits l'un pour l'autre.
Je vous regarde et je pleure
sur tout ce que vous n'avez jamais eu ;
voir ensemble grandir vos enfants,
partager l'harmonie d'un paisible foyer.
Tu étais si bon mon père et toi maman si gaie.
Je vous regarde et je pleure
maintenant que vous n'êtes plus
sur tout ce qui aurait pu être
que nous n'avons pas eu.
12 septembre 2012
Mon frère Armand
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11 octobre 2012
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16 octobre 2012
Vie quotidienne
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21 octobre 2012
Ma cousine Sirvart *
Ma cousine Sirvart *
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22 octobre 2012
L'école, encore
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Comment notre famille est devenue Française
Prisonnier en Allemagne durant cinq ans
pendant la guerre 1939-1945, à son retour
en France, papa reçut en 1947, signé par le Président du Conseil d'alors, Paul Ramadier, le document de naturalisation française pour lui et ses deux enfants,
Armand (Armenag) et Hélène (Dzovinar)
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Une mine d'informations ici
http://www.armenweb.org/liens/index.htm
et là
http://jaki.aladin.pagesperso-orange.fr/
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30 octobre 2012
La période mystique
Dans notre foyer, comme dans tous les foyers arméniens,
la foi en Dieu était une évidence. De telle sorte que Dieu
s'intégrait totalement dans notre quotidien, ni plus ni
moins que l'un d'entre nous. Il ne se disait pas une phrase
sans que référence lui soit faite, pas d'acte domestique auquel il ne soit mêlé. C'était si naturel, que pour nous
les enfants, il ne fut jamais une source de crainte.
Je pense que ce fut une réelle chance que de n'avoir
pas été perturbés par une approche traumatisante de la foi.
Dieu pour nous, était un être bon qui nous aimait, même si nous ne le voyions jamais. Cet amour sans contrainte,
sans contrepartie, ne faisait que s'ajouter à celui
que nous portaient nos parents.
A vrai dire, notre culture religieuse était très succincte ! Certes, nous allions à l'église, deux fois par an, à Pâques surtout et parfois pour les fêtes de Noël. Mais ce ne fut jamais une corvée, au contraire ! C'était l'occasion, rare, de se montrer dans nos plus beaux atours ! Robe couleur bordeau avec un joli col blanc en dentelle anglaise, socquettes blanches aussi et souliers cirés pour moi - Culotte courte et chemise avec col marin pour mon frère ! J'adorais cela ! Ma coquetterie s'en trouvait bien ! A l'église arménienne d'Alfortville, nous jouions sur l'espace dallé du parvis avec d'autres enfants, sans que personne ne nous oblige à suivre la messe. Mon frère ne m'accompagnait jamais lorsque je rentrais dans l'église pour écouter les si beaux chants du rituel religieux. A la fin de la messe, on échangeait à voix basse, dans le creux de l'oreille du voisin, une phrase rituelle elle aussi, à laquelle je ne comprenais rien mais ces mots murmurés avaient un goût de mystère qui me plaisait infiniment !
Depuis, je me suis documentée ...
"Kristos hariav i mérélots"
(le christ a ressuscité des morts)
à quoi il fallait répondre
"Orhtnial é haroutioun Krisdosi"
(que soit bénie la résurrection du christ)
La fête, pour nous, trouvait son apogée quand de retour à la maison, chacun gagnait la table familiale pour
partager le repas que grand-mère et tante Christine avaient préparé longuement la veille. Nous nous amusions alors à casser nos oeufs rougis (car ils avaient cuits avec des pelures d'oignons) l'un contre l'autre. Le riz pilaf agrémenté de raisins de Smyrne était une friandise, tout comme le dessert - des gâteaux (simit) de forme nattée, ou roulée en colimaçon - qui se conservaient assez longtemps, et que nous mangions toute la semaine.
Je lus un jour "Bible d'une grand-mère" de la Comtesse de Ségur et découvris le mythe de Noé et de son Arche échouée sur le Mont Ararat !
Cette révélation surprenante m'encouragea à lire avec plus d'intérêt encore la suite du récit où Dieu, Jésus, Marie et tous les saints du Paradis vivaient d'étonnantes aventures !
En peu de temps, mon univers en fut peuplés ! Juste après celui des fées et des lutins ...
Comment voulez-vous qu'un enfant s'en sorte ?
Donc, je collectionnais toutes les images les représentant, nimbés d'auréoles éthérées, yeux chavirés levés vers le ciel, mains tendues vers lui, en d'incessantes prières et offrandes ...
Et le soir, à genoux sur mon lit, me récitais la seule prière que j'aie jamais connue, et encore, pas entière, en mangeant certains mots dont je ne connaissais pas le sens non plus "haymer, vor ierguines es ..."
(Notre père qui êtes aux cieux ...)
Je ne me souviens pas avoir été punie par les aînés ; mais ce n'était pas nécessaire, car, lorsque je considérais que je le méritais, je me punissais moi-même ! Je m'astreignais alors à réciter un certain nombre de fois, déterminé en fonction de la gravité de ma faute, cette prière. J'étais dure avec moi-même ! Il m'arrivait de la répéter au moins vingt fois ! Et c'est long, croyez-moi, de rester tout ce temps à genoux, dans le noir !
Mais après quelque temps, cet engouement mystique me quitta lorsque, captivée par de nouveaux centres d'intérêts, je finis par l'oublier. Plus tard, lectures et réflexions aidant, l'acquisition d'une certaine force mentale peut-être, je finis par remettre en question ma foi chrétienne.
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31 octobre 2012
Les fêtes de Noël à l'école
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II - L'ADOLESCENCE
11 février 2013
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Au "Tire-Bouchon"
Il existait à Montmartre un bistro nommé "le tire-bouchon". Nous y allions en bande, le dimanche après-midi, "boire un pot", selon le langage rituel estudiantin de l'époque, mais aussi et surtout, écouter les artistes en devenir qui pouvaient tester leurs oeuvres à bon compte ; entendez par là, qu'ils n'étaient pas rémunérés, mais tout plutôt que de ne pouvoir s'exprimer jamais. Les uns lisaient leurs poèmes, d'autres les chansons de leur répertoire, tous étaient très jeunes - comme nous-mêmes - et pleins d'espoir !
J'entrepris moi aussi, quelque temps, de tester mes goûts musicaux et mes petits talents vocaux, en suivant mon frère - toujours entreprenant et sans qui je n'aurais pas tenté l'aventure - dans un petit conservatoire de la chanson, du côté de Pigalle. Barbara Lamay, ancienne artiste de music-hall au fort accent américain - et dont le nom ne figurait dans aucun hit-parade - y dispensait ses cours de mise en scène, sous l'oeil indifférent de son époux, largement plus âgé qu'elle, et dont l'activité principale consistait à encaisser nos cotisations mensuelles, le reste de son temps étant consacré à la lecture des journaux.
Je me souviens avec amusement de ce jour où ma mère m'accompagna pour mon inscription : "Ne vous inquiétez pas, on ne l'abîmera pas votre petite fille" disait, sans quitter du regard les formes que dessinait ma poitrine sous ma robe, Monsieur Dorian - mari et "producteur" de Barbara, à ma mère que ces mots rassurants n'avaient guère convaincue, et qui craignait de voir sa fille entrer dans un lieu de perdition !
Je garde pourtant les souvenirs exaltants, de moments pleins de fantaisie, de joie de vivre, de rencontres étonnantes, d'espoirs partagés ... Durant les cours, nous chantions à tour de rôle, en nous essayant aux attitudes apprises, aux gestes que nous devions exécuter le plus naturellement possible, dont nous pouvions nous inspirer en regardant les artistes déjà confirmés. Une fois par mois, Monsieur Dorian organisait une soirée au cours de laquelle nous nous produisions devant un parterre de "personnalités" du monde du spectacle susceptibles d'offrir peut-être le contrat du siècle aux meilleurs d'entre nous !
Moi, je chantais "Only you" des Platters, un groupe qui connaissait un grand succès, avec des attitudes de vamp (!) ainsi qu'une chansons intitulée "N'allez pas Julie ..." qui mettait en scène une sainte-nitouche effrontée ! Je ne pense pas avoir convaincu quiconque !
http://www.youtube.com/watch?v=9r2pEdc1_lI
http://www.musicme.com/#/Marcel-Amont/videos/?res=vidweb&v=20
"Star" d'un soir ... |
comme un long fleuve tranquille !
Je vivais intensément, avec un plaisir qui ne faiblissait pas, ces moments qui ne laissaient aucune place à la monotonie. Il y avait parmi les habitués, des talents, c'est certain, mais plus encore, beaucoup de cas désespérés : notamment, une chanteuse "réaliste" qui avait à son répertoire "L'homme à la moto" d'Edith Piaf, avec un timbre proche du sien. Bien des années plus tard, je l'entendis dans une émission de variété télévisée ; elle n'était plus la jeune femme mince en jupe noire moulante et corsage blanc que j'avais connue, mais elle chantait toujours ce même morceau.
On rencontrait beaucoup d'auteurs-compositeurs qui interprétaient leurs propres compositions ; j'écoutais avec ravissement la chanson de l'un d'entre eux qui avait retenu mon attention, lorsqu'il se produisait au cours d'une de ces soirées exaltantes. Mais j'étais jeune encore, mon frère toujours présent, et s'il y eut intentions amoureuses, elles se bornèrent à des échanges de regards ... Comme l'amour était doux et innocent en ces temps révolus.
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12 février 2013
Le premier baiser
Qui ne se souvient de son premier baiser ?
On est encore si petit, c'est-à-dire, encore plein de rêves, de candeur, d'illusions, inexpérimenté et curieux.
Cette année là, mon père et mon oncle Joseph avaient loué pour les vacances, une demeure près de Tours. C'était une espèce de château : une grande bâtisse au fond d'un parc que jouxtait, sur la droite, un petit bois auquel on accédait par une grille vétuste, tandis qu'une autre bâtisse sur l'aile gauche, séparée du bâtiment principal par une allée, était occupée par un peintre, disposant également d'un grand jardin, heureux bénéficiaire de la petite rivière qui le traversait et serpentait entre ses rives herbeuses en chuintant doucement.
J'étais dans le château de mes rêves d'enfant !
J'ignore comment mes parents avaient pu dénicher une telle location - ni à quel prix - pas très cher c'est sûr - mais c'était un lieu absolument fabuleux. Les pièces vastes, aux plafonds hauts, contenaient des meubles anciens, dont un grand canapé et des fauteuils Louis XV (à ce qu'il m'a semblé) que nous sortions sur la terrasse devant la pelouse (miteuse, mais quelle importance!) pour faire des photos.
Armées de chandeliers en bronze doré, à trois branches, nous prenions des attitudes qui nous semblaient très romantiques pour des photos souvenirs. A l'entrée du petit bois ou devant la porte-fenêtre du salon, revêtues d'une longue chemise de nuit décolletée empruntée à notre tante et mère, à tour de rôle, ma jeune cousine Lucie - une ravissante fillette de douze ans, aux cheveux "roux vénitien" au teint mat - et moi-même, prenions des poses inspirées des films ou des romans d'amour que je connaissais "Les hauts de Hurlevent", "Autant en
emporte le vent" ...
Lorsque j'y songe, je me demande
si ma tante qui nous regardait
n'éprouvait pas le désir de nous
imiter. Je crois que oui, mais ...
Ma tante était l'épouse
de notre oncle Joseph, le seul qui soit sorti du rang des principes familiaux en épousant une française .
Issue d'une famille de la petite bourgeoisie, avec des aspirations artistiques, elle faisait suivre des cours de danse à Lucie, ce qui faisait dire à ma famille arménienne, peu encline pour cause de pauvreté, à ces sortes de dépenses,
qu'elle voulait "péter plus haut qu'elle n'avait les fesses" ! Il fallait nous laisser encore un peu de temps pour parvenir à plus de tolérance !
Je me souviens avec émotion des repas pris en commun, élaborés avec les bons légumes frais que nous allions chercher dans les petites fermes du voisinage. Nous demeurions dans les environs de Tours dans une commune dont j'ai oublié le nom.
Nous découvrîmes à cette occasion le château de Blois, sa cour et son architecture, les vastes salles, les chambres décorées de lourdes tentures et de meubles précieux, toutes choses qui me fascinèrent.
Façade intérieure, l'escalier monumental |
Josiane était une brunette piquante, enjouée et son frère Christian, beau comme un dieu grec ! Nous allions à la baignade au bord d'une petite rivière ; nous arpentions les rues de Tours avant de nous affaler sur les banquettes de moleskine des cafés de la ville. Jusque là, copain-copain : mon frère avec Josiane, Christian avec moi.
Nous faisions des pique-nique dans la campagne. Puis un jour, nos pas nous conduisirent jusqu'à une grange. Dans les granges, on trouve toujours de la paille ... vous me suivez ?
Nous voilà allongés, tous les quatre (oui, oui, il faisait chaud dehors ...) au creux de la paille, au frais ... et Josiane se rapprochant de mon frère, je l'imitai et me coulai près de Christian... attendant je ne sais quoi ... et Christian, mon aîné de quatre ans, prit l'initiative ! Mon frère de son côté semblait parfaitement heureux !
Flirter, à cette époque, signifiait des échanges qui restaient très sages. Des baisers, des baisers, et voilà ! Mais quand même, ça vous remuait !
Plus tard, demeurée seule avec mon frère - qui ne me fit aucune remarque, sinon qu'il me regarda avec une mimique que je n'ai jamais oubliée, en ajoutant, sachant que c'était ma première expérience - alors, qu'est-ce que tu en penses ? avec un regard mi-interrogateur mi-moqueur ; je le regardai dans les yeux en souriant, un peu gênée tout de même, et lui répondis en haussant les épaules : ...oui...c'est bien, d'un ton peu convaincu ... Il ajouta alors - ouais ... pas terrible hein ? ça casse pas trois pattes à un canard ! J'en ris encore !
La fin des vacances approchait. En nous séparant, nous nous promîmes de nous revoir à Paris. Et la première fois que je me rendis chez ma nouvelle amie, prenant les devants, elle m'expliqua embarrassée, que Christian avait une fiancée qu'il allait bientôt épouser. J'étais tout de même déçue, mais, en vérité, moins touchée que je ne l'aurais pensé. Je me consolai rapidement en songeant que je n'aurais pas aimé être liée à quelqu'un qui aurait pu combler le vide de mon absence aussi facilement ...
Ah jeunesse ! Cela n'était rien qu'une petite amourette de vacances.
J'attendais la passion, celle qui bouleverse l'être de fond en combles.
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Pastel - Dzovinar |
Les engouements
Je pense que chacun éprouve, au fil de sa vie, des attachements suffisamment puissants pour qu'ils constituent un moteur précieux pour la curiosité. J'ai parfaitement illustré cette hypothèse dans mon enfance, mais aussi dans ma vie d'adulte.
J'étais encore à l'école primaire, dans la classe précédant celle du certificat d'études, j'avais douze ans. La porte de la classe s'ouvrit un matin sur la directrice de notre école poussant devant elle une fillette inconnue.
- Mes enfants, dit-elle, je vous présente votre nouvelle camarade, Rosalinda, qui vient d'Espagne et compte sur votre sens de la camaraderie pour la mêler rapidement à vos jeux.
Cette annonce avait fait battre mon coeur. Je regardais la nouvelle venue intensément, son origine espagnole étant un attrait puissant à mes yeux. Cela mérite une explication : un chanteur de l'époque, d'origine espagnole, avait toute mon admiration, de sorte que tout ce qui pouvait se rapporter à lui, d'une façon ou d'une autre, avait, à mes yeux, une aura particulière, m'inclinant ainsi à éprouver un vif intérêt pour tout ce qui avait trait à ses origines ...
Contre toute attente, Rosalinda n'était brune ni de peau ni de cheveu selon les critères du modèle andalou qui étaient les miens. Tant pis. Je décidai qu'elle me plaisait quand même et annonçai avant quiconque, que je partagerais avec elle le banc d'écolier que j'occupais. Ce que d'ailleurs, personne ne songea même à revendiquer.
J'avais lu, peu de temps auparavant, un livre de la bibliothèque scolaire qui racontait la magnifique aventure humaine qu'avaient vécue les deux héroïnes de ce roman. Le décor était planté en Afrique et l'intrigue, le récit d'une intense amitié entre deux enfants, l'une africaine, l'autre française. Ce livre m'avait fait rêver à ce continent africain si coloré dont on apprenait la diversité culturelle durant les cours de géographie. De sorte que je brûlais de vivre aussi l'aventure exceptionnelle d'une si belle amitié ...
Je ne quittai plus mon amie Rosalinda d'une semelle, bien que son vocabulaire français fut quasi inexistant. Nous faisions des signes pour nous exprimer, et n'étions pas avares de sourires pour palier aux manques du langage.
Le soir même, je me rendis chez une famille arménienne de ma rue, et demandai au fils aîné - qui avait terminé ses études - s'il possédait un dictionnaire franco-espagnol. La chance voulut qu'il en possédât un, ainsi qu'un livre de grammaire, dont il me fit don. Alors, j'entrepris d'étudier cette langue. J'apprenais, dés que j'avais un moment, les mots, les verbes, espérant naïvement que je saurais très vite en user. Pendant les récréations, je restais dans la classe et me plantais devant une carte de l'Europe, où l'Espagne était très visible, et apprenais les noms des villes, des fleuves (Guadalquivir ! Ce nom me semblait très beau !). Je voulais tout savoir, tout de suite - comme toujours - Je travaillais seule, sans méthode. Des noms de villes émergeaient plus que d'autres ; Tolède (pourquoi Tolède ? J'avais dû rencontrer ce nom dans un roman qui m'avait séduit) me retenait plus longtemps qu'il n'aurait fallu. La récréation terminée, je n'étais pas plus avancée qu'au début ! J'avais la tête farcie de tout et de rien ! Pour parachever mon doux délire, je prêtais l'oreille aux chansons espagnolisantes que diffusait la radio de l'époque, mon esprit s'enfiévrait à la vision de films romanesques d'une Espagne rêvée, tournés dans des paysages et des lieux splendides -l'Andalousie, Grenade et les jardins de l'Alhambra ... et, bien sûr, les danses flamenco qui finissaient de distiller leur univers de sombre passion ... Olé !
Malheureusement (ou heureusement ?) en prenant de l'âge, je n'ai guère changé ! C'est toujours à la faveur d'une passion - pour un auteur, un peintre, un poète - que me vient le goût ou l'envie d'en savoir davantage.
C'est ainsi que poussent les herbes folles !
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III - ET PUIS, LA VIE ...
Les années conservatoire
Spectacle - examen de chant au conservatoire de Perpignan |
Comment expliquer le fait que des aptitudes évidentes, qui auraient permis une autre orientation à votre vie, soient restées si longtemps en sommeil, sinon par cette conjoncture particulière qu'est le déracinement d'une famille impliquant des priorités pour sa survie, autres que la planification de l'avenir de ses enfants ?
Mon frère avait de réelles dispositions pour les mathématiques, la musique, l'art ; quant à moi, mes tendances naturelles me portaient aussi vers la musique, le chant, le dessin, le goût de la lecture et de l'écriture. Mais nos chemins nous ont conduit vers d'autres voies, et nos goûts, s'ils ont accompagné notre vie, sont restés larvés, malgré des tentatives illusoires.
Aussi, lorsque ma fille Isabelle-Achkhène décida un beau jour de légaliser une union qui durait depuis treize ans déjà, et dont deux enfants étaient nés, ce fut l'occasion pour moi - afin de marquer ce jour particulier d'un sceau personnel - de réaliser une cassette enregistrée de chants accompagnant la cérémonie nuptiale.
Les photos prises durant cet événement, montrent l'expression grave d'une famille à l'écoute d'une musique et d'une voix chargeant d'un poids supplémentaire - il faut dire que j'avais choisi "Ave Verum" de Mozart ...- une situation déjà très émouvante. Nous constatâmes plus tard avec amusement que l'attitude de chacun de ses membres était identique : nous penchions tous la tête du même côté !
Encouragée par ma fille, je décidai enfin, à un moment où les professionnels du chant lyrique songent à faire retraite de leur carrière pour enseigner leur art, d'entreprendre le perfectionnement du mien !
Le conservatoire de Perpignan proposait des cours de chant pour adultes. C'est donc là que je pus connaître un univers auquel j'aspirais depuis longtemps.
Mes facilités naturelles, ma voix déjà "placée" étonnèrent les professeurs qui n'avaient d'ordinaire, dans ces classes "adultes" que peu d'élèves ayant un tel acquis. Ils étaient tous plus jeunes que moi ces professeurs, ils ignoraient aussi les facilités d'un peuple dont je suis issue : les arméniens. Tout arménien qui chante a le plus souvent une "voix naturelle" et placée. Les chanteurs asiatiques, ou originaires des pays de l'Est sont doués en général, j'ai eu l'occasion de le constater.
Avant cet apprentissage du chant en présence d'autres élèves, d'examens en cours et en fin d'année qu'il fallait assurer devant un jury d'initiés, je ne pouvais guère chanter devant un public tant le trac me paralysait. Ce parcours me permit très vite de me dégager de cette entrave et je connus le plaisir et le bonheur de pouvoir m'exprimer sans réserve, en même temps que ma voix de soprano léger s'étoffait davantage ; sans doute pas autant que l'aurait permis un travail entrepris dans ma jeunesse, mais suffisamment pour me permettre d'aborder "honnêtement" le répertoire lyrique.
Deux professeures de chant se partageaient les nouveaux venus, jeunes élèves ou adultes. L'une était titulaire, l'autre son adjointe. Ce fut cette dernière qui me prit sous son aile.
Ah Reggia ! Tout un poème !
Elle était grande, massive, affublée de vastes pantalons qui ne pouvaient masquer sa corpulence ; elle ne se déplaçait jamais sans une serviette alourdie de partitions et de CD qu'elle soumettait, selon les besoins, à ses élèves. Généreuse, comme sa vaste poitrine sur laquelle elle croisait les bras en nous écoutant. Son amour de cet art qu'elle avait pratiqué avant d'enseigner, nostalgique de cette époque où elle se produisait en concert, elle ne pouvait s'empêcher de chanter en même temps que ses élèves, couvrant leur brin de voix de la puissance de la sienne ! Ce qui faisait dire à l'autre professeur, à juste titre (il y avait tiraillement entre elles, vous le devinez) "comment voulez-vous que les élèves s'entendent !".
Je me suis beaucoup amusée à observer la vie de ce microcosme qu'est un conservatoire. En même temps, quel bain de jouvence ! Quel bonheur d'assister, des plus petits aux plus grands, à l'éclosion de leur talent. Je ne me lassais jamais d'aller écouter, à l'occasion des examens de fin d'année, les prestations souvent remarquables de beaucoup d'entre eux ou d'assister aux concerts que donnaient les professeurs accompagnés de leurs meilleurs élèves, à l'auditorium du conservatoire.
J'avais un statut privilégié : je chantais pour mon plaisir, sans autre objectif, dégagée du stress d'une éventuelle carrière qui implique, dans les milieux de l'art en général et de l'art lyrique en particulier, bien des luttes, bien des désillusions, pour gagner ses galons, sa place, pour être reconnu. Aussi lorsqu'arrivaient les périodes d'examen, deux fois par an, vécues par les élèves comme d'éprouvantes épreuves, j'affichais toujours une sérénité qu'ils m'enviaient. Alors, je m'attachais à les calmer, leur expliquant qu'ils devaient prendre plaisir en vivant ce moment pour lequel ils s'étaient longtemps préparés, afin d'en partager l'émotion avec les membres du jury.
Mise en scène et scènette pour examen de chant |
Fantasque Reggia !
Pendant les vacances d'été qu'elle passait invariablement chez sa mère, en province, elle recherchait dans la discothèque de cette dernière, qui fut chanteuse autrefois, des mélodies, des airs d'opéra, qu'elle nous proposerait à la rentrée prochaine. Et contrairement à d'autres professeurs qui imposent leurs choix musicaux aux élèves, elle nous soumettait plusieurs partitions nous offrant ainsi la possibilité d'apprendre une oeuvre en fonction de nos préférences - ce qui n'était pas forcément une bonne idée, dans la mesure où le choix doit se faire en fonction d'un travail propre à remédier aux faiblesses vocales de l'élève. Je lui dois, pour ma part, d'avoir abordé, grâce aux CD qu'elle m'a donné à entendre, l'opéra russe, tchèque ou italien, dans des oeuvres de grande beauté que je ne connaissais pas.
Elle avait toutes sortes de projets grandioses ... qui ne voyaient jamais le jour, comme des concerts, des spectacles auxquels nous participerions. Chaque professeur avait toute latitude pour organiser au moins un spectacle dans l'année. Sauf que notre pauvre Reggia n'arrivait jamais à obtenir de la direction du conservatoire, l'aide matérielle nécessaire pour les réaliser. Alors même que l'autre professeur, plus crédible il faut le reconnaître, produisait des spectacles à thème, avec de petits moyens néanmoins, mais qui drainaient régulièrement les spectateurs qui remplissaient chaque fois la salle de l'auditorium du Conservatoire. Reggia, quant à elle, ne récoltait qu'un auditoire qui se limitait aux membres de la famille ou aux amis de ses élèves. Nous n'étions guère considérés, nous étions un peu la "cinquième roue du carrosse" !
Il n'en demeure pas moins qu'elle possédait une très vaste culture musicale. C'était une encyclopédie ! Elle était ouverte à tous les genres, classique ou contemporain, connaissait d'un bout à l'autre tous les opéras, toutes les opérettes. Elle avait recherché et acheté pour moi, connaissant mon origine arménienne, le recueil des "folks songs" harmonisés par Luciano Bério dans lequel figurait "loussin yelav" (la lune s'est levée) et que je présentai au cours d'un examen, mettant ainsi à l'honneur notre folklore, peu connu et finalement, très apprécié.
Elle avait pensé, un jour, à la faveur d'un de ses délires créatifs, à une production très originale : elle porterait sur ses épaules le professeur de danse qui ferait des acrobaties tandis qu'elle chanterait en même temps un air d'opéra adapté à la circonstance : elle voulait allier le cirque à l'opéra. Elle était certainement en avance sur son temps, comme on dit, car c'est avec beaucoup de candeur dans le regard, qu'elle exposait ce projet aux élèves rétrogrades que nous étions, et dont elle ne voyait pas les mines effarées et les mimiques au bord du fou-rire !
Elle était chargée, par ailleurs, de l'instruction théorique obligatoire, que constituait le solfège pour adulte et s'en acquittait à sa façon, une fois par semaine. J'avais une excellente oreille ainsi qu'une très bonne mémoire musicale qui me permettaient d'apprendre rapidement les airs choisis rien qu'en écoutant les CD, de sorte que les cours de solfège ne me passionnaient guère mais on s'y amusait tant que je ne les manquais jamais. J'ignore avec quelle méthode elle les élaborait, le solfège nécessitant tout de même une progression logique - on ne peut appréhender le rythme sans avoir d'abord compris la valeur des notes, par exemple. Mais le fait est que rien ne se tenait ; il n'y avait aucun lien d'un cours à l'autre ; c'était le flou le plus total dans lequel je nageais comme je pouvais !
Au premier examen, elle distribua les photocopies des questions sur lesquelles nous devions plancher. Elle nous laissa mariner un moment, puis passa dans les rangs, s'arrêtant de temps en temps près d'un élève. Arrivée au-dessus de mon épaule, constatant que je séchais lamentablement sur des questions auxquelles je ne comprenais rien, elle se pencha et me dit : "mais oui, vous savez bien, on en a parlé l'autre jour (ah oui ? pensai-je, aurais-je eu un ictus amnésique ?). Je jetai un regard vers la table voisine où l'élève qui l'occupait semblait éprouver les mêmes difficultés que moi. Nous n'avions jamais abordé ce sujet ! Reggia alors, prit tranquillement mon stylo et compléta la feuille. C'était folklorique !
J'eus une très bonne note.
Examen de chant
Aussi compétents que fussent les professeurs de musique, dont on ne peut nier les apports enrichissants à cet édifice exigeant qu'est un conservatoire, l'âme en était incontestablement son directeur, lauréat d'un "Prix de Rome" de composition, ce qui n'est pas une mince distinction.
Une personnalité si attachante, un charisme tel, que tout ce qui portait jupon, des élèves aux professeurs, tombait sous son charme. Le choeur qu'il dirigeait, dont je faisais partie, lorsque la programmation d'oeuvres avec choeur et orchestre l'exigeait, n'échappait pas à cette règle. Aussi, les ragots concernant la vie sentimentale de notre mentor allaient bon train, nourrissant l'essentiel de nos conversations...
Très cultivé, ayant des intérêts divers, il pouvait sans nous lasser commenter les oeuvres que nous aurions à interpréter, avec analyses et explications qu'il préparait à notre intention. Nous écoutions béats du plaisir supplémentaire que nous procurait le timbre profond de sa voix aux sonorités qui donnaient la chair de poule !
Il assistait toujours aux examens d'entrée de nouveaux chanteurs, même adultes, et son avis était prépondérant quant à la décision d'accueillir ou non le nouvel élève. A cet égard, il était d'une grande gentillesse, mais il exigeait néanmoins de solides motivations de la part du récipiendaire. Il intégra un jour une femme, ancienne chanteuse, qui avait 70 ans, qui souhaitait venir prendre l'air du conservatoire !
Il marquait de sa présence les examens de fin d'année des jeunes chanteurs. Nous, adultes, n'avions pas droit à ce privilège, ce qui nous mortifiait beaucoup ! Il fallait de plus, obtenir une mention TB pour accéder aux cours de l'année suivante, sans examen d'entrée préalable.
A la fin de ma 3ème année de chant, je n'obtins qu'une mention B+, ce qui m'obligea à me représenter avec une oeuvre nouvelle à la reprise des cours, en octobre. Je choisis "Groun'k" (grue ou le chant de l'exil) de notre compositeur arménien Komitas.
Notre cher directeur était présent, comme toujours à cette occasion, aux côtés de mon professeur de chant.
Elle me rapporta plus tard que notre directeur écoutait les nouveaux candidats, les yeux fermés, semblant dormir. C'était une attitude, bien sûr, car ces séances devaient être très éprouvantes pour des oreilles affinées comme les siennes, et comme pouvait lui peser l'écoute de choix musicaux éculés !
Aussi, me dit-elle, quand vous avez commencé à chanter, il a ouvert un oeil !
Et je pus continuer la belle aventure qu'était pour moi
le conservatoire.
Les rivalités
Régulièrement, l'occasion était offerte aux chanteurs ou musiciens en fin d'études ayant obtenu leur "médaille d'or" de se produire dans des récitals au cours des "Heures musicales" programmées à l'auditorium du conservatoire. Ces concerts gratuits, ouverts au public, et qui étaient l'occasion d'une première expérience d'interprètes solistes, se tenaient en fin d'aprés-midi, à dix-huit heures et recueillaient beaucoup de succès.
Maîtrisant leur art, ces jeunes gens nous bouleversaient le plus souvent, les uns par leur virtuosité, d'autres leur sensibilité, tous par les émotions profondes où nous plongeaient leur ferveur, leur talent. Que de fois ne suis-je
sortie de ces séances, les larmes aux yeux, mais réconciliée avec l'humanité...
Un projet me trottait dans l'esprit. Si j'avais constaté que des oeuvres pour piano ou violon, du compositeur arménien Aram Katchaturian étaient étudiées par les élèves, il n'en allait pas de même dans les classes de chant où l'on se bornait toujours aux compositeurs italiens, allemands et français. J'innovai donc en apprenant dans la langue, des mélodies russes de Rachmaninov, des airs d'opéras tchèques (Russalka : Dvorak ; La Fiancé vendue : Smetana), Polonais (Paria : Moniuszko) et russe ( La Dame de Pique : Tchaïkovski), des mélodies arméniennes (Grun'k - Berçeuse : Komitas ; La rose : Melikian ; Berçeuse de l'Oratorio de K. Avétissian). J'avais remarqué que tous ces airs, inconnus de la plupart des membres du jury auxquels je les soumettais, et des professeurs qui venaient écouter, éveillaient un vif intérêt. Ils venaient me dire avec simplicité, souvent avec des regards émus, combien ces musiques les avaient touchés.
En classe adulte, le parcours autorisé n'excédait pas quatre ans ; on m'en accorda huit. Je décidai d'y mettre fin car je n'avais plus le sentiment de progresser. Alors, avant de quitter ce lieu où j'avais connu d'intenses bonheurs,je conçus l'idée de proposer un programme "arménien" pour une de ces "heures musicales". Il fallait cependant être appuyé par le professeur auprès du directeur qui en décidait ensuite l'opportunité. Et mon professeur ne m'appuya pas.
Pourquoi ?
Si elle ne tarissait pas d'éloges à mon propos en comité restreint - la classe - il semblait bien qu'elle ne voulait pas en ébruiter les échos. Jamais non plus elle ne fit en sorte qu'un "vrai" jury ne puisse m'entendre lors des examens de fin d'année. Si bien qu'un jour, agacée, je m'en ouvris au professeur de chant en titre du conservatoire pour obtenir de passer mon examen devant le jury officiel réservé aux jeunes élèves, composé de membres compétents ayant eu une carrière de chanteurs professionnels.
Mal m'en prit ! Devant les éloges que me prodiguèrent les membres de ce jury, mon professeur, au lieu de s'en réjouir, visage fermé, laissa échapper d'un air pincé un "vous êtes contente" venimeux. Douche froide sur mon petit succès ... Mais je venais de comprendre la souffrance d'un être dont les capacités vocales s'étaient altérées avec le temps, alors que les miennes me permettaient encore de m'exprimer ... et de plaire.
Cette attitude m'étonna d'autant plus qu'elle m'avait encouragée, l'année précédente, à me présenter à un concours national regroupant toutes les disciplines, donc le chant, ouvert sans limite d'âge - sans quoi je n'aurais pu concourir - qui se déroulait à Paris, au mois de mai, tous les ans. Les candidats se présentaient au niveau qu'ils estimaient être le leur, du premier degré à l'excellence.
"L'excellence" m'avait-elle suggéré ; "En êtes-vous sûre ?" avais-je demandé "vous ne m'envoyez pas au casse-pipe" avais-je ajouté en riant (mais pas tant que ça !). "Mais oui, vous pouvez" avait-elle ajouté "c'est bien, ce que vous faites".
Quelle extraordinaire expérience ce fut pour moi ! Ma fille m'accompagna pour filmer et garder le souvenir d'un jour mémorable !
Le jury était composé de quinze personnalités du milieu musical. Nous étions, après une première élimination, une quinzaine de finalistes. J'en étais, par ordre alphabétique, l'avant-dernière. Ma fille ne cessait de me dire : "ça va maman ? Tu n'as pas trop le trac ?" Oui, je l'avais, mais c'était délicieux ! J'avais choisi "Paria" d'un opéra de Moniuszko et "La Zingara" de Donizetti. Deux morceaux très contrastés, l'un fait d'émotion pure, l'autre de prouesses vocalistiques. Lorsque, après ma prestation, je regagnai ma place, l'une des chanteuses qui m'avaient précédées, me prit la main et la serra dans les siennes, et nous nous embrassâmes. Ma fille m'attendait, réjouie : Oh Mam, c'était super. Mais il me fallut connaître le résultat pour en être persuadée : j'obtins un second prix. L'intensité des joies ou des peines ne peut se mesurer qu'en fonction du tempérament de chaque être. Et ma joie en cette circonstance était à son paroxysme ! Même un premier prix n'aurait pu me donner plus de plaisir !
Au conservatoire, l'habitude était de porter à la connaissance de tous, les bons résultats obtenus par ceux qui avaient concouru dans diverses disciplines. Des affiches portant le nom du lauréat et celui de son professeur, étaient apposées en divers lieu du conservatoire pendant un an. Cette disposition prenait effet dés la rentrée suivante : et je faisais partie du lot ! C'était extraordinaire ! Je ne pouvais - ni ne voulais - cacher ma joie si naturelle n'est-ce pas ? Ce que mon professeur traduisit par : "Sa tête ne passe plus la porte" !
Cette réussite m'offrit de nouvelles occasions de participer à des concerts, en tant que soliste, ce que je n'aurais jamais pu imaginer autrefois ...
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Sur l'amitié
Etudiante encore, lorsqu'une amitié naissait à la faveur de rencontres entre élèves d'un même cours, c'était toujours en raison d'affinités communes. J'avais jeté mon dévolu, c'est vraiment l'expression qui convient, sur Michèle dont la personnalité se démarquait par une assurance insolente au regard de la timidité toute juvénile des autres membres du cours.
Notre goût commun pour la musique, que je commençais à découvrir mais qui devait bientôt prendre beaucoup de place dans ma vie, fut l'un des éléments de notre entente. Nos tempéraments étaient pourtant à l'opposé à cette époque : elle était aussi exubérante que j'étais introvertie, sûre d'elle que j'étais timide, brillante que j'étais effacée. Je lui vouais une fervente admiration car elle venait d'un univers inaccessible pour moi : elle avait fait des études musicales, jouait parfaitement du piano, chantait d'une voix splendide, toutes choses qu'elle avait acquises à l'école de la RTF (Radiodiffusion télévision française) pendant quelques années, jusqu'au jour où ses parents décidèrent, à son grand désespoir, qu'il fallait mettre fin à cette voie sans avenir au profit d'études offrant des débouchés professionnels moins incertains.
La profonde détresse que je sentis en elle , lorsqu'elle intégra notre école, ne pouvait que m'en rapprocher davantage. Je l'aimais donc, presque aussitôt, sans réserve, et je crois qu'elle me rendait cette affection. Seulement, ce sens de l'absolu qui me caractérisait déjà et qui fut source de bien des déceptions, porta cette amitié sur un piédestal : je l'aimais ce qui impliquait une amitié sans partage ; elle était mon amie intime comme il fallait que je le fusse pour elle ! Je lui apportais mon soutien sans faille quelles que soient les circonstances comme j'attendais d'elle qu'elle m'apportât le sien ...
Je remarquai un jour qu'elle partageait une certaine connivence avec une des élèves de notre cours, Bernadette, sans en éprouver cependant une quelconque jalousie : j'acceptai, m'étonnant simplement de ce choix, incompatible, pensai-je, avec ce qu'elle était vraiment.
Nous nous retrouvions, quand arrivait la fin de la matinée, dans un bar proche de l'école, pour un sandwich-café, avec d'autres jeunes gens des lycées voisins. L'un d'entre eux était mon "flirt"... Jusqu'au jour où, entrant dans le bar, je le vis étreignant amoureusement ....Bernadette ! Il faut avouer que les amours estudiantines étaient, le plus souvent, brèves ! Qu'importe, cette découverte me causa un choc. Dés que je vis Michèle, je lui en fis la confidence, espérant ainsi soulager mon petit coeur blessé, attendant des paroles de réconfort. Et je reçus un second choc, bien plus douloureux : elle prit la défense de l'AUTRE, quand j'attendais sa compassion !
Je compris alors que son amitié pour moi, quoique réelle, n'était cependant pas à la hauteur de la mienne. S'il avait fallu, j'aurais pris fait et cause pour elle !
Je compris que si je pouvais donner l'impossible par amour, par amitié, je ne pourrais guère m'attendre à un semblable retour. Au cours de mon existence, ce sera vrai, souvent. C'est moi qui devais changer, mais devenir maître de ses attentes excessives est un art difficile qui demande beaucoup de temps. Encore aujourd'hui, je ne suis pas certaine d'y être totalement parvenue. Atteindre des sommets de bonheur conduit aussi à sombrer dans d'effroyables peines, lorsque l'on prend conscience de courir après le leurre que l'on a soi-même forgé.
Je pris des distances avec mon amie, la vis moins souvent, seuls moyens pour moi de guérir mes blessures ; ce ne fut pas sans douleur, sans tristesse, car je me privai d'elle et de tout ce qu'elle m'apportait ; je savais que je ne lui manquerais pas comme elle pouvait me manquer. Mais je savais aussi que toujours, je serais là pour elle, quand même.
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"Lorsque l'obscur destin passe..."
Les êtres doux et tendres ont bien souvent à affronter des coups féroces que leur porte la vie.
Ma tante Christine était un de ces anges de douceur. Elle entoura notre petite enfance de sa bienveillance inaltérable, dans ce foyer qu'était pour nous celui de nos grands-parents paternels. Présence discrète, elle accomplissait ses tâches quotidiennes sans bruit, sans heurt. Elle chaperonnait nos rares sorties au cinéma, conciliant au mieux les chamailleries que faisait naître, entre mon frère et moi, le choix du film. C'est elle qui, en prévision des fêtes de Noël, nous apprenait les poésies arméniennes que nous déclamions ensuite, à la veillée du jour de l'an. Encore elle qui décalquait pour moi, sur des pièces de coton, les motifs destinés à l'apprentissage de l'art de la broderie ; elle qui m'écoutait chanter en souriant et m'y encourageant les jours de bouderie. Son temps se partageait entre le travail de la confection à domicile qu'elle effectuait avec ma grand-mère et les soins du ménage. Elle consacrait ses rares loisirs aux travaux d'aiguille, ne sortait jamais, ou toujours en compagnie de grand-mère. Je ne lui connaissais pas d'amies avec lesquelles elle aurait pu partager quelque loisir.
Mes oncles et tante, mariés, avaient quitté le toit familial et fondé leur propre famille. Ma tante Christine, jeune encore, resta seule, sans aucune occasion de réaliser la rencontre qui aurait pu changer sa vie.
Mais chez les arméniens, on a des ressources : les "marieuses" ! Une calamité !
Un jour, une agitation inhabituelle nous laissa deviner que nous allions recevoir des invités : circonstance suffisamment rare pour justifier l'effervescence de la maisonnée.
Ils arrivèrent : le père, la mère et Ardavast, le jeune homme à marier... J'ai gardé du père, le souvenir d'un homme posé, bon et intelligent (opinion que je me suis forgée en apprenant qu'il parlait aussi la langue anglaise ...) ; de la mère, celui d'une petite femme boulotte, qui me parut sans grand intérêt (...!), enfin, d'Ardavast, un homme d'une trentaine d'années, plutôt silencieux - moins par timidité (selon moi) que par une sorte de goût pour l'observation muette, et amusée, des autres. Il émettait de temps en temps des remarques "pince sans rire", visage impassible. Bien que ce fut impoli autant qu'incongru, il m'impressionna aussi lorsque son père et lui échangèrent quelques phrases en anglais. Mais, malgré mon jeune âge, j'avais environ treize ans au moment de ces événements, je sentis en lui une sorte de lacune comme une imperméabilité aux émotions.
On les maria donc. Elle rayonnait, ma tante, dans la robe de satin blanc virginal, qui avait déjà paré d'autres jeunes femmes avant elle - pureté d'une couleur qui prenait tout son sens ! Elle suivit son époux dans la petite maison, désormais sienne, des beaux-parents. Elle devint mère d'une petite fille, puis d'un garçon.
Je ne la revis plus durant quelques années. Les circonstances de ma vie m'avaient éloignée de mes premières attaches. J'étais mariée, devenue mère et préoccupée par les besoins de mon propre foyer.
Je renouai des liens avec ma tante Christine lorsque j'appris que son petit garçon de treize ans était gravement malade - tant il est vrai qu'il faut que surviennent des inquiétudes concernant ceux que l'on aime de loin, pour raviver le désir de nous en rapprocher.
Son fils était un enfant très intelligent dont les réussites scolaires la comblaient de joie. Un jour qu'il revenait de l'école à vélo, il s'était blessé en tombant. Sa blessure bénigne, révéla alors le mal dont il était atteint et dont le nom même ôtait tout espoir de guérison, leucémie.
Je lui rendis visite, faisant ainsi la connaissance de sa fille de quinze ans, une brunette au regard innocent, dont il fallait s'occuper comme d'une enfant de quatre ou cinq ans, âge mental qui était le sien.
La vaillance de ma tante face à ses épreuves m'étreignit le coeur et son visage, qu'un masque fait de douleur et de résignation ne quittait plus, hanta mon quotidien si lisse et protégé à cette époque.
Ma tante me confia, avec un regard poignant de souffrance, ce triste jour où le deuil nous réunit : "Il m'a appelé doucement - maman, peux-tu me faire un thé ? Mais dépêche-toi si tu veux que je le boive".
Ardavast était silencieux, comme à son habitude, ce jour de l'enterrement de son fils ; son regard empreint d'une étrange ironie se promenant sur les invités présents.
Ma cousine Chaké s'indigna lorsqu'il émit, incongrue, une plaisanterie : "Ardavast ! Arrête ! Pas aujourd'hui ..." ; elle réprimandait l'enfant inconséquent qu'il semblait avoir toujours été ...?
Je ne suis pas certaine de les avoir beaucoup aidées en accueillant ma tante et sa fille quelque temps chez moi après ces jours terribles. mais j'espère simplement avoir retardé l'échéance de la longue souffrance qui serait désormais la sienne pour le reste de sa vie. Déjà très pieuse, elle trouva refuge dans la foi. Nous échangions des lettres ; son écriture régulière couvrait les pages de mots que sa foi et son amour illuminaient, les partageant avec nous, dans le souci qu'elle avait, toujours, de veiller à notre bien-être.
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LES CADEAUX DE LA VIE
Ce fut l'enfant de la dernière chance qu'elle décida d'offrir à son compagnon, avec lequel elle venait de s'unir. Déjà mère, d'un précédent mariage, de quatre enfants, adultes depuis longtemps et mariés pour trois d'entre-eux, elle était aussi grand-mère.
Lui n'avait pas eu d'enfants de ses expériences matrimoniales antérieures. Aussi, c'est le coeur gonflé d'espoir qu'il accueillit ce désir de maternité de sa femme.
Elle dut prendre des précautions et procéder aux suivis rigoureux que nécessitent les maternités tardives.
Tout se déroulait normalement, jusqu'à ce jour où, parvenue au quatrième mois de sa grossesse, elle perdit du sang. L'échographie montra une déchirure de la poche utérine. Très soucieux, le gynécologue expliqua qu'il pourrait en découler un grave risque : si l'un des membres de l'enfant, un pied, une main, un bras, une jambe, venait à passer par cette déchirure, il pourrait être sectionné en se développant ...
Affollée à l'idée de mettre au monde, peut-être, un enfant estropié, elle parla d'avortement. Son compagnon réfléchissait cependant. Il se souvint que dans sa famille, il y avait eu des jumeaux. Il élabora alors sa propre théorie : cette perte de sang, cette déchirure, ne pouvaient qu'être dues à l'évacuation d'un des deux foetus qu'elle portait sans le savoir. Il y avait eu des jumeaux. Il soumit cette hypothèse au médecin qui demeura sceptique. Il conseilla à la future maman de garder le lit pendant le temps nécessaire au développement du foetus, afin d'écarter autant que possible un tel risque.
Fort de sa certitude, le futur papa aida, encouragea sa femme que l'anxiété, l'angoisse étreignirent jour après jour.
Fervent espoir en la vie, intuition, amour, qui peuvent générer une telle certitude, capable de prendre sans crainte tous les risques ...
Lorsqu'elle vint au monde, sous le regard attendri, plein d'amour de sa femme, mon frère prit dans ses bras, les yeux remplis de larmes de bonheur, le petit corps tendre, intact, de sa fille, Natacha ...
Mais il n'en avait jamais douté.
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Ce qu'on n'oubliera jamais
J'ai poussé la porte de la chambre 278. Maman n'était pas dans son lit. Je la vis assise dans le fauteuil près de la fenêtre. Elle lisait le magazine Géo que j'avais apporté la veille. Je l'appelai :
- Ma moune ... Elle leva aussitôt les yeux et son regard s'éclaira.
- Oh ma chérie, te voilà. Comment vas-tu ? As-tu vu la doctoresse ? Elle voulait te parler.
- Oui ma moune. C'était pour me dire ce que tu sais déjà. Il faudra procéder à une fibroscopie pour être sûr que le résultat n'apportera pas de contre-indication au projet de dialyse.
Maman réfléchit un court instant et, amusée, dit :
- mais oui ! J'ai trop de problèmes ! Ils ne peuvent tout soigner ! Il va falloir choisir... Tout ce que je veux c'est profiter encore un peu de vous maintenant... Oh, Alexandre (son petit-fils qui lui a rendu visite la veille) qu'il est beau ! Ce n'est pas possible ! Elles doivent toutes tomber comme des mouches (elle a l'oeil malicieux).
...Et puis, on n'est pas éternel. Il faut bien partir un jour. C'est ce que je leur ai dit. Je ne veux pas qu'on m'embête. Elle poursuit :
- L'infirmière est passée tout à l'heure et m'a fait remarquer que je ne n'avais rien mangé :
- évidemment, ai-je répondu, c'était infâme ! Je n'oserais même pas donner une telle nourriture à mon petit chien !
Elle riait de tout son coeur !
- J'ai aussi averti la doctoresse que je ne comptais pas prendre racines ici et qu'il fallait qu'elle se dépêche de faire tous ses contrôles, car je veux rentrer chez moi ! Il y a encore beaucoup de choses à ranger dans les placards.
(Le déménagement de mes parents venus habiter près de moi était récent).
Elle s'arrête de parler et son regard quête mon approbation.
- Mais oui ma mounette, tout ira bien tu vas voir.
Elle hoche la tête avec conviction. Ses magnifiques cheveux blancs, qu'elle a très denses, encadrent son visage devenu si menu mais où les yeux expressifs sont d'une étonnante vivacité.
Et toi ma petite fille, ça va ? Et ton petit coeur, il va bien ? Tu sais ma chérie, tu as de belles années à vivre encore, il ne faut pas les gâcher ! Tu passes trop de temps devant ton ordinateur ! Je m'en rends compte ! Tu ferais mieux de sortir pour te trouver un bel homme qui te rendra heureuse ! Tu comprends, tu pourrais faire des voyages avec lui et partager tant de choses. Et puis, continue de chanter oui, ça c'est très bien. Mais ça ne suffit pas !
Comme j'ai ri intérieurement en t'écoutant brosser ma vie, en images d'Epinal.
Sur une question que j'ai posée, la conversation a bifurqué : de quoi parliez-vous pendant les émissions que tu animais à la radio arménienne ?
- Oh de tout. Je me souviens surtout que je leur secouais les puces en disant que les hays* étaient tsentadz* et qu'ils ne se remuaient pas beaucoup, à l'époque, pour faire avancer notre cause*. C'était les débuts de l'Asala*. Je les connaissais tous, Monte Melkonian venait souvent au studio.
- Tu l'as connu ? - Oui, c'était un beau garçon d'une grande gentillesse et très engagé. Ara Bartévian* militait aussi.
- Pourquoi as-tu cessé de participer aux émissions ?
- Ce sont des arméniens du Liban qui ont pris la direction en voulant faire les choses "en grand"... L'ambiance n'était plus la même.
* Hay : arménien - * tsentadz : ramolli - * Cause : reconnaissance du génocide des arméniens - *Asala : Armée Secrète Arménienne de Libération de l'Arménie - *Monte Melkonian : un des grands combattants, morts au cours de la guerre en Artsakh (Haut Karabakh) - *Ara Bartévian : compositeur et chef d'orchestre.
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Souvenirs de Crémieu (Isère) cité médiévale d'un moment de notre enfance ...
La halle de Crémieu (Isère) fidèle à mon souvenir.
Emblème de la cité médiévale, vaste et impressionnante, elle n'a pas changé depuis plus de 500 ans. Mais pour moi, son histoire commence en cette année 1944, où ma famille - grand-mère, mes tante et oncle - s'installa à Crémieu durant quelque temps. Mon frère et moi avions alors 7 et 5 ans.
Ce fut une période riche d' événements et d'expériences en tout genre. Depuis une scolarité buissonnière, où j'appris pourtant très tôt à lire, jusqu'aux aventures pittoresques et risquées des enfants hardis que nous étions, mon frère et moi...
Fort animée les jours de marché, la halle nous appartenait dés que les derniers marchands, leur recette faite, vidaient les lieux. Que de jeux, de cavalcades, d'explosion de liberté, pour les enfants d'une cité encore préservée de l'évolution d'un modernisme castrateur.
Je me souviens de ses ruelles étroites, des chemins qui conduisaient vers la campagne proche, des noyers le long des routes ...
Crémieu (Isère) Cité médiévale, aujourd'hui
Pourtant, des souvenirs moins glorieux, douloureux, s'attachent à cette époque, où l'enfance entre tout à coup dans le quotidien d'une histoire sombre, dont elle gardera pour toujours la mémoire.
Les FFI avaient libéré Crémieu, les américains la quittaient, et vint l'heure des règlements de compte ...
Des badauds s'étaient attroupés non loin de la porte de l'église ; j'étais là aussi ; comment étais-je là ? Je ne sais plus. Etais-je venue seule ? C'est tout à fait plausible, tant était grande la liberté d'action dont nous, les enfants, jouissions au sein de notre famille.
La foule curieuse s'abreuvait du spectacle de trois femmes, honteuses, perdues, recroquevillées sur elles-mêmes ... leur crâne était rasé et portait, peinte en noir, une croix gammée ...
Je comprenais qu'une chose terrible, dont j'ignorais le sens, s'était abattue sur elles ...
J'ai souffert de les voir ainsi, dépouillées de toute dignité, si malheureuses et seules.
C'est sans doute de ce moment que date ma tendance à prendre la défense des causes perdues, parfois même, les plus inexcusables ...
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UNE JOURNEE A PARIS PAR UN BEL APRES-MIDI D'AUTOMNE
Musique "Ballade nomade et danse tzigane"
par l'ensemble "Hora Presta" de Perpignan
Violon : Jean Dussol
Percussion : Olivier Sans
Accordéon Yannick Ponzin
Contrebasse : Gérard Massat
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Bilou
L'évoquer avec des mots m'est encore difficile.
Pourtant, qui plus que lui, pourrait l'être ?
C'est sans doute le moment, aujourd'hui ; j'ignore pourquoi
mais il me faut l'inscrire maintenant dans les pages essentielles de ma vie.
Nous avions tous deux vingt-quatre ans quand le hasard (nommé Sophie, mon amie d'enfance) nous mit en présence l'un de l'autre.
Il revenait depuis peu d'Algérie, où l'avait appelé durant vingt sept mois "son devoir" militaire.
Il ne s'étendit jamais - même avec moi en qui il avait une confiance inébranlable - sur cette période et je ne sus jamais vraiment ce qu'il eût à vivre ; sinon qu'il gardât longtemps un poignard sous son oreiller ...
Il était la tendresse faite homme (à mon égard) ce qui ne l'empêchait pas d'envoyer paître ceux qu'il n'estimait pas.
Sa nature d'une droiture peu commune lui a évité les fréquentations douteuses - au reste, ses amis qui l'estimaient se rencontraient dans le milieu si particulier que constituent les travailleurs de la nuit, aux Halles "le ventre de Paris", puis à Rungis.
Je fus d'emblée la femme de sa vie, même s'il me fallut plus de temps pour répondre à ses sentiments.
La profession que j'exerçais alors, secrétaire d'une revue spécialisée du monde sous-marin, associée au Club Méditerranée, m'avait permis d'approcher le milieu "intellectuel" ouvrant des horizons nouveaux que les nombreuses lectures dont je me gavais me faisaient entrevoir.
Lui évoluait loin de ces sphères ; il avait les pieds plantés dans une réalité toute autre : celle d'une vie difficile physiquement - mais qu'il aimait : levé à 23 h pour naviguer toute la nuit dans le quartier des Halles afin d'effectuer les achats nécessaires à l'entreprise familiale dans laquelle il travaillait ; de retour le lendemain à midi ...heure à laquelle nous nous voyions le temps d'un déjeuner pris ensemble, avant qu'il ne rejoigne le lit, pour sa nuit, tandis que je retournais au bureau.
Il n'avait pas reçu de formation particulière : enfant, une méningite cérébro-spinale dont il avait réchappé l'avait tenu éloigné d'une scolarité normale - on croyait alors que ses capacités intellectuelles en avaient été altérées et l'on ne se préoccupât pas de tenter d'y remédier ...
Et pourtant ! Il développa une nature d'une profonde richesse instinctive : il "sentait" les tempéraments des personnes qu'il connaissait et ne se trompait pas sur leur valeur humaine. Sa sensibilité artistique était affinée : il aimait les musiques classiques que nous écoutions, appréciait tableaux et sculptures... enfant, il avait réalisé de menus objets taillés dans le bois...
Lorsque je répondis à son attente, je le présentai à mes parents - qui l'aimèrent. Un ami de la famille, un médecin, les mit en garde pourtant : "il n'a pas été éveillé ; il ne l'appréciera pas ..." avait-il prophétisé.
Il se trompa à cet égard, car je ne sais si l'on peut aimer aussi profondément, durant toute une vie, la compagne ou le compagnon que l'on s'est choisi, ainsi qu'il l'a prouvé.
Je ne l'ai jamais entendu se plaindre de son sort - pourtant si injuste souvent. Il aimait la mer, aurait aimé vivre sur un bateau - partir pour de longues périodes de pêche - cet attrait lui venait peut-être de son enfance passée, après sa maladie, auprès de son oncle par alliance, armateur au Havre, qui possédait des navires de pêche en haute mer...
Tous ses amis l'estimaient, en raison de cet humour bon enfant qu'il montrait souvent, sa grandeur d'âme, sa loyauté, sa simplicité, son bon sens et surtout, son courage !
Enfant, sa famille l'avait surnommé "Bilou" - plus tard ses amis l'appelèrent "Bill"
Nous avons partagé une vie pleine d'aléas, de difficultés, mais de bonheur quand même, que deux magnifiques enfants ont enrichie - dont il serait si fier aujourd'hui.
Il n'a jamais failli à l'amour qu'il me portait, contrairement à moi (un bref chapitre dont je ne suis pas fière)
Mais c'est main dans la main que nous avons parcouru notre chemin jusqu'au bout.
Il n'a jamais failli à l'amour qu'il me portait, contrairement à moi (un bref chapitre dont je ne suis pas fière)
Mais c'est main dans la main que nous avons parcouru notre chemin jusqu'au bout.
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Ce chapitre dont je ne suis pas fière ...
Installée depuis sept ans dans une vie sans histoire, sans heurt, occupée essentiellement à veiller sur mes enfants, leur procurant scrupuleusement ce dont ils avaient besoin, femme au foyer, selon l'expression consacrée, je ne vis pas le danger que pouvait présenter cette monotonie dont je m'accommodais parfaitement. L'entente avec mon époux était au beau fixe. Nos caractères s'accordaient à merveille ; nos natures conciliantes ne s'opposaient jamais. Il était libre de ses choix, comme moi des miens.
Mon goût du chant me donna l'envie de tenter l'aventure que représentait alors - comme aujourd'hui - l'univers du disque et celui de la variété.
C'est ainsi que je glissai un doigt dans un engrenage qui aurait pu être dramatique pour notre foyer, d'autant plus que celui pour qui je mettais en péril tout ce que j'aimais, ne le valait guère, loin s'en faut ! Si la providence veillait sur nous sans doute, c'est surtout le lien affectif solide qui nous unissait, mon mari et moi, qui nous permit de nous relever sans trop de mal du bouleversement dont je fus cause. Cette expérience me fit grandir - beaucoup - mais ce fut au prix de la perte cruelle d'une illusion : l'amour que je croyais inconditionnel de ma mère et ma foi en elle.
Un ami proche composait des musiques, tandis qu'un autre écrivait des textes. J'appris ces chansons et les présentaient dans une maison de disque. Hormis le plaisir que me procura la séance d'enregistrement en studio dont nous profitâmes, mon ami pianiste- compositeur et moi, de la nouveauté et de l'excitation qu'engendra l'expérience, elle n'aboutit à rien - comme on pouvait s'y attendre ! Tant le chemin du vedettariat est long et difficile, voire impossible en vérité, pour qui ne bénéficie d'aucun parrainage ! Mais j'avais une propension naturelle à croire au miracle !!
C'est ainsi pourtant que je rencontrai un groupe dont le créateur - Gilbert - recherchait des talents pour mettre en oeuvre une comédie musicale ...
Mal m'en a pris ! Un mois plus tard, nous apprîmes que Gilbert avait été emprisonné "pour raison politique" disait-il !
Pleine de compassion pour lui, un homme sympathique et ouvert, naïve que j'étais, je lui adressai une lettre amicale ; à laquelle il répondit avec flamme ; rapidement, ces échanges épistolaires prirent une tournure dangereuse ; l'amitié vira à une passion dévorante à laquelle je ne pus résister ; et lorsqu'il fut libéré, notre désir commun nous jeta dans les bras l'un de l'autre ...
Mes parents - qui nous suivaient, mon mari et moi, à la trace de déménagement en déménagement - occupaient l'appartement près du nôtre, sur le même palier. Maman ne pouvait vivre sans nous voir constamment profitant ainsi de ses petits-enfants qui avaient alors 4 et 6 ans.
J'adorais ma mère et cette proximité me réjouissait.
C'est donc en toute confiance que je partageai avec elle ce qui devait rester un secret, momentanément. Mon aventure prenait une tournure que j'avais peine à freiner : Gilbert nous voulait à lui, moi et mes enfants ! Il me pressait d'envisager une séparation - mais ce n'était pas si simple pour moi ; quitter mon mari que j'aimais tendrement, me semblait impossible ; il fallait du temps. D'autant plus, que Gilbert n'avait aucun toit où nous accueillir. Je voulais réfléchir ...
Mais tout se précipita quand maman "ne pouvant garder un tel secret" s'avisa d'en informer mon mari ... qui m'enjoignit de choisir, tout de suite.
Encore trop récente et intense, ma passion l'emporta et, confiant mes enfants, que je ne pouvais entraîner avec moi dans l'inconnu, au moins pour le moment, aux soins de ma mère, je quittai mon mari, le coeur déchiré du mal que je lui faisais, car sa peine,
son désespoir, furent à la hauteur de son amour.
Entre-temps, la maison dont nous avions souscrit l'achat fut mise à disposition. Tout naturellement, mon mari proposa à mes parents de s'y installer avec lui, solutionnant du même coup, et de la meilleure façon, le problème de garde de nos enfants.
Commença pour moi un périple auquel rien de ma vie simple et rangée ne m'avait préparé !
J'entrai peu à peu dans une réalité, celle de Gilbert, un être intelligent mais pervers - ce dont il me fallut plusieurs mois pour le mesurer pleinement ; son mode de vie était l'escroquerie en tout genre ; au sentiment, à l'amour, à l'amitié. Il avait l'art de convaincre ceux qu'il approchait et qui étaient prêts à le suivre les yeux fermés. C'est ainsi que je fus entraînée dans des aventures rocambolesques que jamais je n'aurais pu soupçonner ! La mère de mon amie très proche, que je connaissais depuis l'enfance, me disait en me regardant avec compassion : "mais que t'est-il arrivé ? Comment une telle chose a pu se produire, et tomber sur toi, si innocente ?"
Durant près de deux mois, je me rendis chaque jour auprès de mes enfants, préservant ainsi leurs habitudes ; on leur disait "maman travaille la nuit" pour justifier mes absences nocturnes.
Durant cette période, mes amis proches me gardèrent leur amitié, leur attachement, sans porter de jugement sur mon choix ; ils espéraient seulement que j'ouvrirais les yeux sur ce qu'ils considéraient (à juste titre, je le compris à mes dépens) comme une erreur. Mon frère, proche de moi, me dit simplement, d'une voix chargée d'inquiétude "tu es sûre ?", sans jamais me juger non plus, ni tenter davantage de me détourner du chemin dangereux que je prenais, soucieux qu'il était de me laisser "vivre ma vie".
Puis, les événement se précipitèrent ; Gilbert dut s'éloigner de la région parisienne car il avait des malfrats aux trousses ! J'étais la proie de sentiments confus : fuir cet homme dont je commençais à entrevoir l'ambiguïté eut été sage, mais la culpabilité de l'abandonner alors qu'il était seul, en difficulté, me taraudait également. Et je le suivis, buvant la coupe jusqu'à la lie.
Ces pérégrinations nous conduisirent en Espagne - il y connaissait des "amis", qui nous hébergèrent, encore .... Jusqu'au jour où ceux qui le traquaient, le trouvèrent ! Ce fut digne du plus authentique "polar" !
Nous étions assis à une terrasse de café, lorsque deux individus surgirent près de nous ! Ils tenaient contre eux, enveloppé dans du papier journal, ce qui semblait être une arme ...(je sus plus tard, qu'il n'en était rien !) Gilbert sauta de sa chaise et disparut ... me laissant plantée là, seule ...
De ma vie je n'ai éprouvé une peur aussi effroyable ; je tremblais de tout mon corps de façon irrépressible. Aucun son n'aurait pu sortir de mes lèvres tant je serrais mes mâchoires pour éviter qu'elles ne s'entrechoquent !
Les malfrats m'emmenèrent avec eux, j'étais leur otage ; ils croyaient ainsi obliger Gilbert à se montrer ... Après quelques jours, nous revînmes en France et je vécus quelque temps chez l'un d'eux, propriétaire d'une auberge, non loin de la région parisienne.
Il s'appelait Ange, était Corse et se révéla un homme de coeur. Je remerciais sans cesse la providence qui m'avait protégée d'un sort qui aurait pu être bien plus dramatique, si j'avais eu moins de chance...
Il me demanda de l'aider au bar, très fréquenté le soir par ses nombreux amis, dont un magistrat. Je devins barmaid ... Nous eûmes parfois des discussions durant lesquelles il était fier de me montrer son goût pour l'histoire et surtout, pour Napoléon. Une façon de me montrer son estime et de recevoir la mienne ; je compris qu'il me considérait d'une autre espèce que les femmes qui gravitaient dans son milieu, par les égards touchants dont il usait à mon encontre. Il n'était pas le truand qu'on aurait pu croire.Tout au plus un petit trafiquant occasionnel. Il vivait de l'exploitation de son auberge dont il était le cuisinier - un très bon cuisinier.
Sa compagne, que je sentais un peu distante, méfiante peut-être, me conduisit quelquefois auprès de mes enfants.
A ces occasions, je constatai un changement chez ma mère, mais n'accordai pas à cette constatation toute l'importance qu'elle aurait méritée.
Mon mari, très vite, sur les conseils de son père, avait entamé une procédure de divorce. Ma mère s'occupait de mes enfants et avait fini par croire qu'il en serait toujours ainsi.
Ange m'apporta son aide et je pus me défendre pour ne pas perdre mes droits.
Puis, comprenant bien que, trop lâche pour l'affronter, Gilbert
ne se manifesterait jamais, Ange me "rendit ma liberté".
Plus tard, Gilbert fut arrêté par la justice française pour trafic de faux billets (dollars ...) ; on me convoqua, me questionna ... Je répondais par monosyllabe ce qui fit dire au juge, "j'ai devant moi un témoin qui essaie d'en dire le moins possible ..." ; c'est qu'en vérité, je savais peu de choses.
Seule, sans ressource, et compte tenu des liens affectifs entretenus avec mon mari, je pensai à rentrer chez moi. Quand je sonnai à la porte, ma mère m'ouvrit m'opposant un visage fermé et me dit avec embarras "non, tu ne peux pas entrer" ... Incrédule, je lui dis que mon mari n'y verrait pas d'inconvénient...non, me dit-elle, tu dois t'en aller. Mes petits jouaient dans la rue et se précipitèrent dans mes bras. Puis ma mère appela ma belle-mère à la rescousse, car je restais plantée là. Et l'impensable se produisit : ma belle-mère me repoussa avec force et nous nous battîmes devant mes enfants.
Je continuais d'attendre le retour de mon mari, dans la rue. Alors, soudain, je vis arriver un car de police et l'on m'emmena sans ménagement jusqu'au commissariat - où je fis l'expérience d'une nuit carcérale ...
Je réussis à joindre mon mari, le lendemain, pour une entrevue ; Oui, il voulait que nous reprenions la vie commune, mais après que le jugement de notre divorce ait été prononcé.
Je trouvai refuge chez ma tante maternelle, indignée de l'attitude de ma mère. Elle obtint du travail pour moi chez son patron propriétaire d'un magasin sur le boulevard St Germain, à Paris.
Dés que je pus payer un loyer, je louai un appartement. C'étaient les conditions indispensables pour obtenir la garde de mes enfants.
Le jugement de divorce fut prononcé en ma faveur. Mortifié par ce qu'il considérait comme une injustice, mon mari me dit alors que si j'acceptais ce jugement, il ne voudrait plus rien savoir de nous.
Ce n'était pas mon désir. Il n'avait pas mérité de perdre sa famille, au contraire. Il s'était comporté durant ces événements, avec beaucoup de noblesse. Je souhaitais que les choses reprennent le cours qu'elles n'auraient jamais dû cesser de suivre. Je renonçai à mes droits, sachant bien qu'il n'abuserait jamais du risque que j'encourrais... et je réintégrai le foyer ainsi qu'il l'avait souhaité. C'était au moment de Noël. C'était magnifique.
Tout au long de cette triste aventure, ma mère avait eu une attitude qui était inimaginable pour moi ! Nous ne pouvions plus désormais partager le même toit. Ils durent s'en aller, elle et son époux, la mort dans l'âme. J'eus en mains, bien plus tard, la lettre d'insultes que ma mère avait écrite à mon mari ..où elle nous traînait tous deux dans la boue. Cette lettre me plongea longtemps dans une profonde tristesse. Son obsession maladive l'empêchait de se réjouir de voir notre famille à nouveau réunie et percevait cette situation comme une trahison à son égard, elle qui, en son temps, n'avait pas eu la chance de garder sa famille, tandis que moi, femme et mère indignes selon elle, en récoltait un bénéfice que je ne méritais pas ...
Tout ceci mérite une explication
Très jeune, maman fut mariée à mon père - puis survint très vite, la guerre. Mon père fut appelé sous les drapeaux, laissant maman seule avec ses deux enfants. Lors d'une permission, il vint à Lyon, où nous habitions, et trouva l'appartement vide. Les mauvaises langues du voisinage firent planer des doutes sur la fidélité de ma mère qui nous avait confié à des voisins, car elle travaillait (m'a-t-elle dit bien des années plus tard, lors de nos retrouvailles). Sans bien chercher à comprendre, mon père nous emmena à Paris, auprès de mes grands-parents, où nous vécûmes durant toute notre enfance et adolescence.
J'imagine sans peine la souffrance de ma pauvre mère privée brutalement de ses enfants. Elle en garda toute sa vie une plaie vive que rien ne pouvait guérir. Seule, la venue au monde de mes enfants sembla combler ses manques affectifs. J'en étais heureuse, sans prévoir une seconde le danger d'une déviance possible que pourrait occasionner la promiscuité de nos foyers.
Aussi, obéissant à une pulsion irraisonnée, s'accrochant à son rêve de maternité heureuse, épanouie, se substitua dans son esprit le rôle de mère à celui de grand-mère auprès de mes enfants, occultant du même coup celui de mère auprès de moi.
Jamais je ne pus oublier totalement l'effroyable désillusion qui fut la mienne lorsque je compris que ma mère pouvait me renier pour des motifs qui, somme toute, ne la concernaient pas, quand je croyais que jamais rien ne pourrait briser l'amour fusionnel qui nous unissait. Elle avait été tout pour moi et j'avais eu une confiance aveugle en elle...
Elle m'a fait subir ce que j'avais aussi fait endurer à mon mari ...
Cet épisode peu glorieux dura six mois. Puis nous reprîmes la vie commune. Et quelques mois plus tard, nous remariâmes.
Je n'ai jamais empêché mes enfants de revoir leur grand-mère car elle s'était occupée d'eux avec amour... Bien trop sans doute.
Ma fille m'avoua plus tard, que ma mère avait tenté de la dresser contre moi et qu'elle avait bien failli y réussir, occasionnant à l'enfant qu'elle était encore d'angoissants cauchemars nocturnes. Mon fils lui, fut totalement imperméable à ses tentatives. Il était plus petit aussi. Pour lui, j'étais et restais sa "maman ché-ie".
Un soir, alors que nous étions réunis autour de la table du repas, et que mon mari et moi évoquions pour nos enfants qui avaient grandi cette épisode de notre vie, la réflexion de mon fils nous laissa sans voix : "je ne savais pas que tu étais parti, papa" - mon mari me regarda avec gentillesse et me dit "tu es contente, hein ?"
*****
Comme un conte ...
Une belle histoire
Isabelle et Alexandra
Cette année-là, Isabelle-Achrène, ma fille, amoureuse depuis sa plus tendre enfance des animaux (je ne compte plus les "détresses" imaginées ou réelles qui ont été pour elle l'occasion d'héberger l'espace d'une nuit le plus souvent, chat ou chien en errance ...) - donc, devenue adulte, ayant attendu patiemment de pouvoir offrir au petit protégé qu'elle s'était promis d'accueillir un jour, le coin de jardin nécessaire à son bien-être - une expérience malheureuse en appartement l'ayant découragée de la renouveler -
cette année-là, donc - accompagnée de sa fille Alexandra qui n'était pas pour rien dans cette démarche - ce fut vers l'exposition animale de la S.P.A organisée pour Noël que leur désir impérieux d'adopter un chien les conduisit - et naturellement, quand on cherche, on trouve !
Cookie
Ainsi apparut dans leur vie une chienne de huit mois - cookie !
D'une incroyable docilité - quel dressage sévère, quelle brutalité peut-être, l'avait ainsi formée ? - son comportement anxieux dura longtemps - elle semblait constamment craindre un nouvel abandon, et levait un regard inquiet chaque fois qu'Isabelle la quittait pour aller à ses affaires.
Aux dires d'Isabelle, la chienne devait dormir dans le séjour - sur le divan ... Cette résolution ne tint pas une nuit ! Et c'est désormais sur le lit, lovée contre elle, que la chienne prit l'habitude de s'enfoncer dans le sommeil ...
Cookie obéissait au doigt et à l'oeil ! Une chienne d'une incroyable gentillesse et sans la moindre malice ! Et même un peu "nunuche" disions-nous avec tendresse ! Lorsqu'on ouvrait pour elle la porte du jardin, sans la refermer, une fois le besoin satisfait, elle revenait attendant patiemment qu'on lui permette d'entrer - alors même que rien ne l'en empêchait !
L'année suivante, les mêmes (Isabelle et Alexandra ...) se rendirent à l'école vétérinaire de Maisons-Alfort où des chiots étaient proposés à l'achat pour une somme modique. C'est ainsi que cette fois, un petit animal mâle de trois mois, Muffin, entra dans la famille !
Muffin
Vous me croirez si je vous dis que toutes les femmes de la maisonnée ont fondu de tendresse pour ce chiot plein de vie, facétieux, adorable, qui ne lésinait pas sur ses démonstrations d'affection en vous badigeonnant le visage de coups de langue généreux !
Très vite, ce petit chien s'accrocha aux basques de Cookie, se serrant contre elle lors des siestes sur le divan et, nous le croyons, la prenant pour sa mère. Et Cookie, sans manifester la moindre jalousie envers l'intrus, car nous fîmes en sorte qu'elle ne perde jamais ses prérogatives, l'accepta sans montrer une quelconque agressivité à son égard.
Quand Isabelle, chaque jour, conduit ses chiens au parc de la ville où ils peuvent s'ébattre, courir, tout à loisir, on peut voir la "grande" suivie de près par le "petit" qui s'efforce de tenir la distance !
Et l'on assiste à l'épanouissement de cookie qui quémande plus volontiers nos caresses, allant jusqu'à nous octroyer, à l'exemple de Muffin (non mais !), une petite lichette, elle qui, jamais, au grand jamais, ne nous en aurait prodiguée !
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Spleen...
Je vais bientôt partir pour l'Arménie. Je devrais être heureuse. Combien de mes amis arméniens de France le souhaiteraient et ne le peuvent pas. J'apprécie ma chance d'aujourd'hui, mais en même temps, une tristesse irrépressible l'assombrit. Je pense à mes parents, mes grands-parents, à tout ce qu'ils ont été pour moi, à tout ce que je leur dois : l'exemple de leur dignité, leur finesse d'esprit, leur culture, leur courage. Je me souviens de ces veillées de Noël où, mon frère et moi, à tour de rôle, récitions, devant la famille réunie, des poèmes arméniens que ma tante nous avait appris durant les semaines précédentes et qui se terminaient toujours par ce compliment rituel * "chenoravor nor dari iev pari gaghant".
Je me souviens encore de ce phono qui avait fait irruption dans notre famille, aux revenus modestes malgré leurs incessants efforts pour améliorer l'ordinaire, que mon oncle Zaven avait gagné à une loterie, et sur lequel il écoutait très souvent "Le boléro de Ravel" ainsi que des airs d'opéra, disques fournis en même temps que le phono. Nous étions encore des enfants et je crois vraiment que ces musiques ont quelque peu déterminé nos goûts musicaux. Comme ils me manquent mes chers disparus. (2006)
* "Je vous souhaite une bonne année et un joyeux Noël"
*****
Le jardin
Tout est sombre dans ce jardin
où tout dort.
Statue figée, elle veille,
elle attend.
Cette pierre, visible à peine,
contient tous les espoirs,
tous les tourments. Mystère
pour le profane, lumière
pour l'initié, chaque signe
gravé sur la page du temps
porte en lui un terrible secret.
Chaque jour un breuvage amer
est servi, quand manque le miel.
Une goutte de rosée suffit
qui étanche la soif cruelle
et, posée comme une perle,
s'irise de mille pensées.
Dzovinar (2007)
*****
L'Agence matrimoniale
Après avoir connus les aléas du commerce de "gros" à Rungis, c'est à Perpignan que notre chemin nous conduisit, avec armes et bagages, pour "repartir à zéro".
C'est ainsi que, pour arrondir les fins de mois difficiles sur lesquelles débouchait immanquablement le travail pourtant rentable d'un commerce saisonnier - trois mois - ... ; malgré un emploi payé à l'heure dans un cabinet comptable, malgré les efforts de mon mari pour trouver lui aussi un emploi provisoire,
je dus envisager un job complémentaire. C'est ainsi que germa dans mon esprit, l'idée d'ouvrir une agence matrimoniale à domicile, l'ère d'internet et des sites de rencontre n'était pas encore arrivée.
Les collègues, femmes, du cabinet comptable en étaient toute excitées ! Elles suivaient pas à pas mes progrès : annonces passées dans le journal pour recruter hommes et femmes susceptibles de figurer dans mes fichiers ...premiers coups de téléphone de celui ou celle que l'aventure tentait... et ... premières arnaques !
Ayant mis en relation deux personnes - qui se rencontrèrent ...- elles disparurent en "oubliant" de régler mes services ! Naïve que j'étais de n'avoir pris aucune précaution à cet égard (paiement d'avance) - eh oui !
Cette déconvenue n'altéra pas ma confiance (risques du métier pensai-je) ni mon désir de venir en aide aux esseulés. Je comptais pour ce faire sur mes talents innés de fine psychologue que je croyais posséder - toujours bien naïvement.
Mais ce n'est pas si simple de s'employer au bonheur d'autrui : le jeune homme qui se présenta chez moi pour un premier contact m'en apporta la preuve.
Installés face à face dans le salon, ce dernier me regardait gentiment, tandis que je recueillais les premiers renseignements le concernant - puis vint le moment où je le priai de me donner des précisions sur le type de femme qu'il appréciait, et qu'il aimerait rencontrer :
- Vous me dit-il, son regard innocent plongé dans le mien ;
- C'est-à-dire ? lui demandai-je, mal à l'aise ;
- C'est vous que je veux ....
- Ah mais ce ne sera pas possible, Monsieur ; voyez-vous, je suis déjà mariée.
Je me levai - lui aussi- Me dirigeai vers la porte de sortie - lui aussi - l'ouvrit et lui dit "au revoir Monsieur" - il sortit sans difficulté...
Au bureau, mes collègues affolées rétrospectivement, imaginaient les pires atteintes dont j'aurais pu être victime - sans doute avec raison. Je pense à elles avec émotion, car elles me témoignèrent durant cette période, sans en mesurer l'importance, une amitié chaleureuse qui me fut d'un si grand réconfort.
C'est ainsi que prit fin le projet d'agence matrimoniale qui nécessitait, pour être poursuivi, des moyens matériels que je n'avais pas (un bureau extérieur, ligne téléphonique, etc...).
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Mon entrée dans le monde du travail
Ah ! Les secrétaires ! ... Et ceux qui gravitent autour !
Fraîches émoulues de l'école commerciale rue Monceau à Paris, diplômes en poche, deux de mes amies de cours et moi, "sponsorisées" par notre prof d'Anglais - et grâce à l'appui de son neveu lui-même employé dans la société qui nous recruta - sans même prendre le temps de savourer des vacances bien méritées (c'était en juillet) - le coeur gonflé d'une fierté que nous procurait notre nouvelle importance, nous entrâmes dans le monde du travail !
Papillonnantes, légères, bustes moulés et tailles serrées, jupes voltigeantes, sourires ravageurs, nous fîmes notre entrée dans l'univers - masculin en majorité - d'une société juridique et fiscale ! Nous y apprîmes la poésie du langage du Droit en même temps que nous découvrîmes la concupiscence de certains des agents qui sollicitaient notre savoir-faire (prise en sténo du courrier). " Ah, disait l'un d'eux, plus les robes sont jolies, plus elles nous donnent l'envie de les ôter" ! ; un autre "seriez-vous libre pour ce week-end ? Je connais une petite auberge charmante ..."(à noter qu'ils étaient mariés ces prétendants à l'embarquement pour Cythère !).
Néanmoins, nous quittâmes intactes ces premiers lieux de l'apprentissage de la vie active, et le trio que nous formions, se défit, chacune ayant à suivre sa propre voie.
Cette fois - c'était facile à cette époque de trouver un emploi - j'entrai dans l'univers de l'édition. Et je devins l'unique employée de la revue "L'Aventure sous-marine" dirigée par un homme passionné d'activités et de sciences sous-marines. J'étais la maîtresse des lieux (une pièce exiguë juste assez grande pour contenir nos deux bureaux) où j'arrivais de plus en plus régulièrement en retard, encouragée par le silence bienveillant de mon employeur, à cet égard. Il savait que le travail qu'il me confiait n'en pâtirait pas, mais tout de même ! Je me levais aux aurores pourtant, mais il fallait toujours que j'accomplisse toutes sortes de tâches avant de quitter l'appartement. J'étais nouvellement mariée et sans enfant encore, je n'avais même pas l'excuse d'être retenue par des obligations impératives.
Des journalistes fréquentaient le bureau, auteurs d'articles sur les nouvelles techniques de plongée, les travaux sous-marins, les progrès réalisés dans la conception de matériels ouvrant la voie à l'exploration des océans. Les travaux de Jacques Yves Cousteau, les plongées en eau profonde du bathyscaphe Archimède, occupaient souvent les colonnes de la revue et n'avaient plus de secrets pour moi.
La Rédaction de la revue "Le Trident" organe de diffusion publicitaire du Club Méditerranée - club né d'une vision géniale et avant-gardiste de Gérard Blitz, créateur de villages de vacances estivales et de sports d'hiver tant en France qu'à l'étranger - occupait des bureaux voisins dont un petit couloir nous séparait. Cette promiscuité favorisait des échanges dont je garde un magnifique souvenir : la mise en page des articles, photos des villages et des activités proposées confiée à un rédacteur de grand talent Gérard Blanchard , nécessitait aussi la collaboration de dessinateurs, graphistes, journalistes, dont la fréquentation et l'amitié furent très formatrice pour la novice que j'étais.
La plupart de ces journalistes se montraient très prévenants à mon égard ; l'un d'eux m'offrit un poème : "On lui disait Madame au téléphone"et le recueil dédicacé qui le contenait. J'en fut touchée et flattée.
Outre les articles pour notre revue, Jean-Albert Foëx (le directeur) écrivait pour une revue naturiste : j'entrais cette fois dans le monde naturiste dont les adeptes fréquentaient l'île du Levant. Jean-Albert s'y rendait parfois ce qui me donnait l'occasion de lui écrire pour le tenir informé de la bonne marche du bureau. Je sus plus tard, un jour qu'une de ses amies lui rendait visite, qu'il aimait beaucoup recevoir la "gazette" émaillée d'anecdotes que je lui envoyais : "C'est donc vous la perle dont il nous parle ! Il adore recevoir vos lettres!". Ce fut une découverte pour moi : comprendre, toute proportion gardée, qu'on pouvait prendre plaisir à me lire !
Lorsque j'attendis ma fille et qu'il fut question, le terme approchant de mon départ, sans retour, il me dit mécontent : Il (mon mari) aurait pu attendre ! (Nous la voulions notre petite !) - Comment s'appellera-t-elle ? - Isabelle. Il ironisa gentiment : Ah ! ce sera une marrante alors : hi-hi ! (Isabelle Yvos).
Il ne s'est pas trompé, mon Isabelle est facétieuse !
Lorsqu'il engagea une nouvelle secrétaire, et la première fois qu'elle arriva avec cinq minutes de retard, il la gratifia d'une remarque cinglante : que ce soit la première et la dernière fois ! (Me rapporta la secrétaire - et amie - du Club Med voisine de bureau, avec laquelle j'avais gardé des liens.)
😇😊
*********
UN ANNIVERSAIRE QUI COMPTE !80 ans ...
Quand les amis qui ont de l'affection pour vous décident de concocter la surprise de votre vie, en réunissant à votre insu pour votre anniversaire , les enfants éloignés - mes parisiennes Isabelle ma fille, Alexandra ma petite-fille, - le montagnard des P.O Alexandre, mon fils - qui ont fait le déplacement malgré leurs obligations , les amis proches aussi Pierre, Angelo, Christian, Marina, Luciné, Sergeï ... et le petitout David !, presque la famille en quelque sorte ! MERCI A KNAR ET NICOLE, Mes bonnes fées !!
Seule ombre au tableau :
l'absence de mes petits-fils Mickaël et Enzo
retenus à Paris par leurs activités (lorsque l'on travaille pour des entreprises, c'est plus compliqué de s'absenter ... en semaine !)
Vous avez bien réussi votre coup ! Un moment de pure émotion, de pur bonheur que je suis heureuse d'avoir vécu grâce à vous ! !
avec Nicole |
et Knar |
Alexandra ma ravissante petite-fille... |
... Knar et sa fille Luciné |
Alexandre et Alexandra
Marina
et quelques complices ...
à l'appel du piano ...
Les impressions de Nicole
"Visio-conférence" avec
Mickaël mon petit-fils ...
cette surprise magistrale, et nous a reçus
Knar et Nicole, s'activent en cuisine pour la préparation d'un somptueux couscous !!
**********
Sergeï, Marina, et ... |
...le petit David ! |
Luciné
Et tout finit par des chansons !
Magnifiques histoires d'enfance dont tu sais dire, à merveille, la grandeur du regard posé sur le monde alentour. Je n'ai pas le temps de lire tous les textes maintenant, mais je vais y revenir. Et quel beau cadeau en retour de la part de tes petits enfants que de les avoir réunis et illustrés dans un seul recueil.
RépondreSupprimerEn plus, et cela ne gâche rien, tu écris vraiment bien. Merci de ce partage.
Je suis particulièrement touchée de ton intérêt chère Amartia ; tu es la première - et la seule - hormis ma fille (!) - à l'avoir exprimé. Je t'en remercie. Bises et belle journée !
SupprimerJ'arrive chez vous par le biais du blog" Mireille-Coeur de soleil" et je découvre ces récits " VOS" récits si bien écrits, si bouleversants.J'y trouve infiniment de tendresse à l'égard des vôtres, un peu de tristesse aussi mais c'est la vie qui veut ça et la vôtre ne fut pas facile malgré les beaux moments que vous revendiquez très justement.
RépondreSupprimerJ'aime beaucoup votre style à la fois simple et élégant.Toujours le mot juste et une volonté d'être heureuse qui mérite amplement le respect.
Quel beau cadeau que ce livret pour vous, pour vos "petits" et pour tous ceux qui les liront.
Danielle
Je ne saurais vous dire le plaisir que vous me faites : votre analyse très juste montre l'attention que vous avez bien voulu porter à ces tranches de vie d'enfants issus de ces communautés particulières que sont les diasporas, ici la diaspora arménienne. Votre perception de cet univers et les émotions que vous avez éprouvées à leur lecture me touchent profondément et je suis heureuse d'avoir réussi à les communiquer. Je vous remercie. Très cordialement, Dzovinar
RépondreSupprimerJe dois vous avouer que ma famille a, pour ainsi dire," adopté" une famille arménienne.Il y a plusieurs années, une de mes élèves( atelier de peinture) m'a demandé si je n'avais pas besoin d'aide pour mon ménage.En principe, je n'étais pas demandeuse mais elle m'expliqua qu'elle connaissait une jeune femme d'une vingtaine d'année, maman de deux petites filles déjà , qui se trouvait dans une situation difficile.Elle avait fuit l'Arménie en passant par la Pologne suivant ainsi le père de ses enfants lequel voulait échapper au " bagne" du service militaire.Alina s'est donc présentée un matin et au fil des semaines, en faisant le ménage, nous avons beaucoup parlé.Elle maîtrisait plus ou moins le français mais ne savait pas bien l'écrire.Elle m'a demandé de lui trouver des cours par après
RépondreSupprimertrès volontaire, vraiment déterminée à sortir de sa condition précaire, elle a voulu entreprendre des études supérieures.Ma fille, professeur de sciences, a pris le relais pour l'inscrire à des cours d'aide en pharmacie et la suivre lorsqu'elle avait des difficultés.Au fil des années, nos relations se sont affirmées, ma fille est devenue la marraine des deux petites filles et quand un troisième enfant est arrivé, elle est devenue sa marraine également.Alina travaille dans une pharmacie. La fille aînée vient de réussir sa première candidature en droit.Grands- parents, frères et soeurs sont à présent en Belgique.Ma fille est allée en Arménie, accompagnant ainsi Alina quand elle y est retournée pour la première fois.Voilà, c'est notre famille de coeur.Je ne pouvais pas rester insensible à votre histoire.
Bien cordialement,
Danielle
Cette confidence me conforte dans l'idée que je me suis faite de votre personnalité : celle d'une femme de coeur, ouverte, généreuse ; je suis admirative de la belle réussite (mais pas étonnée cependant) que vous doit cette famille qui a eu la chance de vous rencontrer. Merci pour elle, merci pour nous. Dzovinar
RépondreSupprimeret bien c'est mon tour, cet après midi, de lire tes émouvantes traces de vie. Quelle limpidité à dire le bonheur et les tourments, là où souvent nos tentatives d'auteur ne donnent que des lignes un peu guindées, tu trouves le verbe simple et juste, ce qu'il faut d'humour, et tu nous amènes à sourire ou à verser une larme sans que rien ne soit forcé, contraint. C'est bien à ton image, ma chère amie, que cette écriture lumineuse, rayonnante, toute d'élégance et de discrétion ! merci donc de ces partages, ils m'attachent un peu plus à toi que je viens juste de croiser mais qui m'est déjà précieuse. Merci du fond du coeur. Bien à toi. Christine Macé.
RépondreSupprimerJe suis très émue de ton appréciation. Je suis heureuse, moi aussi, de ce hasard qui a voulu que nos routes se croisent et qui m'apporte ainsi une amie toute de coeur et de sensibilité. Nous sommes faites pour nous entendre à l'évidence et partager ces instants d'émotion sans lesquels la vie serait bien insipide et monotone. Merci d'avoir pris le temps de me connaître, en entrant dans cet univers familial dont je suis un des reflets. A bientôt chaleureuse et talentueuse Christine.
Supprimerj'adore ses photos en noir et blanc . merci Dzovinar un jolie parcourt , malgrés quelques embuches !!!!!.
RépondreSupprimerTout est utile dans une vie, sinon nécessaire ; même les embûches ...Merci Azad pour ta visite
RépondreSupprimerje découvre à l'instant cette vie bien rempli... j'ai pas tout lu..je reviens..
RépondreSupprimerPrends ton temps Elfi - ça ne va pas s'envoler !
RépondreSupprimertrès bel album de ta vie !!!!bisous
RépondreSupprimerCette idée d'écrire les péripéties de mon enfance - puis celles de ma vie - est née de mon désir de créer des liens avec mon premier petit-fils : ma fille et sa petite famille vivaient à Paris, loin de moi, ce qui rendait les échanges limités. C'est ainsi que, Mickaël avait 9-10 ans, je commençai à lui écrire les premiers souvenirs de mon enfance. Durant cette période, je lui écrivis tous les jours ; ma fille me dit qu'il attendait ma lettre quotidienne, qu'elle lui lisait ... Effectivement, ainsi que je l'espérais, se sont noués entre lui et moi - plus tard avec ma petite-fille aussi - des liens chaleureux et forts...
SupprimerC'est incroyable mais je viens de découvrir ces écrits, je vais les lire avec grand plaisir. Tu es comme une poupée russe, je vais de découverte en découverte. Je t'embrasse :)
RépondreSupprimerBonjour ma belle. Merci de t'intéresser à mes élucubrations ! LOL ! Bisous
RépondreSupprimerBonjour,
RépondreSupprimerEn lisant votre beau récit j'ai reconnu votre oncle Zaven, qui était un grand ami de la famille, mon papa aimait aller le voir et je l'accompagnais, pour jouer quelques notes de piano dans son petit logement à Crémieu, j'ai gardé un beau cadeau qu'ils nous a offert étant petits pour Noël (un petit train qui a plus de 35ans et que je garde encore soigneusement.
N'hésitez pas à me transmettre vos coordonnées, j'aurais sans doute grand plaisir à vous parler de ces souvenirs.
Merci pour ce si beau partage, les belles âmes laissent toujours une belle trace..on ne les oublie jamais.
Amicalement.