jeudi 14 janvier 2021

Les ARMÉNIENS et le GÉNIE du GÉNOCIDE. "OU JE MEURS RENAIT LA PATRIE" — denisdonikian

 

(Photographie : Jean-Bernard Barsamian, copyright)


De fait, tout porte à croire que le génocide, loin de n’inspirer que du génie aux Arméniens, leur aurait aussi inoculé quelque poison relevant du démoniaque. Comme si cette catastrophe en avait déréglé plus d’un, et non des moindres, au point qu’elle les aurait conduits à « suicider » les Arméniens. A croire que le fait d’avoir été impunément massacrés par les fielleux ottomans aurait transformé nos « malades de la raison patriotique » en massacreurs symboliques ou physiques de leur propre peuple. A moins qu’en voulant inconsciemment compenser l’humiliation subie, sinon cette déshumanisation extrême à laquelle les Arméniens ont été poussés, ils aient perdu tout sens de la mesure, tout sens de l’empêchement moral en donnant libre cours à une mentalité de prédation identique à celle de nos bourreaux. (Pas étonnant d’ailleurs que Kotcharian ait été souvent traité de Turc). Tant il semblerait que, marqué au sceau d’un génocide, le peuple arménien nourrirait en son sein comme un panier de crabes où les uns, généreux par leur ingénierie salvatrice, batailleraient contre les autres, pernicieux, habiles en mille diableries. Enfin, c’est à se demander si cette catastrophe n’aurait pas exercé en chacun comme une alchimie secrète orientant les premiers vers des réactions de survie et les seconds vers des profits meurtriers, les uns réparant et les autres détruisant. Eternel combat entre éros et thanatos dont les Arméniens ne sont pas épargnés.
 
Dans cet ordre d’idées, on peut dire que les ex-présidents et leurs affidés, en braconnant impunément sur les terres de la nation arménienne, ont contribué à l’avènement de Pachinian. Dès lors, quel autre devoir sanitaire pour notre petit Hercule que celui de consacrer l’un des douze travaux de son programme politique au nettoyage des écuries de nos insanes et infâmes Augias, tant leur « merde arménienne », qu’ils ont répandue impunément pendant trente ans, a fini par empuantir l’Arménie tout entière ?
 
Aujourd’hui, les chamailleries que les Arméniens exposent aux yeux du monde entier sont d’autant plus catastrophiques qu’elles ajoutent du désastre au désastre. Après avoir donné aux démocraties une image de combattants magnifiques, dotés d’une foi rougie à blanc au dernier stade du désespoir, voici que les Arméniens montrent l’envers sombre de leur nature, celui d’une passion destructrice mâtinée de fanatisme patriotique sous l’illusoire prétexte de vouloir corriger une débâcle que les circonstances auraient déjà soldée comme irréversible. En fait, ceux qui veulent la peau de Pachinian au nom de l’intérêt national ne font rien d’autre que de dévoyer le principe démocratique de la contestation dans le sens où les animent des arrière-pensées purement claniques. Légitime en tant de paix, cette contestation qui se décline aujourd’hui en violences physiques et verbales sape l’urgence de faire bloc au nom du principe qui exige l’unité de la nation quand sa survie est menacée. Or, les gourmandises inassouvies d’un ennemi impatient de bouffer nos frontières, malgré la présence de soldats russes, pourraient bien profiter du chaos arménien pour grignoter du terrain sur l’Arménie même. Au vrai, les vieilles ganaches qui se sont maintenues au pouvoir en pervertissant les principes démocratiques et qui ont été balayées par la révolution de velours tentent de revenir dans le jeu politique en cherchant à gonfler la contestation anti-Pachinian par l’usage impudique des ruses véreuses qui avaient contribué à leurs succès électoraux. Tout est bon pour ces pirates du pire qui voudraient pousser la nouvelle gouvernance à rendre des comptes à la nation. Dès lors, quoi de plus expéditif que d’accuser de traître leur adversaire politique pour avoir paraphé des conditions dommageables que leurs propres forfaitures avaient programmées de longue date ? Et pourquoi ne pas exploiter le deuil de ceux qui ont perdu un fils ou un frère à la guerre afin qu’ils consentent à grossir leurs rangs et ainsi à démolir le pelé, le galeux, le maudit animal de Pachinian d’où viendrait tout le mal de la nation arménienne.
 
De fait, la Peste qui se répand aujourd’hui en Arménie pousse tous les gens querelleurs à dévouer au sacrifice l’âne le moins suspect d’entre eux dans l’espoir d’obtenir la guérison commune. Mais Pachinian a le souci du droit, même s’il a une part de responsabilité dans cette déconfiture contre l’Azerbaïdjan. Or, ceux qui aujourd’hui exigent sa démission n’ont juridiquement aucun mandat populaire pour le faire étant donné qu’ils ont tous été balayés par les urnes lors des législatives de 2018.
 
Les trois présidents ne devraient-ils pas d’ailleurs avoir la décence de se taire en souvenir de leurs magouilles pour accéder au pouvoir et s’y maintenir ? Mais non ! Ils s’acharnent sur le Premier ministre qui a réussi ce qu’ils n’ont jamais obtenu eux-mêmes, à savoir la confiance de la plus grande partie du peuple arménien. Tous ont violé les Arméniens par les urnes, qui aujourd’hui veulent faire voler en éclats le vote de 2018 : Levon Ter Pétrossian, mais surtout Robert Kotcharian, homme de safaris, qui prend l’Arménie pour son terrain de chasse, et Serge Sarkissian qui perd au casino ce qu’il vole à son pays. En réalité, le plus grotesque est que les grossiers accusateurs de Pachinian cherchent à profiter d’une défaite dont ils le rendent responsables pour faire oublier leur propre culpabilité et par le même coup diluer ou annuler les procès en cours ou à venir quant à leur illégitimité ou leurs propres turpitudes.
 
Quant au Président Armen Sarkissian, on ne se demande pas qui l’a choisi car on sait qui l’a nommé dans un tour de passe-passe dont il est coutumier, aux yeux et à la barbe de tous les Arméniens. Président honorifique, si honorifique d’ailleurs que chacun ignore les contours de son honorable fonction, à commencer par lui-même qui préfère passer les fêtes de fin d’année à Londres auprès de ses petits-enfants, dans une Angleterre covidisée à mort, au lieu de se tenir au chevet de nos soldats blessés qui n’ont pas l’opportunité de se faire soigner à l’étranger.
 
Mais le pompon revient à Karékine II, le moins vénérable des Arméniens, dont aucun ne voudrait comme modèle de sainteté, plus mystificateur que mystique, plus prévaricateur que prieur, plus oligarchique qu’anagogique. Celui qui, au dire de l’archevêque de Moscou Tiran Gyureghian, aurait été abusivement nommé par Vazgen Sargsyan et devrait être démis pour que notre Église retrouve propreté et dignité. De fait, après un sommeil politique de vingt ans et complice d’un pouvoir fait à son image, probablement pour mieux se protéger et épaissir en douce son magot suisse, manger bon et vivre propre, le voici qu’il secoue les saintes poussières de sa soutane pour l’ouvrir :  « Pachinan dehors ! » Forcément, vu que Pachinian sait à qui le catholicos HSBC doit sa place. Des fois qu’il lui prendrait l’idée de rendre le siège d’Etchmiadzine à un homme pur, à un saint homme, à un compatissant ! Mieux vaut prendre les devants, en ce cas.
 
Bref, tous ces grandes gueules, qui l’ouvrent pour dévorer le seul qui ait été normalement élu par la nation arménienne depuis presque trente ans, sont des gens que les Arméniens subissent et que leurs voix n’a pas portés pour les représenter, leur donner du bonheur et des droits et pour sauvegarder la nation. 

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