Marie Angèle Arnaud fut l'une de ces poétesses dont le destin n'a pas mis en lumière le réel talent qui la caractérisait.
Ce fut une vraie surprise et un grand privilège pour moi - je le comprends mieux encore aujourd'hui - que de la découvrir dans le cadre ô combien improbable de la "société juridique et fiscale" où je commençai, à vingt ans, ma vie professionnelle.
C'était une femme seule, d'une cinquantaine d'années, d'apparence peu soignée comme en témoignaient les taches d'origine diverse qui s'étalaient sur les tricots ou chemisiers qu'elle portait. A la pose de midi, elle restait assise à sa place et déployait le journal qui contenait la gamelle dans laquelle elle avait préparé son repas et qu'elle prenait là, tandis que nous, les jeunes, quittions le bureau pour rejoindre le café ou nous déjeunions d'un sandwich.
C'était une femme seule, d'une cinquantaine d'années, d'apparence peu soignée comme en témoignaient les taches d'origine diverse qui s'étalaient sur les tricots ou chemisiers qu'elle portait. A la pose de midi, elle restait assise à sa place et déployait le journal qui contenait la gamelle dans laquelle elle avait préparé son repas et qu'elle prenait là, tandis que nous, les jeunes, quittions le bureau pour rejoindre le café ou nous déjeunions d'un sandwich.
Très vite, une complicité s'était établie entre elle et moi. J'ai gardé précieusement dans mon coffret à souvenirs tous les petits billets si riches d'enseignements - car elle était cultivée - qu'elle tapait à la machine, à mon intention.
Les poèmes que je partage aujourd'hui avec vous, sont des sortes de réponse aux déceptions sentimentales dont je lui faisais la confidence. Ils m'ont mis bien souvent du baume au coeur ...
Elle était frappée de surdité en même temps que d'un lourd handicap du langage. Quand elle était irritée, elle émettait des sortes de grognements gutturaux. Et lorsqu'elle ne se sentait pas en confiance, elle arborait un air renfrogné et soupçonneux tout en marmonnant des mots incompréhensibles. La communication se faisait via la machine à écrire.
Elle m'écrivait : (puisque nos échanges tournaient toujours, ou presque, autour de mes relations amoureuses, quelquefois sources de déception ...) :
"...Et l'aimant sans nommer l'amour,
Tais-lui que sa présence est douce
La tienne sera douce un jour ..."
(Sully Prud'homme)
ou encore
"Le poète est un monde enfermé dans un être"
- un monde est nécessairement divers et changeant ...
ou bien
Oui, il faut être un peu farfelu - Horace a dit :
"Mêle à ta sagesse un grain de folie"
et d'ajouter - mais un grain, pas une tonne !
Et puis, cet acrostiche qu'elle écrivit pour moi
H élène, ce grand nom cher à la poésie
E vocateur et tendre, aux syllabes jolies,
L ourd d'un passé de gloire et si simple pourtant,
E veille dans les coeurs de vagues songeries :
N ausicaa, l'Attique, Homère et ses doux chants,
E t le beau ciel de Grèce aux magiques couchants.
Et puis, cet acrostiche qu'elle écrivit pour moi
H élène, ce grand nom cher à la poésie
E vocateur et tendre, aux syllabes jolies,
L ourd d'un passé de gloire et si simple pourtant,
E veille dans les coeurs de vagues songeries :
N ausicaa, l'Attique, Homère et ses doux chants,
E t le beau ciel de Grèce aux magiques couchants.
Mes pensées vont souvent vers toi
Angèle de ma jeunesse dont la belle âme
a éclairé la mienne.
a éclairé la mienne.
- Abandonne un instant ta plume ...
- Danse sacrée
- Je ne veux rien savoir ...
- Midi d'été
- Musique Valse en La mineur op.34 n°2 - Frédéric Chopin
Interprète : Dinu Lipatti
- Danse sacrée
- Je ne veux rien savoir ...
- Midi d'été
- Musique Valse en La mineur op.34 n°2 - Frédéric Chopin
Interprète : Dinu Lipatti
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