Les mots flottaient dans l'air,
parvenaient à nos oreilles enfantines
*"tchart" *"espanetsin"
lors de ces conciliabules entre adultes
échangés certains soirs à voix basse
dont nous étions exclus ...
Les années ont succédé aux années
sans que rien ne vienne assombrir
notre univers ...
Puis nous avons grandi
Et le mot génocide entra dans
notre vie, notre vocabulaire
les commémorations prirent un sens
sans que les événements, pourtant,
qui en étaient l'origine ne nous soient connus.
Nos jeunes coeurs et nos esprits étaient en paix,
à l'abri du silence familiale ...
Ô famille protectrice soucieuse de
notre bien-être, de notre quiétude
c'est aussi de notre passé, de nos racines,
dont nous nous sommes éloignés.
Après tant d'années, me voici dépositaire
d'une mémoire familiale en deuil
mais dont je sais si peu de choses
J'aurais voulu tout connaître de vous
de vos déchirures et de vos
renoncements.
Mais aucun document - comment
est-ce possible - ne m'ont été transmis.
Ont-ils jamais existé ?
Hier,
hier seulement,
une cousine et amie d'enfance
m'apprit, incidemment,
le nom de la jeune fille
que fut ma grand-mère paternelle :
elle se nommait Marguerite Nadjarian ...
C'est cela aussi un génocide
Dzovinar
*tchart : massacre (découper)
* espanetsin : ont massacré (tué)
Bonjour Dzovinar
RépondreSupprimerComme je comprend ton désir de SAVOIR ! Mais il est vrai que pour la famille un tel drame reste en travers de la gorge et les mots sont refoulés et enfouis profondément.
Je te souhaite une bonne journée
Bonjour Yanis
RépondreSupprimerLe désir de savoir s'intensifie avec les années qui passent, c'est vrai aussi. Mais alors, il est trop tard, car les anciens ont disparu, trop tard pour répondre aux questions qui se posaient à nous, devenus adultes, et qui auraient pu combler les vides d'un puzzle pour toujours incomplet.
Bonne journée mon cher ami
Hier j'étais au dépôt de gerbes devant le Khatchkar de Mandelieu la Napoule.
RépondreSupprimerJ'y vais tous les ans car j'entends de très beaux chants dont l'hymne Arménien et aussi les enfants des écoles qui chantent "Ils sont tombés de Charles Aznavour", c'est très émouvant.
Un jour je t'enverrais la photo de cet endroit qui en bord de Siagne.
Gros bisous Dzovinar.
Belle soirée.
Ils sont tombés pour entrer dans la nuit
Éternelle des temps au bout de leur courage
La mort les a frappés sans demander leur âge
Puisqu´ils étaient fautifs d´être enfants d´Arménie.
Je suis très émue Mireille. Je t'embrasse.
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