Pour la petite histoire
Victoria
Directrice du bateau Konstantin Fédine, elle en était vraiment l'âme : Professionnelle, énergique, efficace, soucieuse du bien-être des passagers, partout à la fois !
Le courant passa tout de suite entre elle et moi.
Liza (à gauche) - Guide de la première excursion
Anastasia - ma traductrice à demeure !
et notre chauffeur du jour
Anastasia - ma traductrice à demeure !
et notre chauffeur du jour
Il est des moments où tout se conjugue pour que le voyage entrepris se passe sous les meilleurs auspices. Ce fut le cas pour celui-ci.
Le bateau de croisière fluviale "Konstantin Fédine", au charme un peu désuet, mais agréable à vivre, devait compter, durant la période où j'y vécus, deux groupes de touristes, l'un chinois, l'autre russe (les Russes un peu argentés s'offrent volontiers des week-end ou de courts séjours au fil de l'eau).
Seule française à bord, l'agence russe de tourisme - en relation avec l'agence française où je souscrivis mon voyage - fit face à ses obligations en mettant à mon service traductrice à demeure, taxi et guide pour les visites prévues dans le descriptif !
Mon garde du corps Anastasia (lol), une ravissante jeune femme de 20 ans, encore étudiante en langue (française) à la faculté, ne me quittait pas d'une semelle durant la journée. Elle me tenait compagnie même à la table des repas, dés l'instant où je m'y trouvais - même de bonne heure pour le petit-déjeuner (7 h 30 - car je suis une lève-tôt) ! Elle avait encore les yeux ensommeillés car, outre sa présence à mes côtés, elle participait tard le soir aux préparations des "festivités" du lendemain.
Je lui demandais "as-tu pris ton petit-déjeuner (ou ton déjeuner, ou ton dîner) elle répondait invariablement "non, tout à l'heure" et me regardait manger le ventre vide ! Elle était si mignonne, fraîche, candide, un peu indolente, le nez sur son portable quand la conversation tombait, comme on le voit de nos jours partout ailleurs - une enfant encore, à bien des égards. Très vite, je pris l'initiative de la renvoyer en lui disant "nous nous verrons tout à l'heure" ; elle hésitait - elle avait d'autres directives - et j'insistais en la rassurant "mais oui, je te l'assure - je peux survivre un peu sans toi !" -
Durant ce voyage, je crois l'avoir un peu aidé aussi en lui apprenant vocabulaire et expressions françaises qu'elle ne connaissait pas encore (certaines "familières" - qui retenaient toute son attention !)
Les guides que l'on m'octroya, chaque fois différentes, maîtrisaient la langue française à la perfection ; possédaient à fond l'histoire de leur pays, et du coup, m'abreuvaient de détails qui, je l'avoue, finirent par me fatiguer ! Comment leur faire comprendre qu'un touriste - s'il n'est pas professeur d'histoire ou maître de conférence - ne peut emmagasiner en deux ou trois heures, deux ou trois cents ans de faits historiques, détaillés de surcroît !
Dés la seconde excursion, je pris la précaution, avant notre départ, de leur expliquer - Anastasia interposée - que je ne souhaitais, pour mon information, que les "grandes lignes"... Peine perdue !
J'eus droit immanquablement à tous les détails possibles ! "Mais c'est l'histoire de mon pays" disaient-elles pour s'excuser !
La guide, quant à elle, qui m'accompagna pour la dernière visite (St-Pétersbourg et l'Ermitage), à qui j'avais fait les mêmes recommandations, loin de les suivre, accéléra ses explications, dès qu'elle sentit ma lassitude, espérant ainsi honorer ses obligations, avant que je ne m'écroule d'épuisement !
Ah merveilleuses femmes ! Je vous garde néanmoins toute ma tendresse et vous souhaite le meilleur - puissiez-vous y accéder.
Un matin, deux ou trois jours après mon embarquement, en circulant sur le bateau, j'entendis un choeur chanter ... Le chant, la musique surtout, occupent une grande place dans ma vie - je devais donc voir qui chantait ainsi - et poussant la porte de la salle d'où provenaient les voix, je me trouvai face ... à un groupe de femmes chinoises. Et je n'aurais jamais pu imaginer qu'une incroyable amitié s'instaurerait aussitôt entre elles et moi. Heureuses de ma curiosité, elles m'applaudirent (!) et m'invitèrent à prendre place auprès d'elles. Nos moyens de communication verbale étaient très succints : quelques mots d'anglais ... et encore !
La chef de choeur, une jeune femme d'une trentaine d'années, mit une partition entre mes mains : c'était une oeuvre d'un compositeur français - que les choristes chantaient en français !
La chef de choeur me fit comprendre que mon aide serait bienvenue pour la prononciation.
Et je devins, malgré moi, mais avec un réel plaisir, leur chef en second !
De ce jour, elles me considérèrent comme une des leurs, chaque rencontre devint l'occasion de photos-souvenirs (elles adoraient faire des photos, comme on le dit des chinois en général). J'appris ensuite qu'elles étaient membres de l'armée et qu'elles faisaient ce voyage avec la perspective d'un festival de choeurs auquel elles participeraient à Saint-Pétersbourg. Ouvertes, gaies, souriantes toujours, curieuses de tout, c'est un réel étonnement qu'elles manifestèrent le jour où je leur appris que j'étais d'origine arménienne : elles ignoraient qu'il existait un pays qu'on nomme "Arménie" !
Maintenant, elles savent !
à ma droite Gao Huan, chef de choeur
Je fus intégrée d'office ce soir-là pour chanter avec elles cette oeuvre "La berceuse du petit Zébu" du compositeur français Jacques Ibert ! (Que je n'avais qu'entendue, et que je ne connaissais qu'à peine ! ). Plus tard dans la soirée, réunies autour d'une table dans le bar du bateau, ce fut encore l'occasion de partager des chants ...lyriques - à leur demande, je chantai à mon tour et ce fut pour elles la découverte d'une mélodie arménienne que je souhaitais leur faire connaître : Guiliguia ... elles semblaient émues ces femmes pleines de sensibilité, de talent,et de curiosité !
Les soirées organisées pour notre distraction, furent aussi l'occasion de découvrir de vrais talents parmi les intervenants.
Le groupe "Troyka" fut un de ceux-là.
La jeune femme du groupe chantait de cette voix particulière bien timbrée, à la fois rauque et claironnante que l'on entend parmi les voix féminines des pays de l'est dans les chants traditionnels (Roumanie autre autres).
Les musiciens jouaient à la perfection ! Notamment le joueur de cet instrument russe nommé "glab" avec lequel il pouvait interpréter des pièces très difficiles du répertoire classique ! Un brio, une dextérité époustouflantes ! Le public l'acclama à chaque nouvelle pièce !
Et comme tout a une fin, après un spectacle auquel participèrent des touristes - dont le choeur chinois évidemment, ainsi que moi dans une mini saynète burlesque - et les membres du bureau toujours mis à contribution, ce furent les adieux chaleureux de notre responsable déjà citée Victoria, accompagnée de l'animateur des soirées dansantes où se produisait une chanteuse arménienne Hélène (qui ne connaissait pas notre langue maternelle ...).
Le regard de Victoria me disait : "parle de nous, fais savoir que nous serons tout entier au service de ceux qui nous ferons confiance !"
C'est fait ma belle !
Виктория спасибо!
Спасибо всем
quelle richesse ces rencontres dans ton superbe voyage...bravo à toi et à toutes tes "nouvelles amies" !
RépondreSupprimerCes rencontres "improbables" sont de vraies occasions de se rapprocher de peuples dont nous n'avons parfois que des a-priori sans véritable fondement.
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