dimanche 1 juillet 2018

PANTHEON POUR MISSAK MANOUCHIAN - QUAND ?

Stèle Missak Manouchian, à Ivry 

MISSAK MANOUCHIAN  ET SON GROUPE ?

quatre grands noms de la Résistance : Jean Zay, Pierre Brossolette, Germaine Tillion et Geneviève de Gaulle-Anthonioz. Tous les quatre feront leur entrée au Panthéon, cette nécropole des grands hommes et femmes de la République française, située au cœur de Paris, dans le Ve arrondissement.

http://museedelaresistanceenligne.org/media6561-Missak-Manouchian
Missak Manouchian, d’origine arménienne, est né en 1906 à Adiyaman. Ses premières années sont marquées par la perte de ses proches, emportés par la politique génocidaire de la Turquie contre son peuple et qui fit entre huit cent mille et plus d’un million de victimes. Après avoir séjourné dans un orphelinat français en Syrie, Missak Manouchian parvient à venir en France en 1925, à l’âge de dix-neuf ans. D’abord menuisier, Missak Manouchian devient tourneur aux usines Citroën. Mais la crise de 1929 précipite son licenciement. En 1934, sensible aux combats politiques, il rejoint un groupe communiste arménien et dirige le journal, le Zangou.

Militant actif, il est souvent confronté à la police et subit des affectations dans les usines du Morbihan puis de la Sarthe à l’heure de la défaite et de l’instauration du régime de Vichy. En 1940, après un internement au camp de Compiègne, Missak Manouchian décide de se consacrer à la résistance armée. Aussi, en février 1943, il intègre à Paris les francs-tireurs et partisans – main d’œuvre immigrée (FTP-MOI), adepte de l’action de résistance. Son groupe de résistants est exclusivement composé d’étrangers. Italiens, Polonais, Hongrois et Arméniens, ils sont, pour la plupart, de confession juive.

Ils accomplissent des dizaines d’attentats. Leur coup d’éclat le plus marquant est l’exécution du général Julius Ritter (1893-1943), nommé en France pour y superviser le recrutement de la main d’œuvre destinée au service du travail obligatoire (STO).

Missak Manouchian est finalement arrêté le 16 novembre 1943, comme vingt-deux autres de ses compagnons. Leur procès se déroule en février 1944 et fait l’objet d’une vive propagande nazie, via une affiche placardée sur les murs de Paris, qui dénonce Missak Manouchian et ses camarades. Contre toute attente des autorités allemandes, celle que l’on surnomme l’Affiche rouge devient le symbole de l’engagement des étrangers dans la Résistance. Manouchian et ses compagnons sont fusillés le 21 février 1944, au mont Valérien… Là même où un millier d’autres résistants furent fusillés au cours de ces années noires. Missak Manouchian meurt à l’âge de 37 ans. À ce jour, Arsène Tchakarian est le dernier survivant du groupe Manouchian, symbole de cet engagement en France des étrangers dans la Résistance.

  • Poèmes autour de l'Affiche Rouge
  • ***************
  • Poème de Paul Eluard au groupe Manouchian 
  • LEGION

  • Si j’ai le droit de dire,
  • en français aujourd’hui,
  • Ma peine et mon espoir, 
  • ma colère et ma joie
  • Si rien ne s’est voilé, 
  • définitivement,
  • De notre rêve immense 
  • et de notre sagesse

  • C’est que ces étrangers,
  • comme on les nomme encore,
  • Croyaient à la justice,
  • ici-bas, et concrète,
  • Ils avaient dans leur sang
  • le sang de leurs semblables
  • ces étrangers savaient
  • quelle était leur patrie.

  • La liberté d’un peuple
  • Oriente tous les peuples
  • Un innocent aux fers 
  • enchaîne tous les hommes
  • et, qui ne se refuse à son cœur,
  • sait sa loi.
  • Il faut vaincre le gouffre
  • Et vaincre la vermine.

  • Ces étrangers d’ici
  • Qui choisirent le feu
  • Leurs portraits sur les murs
  • Sont vivants pour toujours. 
  • Un soleil de mémoire
  • Eclaire leur beauté.
  • Ils ont tué pour vivre,
  • Ils ont crié vengeance.

  • Leur vie tuait la mort
  • Au cœur d’un miroir fixe
  • Le seul vœu de justice
  • A pour écho la vie
  • Et, lorsqu’on n’entendra 
  • Que cette voix sur terre
  • Lorsqu’on ne tuera plus
  • Ils seront bien vengés ;

  • Et ce sera justice.

  • Paul ELUARD Cinq ans après

  • *****
  • Strophes pour se souvenir
  • Vous n’avez réclamé la gloire ni les larmes
  • Ni l’orgue ni la prière aux agonisants
  • Onze ans déjà que cela passe vite onze ans
  • Vous vous étiez servi simplement de vos armes
  • La mort n’éblouit pas les yeux des Partisans
  • Vous aviez vos portraits sur les murs de nos villes
  • Noirs de barbe et de nuit hirsutes menaçants
  • L’affiche qui semblait une tache de sang
  • Parce qu’à prononcer vos noms sont difficiles
  • Y cherchait un effet de peur sur les passants
  • Nul ne semblait vous voir Français de préférence
  • Les gens allaient sans yeux pour vous le jour durant
  • Mais à l’heure du couvre-feu des doigts errants
  • Avaient écrit sous vos photos MORTS POUR LA FRANCE
  • Et les mornes matins en étaient différents
  • Tout avait la couleur uniforme du givre
  • À la fin février pour vos derniers moments
  • Et c’est alors que l’un de vous dit calmement
  • Bonheur à tous Bonheur à ceux qui vont survivre
  • Je meurs sans haine en moi pour le peuple allemand
  • Adieu la peine et le plaisir adieu les roses
  • Adieu la vie adieu la lumière et le vent
  • Marie-toi sois heureuse et pense à moi souvent
  • Toi qui va demeurer dans la beauté des choses
  • Quand tout sera fini plus tard en Erivan
  • Un grand soleil d’hiver éclaire la colline
  • Que la nature est belle et que le coeur me fend
  • La justice viendra sur nos pas triomphants
  • Ma Mélinée ô mon amour mon orpheline
  • Et je te dis de vivre et d’avoir un enfant
  • Ils étaient vingt et trois quand les fusils fleurirent
  • Vingt et trois qui donnaient leur cœur avant le temps
  • Vingt et trois étrangers et nos frères pourtant
  • Vingt et trois amoureux de vivre à en mourir
  • Vingt et trois qui criaient la France en s’abattant.
  • Louis Aragon, Le roman inachevé
  • Editions Gallimard, 1956.

  • *****
  • Le miroir et moi

  • Dans tes yeux de la fatigue et sur ton front tant de rides,
  • Parmi tes cheveux les blancs, vois, tant de blancs, camarade…
  • Ainsi me parle souvent l’investigateur miroir
  • Toutes les fois que, muet, je me découvre seul en lui.
  • Tous les jours de mon enfance et les jours de ma jeunesse
  • Je - cœur parfois tout disjoint - les brimais pour l’holocauste
  • Sur l’autel des vanités tyranniques de ce temps,
  • Naïf - tenant pour abri l’espoir tant de fois promis.
  • Comme un forçat supplicié, comme un esclave qu’on brime
  • J’ai grandi nu sous le fouet de la gêne et de l’insulte,
  • Me battant contre la mort, vivre étant le seul problème…
  • Quel guetteur têtu je fus des lueurs et des mirages !
  • Mais l’amertume que j’ai bue aux coupes du besoin
  • S’est faite - fer devenue - que révolte, qu’énergie :
  • Se propageant avec fureur mon attente depuis
  • Enfouie jusqu’au profond du chant m’est cri élémentaire.
  • Et qu’importe, peu m’importe:
  • Que le temps aille semant sa neige sur mes cheveux !
  • Cours fertile qui s’élargit et qui s’approfondit
  • Au cœur de toute humanité très maternellement.
  • Et nous discutons dans un face-à-face, à «contre-temps»,
  • Moi naïvement songeur, lui ironique et lucide;
  • Le temps ? Qu’importe ce blanc qu’il pose sur les cheveux:
  • Mon âme comme un fleuve est riche de nouveaux courants.

  • Missak anouchian

  •  http://www.groupemarat.com/pdf/marat-poemes_affiche_rouge.pdf

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