vendredi 11 août 2023

Ecrittératures 10 août 2023 REVANCHE DE LA VERITE (3)


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Aujourd’hui, l’Arménie est jetée malgré elle dans le feu d’une histoire qui peut la défaire physiquement, mais aussi moralement. Le fonds humaniste des Arméniens éprouverait des relents nationalistes par la force des événements s’il ne s’agissait en fait que d’un patriotisme d’autodéfense confronté à un nationalisme d’agression tel qu’il est mis en œuvre par le terrorisme d’Aliev. Le cas de l’Artsakh n’est pas à interpréter, comme le sous-entend le maître de Bakou, comme un nationalisme d’occupation dès lors que ses habitants ne revendiquent que le droit de vivre là où ils ont toujours vécu et comme ils ont toujours vécu, à savoir en être humains libres et dignes. Depuis plus d’un siècle, ces Arméniens ont assez perdu de terrain et de droits, au fur et à mesure des injustices d’une histoire faite d’arbitraire, de mépris et de massacres, pour revendiquer l’Artsakh comme le dernier carré de leur légitimité.

Mais loin de nous éclairer, les propos de Vassili Grossman vous plongent dans le noir le plus complet dès lors qu’on se hasarde à examiner le fonds humaniste de ce qui constitue l’arménité. Qui les fréquente avec lucidité peut se demander, comme je l’ai fait en son temps, si les Arméniens aiment les Arméniens. C’est que la corruption et les voyouteries qui animent en profondeur le pays, autant que le mésusage des règles élémentaires de conduite qui ont cours en diaspora (un auteur en sait quelque chose) démontrent objectivement le degré de mépris mutuel qui sévit chez nous. Cette mentalité délétère et sauvageonne qui parcourt tous les échelons de la société en Arménie et de la communauté en diaspora en dit long sur l’hypocrite «  tsavet danem » (je prends ton mal) dont chacun se gargarise pour camoufler un égoïsme crasse. Cela étant dit, il est vrai aussi que des voix et des vies relèvent le défi d’une mentalité archaïque par des échappées vers une certaine transcendance reposant sur un vrai respect des personnes. Si Pachinian ne veut pas la guerre, c’est qu’à ses yeux chaque soldat arménien est avant tout une personne. Contrairement à nos nationalistes de bouche qui crient à la guerre avant que toutes les voies de paix aient été épuisées. Pachinian s’en tient à une seule ligne, d’autant plus intenable qu’elle est fragile et qu’il est bousculé de tous les côtés, à savoir maintenir la vie et donc le territoire où elle est possible pour le maximum d’Arméniens. Malheureusement, il est pris entre les feux des trois monstres russe, turc et azéri pour lesquels le soldat n’est qu’un robot idéologisé au service de leurs lubies. Car Pachinian, quoi qu’on dise de lui, cherche à préserver le fonds chrétien des Arméniens pour mieux les conduire vers un avenir fondé sur l’idéal européen

C’est que toute passion démocratique commence par la compassion.

Denis Donikian

REVANCHE de la VERITE (1)

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REVANCHE de la VERITE (2)

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