dimanche 4 décembre 2011

Pauvre loup !



C'était un loup de belle taille ; plus grand que la normale. On se méfiait de lui, on ne l'aimait pas, il était par trop différent. Ainsi en avait-on arbitrairement décidé - croyait-il. 


Dés qu'il paraissait, aussitôt hommes et bêtes se liguaient contre lui, pour le faire disparaître. Il souffrait beaucoup de cet acharnement : il pensait " ne voyez-vous pas que je ne vous veux que du bien ? Je suis prêt à vous offrir ma force pour vous défendre contre vos ennemis, j'irai même jusqu'à les dévorer à belles dents, je prends le risque, croyez-moi, d'une sévère indigestion ..."


 Las, on ne l'entendait guère ! Que peut un innocent contre les barrières des idées reçues...Son seul ami le renard l'accompagnait souvent, rompant ainsi sa solitude, mais détalait sans un regard en arrière dès que survenait le moindre embêtement .


 Notre loup humaniste se sentait bien seul, plus encore les jours où la terre entière semblait en liesse. Tête basse,  par les chemins des forêts  qu'il aimait, il s'en allait, le coeur meurtri de sa disgrâce. Il pensait : quand viendra-t-il ce jour tant attendu où tous auront compris que je suis le plus doux, le plus fidèle, le plus courageux, pour tout dire, le meilleur des amis, pourvu qu'on prenne la peine, somme toute, d'offrir à mon modeste appétit, est-ce trop demander par les temps qui courent  ... cinq kilos de viande chaque jour ? 


Dzovinar

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