dimanche 9 décembre 2018

Mes parents, notre destin - La photo -

Destin contraire

Poème (2007)
Je n'avais jamais vu la photo de mariage de mes parents - Ma tante
en détenait un exemplaire qu'elle m'envoya en 2007.

La photo

Une image a traversé le temps.
J'en connaissais l'existence
sans l'avoir jamais vue.
L'enveloppe est arrivée.
Hier. Quand je l'ai ouverte,
gorge nouée ... ô mes innocents !

La vision a transpercé mon coeur
mieux que ne l'aurait fait une lame acérée.
Toi mon père au visage si fin, si doux,
pourquoi ce regard baigné d'inquiétude ?
Pressentais-tu déjà les tourments
qui, si vite, viendraient flétrir
ces moments de grâce de ton mariage ?
Toi, ma mère, à peine sortie de l'enfance,
ignorante de ta beauté qui rayonne,
radieuse et confiante appuyée contre lui,
à qui, sans crainte, tu as confié ta vie,
que pouvais-tu savoir des hasards
qui rôdent obscurs et malfaisants ;
que pouviez-vous savoir de l'aveugle destin
qui sépare des êtres si bien faits l'un pour l'autre.

Je vous regarde et je pleure
sur tout ce que vous n'avez jamais eu ;
voir ensemble grandir vos enfants,
partager l'harmonie d'un paisible foyer.
Tu étais si bon mon père et toi maman si gaie.

Je vous regarde et je pleure
maintenant que vous n'êtes plus
sur tout ce qui aurait pu être
 que nous n'avons pas eu.



Mes parents
    


 Mon arrière grand-père maternel habitait en Turquie,  le quartier Péra, très prisé des familles bourgeoises arméniennes,  où il possédait un magasin d'armurerie. Sa situation financière lui permettait d'entretenir dans une certaine aisance une famille qui comptait cinq enfants. Ils pratiquaient tous un instrument de musique et se réunissaient le soir, pour de petits concerts familiaux. Ma grand-mère, Sophie, artistiquement douée, jouait du piano, aimait la littérature, le théâtre, jouait la comédie  connaissait sept langues, dont l'arabe qu'elle lisait et écrivait couramment. C'est au cours d'un voyage en Russie qu'elle rencontra mon grand-père, Avédis.  

Issu d'une famille ukraino-arménienne, officier ainsi que ses frères dans l'armée du tsar,  mon grand-père  d'un tempérament plutôt sombre, à l'opposé de celui de ma grand-mère Sophie, femme brillante, amoureuse de la vie,  au caractère enjoué, s'éprit de cette femme légère et gaie comme un pinson, et quitta tout pour la suivre à Constantinople. Pour son malheur.

 C'est là que maman naquit, sur le quai d'embarquement du bateau que sa mère s'apprêtait à prendre ! Puis, très peu de temps après cette naissance, ma frivole grand-mère oublia ses devoirs pour suivre un comédien dont elle s'était entichée ... Mon grand-père espéra en vain, en la suivant à son tour à la trace avec l'enfant, qu'elle reviendrait au foyer, sans succès. Sa quête le conduisit en Bulgarie, où il finit par s'établir en désespoir de cause et où ses parents le rejoignirent.


 C'est ainsi que grandit ma mère, entourée de l'amour de son père et de ses grand-parents jusqu'au moment où son père se remaria avec une jeune fille, Koarig, miraculée du génocide des arméniens. Elle était servante en même temps que mon arrière-grand-mère donc, dans une riche famille arménienne. Maman avait six ans ; l'amour exclusif, sans partage, qu'elle vouait à son père lui fit découvrir la souffrance de la jalousie à la naissance de ses frères et soeurs. Entre-temps, la famille s'était installée en France, à Lyon. C'était la misère. Au fil du temps, la mésentente qui régnait entre sa belle-mère et elle, généra son vif désir de quitter le foyer. On décida de la marier, elle avait quinze ans mais on prétendit qu'elle en avait seize. C'est ainsi qu'elle épousa mon père âgé de vingt quatre ans et que très rapidement,  les grossesses se succèdèrent ; un premier enfant naquit qui mourut à six mois, puis vint mon frère dont elle était déjà enceinte, enfin ma naissance dix huit mois plus tard.

Se marier, dans la culture arménienne, signifiait rejoindre la famille de l'époux et la partager. Le maître du clan, mon grand-père paternel cette fois, dictait sa loi. Une loi que chacun supportait sans broncher, mon père y compris. "Il était très gentil, me dit plus tard ma mère, nous nous entendions bien et riions souvent en cachette, mais il n'osait pas se rebeller". Le couple de mes parents n'avait aucune autonomie. Un rituel consistait, pour la jeune épousée, à laver les pieds du maître en signe de respect ... Une connivence existait cependant entre les jeunes gens qu'étaient mes tantes Kéranouche et Christine, Mes oncles Zaven  et Joseph ; ils se soutenaient mutuellement, au moins en paroles, lorsque la dictature du "vieux", ainsi qu'ils nommaient leur père, était par trop contraignante.

Mon grand-père (qui n'était pas le père biologique de papa, Zaven et Kéranouche), petit homme sec et nerveux craint de tous, décidait de tout pour tous. Les revenus du travail étaient gérés par lui. C'est ainsi qu'il s'occupa des tenues vestimentaires de maman et, curieusement, montra dans ses choix beaucoup de goût. Peut-être pour satisfaire le "qu'en dira-t-on" s'ingénia-t-il - malgré leurs faibles ressources - à la parer de vêtements de qualité faits de crêpe ou de soie... Elle était si jolie maman. Tante Kéranouche pensa un jour que les cils de maman - qu'elle avait fort longs - étaient trop longs et décida qu'il fallait les couper ... Ce qu'elle fit ! Un petit peu jalouse quand même...

Mes parents acquirent enfin leur autonomie lorsque mes grands-parents décidèrent de quitter Lyon pour la banlieue parisienne : Alfortville.

Alors, la malveillance, les ragots, l'extrême jeunesse de maman sans doute, furent à l'origine de la séparation de mes parents. Enrôlé dans l'armée française qui l'éloigna de son foyer, il revint au cours d'une permission, et trouva porte close ... et nous, bambins de 2 ans et demi et 1 an, confiés à des voisins ...Les racontars avaient déjà fait leur oeuvre. Sans chercher à comprendre davantage, il prit le train le soir même pour Paris afin de nous confier aux soins de nos grands-parents.

Commença pour maman, l'enfer de l'arrachement que fut pour elle la perte de ses enfants, puis du rejet familial, puis de la solitude . Au sortir d'une longue dépression, elle se rendit à Paris, dans l'espoir de nous retrouver. En vain. Un atelier de couture cherchait une employée. Elle se présenta. Elle ne savait rien de la couture ! Et cet homme, qui devint son patron mais surtout un grand ami, s'étant vite aperçu de son ignorance, choisit pourtant de lui faire confiance et lui offrit une chance d'apprendre son métier en le pratiquant - à ses risques et périls. S'il y eut des "râtés", il n'eut pas à regretter les premiers dommages de son apprentissage, car très vite, maman devint sa meilleure ouvrière. Elle fut son bras droit et dirigea l'atelier pendant de longues années. Lorsque survinrent nos retrouvailles, je me souviens de son beau regard rempli de fierté quand elle me présenta à ce patron bienveillant, qui me pinçant affectueusement la jour, lui dit : "vous avez une bien belle jeune fille"  ...

Elle avait rencontré durant ses années de difficultés celui qui devint son mari. Il était Français et terminait ses études. Mais la plaie toujours ouverte de la déchirure qu'avait été pour elle notre séparation, entretenait une dépression chronique qui la jetait, chaque fois qu'elle se manifestait, dans des gouffres de souffrances. Jusqu'au jour où j'intégrai définitivement leur domicile. Ce fut aussi le moment, après le paroxisme du bonheur retrouvé,  où J'entrai dans l'univers de l'amour possessif,  exclusif, de ma mère en même temps que celui, plus insidieux et trouble, de sa dépression. Elle m'idolâtrait, m'offrait tout ce qui pouvait me faire plaisir. Je l'aimais aussi, de toute mon âme. Quand elle pleurait, impuissante que j'étais à guérir un mal qui la rongeait sans cesse, je la serrais sur mon coeur et couvrais ses yeux de baisers. Et, peu à peu, otage consentante de mon amour infini pour elle, quittant mon rôle de fille, je compris que je devais endosser celui de protectrice, de mère. 


J'apprenais à vivre pour l'autre, et plus seulement pour moi.

Cet amour excessif qui nous unissait me maintint longtemps dans un monde idéal, inhumain en quelque sorte. Je n'imaginais pas qu'il puisse un jour se briser. Et quand à la faveur de circonstances particulières cet être que j'aimais sans réserve, s'éleva contre moi, tenta de me nuire, y parvenant presque, ce fut pour moi un choc d'une brutalité inouïe. J'avais alors trente-cinq ans quand j'ouvris les yeux sur une réalité que je n'aurais jamais pu imaginer. La vie me réserva comme à tant d'autres, bien des aléas, des difficultés, matérielles souvent ; mais rien, jamais, n'a pu m'atteindre aussi profondément comme la perte de l'illusion que se révéla être cet amour que je croyais indéfectible, celui de ma mère. Il me fallut du temps pour parvenir à dépasser cette souffrance et reprendre des relations avec elle.  Mais j'y parvins peu à peu prenant en compte ses propres démons ; et puis maman vieillissait ; je n'aurais pu l'abandonner ; j'étais près d'elle, lui tenait la main au jour de sa mort, lui ai fermé les yeux. Nous avions perdu des années si précieuses.

Maman 


Un des bouleversements qui survint dans notre vie d'enfants, que nous vécûmes mon frère et moi comme une coup de tonnerre dans un ciel serein, fut la rencontre avec notre mère dont on nous avait dit qu'elle était morte, sans doute pour couper court à toute explication. Nous avions respectivement 17 et 15 ans.

Mon frère, alors en apprentissage chez un bijoutier, revint un soir et, avec des airs mystérieux, me fit signe de le rejoindre dans sa chambre. Un grand mot pour désigner le réduit qui ne pouvait contenir que son lit. Il l'avait rendu très vivant en y installant, sur le sol, dans la ruelle du lit, sur des cartons qui figuraient le circuit du Tour de France, d'innombrables petits vélos avec leur coureur, qu'il déplaçait en fonction de l'étape du jour.

Il fallait enjamber avec précaution son univers cycliste pour atterrir sur le lit. Sitôt installés côte à côte, il sortit alors de sa poche la photo d'une ravissante jeune femme d'une trentaine d'années. De beaux yeux largement ouverts, le sourire de deux lèvres pulpeuses donnant une douceur incroyable à son visage ovale, encadré de cheveux bruns, mousseux, bouclés.

- C'est ta julie* ? Demandai-je admirative. Il me fit attendre avant de laisser tomber : non. C'est maman.
L'expression "le ciel qui vous tombe sur la tête" prit tout sens pour moi !

Nos grands-parents, à qui nous avions été confiés dés notre plus jeune âge, nous avaient élevés jusqu'à ce que notre père envisage de refaire sa vie, ce qui se produisit lorsque nous atteignîmes neuf et onze ans. Sa femme eut bientôt deux enfants, me propulsant du même coup dans le rôle de nounou ! Je me levais la nuit, pendant que mes parents dormaient, pour bercer pendant des heures, dans le noir pour ne pas les réveiller, le marmot qui s'époumonait tant qu'il pouvait ! Et, rageuse, je me jurais que je n'aurais jamais d'enfants !

La version d'une maman morte s'était modifiée au fil du temps. Je me souviens encore du jour où, assise près de ma grand-mère, dans la cuisine, tandis qu'elle s'occupait du repas, je lui avais demandé : "c'est vrai que ma mère est morte ? Elle n'avait pas répondu, mais une larme avait roulé sur sa joue. Puis, chose inhabituelle, grand-père vint nous attendre à la sortie des classes durant un certain temps ; et, malgré les non-dits, nous comprîmes qu'il se passait quelque chose ayant un rapport avec notre mère. Nous apprîmes plus tard, qu'en effet, dans de nouvelles tentatives désespérées pour nous voir, elle venait se poster dans la rue, non loin de notre école.

- C'est maman ... Mais comment ?
- Elle est venue me voir à l'atelier.

C'était inouï. Et ce fut pour nous l'un des plus importants chamboulements de notre existence, le premier s'étant produit à notre insu, quand nous n'étions encore que de tout petits enfants - trois ans pour mon frère, un an pour moi.

Deux jours après cette incroyable nouvelle, j'étais chez maman. C'était un miracle. J'étais dans ses bras et ce fut comme si les années de séparation n'avaient jamais existé. Elle voulut que je m'installe chez elle. J'eus à faire un choix douloureux : quitter mon père que j'aimais de tout mon coeur, ou refuser le somptueux cadeau que me faisait la vie : ma mère. Mon frère m'aida dans ma décision en me disant que lui resterait près de notre père, que ce serait mieux pour moi de rejoindre maman. Un tel évènement souda encore davantage les liens déjà très forts qui nous attachaient, mon frère et moi. Il se montra le grand frère qui conseille, encourage, approuve le choix égoïste de sa petite soeur, afin que la chance d'une autre vie lui soit offerte.
Mon père souffrit beaucoup de mon départ, mais, avec le temps, constatant l'évolution positive de ma vie, il finit par me pardonner.

Et ma vie changea. Alors qu'après mon certificat d'étude, quittant l'école (au grand dam de mon institutrice venue plaider ma cause auprès de mon père) je restai oisive, occupée seulement de travaux ménagers sans autres perspectives, maman souhaita que je reprenne des études.
Je passai le concours d'entrée de l'école de la rue Monceau à Paris, où j'habitais désormais. Je fus reçue première (!) ce qui me valut d'emblée l'intérêt des professeurs. Tout était nouveau : nous avions un professeur pour chaque matière, changions de classe selon les cours ... Très vite j'eus de nouvelles amies. Et ce furent les rendez-vous dans le bistrot du coin, aux heures de repas faits de sandwichs, où nous retrouvions des étudiants d'autres lycées, parmi lesquels un jeune poète qui me subjuguait...
J'évoluais rapidement, même s'il me restait des progrès à faire : un jour que notre professeur de Français (Mademoiselle Cotin - je l'adorais) nous demandait, à propos des "Femmes savantes" de Molière et de la phrase "Il n'est pas bien honnête, et pour beaucoup de causes, qu'une femme étudie et sache tant de choses ..."- a-t-il raison ?
Je me retins juste à temps de répondre "ben oui ..." car je sentis confusément que j'allais dire une ânerie ou que ce n'était pas ce qu'elle espérait entendre.
J'étais encore très imprégnée de notre culture arménienne qui voulait que la place d'une femme soit avant tout au sein de son foyer ...

J'adorais mon père, qui était la douceur même et dont la meilleure arme était l'humour : un jour, quand je vivais encore sous son toit, que je lui montrai mon carnet scolaire, où, cette année-là je ne me distinguai pas par de brillants résultats, et comme je figurais à l'avant-dernière place, il me dit : eh bien, tu n'auras plus beaucoup de places à perdre, le mois prochain ! Cette moquerie me mortifia bien plus que n'importe laquelle des punitions.

Il est certain cependant, que c'est à maman que je dois d'avoir pu élargir un horizon qui, sans elle, m'aurait été fermé. Maman et Gérard, son époux français, étaient curieux de tout : d'histoire (les revues Historia" s'amoncelaient sur l'étagère), de littérature (là c'étaient les livres de la Pléiade ...) de musique : nous écoutions toujours les oeuvres des compositeurs qu'ils aimaient - et ils étaient nombreux ! Ce sont grâce à elles que j'ai pu développer la sensibilité musicale que je portais en moi dés mon enfance. Mais je dus attendre bien des années encore avant de pouvoir l' exploiter ...

* "julie" : petite amie ...

*****
Mon père



Je sais fort peu de choses hélas sur les évènements qui ont conduit mes grands-parents en France, s'agissant bien entendu de leur histoire personnelle qui rejoignait cependant celle de tous les arméniens qui durent quitter l'Arménie occidentale lors des massacres génocidaires perpétrés par les Jeunes-turcs de l'empire ottoman. Nous avons toujours été tenus à l'écart, nous les enfants, de ce sombre drame dont nous n'eûmes connaissance que tardivement. De plus, nous étions trop jeunes, quand nos grands-parents vivaient encore , pour tenter de percer les secrets enfouis si bien gardés.

Mon oncle Joseph, de ma famille paternelle, et qui vient de quitter ce monde, m'avait fourni dernièrement quelques détails qu'il avait pu recueillir, car lui-même avait vu le jour en France.

Mon père est né à Bafra, près de la mer Noire ; c'est la seule indication précise en ma possession qui me laisse penser que la famille y vivait. Ma grand-mère perdit son mari, un homme respecté de son village, dans des circonstances qui ne sont pas très claires pour nous. Craignant alors pour sa famille, elle décida de tout quitter et s'embarqua pour la France. Sur le bateau qui les transportait, elle et ses enfants, ma grand-mère se lia d'amitié avec un homme qui les prit en charge et les accompagna. Il était sans papier ; ma grand-mère avait les siens indiquant qu'elle était mariée. De sorte qu'à l'arrivée, elle déclara ce nouveau compagnon comme étant son mari. Il le devint effectivement, c'est ainsi que naquirent Joseph et Christiné, les jumeaux aux cheveux roux. Mon grand-père d'adoption, était un petit homme autoritaire, sec et nerveux que tous craignaient. Exigeant et dur avec les aînés, il fut pourtant, pour moi, plus tard, le plus merveilleux des grands-pères.

Mon père, l'aîné des trois enfants, avait onze ans au moment de son arrivée en France. J'ignore tout de ce qu'a été sa vie, sinon qu'il suivit une scolarité car il écrivait d'une belle écriture soignée. Il fut appelé à la guerre 39-45 et fait prisonnier ; durant les cinq années de captivité qui le retinrent en Allemagne, il apprit à jouer du violon. Aux heures de tristesse, dont les raisons m'échappaient, il sortait le violon de son écrin et jouait des musiques nostalgiques. Mais il savait aussi, lors de réunions familiales, jouer des mélodies pleines d'entrain. J'appris plus tard, trop tard, que mon père avait sacrifié pour nous, ses enfants, bien des choses. Je me souviens de la facilité avec laquelle ses yeux se remplissaient de larmes, tout comme mon frère, tout comme moi et, aujourd'hui, tout comme ma fille ! Où va se nicher l'hérédité !

Oui, nous l'aimions notre père ! Souvent, dans nos délires d'adolescents exaltés, nous nous promettions, mon frère et moi, qu'un jour viendrait où nous lui offririons tout le bonheur qu'il méritait !

Ce furent des voeux pieux. Mon frère, depuis toujours un écorché vif, fut pour notre père, durant son enfance et son adolescence, une source de beaucoup de tourments. Quant à moi, obéissant à l'appel d'un bonheur égoïste, je lui infligeai une souffrance qu'il n'avait pas méritée, en l'abandonnant pour rejoindre ma mère. Pardon papa.


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