Elèves du séminaire du Patriarcat arménien de Jérusalem quittant la cathédrale Saint-Jacques après le service de prière dans le quartier arménien de la Vieille Ville (octobre 2018) © Hadas Parush / Flash90
Gestes antichrétiens de juifs à Jérusalem : solide mise au point des Arméniens
Sources : https://www.terresainte.net/2019/06/gestes-antichretiens-solide-mise-au-point-des-armeniens/
par Christophe Lafontaine
21 juin 2019
Le 20 juin, le Patriarcat arménien de Jérusalem a voulu apporter sa version des faits sur une altercation entre ses séminaristes et des jeunes juifs, dénonçant toute forme d’enseignement antichrétien en Israël.
Plus qu’à l’émoi, l’heure est au droit de réponse.
« Les juifs extrémistes religieux ne manquent jamais une occasion de diffuser publiquement des informations fausses et trompeuses pour prouver qu’ils sont la cible d’attaques injustifiées et, dans de nombreux cas, faire croire au public que les non-juifs les détestent », écrit le Patriarcat arménien de Jérusalem dans un communiqué signé le 20 juin.
Remonté, le Patriarcat fait référence à un article du Jewish Press (publié le 18 juin) qui cite l’avocat Chaim Bleicher de l’association juridique Honenu, une association juridique connue en Israël pour représenter des individus de droite, dont des radicaux.
L’homme de loi a en effet déclaré que « 60 étudiants de l’Eglise arménienne [avaient] tenté de lyncher deux juifs à la veille de Chavouot (NDLR : commémoration du don de la Torah sur le mont Sinaï, célébrée le 8 juin cette année). » Ainsi selon l’avocat qui représente les deux victimes juives, les deux jeunes cibles auraient été frappées, dans la rue du Patriarcat arménien de la Vieille Ville de Jérusalem, par les séminaristes arméniens et auraient eu besoin d’un traitement médical urgent. L’altercation aurait pris fin au moment où les prêtres qui accompagnaient les étudiants leur auraient demandé de cesser. Une enquête a été ouverte.
Jugeant cette version des faits comme « une calomnie malveillante », peut-on lire sur son site institutionnel, le Patriarcat arménien s’est fendu d’un communiqué alors que – « dans un souci d’harmonie entre les deux groupes religieux » – il fait généralement peu de publicité de tels faits.
D’après le communiqué du Patriarcat, ce sont trois jeunes juifs « qui ont dérangé et irrité » une vingtaine de séminaristes qui se rendaient à leur procession hebdomadaire au Saint-Sépulcre « en crachant sur eux en signe d’insulte et de haine ». Sur son site, le Patriarcat explique que les juifs criaient : « les chrétiens devraient mourir » et « nous vous éliminerons de ce pays ». La tension est montée d’un cran lorsque les jeunes juifs ont lâché leur chien lui ôtant sa muselière. En défendant ses élèves, le doyen du séminaire s’est retrouvé à terre et les étudiants ont accouru pour le protéger. « Le résultat de cette confusion a été que des personnes des deux côtés ont été blessées et qu’elles ont finalement eu besoin de soins médicaux. C’est ce qui s’est passé. Les agresseurs étaient ces trois juifs. » Pour le Patriarcat, l’affaire est entendue : l’article du Jewish Press est « un pur mensonge » qui « porte atteinte à notre réputation » et véhicule de « la haine ».
« Travaillons ensemble »
La mise au point ne s’arrête pas là. Le Patriarcat, pour qui « les Arméniens sont des gens respectueux de la loi et de la paix en aimant ceux qui vivent à Jérusalem », s’interroge amèrement sur de tels agissements antichrétiens : « Nous pensions qu’Israël était un pays démocratique » ; « Qui oserait cracher sur les juifs en Europe et aux États-Unis ? » ; « Est-il permis en Israël de cracher sur les chrétiens ? » ; « Devrions-nous alors nous permettre de dire qu’il existe un mouvement antichrétien en Israël ? ».
C’est ainsi que sur son site, en complément de son communiqué, le Patriarcat en appelle naturellement au gouvernement israélien, aux chefs religieux juifs, à la police israélienne et à toutes les autres autorités impliquées, « à punir les responsables et à condamner avec véhémence ce comportement contre les chrétiens et en particulier contre [la] communauté arménienne ».
Et c’est au nom du caractère universel de la ville trois fois sainte, que le Patriarcat estime qu’il faut rappeler et apprendre à tous ceux qui liront sa déclaration « comment se comporter et respecter les autres citoyens, au moins sur une base amicale ». « Travaillons ensemble », lance-t-il la main tendue à toutes les bonnes volontés.
En 2009 déjà en ce sens, le Beth Di Tzedek (le tribunal de la communauté juive orthodoxe et la plus haute instance de la communauté juive ultra-orthodoxe à Jérusalem) avait signé une déclaration intitulée « Provocations dangereuses ». Même si elle ne s’adressait qu’aux membres des communautés ultra-orthodoxes, elle n’empêchait nullement d’autres communautés juives (religieuses ou pas) de lui emboîter le pas. Toujours est-il qu’il était dit dans ladite déclaration que « provoquer les gentils (ndlr : les non-juifs) est non seulement une profanation du Saint Nom, ce qui en soi représente déjà un péché très grave, mais selon nos sages – bénie soit leur sainte et vertueuse mémoire – cela est interdit et peut avoir des conséquences tragiques pour notre communauté, dont Dieu puisse avoir pitié. Nous demandons donc à quiconque a le pouvoir de mettre fin à ces honteux incidents, par la persuasion, d’agir pour faire disparaître ces dangers, pour que notre communauté puisse vivre en paix. »
De « la valeur d’un bon enseignement »
C’est pourquoi, quand l’avocat Chaim Bleicher, représentant les victimes juives (qui selon le Patriarcat étaient en tenue régulière, ne portant pas le costume noir et blanc), déclare qu’« on ne saurait trop insister sur la valeur d’un bon enseignement », l’Eglise arménienne rit jaune. « Malheureusement, signe-t-il dans son communiqué, cela fait des décennies que certains extrémistes religieux juifs n’ont jamais voulu avoir un « bon enseignement » pour respecter et accepter les autres communautés chrétiennes en Israël. » Expliquant que la police israélienne a déjà reçu dans le passé « des centaines de cas similaires ». Sans que le phénomène ne soit stoppé.
Si l’Eglise arménienne dont le quartier touche le quartier juif de la Vieille Ville, tape du poing sur la table, c’est donc bien parce que ce n’est pas la première fois que des membres de sa communauté sont agressés d’insultes ou de crachats qui, s’ils ne sont pas quotidiens, ne sont pas isolés. Car si les individus radicaux ne sont pas majoritaires, ils exercent toutefois une certaine influence dans le monde religieux juif en Israël.
Les communautés chrétiennes du Mont Sion, voisines du quartier arménien à Jérusalem, dont les franciscains et les bénédictins, ont déjà fait aussi les frais d’actes anti-chrétiens ces dernières années comme des graffitis injurieux ou incendies contre leurs lieux de culte. Des faits qui sont régulièrement dénoncés par les Eglises de Jérusalem. On se souvient notamment de l’inquiétude de l’Assemblée des Ordinaires catholiques de Terre Sainte (AOCTS) exprimée en octobre 2012 concernant « l’éducation donnée aux jeunes dans certaines écoles où le mépris et l’intolérance sont enseignés. » L’AOCTS avait alors expressément demandé que « le système éducatif change radicalement, sans quoi les mêmes causes produiront les mêmes effets. » Le sujet est toujours d’actualité.
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Tous les articles sur l'ensemble du sujet :
https://dzovinar.blogspot.com/p/le-genocide-des-armeniens.html
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Remonté, le Patriarcat fait référence à un article du Jewish Press (publié le 18 juin) qui cite l’avocat Chaim Bleicher de l’association juridique Honenu, une association juridique connue en Israël pour représenter des individus de droite, dont des radicaux.
L’homme de loi a en effet déclaré que « 60 étudiants de l’Eglise arménienne [avaient] tenté de lyncher deux juifs à la veille de Chavouot (NDLR : commémoration du don de la Torah sur le mont Sinaï, célébrée le 8 juin cette année). » Ainsi selon l’avocat qui représente les deux victimes juives, les deux jeunes cibles auraient été frappées, dans la rue du Patriarcat arménien de la Vieille Ville de Jérusalem, par les séminaristes arméniens et auraient eu besoin d’un traitement médical urgent. L’altercation aurait pris fin au moment où les prêtres qui accompagnaient les étudiants leur auraient demandé de cesser. Une enquête a été ouverte.
Jugeant cette version des faits comme « une calomnie malveillante », peut-on lire sur son site institutionnel, le Patriarcat arménien s’est fendu d’un communiqué alors que – « dans un souci d’harmonie entre les deux groupes religieux » – il fait généralement peu de publicité de tels faits.
D’après le communiqué du Patriarcat, ce sont trois jeunes juifs « qui ont dérangé et irrité » une vingtaine de séminaristes qui se rendaient à leur procession hebdomadaire au Saint-Sépulcre « en crachant sur eux en signe d’insulte et de haine ». Sur son site, le Patriarcat explique que les juifs criaient : « les chrétiens devraient mourir » et « nous vous éliminerons de ce pays ». La tension est montée d’un cran lorsque les jeunes juifs ont lâché leur chien lui ôtant sa muselière. En défendant ses élèves, le doyen du séminaire s’est retrouvé à terre et les étudiants ont accouru pour le protéger. « Le résultat de cette confusion a été que des personnes des deux côtés ont été blessées et qu’elles ont finalement eu besoin de soins médicaux. C’est ce qui s’est passé. Les agresseurs étaient ces trois juifs. » Pour le Patriarcat, l’affaire est entendue : l’article du Jewish Press est « un pur mensonge » qui « porte atteinte à notre réputation » et véhicule de « la haine ».
« Travaillons ensemble »
La mise au point ne s’arrête pas là. Le Patriarcat, pour qui « les Arméniens sont des gens respectueux de la loi et de la paix en aimant ceux qui vivent à Jérusalem », s’interroge amèrement sur de tels agissements antichrétiens : « Nous pensions qu’Israël était un pays démocratique » ; « Qui oserait cracher sur les juifs en Europe et aux États-Unis ? » ; « Est-il permis en Israël de cracher sur les chrétiens ? » ; « Devrions-nous alors nous permettre de dire qu’il existe un mouvement antichrétien en Israël ? ».
C’est ainsi que sur son site, en complément de son communiqué, le Patriarcat en appelle naturellement au gouvernement israélien, aux chefs religieux juifs, à la police israélienne et à toutes les autres autorités impliquées, « à punir les responsables et à condamner avec véhémence ce comportement contre les chrétiens et en particulier contre [la] communauté arménienne ».
Et c’est au nom du caractère universel de la ville trois fois sainte, que le Patriarcat estime qu’il faut rappeler et apprendre à tous ceux qui liront sa déclaration « comment se comporter et respecter les autres citoyens, au moins sur une base amicale ». « Travaillons ensemble », lance-t-il la main tendue à toutes les bonnes volontés.
En 2009 déjà en ce sens, le Beth Di Tzedek (le tribunal de la communauté juive orthodoxe et la plus haute instance de la communauté juive ultra-orthodoxe à Jérusalem) avait signé une déclaration intitulée « Provocations dangereuses ». Même si elle ne s’adressait qu’aux membres des communautés ultra-orthodoxes, elle n’empêchait nullement d’autres communautés juives (religieuses ou pas) de lui emboîter le pas. Toujours est-il qu’il était dit dans ladite déclaration que « provoquer les gentils (ndlr : les non-juifs) est non seulement une profanation du Saint Nom, ce qui en soi représente déjà un péché très grave, mais selon nos sages – bénie soit leur sainte et vertueuse mémoire – cela est interdit et peut avoir des conséquences tragiques pour notre communauté, dont Dieu puisse avoir pitié. Nous demandons donc à quiconque a le pouvoir de mettre fin à ces honteux incidents, par la persuasion, d’agir pour faire disparaître ces dangers, pour que notre communauté puisse vivre en paix. »
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Si l’Eglise arménienne dont le quartier touche le quartier juif de la Vieille Ville, tape du poing sur la table, c’est donc bien parce que ce n’est pas la première fois que des membres de sa communauté sont agressés d’insultes ou de crachats qui, s’ils ne sont pas quotidiens, ne sont pas isolés. Car si les individus radicaux ne sont pas majoritaires, ils exercent toutefois une certaine influence dans le monde religieux juif en Israël.
Les communautés chrétiennes du Mont Sion, voisines du quartier arménien à Jérusalem, dont les franciscains et les bénédictins, ont déjà fait aussi les frais d’actes anti-chrétiens ces dernières années comme des graffitis injurieux ou incendies contre leurs lieux de culte. Des faits qui sont régulièrement dénoncés par les Eglises de Jérusalem. On se souvient notamment de l’inquiétude de l’Assemblée des Ordinaires catholiques de Terre Sainte (AOCTS) exprimée en octobre 2012 concernant « l’éducation donnée aux jeunes dans certaines écoles où le mépris et l’intolérance sont enseignés. » L’AOCTS avait alors expressément demandé que « le système éducatif change radicalement, sans quoi les mêmes causes produiront les mêmes effets. » Le sujet est toujours d’actualité.
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