Le village de Talish, situé aux environs de la ligne de contact entre Arménie-Azerbaïdjan, a eu sa part de guerre. Deux fois. Cette porte nord-est constitue une sorte de barrière humaine devant le Karabagh. Les villageois disent que la patrie commence et finit ici même.
Après la guerre de quatre jours du début du mois passé, les villageois ont été évacués, mais beaucoup des hommes de Talish et de groupes de militaires y passent la nuit, tandis que les forces armées de défense occupent la position au-dessus du village. Quelques uns des hommes sont des vétérans de la guerre de 1990-1994 qui n’a jamais été réglée mais qui a abouti à un cessez-le-feu interrompu par les récents combats.
Le printemps est revenu à Talish, mais il s’est arrêté. Des ustensiles de cuisine, des jouets et des livres sont éparpillés dans les jardins des maisons bombardées que les habitants ont laissées derrière eux à cause du cauchemar du 2 avril. Des maisons de villageois hospitaliers sont pleines et vides en même temps. Il y a de la vaisselle sur le sol, des plafonds se sont effondrés, et partout, des débris de vitres.
Un résident de Talish, Arthur Apresyan, a chargé quelques affaires dans sa voiture Il dit les emporter dans la capitale Stépanakert, où séjourne sa famille dans la maison d’un parent.
“ Dès que la situation sur le front se sera calmée, il n’y a pas de doute, je reviendrai. J’ai des hectares de terres, comment pourrais-je les abandonner ? C’est ici que je veux vivre et pas ailleurs. C’est la maison de mon père. Je viens juste de la reconstruire et ils l’ont détruite. C’est ici qu’est ma maison, je ne peux donc vivre nulle part ailleurs “, nous dit Apresyan, ce fermier et mécanicien de 47 ans.
Les autorités de la République du Haut-Karabagh ont mis à la disposition de certains villageois de Talish des locaux et plusieurs hôtels à Stépanakert. Certains vivent dans la maison de parents à Stépanakert, quelques uns se sont rendus chez des parents installés dans diverses villes d’Arménie.
Les 10 membres de la famille Sargsyan sont logés à l’hôtel Erévan de Stépanakert. La plus âgée, Hayka Sarsyan, est âgée de 104 ans, et le plus jeune, Hagop Sargsyan, a six mois.
“ C’est le bruit des explosions qui nous a réveillés. Nous avons d’abord pensé à un tremblement de terre. Après plusieurs explosions d’obus, nous avons appelé le chef du village qui nous a recommandé de nous réfugier au sous-sol. Après plusieurs heures, nous en sommes sortis “, dit Hasmik Sargsyan, 27 ans. “ ma mère voulait que nous sortions tous à la fois, mais j’ai objecté qu’il serait mieux de sortir l’un après l’autre, en sorte que quelques uns d’entre nous puissent survivre si un autre obus tombait à proximité. Le village était violemment bombardé. C’était un peu comme un feu d’artifice, mais avec des éclats meurtriers qui auraient pu nous tuer à tout moment “.
Tous les matins, à 8H30, Argin Sargsyan, la maman de la famille, se rend en bus à Talish depuis Stépanakert bus pour donner à manger aux quelques poules qui ont survécu. “Lorsque j’y suis retournée, j’ai vu que la plupart d’entre elles avaient été tuées : quelques unes seulement ont pu réchapper. Chaque fois, je retourne là-bas et je leur donne du grain, je regarde, la tristesse au cœur, ma maison, qui est cette fois encore plus endommagée que lors de la guerre précédente. Nous ne nous attendions pas à ce qu’une chose pareille arrive. Nous commencions à peine une vie agréable, et voilà ce qui est arrivé : il nous faut repartir de zéro encore une fois “ ; nous dit Angin Sargsyan, 59 ans. “ Nous y retournerons sans faute : nous n’avons aucun autre lieu pour y vivre “, ajoute-t-elle. Talish, qui est lun des plus vieux villages du Karabagh, se trouve dans la région de Martakert. Il est distant de Stépanakert de 28 kilomètres. Le village comporte des églises historiques et son histoire remonte au temps où “ les méliks “ étaient les représentants de la noblesse locale.
Parlant de l’importance du village de Talish, au point de vue symbolique, le chef de village Vilen Petrosyan a dit : “ c’est là que je suis né, et perdre son lieu de naissance est un événement extrêmement douloureux. Peut-être ne perçoit-on pas plus la douceur de sa terre que lorsqu’on court le risque de la perdre. Aujourd’hui, nos hommes occupent les postes militaires sur la ligne de front. Nous ferons de notre mieux pour restaurer un vie normale dans le village. Ce serait à mes yeux une grande perte si je voyais rompue la chaîne de l’histoire de ce village “. Avant l’évacuation des villageois de Talish le 2 avril, 500 personnes vivaient dans les 125 maisons du village. “ Avant 1992, l’année où les villageois furent chassés de Talish, 2 284 personnes y vivaient, et lorsque plus tard les troupes de volontaires libérèrent le village, un quart seulement de ses habitants, soit 600 personnes, sont retournés dans leur patrie. Je suis un résident de Talish. J’ai été à la tête du village pendant 23 ans. Au cours de la guerre précédente, alors que le village était encore entre les mains de nos ennemis, les gars d’une escouade de guerila m’on désigé [comme chef de Talish]. C’est alors que j’ai été la première fois blessé par une mine. La seconde fois que j’ai été blessé, j’ai perdu ma jambe. En un mot, j’ai été chef de village entre ces deux guerres“, dit Petrosyan, père de deux enfants. Il dit qu’heureusement les positions du haut du village étaient fortes ; autrement, ils n’auraient pas eu le temps d’évacuer les enfants, les femmes et les personnes âgées. “ Ces jeunes de 18 ans sont encore meilleurs que nous l’espérions. Cette génération est celle de l’indépendance, du droit de vivre libres. La liberté a un prix très élevé pour nos enfants : nous-mêmes n’en bénéficions pas au temps de l’Union soviétique “, dit Petrosyan.
Hayk Khanumyan, chef du Comité pour la Renaissance Nationale du Haut-Karabagh, se référant à l’importance stratégique de Talish, dit que toutes les régions du Haut-Karabagh sont importantes. Selon lui, la guerre du mois d’avril a montré que l’idée de session de territoire est une thèse très dangereuse, parce que la perte de territoire quelle qu’elle soitrend le reste du Karabagh plus vulnérable.
“ Seules quelques petites positions militaires [ont été perdues], mais l’enjeu, c’était la survie physique de plusieurs centaines de personnes, celle d’un un village entier. En fait, la perte de ces positions a exposé les civils du village de Talish au feu des tireurs embusqués. Il n’y avait aucune autre alternative à la reprise de ces positions “, dit Khanumyan.
Par GAYANE MKRTCHYAN
Source : ArmeniaNow
3 mai 2016
Traduction Gilbert Béguian
Plus d’informations sur le lien plus bas.
dimanche 15 mai 2016,
Stéphane ©armenews.com
Stéphane ©armenews.com
Quelle tristesse mais respect au peuple arménien qui résiste !
RépondreSupprimerIl le faut bien . Bises Nadzeda
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