Jean-Paul Gasparian
Le récital donné par Jean-Paul Gasparian le 8 août dernier dans le cadre du prestigieux festival international de piano de La Roque d’Anthéron a ébloui le public par le haut niveau de sa prestation. Sa musicalité, sa maîtrise technique, la fluidité de son jeu pianistique et une grande force expressive d’une sensibilité raffinée composent une personnalité musicale déjà très affirmée qui étonne par l’élégance de son style, la limpidité de son phrasé, une maturité remarquable, en dépit de son jeune âge. Ces qualités se sont déployées dans un programme autant séduisant qu’exigeant qui réunissait dans un répertoire éclectique Chopin et les Russes Rachmaninov et Prokofiev.
Des Etudes-tableaux opus 39 de Serge Rachmaninov (1873-1943), Jean-Paul Gasparian nous offre une lecture engagée et vigoureuse qui accorde un relief particulièrement évocateur aux différents climats contrastés de cette partition qui se décline en 9 numéros. De Serge Prokofiev (1891-1953), la Sonate n° 2 en ré mineur opus 14, permet au pianiste d’exprimer sans ostentation sa virtuosité en donnant à écouter cette sonate en 4 mouvements subtilement articulés au sein d’une architecture cohérente dans son propos musical.
Enfin, de Chopin, le plus romantique des compositeurs, Jean-Paul Gasparian interprète le Nocturne en ré bémol majeur opus 27 n°2 et la Ballade n°3 en la bémol majeur opus 47, des pièces qui emportent la belle et riche imagination du musicien, qui restitue sans mièvre sentimentalisme mais avec rigueur et retenue, l’élan qui anime ces oeuvres pour transporter l’auditeur vers des sphères où le bonheur de l’écoute saisit le mélomane.
Notons qu’en bis, le pianiste a joué, entre autres pièces dont la Ballade n°1 de Chopin, la célèbre Danse de Vagarshapat d’Arno Babadjanian (1921-1983), pianiste et surtout compositeur né à Yerevan et mort à Moscou des suites d’une leucémie. Sa musique inspirée des rythmes et mélodies populaires de sa terre natale, est toujours très prisée des Arméniens, gravée au disque et souvent au programme des concerts à Erevan et à travers l’Arménie.
Né à Paris en 1995 au sein d’une famille de musiciens, Jean-Paul Gasparian a commencé l’étude du piano dès l’âge de six ans, encouragé par sa mère pianiste et par son père pianiste et compositeur qui ont tous deux favorisé son apprentissage et le développement de ses dons perceptibles dès l’enfance. Sa formation commencée au CNR a été orientée vers une nouvelle exigence quant au toucher et une rigueur stylistique sans faille et s’est poursuivie au CNSM avec Jacques Rouvier puis dans la classe de Michel Beroff avec pour assistants Bertrand Chamayou et Laurent Cabasso, dont l’expérience et la hauteur de vue l’ont beaucoup enrichi.
«L’éblouissement des concerts, ceux par exemple de Maurizio Pollini et Ivo Pogorelich, a également été une source essentielle d’enthousiasme pour le travail musical, tout autant que la découverte des grands enregistrements du passé, ceux de Richter, Horowitz, mais aussi Furtwängler ou Claudio Abbado, de la musique symphonique à l’opéra, Mozart et Wagner notamment. Mon goût pour les avant-gardes m’a également conduit vers une écoute intense de la musique moderne et contemporaine, de Stravinsky à Stockhausen.
Mes autres «passions fixes » que sont le cinéma, la littérature et surtout la philosophie sont absolument cruciales pour moi et ont certainement nourri ma recherche artistique», confie-t-il. Lauréat de nombreux concours internationaux, invité au sein d’orchestres prestigieux, il a entamé une carrière précoce qui s’annonce des plus brillantes. Voici un artiste complexe, aux multiples facettes qui étonne et émerveille car outre la musique, la philosophie occupe une part importante de ses activités.
Après un Premier Prix de Philosophie au Concours Général des Lycéens en 2013, il a soutenu en 2015 un Master en collaboration avec le Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris sur la problématique de l’Art et de la Vérité. Il assiste régulièrement à un séminaire à l’Ecole Normale Supérieure de la rue d’Ulm en vue de préparer une thèse de Doctorat. Mais sur le parcours intellectuel et artistique de cet esprit puissant, ouvert et curieux, le piano est au coeur de sa vie comme une vocation à accomplir.
Un nom à retenir, des concerts à ne manquer sous aucun prétexte!
Marguerite Haladjian
(Alakyaz n°55)
Gasparian, que j'ai écouté avec beaucoup de plaisir au festival de La Roque d'Anthéron promet beaucoup.
RépondreSupprimerMerci pour vos commentaires!
Sébouh Balian
Seb.balian@gmx.net
Merci pour votre réponse. On a parlé de lui, il y a deux ou trois jours, sur France Musique ! J'en ai été très heureuse et très fière !
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