samedi 13 janvier 2018

Un universitaire juif demande au gouvernement israélien des informations sur le génocide arménien




Un universitaire juif demande au gouvernement israélien des informations sur le génocide arménien

De Harut Sassounian 
The California Courier 
www.TheCaliforniaCourier.com

Éditorial du 11 janvier 2018

L’éminent chercheur israélien Yair Auron a déposé une requête officielle auprès du ministère israélien des Affaires étrangères le 21 décembre 2017, demandant tous les documents internes concernant les engagements et les accords de l’État d’Israël passés avec la Turquie et l’Azerbaïdjan pour ne pas reconnaître le génocide arménien.
La requête envoyée par l’avocat d’Auron, Eitay Mack, au ministère des Affaires étrangères, déclare que : « La négation israélienne officielle du génocide arménien est liée à ses relations diplomatiques et militaires avec la Turquie, et ces dernières années, à ses relations avec l’Azerbaïdjan. »
La requête du professeur Auron, selon la loi israélienne sur la liberté d’information, explique que « La Turquie a acheté à Israël des systèmes de formation et d’entraînement valant des milliards de dollars. L’accord sur les armes incluait aussi la mise à jour des avions et des chars, des systèmes de radars et de surveillance, des missiles et des munitions. » L’Azerbaïdjan a également acheté à Israël des armes sophistiquées valant presque cinq milliards de dollars.
En 2011, lors des délibérations de la Knesset sur le génocide arménien, le vice-ministre des Affaires étrangères, Danny Ayalon, et Alex Miller, le président du comité sur l’Éducation à la Knesset, ont exclu sans aucune ambiguïté de reconnaître le génocide arménien, afin de ne pas nuire aux relations avec l’Azerbaïdjan – « l’allié essentiel et stratégique d’Israël dans le monde islamique. »
La lettre du professeur Auron citait également plusieurs leaders du parti de droite, Yisrael Beiteinu, qui déclaraient qu’ils s’assureraient que la Knesset ne reconnaisse pas le génocide arménien. Yisrael Beiteinu est dirigé par le ministre israélien de la Défense, Avigdor Lieberman. Arye Gut, un propagandiste travaillant pour l’Azerbaïdjan, également porte-parole de l’Association Israël-Azerbaïdjan, a affirmé que « Lieberman est l’un des architectes du partenariat azéri-israélien. » Lors d’une interview avec RTV-TV, Lieberman a annoncé que le génocide arménien « était un problème théorique, historiquement contesté et que la non-reconnaissance n’était pas nécessairement lié à la Turquie, mais essentiellement aux relations stratégiques [d’Israël] avec l’Azerbaïdjan. » Le professeur Auron insiste sur le fait que ces arguments ressemblent beaucoup aux arguments avancés par ceux qui nient le génocide juif.
Comme exemple des relations étroites entre Israël et l’Azerbaïdjan, la lettre du professeur Auron rapporte que « 613 arbres ont été plantés » le 26 février 2016, « dans la Forêt Chaim Weizmann (1er président d’Israël), pour marquer ‘les 24 ans du génocide de Khodjaly’, en mémoire aux 613 victimes, et que le membre de la Knesset Avigdor Lieberman y assistait. Les seuls pays commémorant ce ‘génocide’ sont la Turquie et l’Azerbaïdjan. Ces dernières années, Israël est devenu un soutien direct et indirect de cette affirmation de prétendu génocide à Khodjaly. La bataille de Khodjaly a eu lieu en février 1992, au cœur d’une guerre cruelle entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan concernant la province du Haut-Karabagh. Il existe plusieurs versions sur les événements qui s’y sont déroulés, y compris le nombre de ceux qui ont péri, mais la communauté internationale est d’accord sur un point – aucun génocide, en vertu de sa définition commune, n’y a eu lieu. »
Le professeur Auron conclut sa requête au gouvernement israélien en déclarant : « On soupçonne que non seulement l’État d’Israël ‘négocie’ la reconnaissance du génocide arménien, mais qu’il s’est aussi vraiment engagé sur ce sujet, via des accords avec l’Azerbaïdjan et la Turquie. »
Par conséquent, l’avocat Mack, exige spécifiquement que le ministère israélien des Affaires étrangères divulgue les informations suivantes :
1) « Toute documentation sur les accords, les ententes et les engagements, vis-à-vis de l’Azerbaïdjan et de la Turquie, sur la question de la reconnaissance du génocide arménien. »
2) « Toute correspondance avec les représentants turcs ou azéris sur la question de la reconnaissance du génocide arménien. »
3) « Toute documentation sur les réunions et les communications entre les représentants du ministère des Affaires étrangères et les représentants turcs ou azéris sur la question de la reconnaissance du génocide arménien. »
4) « Les documents sur les décisions et la position du ministère des Affaires étrangères sur la question de la reconnaissance du génocide arménien, par rapport aux objections de la Turquie et de l’Azerbaïdjan. »
Il reste à voir si le ministère des Affaires étrangères se conformera à la requête légale du professeur Auron. Tant les gouvernements anglais qu’américain, qui possèdent des lois semblables sur la divulgation d’informations internes, ont répondu à des requêtes similaires de leurs propres citoyens, rendant public des documents secrets sur le génocide arménien. Il serait compréhensible que certaines parties des documents divulgués soient masquées par le gouvernement israélien pour des raisons confidentielles, afin de protéger l’identité de ceux qui fournissent les informations ou pour des raisons de sécurité nationale.

©Traduction de l’anglais C.Gardon pour le Collectif VAN – 11 janvier 2018 – www.collectifvan.org

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